A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

lundi 30 novembre 2009



Quand on aura allégé le plus possible les servitudes inutiles, évité les malheurs non nécessaires, il restera toujours, pour tenir en haleine les vertus héroïques de l'homme, la longue série des maux véritables, la mort, la vieillesse, les maladies non guérissables, l'amour non partagé, l'amitié rejetée ou trahie, la médiocrité d'une vie moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes: tous les malheurs causés par la divine nature des choses.

Marguerite YOURCENAR
Aligné à droite



dimanche 29 novembre 2009

La minute du Dr Fufuks






 
Un type a l'habitude d'acheter des marrons grillés tous les jours
à un algérien au coin de la rue. Ils finissent par avoir une relation
cordiale, si bien qu'un jour, s'apercevant qu'il n'a pas d'argent sur lui,
il se croit autorisé à dire :" Je vous payerai demain."
"Pas question, mon z'ami, rétorque l'algérien.
J'ai passé un accord avec le baron de Rothschild :
je ne prête pas d'argent et il ne vend pas de marrons."















samedi 28 novembre 2009

mardi 24 novembre 2009

Poète invoquant sa muse



Ce que je dis

Ne fait que rendre plus présent
Le reste

Ce qui est là
Et pas là
Ce que tu et je savent
et ne savent pas

Ce trou
Au milieu de l'oeil
Lancé
Sur le lit du loin
Un cri d'oiseau
Roule

La terre aussi est ronde

Une brassée de paupières
Et si peu de jour
Qu'on y perd son nom
L'oeil se vide
Mais le ciel n'est pas
Plus profond

Sous le crâne
On rêve que le bleu va verser

L'amour a les mêmes lèvres
Que l'infini

On ouvre les unes
On tombe entre les autres

Encore
Dit le couteau du ventre
Encore une ciel

Bernard NOEL

lundi 23 novembre 2009

J'avais huit ans quand cette passion commença, et à douze ans je tournais en plaisanterie mon goût, non que je ne trouvasse M. de Gesvres aimable, mais je trouvais moins plaisants tous les empressements que j'avais eus d'aller jouer dans les jardins avec lui et ses frères: il a deux ou trois ans plus que moi, et nous étions, à ce qui nous paraissait, beaucoup plus vieux que les autres. Cela faisait que nous causions lorsque les autres jouaient à la cligne-musette. Nous faisions les personnes raisonnables, nous nous voyions régulièrement tous les jours: nous n'avons jamais parlé d'amour; car, en vérité, nous ne savions ce que c'était ni l'un ni l'autre. La fenêtre du petit appartement donnait sur un balcon où il venait souvent; nous nous faisions des mines; il nous menait à tous les feux de la Saint-Jean, et souvent, à Saint-Ouen. Comme on nous voyait toujours ensemble, les gouverneurs et les gouvernantes en firent des plaisanteries entre eux, et cela vint aux oreilles de mon Aga*, qui, comme vous le jugez, fit un beau roman de tout cela. Je le sus:cela m'affligea; je crus, comme une personne raisonnable, qu'il fallait m'observer, et cette observation me fit croire que je pourrais bien aimer M. de Gesvres. J'étais dévote, et j'allai à confesse; je dis d'abord tous mes petits péchés, enfin il fallut dire le gros péché; j'eus de la peine à m'y résoudre; mais en fille bien éduquée, je ne voulus rien cacher. Je dis que j'aimais un jeune homme. Mon directeur parut étonné; il me demanda quel âge il avait. Je lui dis qu'il avait onze ans: il me demanda s'il m'aimait, et s'il me l'avait dit: je dis que non; il continua ses questions."Comment l'aimez-vous? me dit-il.- Comme moi-même,lui répondis-je.- Mais, me répliqua-t-il, l'aimez-vous autant que Dieu?" Je me fâchai, et je trouvais fort mauvais qu'il m'en soupçonnât. Il se mit à rire, et me dit qu'il n'y avait point de pénitence pour un pareil péché; que je n'avais qu'à continuer d'être toujours bien sage, et n'être jamais seule avec un homme; que c'était tout ce qu'il avait à me dire pour l'heure. Je conviendrai encore qu'un jour, (j'avais alors douze ans, lui de quatorze à quinze) il parlait avec transport qu'il ferait la campagne prochaine. Je me sentis choquée qu'il n'eût pas de regrets de me quitter, et je lui dis avec aigreur:"Ce discours est bien désobligeant pour nous." Il m'en fit des excuses, et nous disputâmes longtemps là-dessus. Voilà ce qu'il y a jamais eu de plus fort entre nous. je crois qu'il avait autant de goût pour moi que j'en avais pour lui. Nous étions tous deux très innocents, moi dévote, lui autre chose. Voilà la fin du roman.




