A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

AVRIL


ure


Je suis avril le plus joly
De tous en honneur et vaillance ;
Car nous fusmes tous affranchis
En mon temps par ung coup de lance ;
Par la sainte digne souffrance
De Dieu qui le monde créa.
On en doit avoir souvenance,
Car en mon temps resusita.





AVRIL - Semaine 1 – jour 1 Us et Coutumes

Premier avril, faut que pinson
Puisse boire sur le buisson




POISSON D’AVRIL


N’omettez pas, le 1° avril, de répandre du gros sel aux quatre coins de votre domaine, si peu étendu soit-il, afin d’en éloigner les maléfices. Puis, montrez votre affection à vos proches en leur faisant des « Poissons d’Avril » : une coutume qui remonte à l’année1564.
Jusque là, on célébrait le Nouvel An du 25 mars au I° avril par des fêtes et des échanges de cadeaux.  Charles IX adopte alors  le calendrier grégorien qui fixe le nouvel an au premier janvier. Beaucoup de gens ne s’adaptent pas, aussi  pour se moquer d’eux, leur fait-on des farces et des cadeaux saugrenus. Des poissons par exemple pour les aider à tenir le jeûne de la Semaine  Sainte et parce que c’est le temps de l’ouverture de la pêche.

Si le temps est doux, dans les 4 premiers jours du mois, vous risquez la pluie, voire même le tonnerre. Mais peu importe car ils promettent paix universelle et abondance de biens. Ils sont également de bon augure pour les vendanges et les moissons.
Sachez aussi qu’au premier coup de tonnerre, se rouler par terre en disant deux fois « J’en ai mangé », protège de la foudre pour toute l’année.
Les Francs-Comtois pour leur part, se roulent sur le ventre pour éviter les coliques.

Si vous voulez vivre longtemps, mariez-vous en avril.

Les Anglais, pessimistes,  considèrent le premier lundi d’avril comme un jour maléfique ; c’est l’anniversaire de la naissance de Caïn et de l’assassinat de son frère Abel.

Quant aux  marins, ils  éviteront de prendre la mer pour  les 5 et 6 du mois.

Avril, est consacré à Vénus ; poètes et amoureux fêtent le printemps et le retour sur terre du tendre Adonis.






