A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

samedi 3 mars 2018

Entre chiens et loups- bureau/souvenirs/vrac



Dans les friches industrielles et le long des voies de chemin de fer à Moscou, vivent des bandes de chiens errants qui cherchent leur pitance dans les décharges et les ordures ménagères.
Des observateurs ont constaté qu’au fil du temps et des générations, ils perdent peu à peu les caractéristiques que la sélection humaine leur a imposée. Leur pelage perd ses taches et ses couleurs pour devenir uniformément brun ou gris voire fauve, leurs yeux s’allongent en amande et ils ressemblent de plus en plus à leur ancêtre le loup.
De plus, comme chiens et loups ont un patrimoine génétique commun, ils peuvent se reproduire entre eux, ce qui engendre des « chiens-loups ». Ce n’est pas nouveau ; qui a lu Jack London se souvient de Croc-Blanc, fils d’une louve et d’un chien de traîneau (ou l’inverse, je ne sais plus).
Ces chiens métis sont dangereux car contrairement au loup, ils ne craignent pas l’homme auquel ils sont habitués. Un loup préférera toujours chercher sa subsistance dans la faune sauvage plutôt que de s’aventurer près de nous et de nos chiens qu’il craint et qui le détestent.
Pourquoi je vous raconte tout ça ?
A cause des problèmes que pose le retour du loup aux éleveurs de moutons. On ne peut que comprendre leur désarroi et leur colère à la vue de leurs moutons égorgés.
D’un autre côté, nous autres qui nous réjouissons de voir que la nature ne se laisse pas faire et qu’elle remet à sa place ce qu’on supprime trop radicalement, sommes heureux du retour d’un prédateur qui a son utilité. Sans rappeler les épidémies qu’il a évitées jadis en nettoyant les champs de bataille, il est gardien de la bonne santé des hardes de cervidés, des chevreuils en prélevant les moins armés pour la vie. Il régule aussi la prolifération de divers rongeurs. Les si gracieux lapins sont pour nos jardins un fléau que je ne crains pas de comparer au loup dans les parcs à moutons.
Et si le vrai coupable n’était pas le loup mais bien plutôt ces métis, ces « chiens-loup » qui ne peuvent pas quitter radicalement les facilités auxquelles l’homme les a habitués ?
Eleveurs, vous allez vous écrier : Voyons ! nous surveillons nos chiens !
Ce dont nous ne doutons pas !  Cependant les refuges de la SPA regorgent de chiens abandonnés et qui, livrés à eux-mêmes n’arrivent pas tous dans ces refuges. Nous autres qui soignons, aimons et surveillons nos chiens ne sommes jamais à l’abri d’une fugue dès lors que la nature parle trop fort. Ceux qui me connaissent savent que je veille mais je me souviens avoir couru et appelé des heures entières des épagneules King Charles. Vous me direz qu’il faudra du temps et de sérieux croisements pour qu’un King Charles puisse être pris pour un loup !
Deux border- collies vivent ici ; des chiens particulièrement obéissants et attachés à la maison. Pourtant la plus jeune des deux a fait un jour une fugue assez longue pour que je juge utile d’avertir la gendarmerie. A mon retour, la vagabonde était tranquillement couchée devant la porte. Elle était en chaleurs, et s’il y avait eu un loup dans les parages, elle aurait eu largement le temps de se faire engrosser et j’aurais été bien avancée avec des chiots « si mignons » mais potentiellement dangereux.
J’ai aussi le souvenir d’avoir été suivie en plein Paris, rue François 1°, dans le 8° arrondissement, par un griffon korthal épuisé, demi mort de faim et de soif, aux coussinets en sang. Grâce au tatouage, on a pu retrouver à Rueil Malmaison, sa famille qui le cherchait depuis 48 heures. Lui aussi aurait pu engendrer des métis… Heureusement les loups (enfin ceux dont il est question ici) sont encore loin de Paris.
Ces exemples pour montrer que la surveillance des chiens n’est pas toujours évidente.
Aussi il me semble qu’avant de statuer sur le devenir du loup dans notre pays, il faudrait peut-être se poser la question du chien retourné à l’état sauvage.
Et si c’était lui le vrai coupable ?


vendredi 2 mars 2018

Les Trois Bigoudis de Clémentine- bureau/souvenirs/vrac



Les cheveux châtain clair, quand on vieillit sont une bénédiction (à la condition toutefois de ne pas les avoir bricolés à coups de teintures plus ou moins toxiques et elles le sont toutes !). Ils éclaircissent progressivement en passant par tous les tons de blond jusqu’au platine et souvent ne vont pas au-delà.
L’envers de la médaille, ce sont les copines qui veulent savoir comment on a fait pour obtenir cette couleur-là et qui prennent un air pincé quand on répond « Rien ! », genre la fille qui ne veut pas donner ses tuyaux. Et en vérité il n’y a vraiment rien d’autre à faire que de laisser agir la nature.
Dans ma famille, c’est une propriété transmise de génération en génération depuis l’arrière- grand-mère.
La « Mémère Clémentine » qui vivait la plupart du temps avec trois mèches entortillées sur de gros bigoudis, l’un au sommet du crâne et les deux autres au-dessus de chaque oreille. Ce qui lui donnait l’allure d’un être arrivant d’une autre planète et qui nous faisait bien rigoler, moi, mon frère et nos quatre cousins, augmentés des « gamins de la place ».
Notre maison donnait en effet sur une vaste place plantée d’arbustes et de massifs qui lui donnait l’aspect d’un square. Cette place nous servait surtout de terrain de jeux…. Bruyants souvent.
Vacarme qui faisait surgir de la fenêtre mansardée du second étage une tête de Clémentine furieuse, nous sommant d’une voix que la colère rendait « pincharde » de cesser immédiatement de brailler tout en ravageant la place.
« Gibier de potence ! piaillait-elle. Vous finirez sur l’échafaud ! » puisque de toute évidence nous allions la « faire mourir à petit feu » et de surcroît « avant l’âge ! ».
L’apparition de Clémentine ornée de ses trois bigoudis était si réjouissante que la plupart du temps, nous n’hésitions pas à la provoquer. Les arbustes de la place résistaient tant bien que mal et d’ailleurs ils sont toujours là. On peut vérifier : c’est à Nancy, place des Ducs de Bar. On a mis sous son ventre un parking, protégé les massifs de grilles et notre maison a changé de propriétaires et d’aspect…
Mais je m’égare et nous voici loin des trois bigoudis de Clémentine. C’est bigoudis qu’elle ôtait pour aller « en ville ». Et quel spectacle de voir ces splendides ondulations blond platine enfin libérées se dérouler sur ses épaules. Pas pour longtemps car au moyen de trois grosses épingles à chignon (trois étant sans doute son nombre fétiche), elle ramassait ses boucles en un volumineux chignon sur lequel elle posait un gracieux bibi noir et emplumé. Sa fille était modiste !
Clémentine à la chevelure magique était pour nous la « Mémère Clémentine » en un temps où l’on acceptait de se faire appeler Mémère la quarantaine à peine révolue. Sa fille la modiste qui se prénommait Lucienne, était devenue dès que nous éructions nos premières syllabes la « Mémère Lulu ». Qui cependant restait Madame Humbert pour ses clientes, ses fournisseurs et son personnel…. La Mère Humbert aussi pour pas mal d’autres qui avaient eu la malheur de la contrarier et en avaient subi les conséquences .