A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

dimanche 10 novembre 2013

Les bagnoles à Maman- La 4CV X bureau/souvenirs/vrac



A mi-parcours du chemin qui conduit de la trentaine à la quarantaine, ma mère se posa une question pertinente : de quelle utilité était dans sa vie un homme qui lui avait fait deux enfants dont elle devait assumer seule la destinée ?  un homme dont les disparitions inopinées ne l’inquiétaient qu’en raison des désordres en tous genres qu’engendraient ses réapparitions ?
Elle examina soigneusement toutes les réponses possibles pour arriver à cette dernière : quand il a une voiture en état de marche, il nous emmène le dimanche à la campagne.
« Eh bien, conclut ma mère, pour ça comme pour le reste, je peux fort bien y arriver sans lui ! »
Ma mère passa son permis de conduire, qu’elle obtint du premier coup… c’était dans les années cinquante… Succès qui me valut de nombreux sarcasmes quand bien des années plus tard, il me fut impossible de réussir le même exploit.
En possession de papier rose, ma mère fit l’acquisition d’une 4CV. Elle était bleue si mes souvenirs sont bons ; bleu clair.
Installée au volant et totalement maîtresse d’elle-même comme de tout l’univers routier, elle endommagea un certain nombre de véhicules sans que jamais sa responsabilité ne soit mise en cause, tant était grand son respect du code de la route nouvellement appris. Quand elle s’arrêtait sagement aux endroits obligés, était-ce sa faute si le conducteur qui endommageait son pare-choc arrière n’était pas comme il l’aurait dû, totalement maître de son véhicule ? Etait-ce sa faute si un imprudent sortait de sa voiture côté circulation et si la fringante 4CV emportait avec elle la portière ouverte ? avait-elle vraiment désiré qu’un camion-poubelle lui ouvre comme une boite de conserve  une des proéminentes ailes avant ?
Après avoir répandu la crainte dans les rues de Nancy, ma mère lassée de la province à l’esprit aussi étroit que ses rues, mit quelques effets dans un sac, le sac dans le coffre, mon frère en pension et moi-même chez des grand-mères, prit le volant et « monta » à Paris. Il serait plus juste de dire « remonta » ; elle y avait gardé des relations et trouva sans tarder un studio près de la Madeleine et un job chez Cardin, alors en pleine ascension.

Arriva le mois de juin, le mois où dans la couture, ceux qui travaillent au studio avec le créateur doivent prendre leurs vacances avant le rush de la collection. Mon frère n’avait pas terminé son année scolaire et grandes filles,  ma mère et moi nous mîmes en route pour le Lavandou où elle avait des souvenirs d’enfance : une vaste pinède en bord de mer où l’on pouvait planter la tente et vivre en sauvages, pieds nus, sans faire de cuisine avec juste un réchaud à alcool pour chauffer le café, la plage et la mer presque pour nous seules… mais avant d’aborder ce paradis, il fallait partir et sous une pluie battante enfourner valises et matériel dans le coffre et sur la banquette arrière, d’une 4CV… imaginez ! Ma mère avait bien entendu ôté de la voiture tout un matériel superflu qu’elle avait remisé à la cave…..

3 commentaires:

Marité a dit…

J'adore ton histoire Pomme ! Il y aura une suite je suppose... Une 4CV avait un tout petit habitacle et ne tenait pas la route. Moi, j'ai connu la Simca 5, c'était pas mal non plus. Ma soeur et moi partagions la banquette en bois à l'arrière qui abritait la batterie... un jour elle a pris feu !!!
GROS BECS

Amartia a dit…

Jolie histoire qui annonce plein de rebondissements et d'aventures .... la vie tout simplement !

LOU a dit…

La nôtre était noire. Nous étions quatre, nous transportant de la capitale du Maroc vers l'Est de la Franc, à travers l'Espagne. Les valises en carton sur le toit, le coffre savamment rangé qui contenait, entre autres choses, tout le nécessaire pour pique-niquer en route et pour laver le petit linge de deux jeunes enfants. C'est elle qui m'a permis mes premiers essais de conduite, et c'est avec elle que j'ai réalisé mes premiers transports pour aller sur mon lieu de travail. Plein de souvenirs... le point mort dans les descentes, la manivelle pour le démarrage...