A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mercredi 26 octobre 2011

Bon appétit


Quelle saveur a la chair humaine ?

Cela s’est passé à la fin du mois d’août et rares sont ceux qui en ont parlé en France. Une campagne publicitaire diffusée en Allemagne à la télévision et dans la presse annonçait l’ouverture à Berlin d’un restaurant assez unique en son genre. Un restaurant où l’on aurait servi des plats à base de chair humaine. On appelait les volontaires à passer sur la table… d’opération pour donner un peu d’eux-mêmes. Tollé monumental. Bien sûr, il s’agissait d’un canular, mis sur pied par des végétariens pour dénoncer la consommation de viande animale. Leur communiqué explique, dans un rapprochement fracassant, que “manger de la viande, c’est comme consommer des gens”, une assertion qui part du principe que les aliments donnés aux animaux seraient mieux utilisés à nourrir les affamés.
Si l’on met de côté le tabou du cannibalisme, bien plus fort que tous les interdits alimentaires dictés par les religions, ce fait divers incite à se poser une question (au choix : une question de curieux, de journaliste en mal d’audience ou de détraqué) : quel goût a la chair humaine ? C’est ce qu’a fait Martin Robbins dans le blog qu’il tient pour The Guardian. Et bien que les exemples d’anthropophagie soient nombreux, les informations précises sur la saveur de la viande taboue ne courent ni les rues ni les articles scientifiques. A défaut d’avoir sous la main le docteur Lecter, le célèbre “Hannibal le Cannibale” du Silence des agneaux, à la fois chercheur et cuisinier spécialisé dans le ragoût d’homme, Martin Robbins a fouillé dans les récits d’autres tueurs en série.
Le premier et l’un des plus célèbres d’entre eux est l’Allemand Armin Meiwes, connu sous le surnom de “Cannibale de Rotenburg”, qui avait passé des annonces où il déclarait chercher un volontaire désirant être mangé. Il en trouva facilement un, qui vint se faire dévorer chez lui en mars 2001. Lors d’une interview donnée en 2007, Armin Meiwes, condamné à la prison à vie, expliqua comment il avait préparé son steak d’ingénieur, qu’il l’avait trouvée un peu dur et que la viande “avait un goût de porc, en un peu plus amer, plus fort”.Evidemment, étant donné la personnalité très particulière du sujet, il est difficile de lui faire confiance à 100 %. Le rapprochement avec la viande de porc prend un peu plus de consistance avec les histoires, tout aussi réelles et horribles, du Polonais Karl Denke et de l’Allemand Fritz Haarmann, deux personnages dignes du film Delicatessen, de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, ou des Bouchers Verts, du Danois Anders-Thomas Jensen. Ces deux hommes ont vécu dans les années 1920 et tué des dizaines de personnes, dont ils revendaient la viande au marché en la faisant passer pour du porc.
Il y aurait de bonnes raisons, scientifiquement parlant, pour que l’homme ait un goût de porc… Le cochon est en effet considéré comme un bon analogue, sur le plan physique et physiologique, d’Homo sapiens : un mammifère pas trop gros qui mange de tout. Les organes internes des deux espèces font à peu près la même taille. Je me souviens d’ailleurs qu’un médecin de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, à Rosny-sous-Bois, m’avait expliqué que les travaux sur la décomposition – très utiles pour dater les crimes lorsqu’on retrouve les cadavres tardivement – se faisaient principalement sur des cochons (il existe un centre au monde, où ces recherches sont menées sur des corps humains, maisc’est une autre histoire, que j’ai racontée dans Le Monde il y a dix ans).
L’homme a un goût de cochon, emballé c’est pesé ? Pas si vite. Tout le monde n’est pas d’accord. A commencer par un autre assassin anthropophage, Nicolas Cocaign, surnommé le “Cannibale de Rouen”, condamné en juin à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un codétenu, dont il a ensuite mangé un morceau de poumon : “Ce qui est terrible, c’est que c’est bon. Ça a le goût de cerf. C’est tendre”avait-il déclaré à un psychologue en 2007.
Autre témoignage discordant, celui de William Buehler Seabrook. Journaliste au New York Times après la Première Guerre mondiale, il voyagea de par le monde, et notamment en Afrique, où il s’interrogea sur le cannibalisme au point de vouloir tenter lui-même l’expérience. Il finit par rencontrer une tribu d’anthropophages qui mangeaient leurs ennemis tués au combat. Un des guerriers lui expliqua quelles parties étaient le plus appréciées : pour la viande, tout le dos (ce qui correspond, chez le bœuf, à l’entrecôte, au filet et au rumsteak), pour les abats, le foie, le cœur et le cerveau étaient considérés comme les morceaux de choix. Un guerrier lui avoua que, pour lui, “la paume des mains était le plus tendre et délicieux morceau de tous”. Néanmoins, Seabrook ne put satisfaire son envie : on lui servit du singe.
Mais l’homme était têtu. Revenu en France, il réussit à se procurer un morceau de chair auprès d’un interne de la Sorbonne et, dans la villa du baron Gabriel des Hons, à Neuilly, se livra enfin à son expérience, devant témoins. Seabrook cuisina la viande comme il l’aurait fait pour du bœuf, s’attabla avec un verre de vin et une assiette de riz, et goûta : “Cela ressemblait à de la bonne viande de veau bien développé, pas trop jeune mais pas encore un bœuf. C’était indubitablement comme cela, et cela ne ressemblait à aucune autre viande que j’aie déjà goûtée. C’était si proche d’une bonne viande de veau bien développé que je pense que personne qui soit doté d’un palais ordinaire et d’une sensibilité normale n’aurait pu le distinguer du veau. C’était une viande bonne et douce, sans le goût marqué ou fort que peuvent avoir, par exemple, la chèvre, le gibier ou le porc. (…)  Et pour ce qui est de la légende du goût de porc, répétée dans un millier d’histoires et recopiée dans une centaine de livres, elle était totalement, complètement fausse.”
Encore un avis divergent… Quelle saveur a donc la chair humaine ? Répondre à cette question n’est-il pas aussi insoluble que le problème auquel est confronté quelqu’un qui souhaite décrire l’odeur du jasmin ? Dépeindre une saveur est un exercice très personnel, qui rassemble les sensations venant de la langue (saveurs primaires comme le sucré, le salé, l’acide, l’amer, mais aussi la texture, l’onctuosité, etc.), celles venant du nez (car les odeurs sont une composante importante du sens du goût) mais aussi la mémoire de tout ce que l’on a déjà mangé et des circonstances particulières au cours desquelles on a découvert de nouveaux aliments. Le jasmin sent le jasmin (ou éventuellement le parfum d’une femme). Et sans doute la chair humaine n’a-t-elle que le goût de la chair humaine, sans autre référent exact qu’elle même.
Lors du deuxième voyage de Christophe Colomb en Amérique (1493-96), le médecin de l’expédition, Diego Alvarez Chanca, rédige ce qui est le premier récit ethnographique consacré aux peuples du Nouveau Monde. Les cannibales dont Colomb avait entendu parler sans les voir au cours de son premier voyage sont enfin au rendez-vous. Chez ces Indiens Caraïbes, on trouve quantité d’ossements humains. Chanca écrit : “Ils prétendent que la chair de l’homme est si bonne à manger que rien au monde ne peut lui être comparé.”
Pierre Barthélémy