AÏSSE (1695? - 1733)



*M. de Ferriol, ambassadeur de France à Constantinople, l'avait achetée lorsqu'elle avait quatre ans. Bien que vivant dans le monde le plus choisi à Versailles et bien que traitée comme une fille de haut rang, dont elle avant reçu l'édication, Aïssé n'était ni plus ni moins qu'une esclave, appartenant à son "aga" qui se la réservait.

dimanche 22 novembre 2009

lundi 16 novembre 2009

Mots d'auteur

"Vieille France accablée d' Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle par le génie du renouveau!
Vieil homme, recru d'épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance!"




de GAULLE

Ca peut toujours servir....

samedi 14 novembre 2009

Rose d'automne



Il y a quelques semaines, j’avais mis sur ce blog, l’image de la « dernière rose de l’année » et, devançant les gelées prévisibles à cette époque,  rentré en toute hâte géraniums et plantes d’intérieur qui avaient passé leurs vacances au jardin.
Les gelées se font encore attendre, et voici  que vient d’éclore une nouvelle rose, cadeau inespéré d’un automne trop doux, qui vient après un été trop sec, laissant présager un hiver pas assez froid, suivi de gelées tardives , etc…, etc…
Ces surprises sont dues de toute évidence au dérèglement climatique tant redouté sans que nous fassions réellement les efforts nécessaires pour, sinon l’enrayer, tout au moins le ralentir.
Cette rose d’automne dont le poète a dit qu’elle était « plus qu’une autre exquise » -ce qui tendrait à prouver que de telles surprises se sont déjà produites au temps d’Agrippa d’Aubigné (1552- 1630), et que pour autant toute vie n’a pas cessé sur notre planète.- cette rose tardive donc, est le symbole de la crainte de ce qui vient et dont on ignore la forme.
Le défunt Jean-Paul II répétait : « N’ayez pas peur. » Pourtant les images du malheureux ours blanc dont les poils collés laissent deviner des os qui flottent dans un corps dont toute graisse a disparu sont bien propres à flaquer la frousse. Un frousse pourtant pas assez forte pour décider chacun à trier ses déchets ou fermer les robinets, car on sait bien que quelque part des ours blancs en nombre suffisant pour perpétuer l’espèce sont en sécurité, bien nourris dans un environnement qui leur convient.
Nos savants comme Noë, embarquent dans leurs Arches un animal de chaque espèces afin de repeupler la planète au cas où…et d’ailleurs…. Comment se fait-il que toutes les religions, toutes les civilisations font mention dans leurs légendes d’un déluge ???
Désormais, quand une catégorie de vivant est en péril, le monde entier est averti et le nécessaire est fait pour la sauver. Naguère, on ne voyait plus de bleuets dans les champs ; un « observatoire des bleuets » a été fondé et on les voit désormais refleurir chaque été. Il en sera de même pour les ours blancs, les hirondelles ou encore les abeilles. Nous ne sommes plus au temps où les conquérants de la planète bouffaient jusqu’au dernier les malheureux dodos trop patauds pour leur échapper ; il n’en reste plus qu’une carcasse qui se déplume lentement au musée de Port-Louis, à l’île Maurice. Et même lui… qui sait si un jour avec un peu d’ADN ?...
Car les scientifiques travaillent ; ils auront des solutions n’en doutons pas. Eloignons de nous avec la crainte, le Doute à la face blême, aux yeux chassieux, aux bajoues tremblotantes, à la lippe molle et baveuse. Le monde changera,  mais la vie continuera. Et pourquoi craindre le changement ? Serait-ce si terrible de voir des oliviers pousser au nord de la Loire ?
