A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mardi 15 septembre 2009

ACTEON




Jeunes gens, jeunes filles, ne vous vantez jamais d’être plus habiles que les Dieux. Cela les indispose et leurs vengeances peuvent être terribles.
Actéon, prince de la famille royale de Thèbes, avait été éduqué par un sage mi-homme, mi-cheval : le centaure Chiron, qui lui enseigna entre autres connaissances, l’art de la chasse. Le jeune homme y devint fort habile. Il était jeune, il était chasseur ; il était vantard. Il racontait partout que la déesse de la chasse elle-même, ne pouvait l’égaler. Artémis le sut ; les Dieux savent tout. Furieuse, elle résolut la perte de celui qui se voulait son rival.
Actéon, sa meute et ses gens partirent à la chasse un matin. L’été finissait, une légère brume dorée laissait présager une journée chaude et ensoleillée. Le gibier ce jour-là abondait, mais étrangement ne se laissait pas prendre. Aucun chasseur n’aime à rentrer la giberne vide. Le prince mortifié, poursuivait la sauvagine sans prendre garde au soleil qui s’élevait dans le ciel, sans même s’apercevoir qu’il laissait derrière lui ses compagnons. Midi approchait, la chaleur de plus en plus forte faisait haleter les chiens, certains fatigués se couchaient, mais Actéon, miraculeusement rapide et léger courait l’arc à la main.
Il entra dans un bosquet sombre et silencieux où il fut brusquement terrassé de soif et d’épuisement. D’une grotte s’échappait un murmure d’eau courante, bientôt accompagné de cris et de rires de jeunes filles. Il s’avança ; dans l’ombre fraîche une source s’écoulait vers un bassin où des beautés, probablement des nymphes, s’ébrouaient en riant. Elles étaient nues. La plus grande et aussi la plus belle avait relevé ses cheveux retenus par un peigne d’or en forme de croissant de lune. De l’autre côté du bassin, un arc et des flèches étaient posés.
Actéon captivé, oubliait la fatigue et la soif. Avait-il reconnu la déesse ? il ne pouvait en détourner les yeux.
Artémis rosit d’émotion, de rage aussi car elle devait rester chaste et le chasseur était beau. Le meurtre passa dans ses yeux. Son arc hors de portée, elle se baissa et des deux mains éclaboussa le jeune homme en riant méchamment : «Va maintenant si tu peux, te vanter de ce que tu viens de voir ! »
Chaque goutte qui touchait Actéon faisait pousser sur sa peau, des poils. Une gerbe aspergeant son visage le transforma en mufle, ses cheveux devinrent ramure et ses mains, sabots. Et pire encore : son cœur qui jamais n’avait connu la crainte se mit à battre sans contrôle. Affolé de peur, le chasseur devenu cerf, se sauva droit devant lui.
Il rencontra bientôt sa meute : cinquante chiens blancs aux oreilles rouges, désemparés, sans maître, sans ordres, lui sautèrent à la gorge, lui mordirent les jarrets. Il tomba sur le sol. Lacéré, éventré, dépecé, sans pouvoir proférer ni un cri ni une plainte, il expira, mis en pièces par ses propres chiens.
Calmée, repue, la meute poursuivit son errance, cherchant partout son maître en aboyant à tous les échos. Chiron les entendit et les prit dans sa grotte où il éleva une statue en mémoire du prince infortuné.

2 commentaires:

anne des ocreries a dit…

Voilà ce qu'il en coûte de mécontenter une femme, non mais ! bon, n'empêche, un bout cruelle tout de même, la donzelle....

P a dit…

Pas une donzelle, Anne!!!
Une déesse! tout de même!!!
PP