14 commentaires:

Lulu archive Availles a dit…

Ben mon cochon !
Pomme tu es à croquer de me servir ce p'tit billet quand je tartine mon pain frais avec ma confiture maison d'abricots...
Bises carnivores !

Michel Turquin a dit…

Rappelez-vous, cette histoire extraordinaire de l'avion qui s'écrasé sur de hautes cimes enneigées .
Après plusieurs semaines , une partie des occupants , pour survivre, on cassé la croûte sur le dos (si je puis dire) des passagers décédés.
C'est une énorme discussion que j'ai avec mec amis .A savoir que ferions nous dans une pareille situation !
Pour ma part, comme ça, je me refuse à jouer les cannibales.
Il est à remarquer , que ceux qui ont refuser de goûter à la chair humaine, ont survécu.
Alors... vous, que feriez-vous?
Bises aux goût d'abricots.

anne des ocreries a dit…

bon, bin....j'ai pu faim, moi ! :)

P a dit…

Aaaahhhh!!!
Je vois que les trucs bien glauques, ça fait le buzz...
Mais comme toi Lulu, j'aime mieux la conf d'abricots, ma préférée et j'en ai pas fait cette année...
Anne, te voilà nourrie pour l'hiver...
Pour le reste Michel, oui je me souviens de cet accident... qu'est-ce qu'on ferait???
Ben déjà, j'aime pas trop la viande, ensuite, ils ne devaient avoir ni oignons, ni ail, ni autres épices pour donner un peu de saveur à leur cuisine, alors....si on n'éveille pas la gourmandise qui comme vous le savez est la mère de tous les vices... il est plus facile de rester vertueux... ensuite, tant qu'on peut boire, on peut résister à la faim au moins 40 jours....
Après.... je sais pas!

Marité a dit…

Ben, on tire à la courte paille et pi ché toute !!!
Je plaisante, mais pour apporter du suif à ta lumière, Philippe Katrine a subi une opération à coeur ouvert, et on lui a mis de la peau de cochon...
BISOUS.

Lulu archive Availles a dit…

Chassez l'naturel ;-))
Je suis en train de me battre avec un ^$*^$*!:**$ de potimarron impossible à éplucher pour le potage végétarien de ce soir...
Je suis une sacrée carnivore, mais je ne suis pas curieuse de cette viande là, le boeuf me suffit. Toute cette curiosité m'a laissée perplexe !

