A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

lundi 7 octobre 2013

Les bagnoles à papa-2021 bureau/souvenirs/vrac

Inspiré par un post de Manouche

Quelques années après la Libération, la voiture désirable était la « Traction avant Citroën ». Si désirable qu’il fallait plusieurs mois, parfois une année pour l’obtenir, et mon père comme tant d’autres, voulait sa « Traction ». Il l’attendait d’autant plus impatiemment que cet homme sans bagnole était quasiment cul-de-jatte. Or, sa Simca 8 venait de périr au contact brutal d’un poids lourd de dix tonnes.
Le compagnon de ma grand-mère, -s’y était-il pris à temps, avait-il choisi une autre marque ou un autre modèle ?-  toujours est-il qu’il conduisait une voiture neuve, aussi a-t-il refilé à son gendre la C4 qu’il n’utilisait plus.
Ah ! je voudrais être poète pour composer un hymne à la C4, le carrosse des fées de mon enfance ! Si facile à dessiner déjà, sur un cahier quadrillé. Avec tant de place à l’arrière qu’on y pouvait jouer aux petits chevaux, au Nain Jaune… jouer quoi ; et ceci grâce aux deux strapontins qui faisaient face à la banquette ; avec le marchepied extérieur sur lequel on pouvait monter en marche tels les gangsters de nos bandes dessinées. Ah, oui ! c’était une voiture bien faite pour des enfants souvent accompagnés de chiens et de chats. Elle était de couleur vert sapin et si haute qu’on dominait la circulation dans les rues encombrées de Paris.
Haute, verte et confortable, mais… démodée et mon père mourait de honte au volant de son carrosse. Quand enfin est arrivée la « Traction », la C4 a disparu et depuis, chaque fois que je vois une sortie de vieux tacots, je la cherche avec l’espoir qu’elle n’a pas fini à la casse, mais qu’elle coule des jours tranquilles dans un garage où un amateur la bichonne avec soin.
Donc la Traction est arrivée, la première d’une longue série. Je me souviens de son numéro d’immatriculation : 2004 BW 75. Pour l’inaugurer, mon père nous a fait faire l’aller-retour d’usage sur l’autoroute de l’Ouest qui s’arrêtait alors, me semble-t-il,  à Orgeval. Etait-ce le regret de la C4, c’est à ce moment-là que j’ai pris en grippe l’odeur de la voiture neuve. Et on en avait souvent, des neuves, car mon père en cassait beaucoup. Il conduisait bien, pourtant et quand survenait l’accident plus ou moins grave, il n’était jamais dans son tort. Mais voilà, quand on est trop certain de son bon droit, il arrive que le résultat soit le même que lorsqu’on est en faute. Ainsi de l’accident qui détruisit la Simca 8 : nous partions en vacances et, traversant au petit matin la place du Châtelet, le poids lourd a refusé la priorité. La sagesse eut été de le laisser passer, mais mon père n’était pas sage et il ne s’est pas arrêté. Les vacances à peine commencées, se sont terminées au proche Hôtel-Dieu.

Une autre fois pourtant, il lui arriva de plier en deux un bec de gaz et perdant le contrôle, d’emboutir toutes les voitures en stationnement de la rue, du côté droit comme du côté gauche. Certes, il n’avait pas bu que de l’eau gazeuse, cette fin de nuit-là, mais c’était en compagnie d’un de ses amis commissaire de police qu’il raccompagnait chez lui… Cette voiture-là, je m’en souviens, bien qu’elle ait duré moins d’une semaine, était une Panhard gris/bleu pastel, aux sièges de cuir gris… elle aussi sentait la voiture neuve… elle n’a pas eu le temps de vieillir.

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