Il y aura, c’est certain, des populations qui devront surmonter de terribles cataclysmes et nous devrons, nous autres privilégiés apprendre à surmonter nos égoïsmes. A partager, à cohabiter, à aimer ceux qui sont autres.
Je citais tout à l’heure ces vidéos montrant l’ours blanc ; il en circule d’autres montrant des animaux pleins de tendresse envers des espèces différentes. Ils en sont capables me direz-vous, car ils vivent dans des parcs animaliers où ils sont bien nourris et en sécurité. Leurs besoins vitaux satisfaits. Certes !
Ces images pleines d’amour et de bons sentiments vont-elles changer les mentalités ou ne convaincront-elles que ceux qui sont déjà convaincus ? L’Homme dont tous les besoins élémentaires seraient satisfaits, l’Homme en sécurité deviendrait-il comme ces animaux capable d’empathie ? Seulement, voilà : à partir de quand l’Homme estime-t-il ses besoins élémentaires satisfaits ? Quand l’Homme se sent-il en sécurité ? Quel est le niveau de quiétude à partir duquel l’Homme se sent capable d’empathie ? (Féministes mes sœurs, entendez quand je dis homme, la race humaine mâles et femelles confondus ; chercher un autre terme ne changerait en rien notre sort. Il a été choisi en un temps où les hommes en majorité détenaient le savoir ce qui… mais ceci est un autre débat qui n’a rien à faire ici..)
Dans nos pays occidentaux où les plus pauvres sont riches en regard de la misère qui règne en d’autres points du globe, le partage sera-t-il spontané ou faudra-t-il légiférer ? ou pire : contraindre ?
Cet avenir dont nous ignorons encore la forme, c’est à nous de la façonner, nous en ferons selon nos comportements,  l’enfer ou le paradis ou tout simplement une terre habitable pour tous. Comme… vous savez…, cette usine désaffectée, qui abandonnée peut devenir le repaire de bandes dangereuses, alors que confiée aux soins d’un bon architecte, elle sera  une cité radieuse.
J’ai sous les yeux une sorte de boite en bois qui vient des Philippines ; elle a la forme d’une courge et sert depuis des années à stocker des clés. Des clefs de toutes tailles, de toutes formes et de toutes époques. Certaines n’ouvriront plus jamais rien ; les portes, malles ou tiroirs qu’elles commandaient ont depuis longtemps disparu. Il y a aussi d’autres portes dont la clef est là perdue au milieu des autres.
Il ne faut pas jeter ces clefs ; qui sait quel trésor elles peuvent aider à découvrir.

vendredi 13 novembre 2009

Salut



"L'Eglise est sur terre pour protéger l'homme de la parole divine."

Marcel AYME

Une vie de bâtons de chaise

jeudi 12 novembre 2009

11 novembre



François CAVANNA

mercredi 11 novembre 2009

Le téléphone pleure....

A contre-courant


Dramaturge et pamphlétaire, guillotinée pour avoir dénoncé les dérives de la Révolution, Olympe de Gouges (1748-1793) fut l’une des premières à réclamer l’égalité des droits pour tous les discriminés et les exploités, comme les femmes et les Noirs. Par la cohérence de sa réflexion et son sens inflexible de la justice, elle s’obstina à secouer une société qui aurait préféré qu’elle soit « ce que la nature voulait qu’elle soit ». Des historiens et des féministes s’attachent aujourd’hui à restaurer la figure oubliée de cette femme en avance sur son temps — et peut-être même sur le nôtre.