Tonton, je me souviens de cette affaire bien sur et du scandale qu'elle avait suscité. Qu'aurais-je fait ? Je ne sais pas. On peut toujours dire ce qu'on ferait ce n'est pas forcément ce qu'on fera, poussé à bout. Je sais que je ne me laisserai pas mourir, surement pas, j'ai trop le sens de la lutte pour la vie. Je ne veux pas d'euthanasie non plus, j'ai prévenu tout l'monde (hein vaut mieux), je prends tout même si ça fait mal jusqu'au bout.
Quand j'étais jeune et jolie, j'ai trainé les morgues, fait les toilettes et j'ai prélevé des organes pour sauver des vies. Je l'ai fait avec le respect des hommes qui avaient quitté ces corps.
Ma confiote d'abricots, je ne te dis pas, elle est extra ! Pas trop cuite, un bel orangé, pas trop sucrée, elle ne va pas se garder longtemps, alors nous la mangeons en priorité.
Bises !

Michel Turquin a dit…

Punaise,les fautes!Marité , je viens de relire mon commentaire. Pitié , je ne veux pas aller au coin.
Sic Lulu:"Quand j'étais jeune et jolie". Qu'est-ce que cela veut dire ? Hein ? L'euthanasie ?La vie? La survie? Les abricots? Que de sujets ?
Allez... une bonne cuillerée de confiture d'abricots.
Bonne nuit.
Bises!

P a dit…

Marité; c'est bien comme ça il a le coeur en accord avec son talent
Michel Téfotonsenfou...
Lulu : le potimaron, il faut le cuire d'abord (c'est long) et l'éplucher après (c'est moins dur). Et puis tu vois, j'ai un peu honte: quand j'étais jeune et jolie,j'oeuvrais dans le futile pour d'autres jeunes et jolies... Je porte sur moi un papier demandant qu'on me débranche si je dois devenir potimaron et qu'on utilse tout ce qui peut servir.... Seulement, le temps passe et il y a de moins en moins à utiliser, je veux dire en bon état... je vais pas me tuer pour ça, mais je me demande à quoi mon papier va servir... En revanche, comme casse-croute... il y a de plus en plus à bouffer...
PS: tu le cuisines comment le potimaron, à part soupe et purée?

Lulu archive Availles a dit…

Je me disais aussi qu'il devait bien y avoir une solution pour le potimaron ! Merci Pomme me suis couchée moins bête que j'me suis levée ! Je ne le cuisine qu'en soupe. Par contre les coings, cuisinés comme des pommes en accompagnement d'aiguillettes de canard ou de filet mignon de porc c'est un délice !
Comme Tonton j'adore ce post et ses commentaires qui passent d'une rive à l'autre et divague...
Pomme moi aussi je suis pour le recyclage ;-))

Lulu archive Availles a dit…

Regarde, Sacha fais tout ça avec les potimarons !
http://lejournalgourmanddesacha.blogspot.com/2009/10/petite-recap-de-mes-recettes-avec-du.html

P a dit…

Rien n'arrête Lulu, dans le domaine dur à éplucher: après le potimarron, les coings!! Pour eux aussi , on m'a dit qu'il fallait les cuire avec la peau et trier après...Quand tu seras venue à bout des coings je te conseille pour devenir tout à fait épileptique un épluchage de noix fraîches, puis un décortiquage de petites crevettes grises.
Pour te remettre, j'ai trouvé hier soir une bonne infusion, mais je vais la mettre au jardin... il y en a là-bas qui ne viennent jamais ici... vous autres vous faites l'aller-retour alors...
Le noisetier a fini de flamber... le soleil est levé... belle journée à vous autres

Lulu archive Availles a dit…

Ah mais tu penses bien que jamais je n'ai cuit un coing avec la peau !!! Mon p'tit coté maso sans doute ! Les noix ne m'en parle pas, je les ai longtemps cassées au marteau et décortiquées devant la télé pour faire l'huile.... Cette année je me contente d'en ramasser quelques unes pour l'apéro et la cuisine, pour l'apéro c'est extra, le temps de les casser on en mange moins c'est très diététique ;-)
Je vais faire un tour dans ton jardin...
Tu devrais essayer scoop-it c'est bien pour inciter aux balades d'un blog à l'autre et puis c'est joli. Je vais t'envoyer une invitation.

Marité a dit…

Bon, c'est mon jour de bonté, Tonton Mitch', je fais comme si je n'avais rien vu...
Pour le potimarron, je le découpe en tranches épaisses avec un super couteau et l'épluche à l'économe. La recette de mon épousé est
BISOUS.

P a dit…

Ah, je vous ai pas dit le meilleur truc pour la pluche dure: Le Cap'tain!!!!
Le seul défaut, c'est qu'il pluche pas quand il faut mais quand il veut bien... alors... faut faire avec ou manger des nouilles ...et des bananes aussi;ça, c'est pas dur à éplucher...
Bon ben c'est l'heure de s'y coller: poireaux pommes de terre pour ce soir
Bon ap'