AVRIL - Semaine 1- jour 2 CONTE

Si Mars a fait l’Avril,
Avril fera le Mars




Adonis


Au temps où les dieux parlaient aux mortels, l’épouse du roi Cyniras de Chypre, osa prétendre que sa fille -sans doute voulait-elle lui trouver un époux- égalait Aphrodite en beauté.
Celle dont dépend tout amour sur la terre déteste par-dessus tout,  les jeunes filles qui tentent de rivaliser avec elle. Pour lui apprendre à se tenir à sa place, elle envoya un charme sur cette jolie Myrrha qui, allez-vous le croire, tomba éperdument amoureuse du roi, son père.
Amoureuse et désespérée. Elle savait cet amour impossible, n’en dormait plus, ne mangeait plus. Elle devint pâle et maigre au point que sa nourrice en fut alarmée. Embrassée, cajolée, la jeune fille finit par avouer la cause de son tourment. Sans trop savoir encore comment elle allait s’y prendre, l’imprudente femme lui promit de l’aider. L’aider à quoi ?
Les nourrices qui veulent à n’importe quel prix réaliser les voeux de leurs pupilles,  sont légions, de même que leurs mauvais conseils et les drames qui en résultent. Celle-ci ne fit pas exception à la règle.
La reine, en tant qu’épouse légitime, participait  en ce temps-là, aux Thesmophories, qui sont des fêtes données en souvenir du deuil de Déméter. La règle était de jeûner et d’observer une stricte abstinence sexuelle.
Voilà qui favorisait le projet de la nourrice. Elle prépara un vin d’herbes aphrodisiaques qu’elle fit boire à Cyniras, et pour apaiser cette fièvre qu’elle avait provoquée,  lui proposa pour remplacer la reine absente, de faire venir une prostituée sacrée, à la seule condition que le roi ne la verrait pas.
« Pourquoi, demanda-t-il, elle est donc laide ? »
« Non, mais elle est vierge, et a fait le vœu de cacher son visage au premier homme à qui elle se donnerait. »
Le roi accepta et la nourrice employa tout le jour à préparer Myrrha pour sa nuit d’amour. Bains, massages, huiles parfumées, vins herbés, la nourrice n’épargna aucun effort et le soir venu, conduisit jusqu’à la chambre de son père, la jeune fille tremblante de désir, de crainte  car elle était vierge, et de honte aussi puisqu’elle ne pouvait ignorer l’inceste qu’elle allait commettre.
Le désir,  la crainte et la honte, que voilà un mélange aphrodisiaque ! Bien plus excitant que n’importe quel vin d’herbes !
Pour respecter le vœu de la vierge, la chambre n’avait d’autre lumière que les rayons de la lune qui laissait entrevoir sa silhouette parfaite et la blancheur nacrée de sa peau.
Sa peau que Cyniras trouva si douce…. La nuit d’amour fut torride, autant que les onze qui suivirent.
Ses devoirs religieux accomplis,  la reine revint au palais et toutes choses reprirent leurs places, les vins d’herbes procurant cette fois un oubli apaisant. Pour quelque temps….
Onze nuits d’amour avaient porté leur fruit, et  l’oubli, pour Myrrha devint impossible. Elle tenta, mais en vain, de cacher le pêché qui s’épanouissait dans ses flancs. Aux questions de sa mère, elle opposa un silence obstiné. Comment dire à la reine le nom du père de son enfant ?
 Questionnée à son tour, la nourrice avoua. Sans doute employa-t-on pour la faire parler des méthodes inapplicables à la fille du roi. Comment fut-elle punie ? Etranglée ? Jetée du haut d’une falaise ? On ne sait pas.
Cyniras, révolté, ulcéré du crime qu’on lui avait fait commettre, poursuit sa fille pour la tuer.
Aphrodite, prévenue, prend Myrrha sous sa protection, mais trop tard. Le roi est là face à la coupable, son épée dégainée. Il voit alors avec épouvante et stupeur, les jolis pieds de sa fille s’enfoncer dans le sol ; sa peau si douce et si blanche devenir noire, rugueuse et crevassée ; ses bras se dressent, tordus vers le ciel et ses cheveux hérissés frémissent au vent comme les feuilles de l’arbre qu’elle est devenue. Cyniras, affolé d’horreur, d’un coup d’épée fend en deux l’effroyable buisson. Ce n’est pas du sang, mais une sève odorante qui coule de la blessure, d’où sort en même temps, une enfant. Un bel enfant qui ne peut encore marcher. Pour le soustraire à la fureur du Roi, Aphrodite s’en empare, le cache dans un coffre qu’elle emporte tout au fond des Enfers. Et là, le confie à Perséphone. La souveraine du royaume des morts ne peut résister au désir de savoir quel trésor lui a confié la plus belle de l’Olympe. Elle ouvre le coffre et découvre le bébé, qu’elle adopte et élève comme son propre fils. Elle le nomme Adonis.
L’enfant pousse, considérant Perséphone comme sa mère. La reine des ténèbres le voit grandir en beauté, devenir adolescent. Quand il atteint l’âge d’homme, il est devenu si plaisant que la tendresse maternelle se transforme en une véritable passion amoureuse. Il n’est pas après tout, le fils de la déesse qui ne tarde pas à en faire son amant.
Aphrodite, n’avait pas oublié l’enfant issu de l’arbre parfumé. Estimant que son protégé  pouvait désormais sans risque prendre sa place parmi les hommes, elle descend aux enfers pour le ramener à la lumière.  Mais Perséphone n’a aucune envie de perdre son amoureux ; elle refuse de le laisser partir. Les déesses argumentent, se disputent se prennent par le chignon et font un tel tapage qu’on doit pour les calmer faire intervenir le Maitre des Dieux, Zeus en personne. Celui dont dépend le sort du Monde se moque pas mal de deux femmes qui se disputent un jouvenceau ; que le jeune homme choisisse celle des deux qu’il préfère.
Pour Adonis, la chose est simple. Certes il aime tendrement Perséphone, mais Aphrodite est là, devant lui, aux blonds cheveux répandus sur ses épaules, à la ceinture à demi nouée laissant entrevoir un corps si désirable que ses rêves ne lui en avaient jamais montré de pareil. Il s’embrase d’une passion telle qu’il n’a plus d’autre idée que celle de suivre la déesse dans son palais de Chypre, sans un regard pour Perséphone éplorée.
Adonis est au paradis dans les jardins d’Aphrodite. Il passe des nuits voluptueuses en compagnie de l’amour et de la beauté personnifiés et le jour, il se fait jardinier pour embellir encore le domaine de celle qu’il aime.
Aphrodite, étant immortelle, connaît l’avenir et sait qu’un danger menace son jeune amant. Elle lui recommande de ne jamais sortir du palais, de ne surtout jamais aller à la chasse. Adonis ne demande qu’à lui obéir. Qui de plus casanier qu’un ami des jardins pour qui l’aventure, l’émerveillement, se trouve dans chaque massif, au coin de chaque plate-bande ?