Par Pierre Sané

Olympe de Gouges est de ces personnages que les manuels d’histoire ont trop souvent oubliés. Jusqu’aux travaux de l’historien Olivier Blanc (lire « « Celle qui voulut politiquer » »), elle a plutôt été peinte avec mépris comme une exaltée politique, une auteure sans grand intérêt, une révolutionnaire demi-mondaine. Pour ses premiers commentateurs, y compris Jules Michelet, elle est en réalité un esprit très en avance sur son temps, et pas seulement pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791. Le mélange intime entre son œuvre, ses convictions et sa vie justifie l’actualité de cette figure atypique et profonde. Elle a payé de sa vie ses engagements, le 3 novembre 1793, pour avoir soutenu les Girondins et pour avoir tenté de rétablir un gouvernement qui ne soit pas « un et indivisible ». De Gouges s’exclame sur l’échafaud : « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort ! » Il faut entendre ces quelques mots comme une invitation à considérer sa postérité, quelque deux cent quinze ans après son exécution.
En 1998, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme, qui offre une reconnaissance internationale et une légitimité aux individus luttant pour promouvoir les droits fondamentaux. Considérant la multiplicité de ses convictions, et la puissance de sa défense des droits de la personne, c’est peu dire que de Gouges serait pleinement qualifiée pour recevoir ce titre.
Alors que nous célébrons le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme — cet universel pour lequel elle s’est battue avec tant de vigueur et de conviction —, quel message et quelles leçons tirer de son action et de son œuvre ?
Dramaturge, pamphlétaire, pionnière de la lutte contre l’esclavage, défenseure de l’abolition de la peine de mort... Il est malaisé, voire impossible, de réunir en quelques termes le foisonnement d’engagements qui ont été ceux de cette femme dont l’activisme était motivé, raisonné, et les prises de positions d’un courage profond pour son temps.

Agir en vivant et vivre en agissant

En 1791, elle proclame l’égalité de l’homme et de la femme, entre lesquels elle propose d’établir de nouveaux rapports. Visionnaire, elle préconise la féminisation des noms de métier et imagine de nombreuses réformes sociales qui ne verront le jour, pour nombre d’entre elles, que deux siècles plus tard : concept d’assistance sociale pour la protection des veuves, des orphelins et des vieillards ; création d’établissements permettant aux femmes d’être soignées et d’accoucher dans la dignité et l’hygiène ; création d’ateliers nationaux pour les ouvriers sans travail ; abrogation de l’esclavage, etc. Elle n’a eu de cesse de construire une vie pleinement orientée vers autrui et en particulier vers les déshérités, les faibles, les marginalisés — par exemple, en défendant le droit des Noirs dans les colonies.
Autant femme de lettres que femme politique, de Gouges porte avec un courage exemplaire le combat de l’égalité des droits. Elle a su, en autodidacte authentique, bâtir à partir d’elle-même le chemin de sa vie. Ce sens aigu, à vif, de ses responsabilités, conduit de Gouges à agir en vivant et à vivre en agissant. Sa vie n’est pas dissociable de son œuvre, et tout en elle tend vers l’autre, l’exclu, le bafoué. Elle ne se complaît pas dans la contestation de la situation pathétique que subissent certaines franges de la population : non, elle agit. Avec indépendance et force de caractère. Avec constance et esprit de méthode, en utilisant tous les moyens et recours à sa portée — son style, sa plume, sa voix.
Que d’exemples où, bien loin de se contenter d’avancer des propositions, notamment sur le mariage ou sur l’impôt volontaire, elle est allée jusqu’à vivre elle-même en actes toutes ses idées, les traduisant dans sa propre existence. Théorie et pratique sont ainsi intimement unies dans l’itinéraire d’une femme aux principes sans failles, à la morale sans concession et qui a condamné sa vie durant toute forme de corruption ou de détournement idéologique. Son esprit de conséquence et sa logique iront jusqu’à lui faire défendre Louis XVI, au nom de sa condamnation de la peine de mort.
On ne peut qu’admirer le courage et le dévouement d’une femme, dépeinte par Mirabeau comme une « ignorante », qui a su puiser son inspiration et sa force dans ses lectures et ses rencontres.
Auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle est devenue une figure emblématique des mouvements pour la libération des femmes. Si sa fierté et sa confiance en elle en font une figure assumée, elle n’a rien d’une suffragette. De Gouges reprend point par point, en les féminisant, les articles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 pour montrer que la société est certes bisexuée, mais que la différence sexuelle ne saurait être un postulat ni en politique ni dans l’exercice de la citoyenneté.
Ce texte, quasi contemporain de la Déclaration de 1789 — qui ne reconnaît pas le droit de vote aux femmes —, est bien plus qu’un écrit vindicatif. C’est une avancée inédite proposant un programme détaillé, d’une modernité flagrante. La mise à égalité ne repose pas sur une simple constatation de la hiérarchisation catégorielle des sexes mais bel et bien sur un projet politique motivé et pleinement réfléchi : remplacement du mariage par une autre forme de contrat signé, responsabilité civile, droit au divorce et à l’héritage, etc. Une suite de projets d’un évident progressisme, et tout cela surgi de l’esprit d’une simple « ignorante »...
Le droit des femmes de participer au pouvoir et à la prise de décisions a été, de façon explicite, une des premières de leurs revendications. De Gouges reconnaissait ainsi que si « la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Deux siècles plus tard, le droit des femmes à la participation aux processus et aux instances de prise de décisions sociales, politiques et économiques, à tous les niveaux et dans les différents secteurs, devient officiel dans divers instruments internationaux : la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) ; la convention sur les droits politiques de la femme (1952) ; le pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966) et la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979), entre autres.

