Les merles sifflent à cœur joie et sautillent de trilles en roulades.
Le jeune Mimile tapi dans l’herbe les observe ; ce sont de beaux jouets,
il voudrait bien en attraper un mais le merle est malin. Il anticipe le bond du
petit fauve et va le narguer sur une branche basse du noisetier. Mimile saute,
le merle saute aussi plus haut. Mimile grimpe sur les branches de plus en plus
frêles et je me souviens de Pompon.
Pompon je ne l’ai pas connu mais il fut un des ces chats légendaires
dont les familles gardent la mémoire. Il était noir et très poilu. Les gens du
quartier l’avaient surnommé le « Chat en Culottes de Golf ». Il avait
coutume de somnoler sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Si je n’ai pas connu
Pompon, j’ai bien connu les lieux.
Donc Pompon dormait au soleil, comme dorment les chats avec vigilance.
Un merle, toujours le même venait lui siffler aux oreilles, perché sur la rambarde de la fenêtre. Pompon
frémissait des moustaches, dressait les oreilles mais avant qu’il ait pu ouvrir
les yeux, le merle avait sauté sur le mur qui séparait notre jardin de celui
des voisins, à peine un mètre plus bas. Pompon bien réveillé ajustait un bond
mais avant qu’il ait atterri, le merle avait reculé. Alors, le merle sautant et
le chat rampant les deux progressaient jusqu’à un érable au feuillage panaché
jaune et vert. Oui l’arbre, je l’ai connu. Un arbre vit plus longtemps qu’un
chat.
Et là commençait une lente progression de branche en branche vers les
hauteurs jusqu’au moment où le chat, prédateur oubliant toute prudence et son
poids qui était m’a-t-on raconté respectable pour un chat, atteignait les
branches trop minces et dégringolait jusqu’au pied de l’arbre tandis que le
merle s’envolait en sifflant un air de victoire.
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