Contre l’esclavage

Militante sincère et authentique des droits civils, politiques, du respect de la dignité de la personne humaine, de Gouges combat pour le droit de chacun à ne pas voir sa liberté de mouvement et d’expression entravée et bafouée. Jamais elle n’aura été d’un seul camp, tel un idéologue zélé aveuglé par son propre militantisme. Elle ressent au contraire avec effroi et force critique les événements de la Terreur, notamment quand, en 1792, des hommes et des femmes succombent à une violence qui pervertit, selon elle, le bien-fondé de la philosophie et de l’action révolutionnaires.
On l’a dit plus haut : de Gouges milite aussi contre l’esclavage, aboli par la Ire République en 1794 avant d’être rétabli par Napoléon huit ans plus tard. Dès 1788, elle publie ses Réflexions sur les hommes nègres, puis Le Marché des Noirs en 1790 et L’Esclavage des Noirs en 1792. Engagée dans cette lutte, elle adhère à la Société des amis des Noirs, aux côtés de Brissot de Warville, Condorcet ou Lafayette. La cause des femmes, la cause des Noirs, la cause des opprimés en général, tels sont les combats admirables que mène de Gouges.
Comment ne pas constater que sa figure même reflète le sentiment de la disparition du monde ancien, celui de l’Ancien Régime, au profit d’un monde nouveau, aux contours à dessiner ? En ce sens, de Gouges fait aussi figure de passerelle et de passage.
Qui est-elle (car on ne saurait utiliser le passé avec elle) : un précurseur des féminismes des siècles ultérieurs, la pertinente et spirituelle rédactrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, une écrivaine de talent, une partisane des idées de liberté, une penseuse politique, une idéaliste pour qui tout être humain a le droit d’être défendu ?
Comment repenser et revaloriser son héritage dans toutes ses facettes ? N’oublions pas ses paroles. Plus que cela, reconnaissons avec profit leur profondeur et leur utilité pour nos sociétés. Inutile pour ce faire de travestir sa pensée et ses propos. Son œuvre et sa vie — reflet l’une de l’autre — contiennent en germe la base sur laquelle nombre de combats se sont ensuite menés et continuent de l’être.
De Gouges invite, par-delà les siècles et les luttes menées depuis 1789, à une nécessaire permanence de l’esprit de résistance et de vigilance qui l’a tant caractérisée et pour lequel elle est morte avec dignité. De Gouges est une porte d’entrée inédite non seulement pour mieux comprendre mais aussi pour relever les défis contemporains : pauvreté, inégalités sociales, viols des droits civiques et politiques, marginalisation voire négation de la femme et de ses droits, discriminations, etc.
Ne prenons que le cas tragique et rémanent de la pauvreté. Ce gouffre est loin de s’être refermé depuis des décennies, voire des siècles. Dans l’actuelle économie mondialisée, l’abîme qui sépare ceux qui possèdent de ceux qui n’ont rien n’est pas simplement le phénomène géographique défini en termes de Nord et de Sud. Une faille croissante divise de nombreuses sociétés de ce qu’on appelle « le Sud », tandis que le chômage est revenu hanter un grand nombre de nations industrialisées.

Une marraine symbolique

De Gouges est une référence au sens où elle réussit à mêler, et à traduire dans la pratique, des formes d’engagement très variées. Elle rassemble les valeurs contenues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Quelle marraine plus symbolique et puissante que de Gouges ? Humaniste, universaliste, patriote, solidaire, elle a usé jusqu’au bout de sa pensée critique, avec honnêteté et principes, contre toute forme d’autoritarisme et d’inégalités. Sa vie et son œuvre sont tout à la fois traversées et nourries par ses idéaux — ceux de démocratie, d’état de droit, de solidarité, de non-violence ou d’égalité, qui ne sont rien moins que les terreaux fondamentaux de nos sociétés  contemporaines.

Pierre Sané.

mardi 10 novembre 2009

Le Petit Ange

FB2020

ATLANTA




Tu me demandes, mon Morty,
Ce que je sens, ce que je pense
D'Atlanta.

Mon verdict sera net,
Ma réponse franche et libre.

Mon chéri, Atlanta est un silex aux arêtes vives
Catapulté dans une chair douce.
C'est une bombe au napalm qu colle
A ma poitrine et la brûle
C'est un silice, un lit de clous,
L'essence concentrée du "mur des lamentations",
L'honneur du pont des soupirs,
Et tout cela te menace, toi, ma vie,
Et tout cela te guette, toi, mon amour.

Ma psyché ne peut le supporter,
J'en exorcise mon esprit,
Je le cache dans des lieux écartés.
Je le nie.
Si cela devait advenir
Dès que l'ombre en obscurcirait nos vies,
Je ne la laisserais toucher ni moi ni le mien.

Cela je le sais pour toujours
Ayant sondé mon coeur au plus sensible endroit.
Choisis notre destin, si tu décides Atlanta,
Je trouverai en moi des océans de courage
Et de nouveaux champs de vaillance et de force.

Mais pour moi les miettes de l'ici et du maintenant
Pèsent mille fois plus que le pain de l'avenir
Lundi après lundi font un rosaire
Et nous allons de perle en perle,
Disant nos visites pour notre vie,
Nos absences pour notre mourir.

La passion de ton amour intact
Fond la vitre qui sépare nos mains,
J'ai besoin de tes paroles, de ton sourire.
Pendant que les mondes courent à leur perte,
Laisse-moi t'aimer encore ici un moment.

Hélène SOBELL (envoyé à son mari avant son transfert de la prison de New-York au pénitencier d'Atlanta)


lundi 9 novembre 2009

Y' A UN TRUC!



S’il est un moment sympathique le matin à la campagne, c’est bien celui du « p’tit café » qu’on offre au visiteur inattendu… sur la belle table qui embaume la cire dont vous venez de la nourrir et sur laquelle, oh,  désastre ! le « p’tit café » va laisser quelques souvenirs.

Pas de panique : passez sur les taches de l’eau oxygénée à 12 volumes coupée d’eau du robinet ; puis frottez au papier de verre 00 dans le sens du bois. Laissez sécher et rincez…
Pensez à offrir le prochain « p’tit café », sur un plateau facile à laver…

PP

jeudi 5 novembre 2009

Tristesse-





J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.


MUSSET




C'est même pas vrai... je suis pas triste! C'est juste que j'aime bien Musset...
Quand au génie... pour le perdre, encore faudrait-il en avoir...

mercredi 4 novembre 2009

Minute politique


Vous l'ignorez peut-être, mais c'est grâce aux ventouses qu'il se faisait poser tous les soirs par sa femme, que l'ancien président de la dernière vraie République française affichait à tout moment une forme éblouissante, qui lui permettait de réussir toutes les conneries qu'il entreprenait. Un soir de mai 74, où j'avais été invité à l'Elysée avec Lecanuet et Rocard pour fêter la défaite de Mitterrand, j'ai assisté à la pose des ventouses présidentielles. le rituel était toujours le même. les invités faisaient cercle autour du lit royal sur lequel la présidente posait les ventouses chauffées à la bougie sur l'auguste dos. A chaque ventouse, le président, qui est un homme extrêmement courtois, se retournait vers sa femme et disait: "C'est une excellente ventouse. Je vous remercie de me l'avoir posée."


Pierre DESPROGES

mardi 3 novembre 2009



Il y a quelques jours, dans une ville en France, une affiche, avec une jeune fille spectaculaire, sur la vitrine d'un gymnase, disait: « CET ÉTÉ VEUX-TU ÊTRE SIRÈNE OU BALEINE? ».
  Il paraîtrait qu'une femme d’âge moyen, dont les caractéristiques physiques ne sont pas connues, a répondu à la question publicitaire en ces termes :

Chers Messieurs,

Les baleines sont toujours entourées d'amis (dauphins, lions marins, humains curieux). Elles ont une vie sexuelle très active, elles ont des baleineaux très câlins qu’elles allaitent tendrement. Elles s’amusent comme des folles avec les dauphins et s’empiffrent de crevettes grises. Elles jouent et nagent en sillonnant les mers, en découvrant des lieux aussi admirables que la Patagonie, la mer de Barens ou les récifs de Corail de Polynésie.
Les baleines chantent très bien et enregistrent même des cd. Elles sont impressionnantes et n’ont d’autres prédateurs que l’homme. Elles sont aimées, défendues et admirées par presque tout le monde.

 Les sirènes n'existent pas! ET si elles existaient elles feraient la file dans les consultations des psychanalystes argentins parce qu'elles auraient un grave problème de personnalité « femme ou poisson? ». Elles n'ont pas de vie sexuelle parce qu'elles tuent les hommes qui s'approchent d’elles, Ils feraient comment d’ailleurs?! Donc elles n'ont pas non plus d’enfants. Elles sont jolies, c'est vrai, mais isolées et tristes. En outre qui voudrait s'approcher d’une fille qui sent le poisson? Moi c’est clair, je veux être une baleine!

PS: À cette époque où les médias nous mettent dans la tête l'idée que seulement celles qui sont minces sont belles, je préfère profiter d’une glace avec mes enfants, d’un bon dîner avec un homme qui me fait vibrer, d'un café avec des gâteaux avec mes amis. Avec le temps nous gagnons du poids parce qu’en accumulant tant d'information dans la tête, quand il n'y a plus d'autre emplacement, il se redistribue dans le reste du corps, donc nous ne sommes pas grosses, nous sommes énormément cultivées. A partir d’aujourd'hui quand je verrai mes fesses dans un miroir je penserai, mon Dieu, que je suis intelligente… 

 





Rappelle-toi Barbara


Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sois un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l' Arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrais dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant

Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien

Jacques PREVERT


dimanche 1 novembre 2009