Cependant,  Perséphone est furieuse ; elle veut se venger de celle qui lui a pris tout à la fois son fils et son amour.  Elle va trouver Arès, le dieu de la guerre qui depuis longtemps est l’amant d’Aphrodite. Ares est jaloux, d’autant plus jaloux que lui-même n’est pas fidèle. Aussi tolère-t- les aventures de son amante : puisque aussi bien, c’est son rôle dans le monde. Pourtant cette fois, il ne s’agit pas d’une passade : Aphrodite aime Adonis. Alors au printemps, quand les dernières neiges attardées sous les branches cèdent la place aux tapis d’anémones, Arès profitant d’une absence de la déesse, envoie dans les jardins un sanglier énorme, une brute qui ravage, fleurs et pelouses, qui saccage les arbustes. Quel jardinier peut tolérer un sanglier dans son domaine ? Adonis rassemble, tous les jeunes gens, tous les serviteurs et leur donne des armes. Ils courent tuer le monstre, qui ne se laisse pas faire ; les flèches ricochent sur sa cuirasse velue, leurs piqûres l’énervent et le rendent encore plus combatif. Un jeune homme qui s’approche brandissant une épée est foulé aux pieds, Adonis, courageux, s’élance un poignard à la main, il frappe le monstre au défaut de l’épaule, mais la bête a le temps avant de mourir de l’encorner à l’aine. L’artère est tranchée et le jeune homme s’écroule dans une flaque d’anémones blanches encore. Le sang qui s’écoule de la blessure les teinte des couleurs que perd Adonis ; il gît exsangue, dans les fleurs devenues pourpres.
 Aphrodite accourue, le couvre de baisers veut lui insuffler la vie par sa bouche mais en vain. Elle pleure, la déesse, elle arrache ses vêtements, ses cheveux ; elle a perdu son amour. Il appartient désormais à sa rivale, il ne reviendra plus des Enfers.
Elle va crier son désespoir à Zeus. Qu’on lui rende Adonis, au moins quelques mois dans l’année. Le Maître des Dieux est ému : tant de larmes, tant de beauté. Et puis, il a besoin d’Aphrodite, ce grand coureur de jupons ; d’Aphrodite et de son fils qu’il vaut mieux ne pas mécontenter.
Alors, il décide : Adonis passera six mois aux enfers et dès le retour du printemps,  reviendra dans les jardins d’Aphrodite.
Voici qu’avril est venu, la sève monte, les oiseaux chantent le retour d’Adonis, l’innocent  dieu des jardins.








AVRIL - Semaine 1 – jour 3 PAR ICI LA BONNE SOUPE

Beau temps de Mars,
Se paie en Avril ou plus tard.





Le chocolat

La fête de Pâques tombe souvent en Avril. Ce jour là les cloches carillonnent, annonçant leur retour de Rome où elles avaient passé le carême. Elles rapportent dans leurs jupes de bronze quantités d’œuf en chocolat, qu’elles sèment au passage dans les jardins.
Les enfants munis de paniers, vont dans les massifs et les buissons pour en faire la récolte.
Autrefois, les œufs étaient de vrais œufs cuits durs et qu’on bariolait de couleurs vives.
Et puis en 1519, Herman Cortès découvrit le Mexique et… le chocolat.

Mais nos poules eurent encore longtemps à pondre avant que les confiseurs ne les remplacent.
L’histoire du chocolat est longue et ancienne, mais avant de la raconter, ayons une pensée reconnaissante pour Monsieur Van Houten, le génial inventeur du chocolat en poudre, sans oublier ces autres bienfaiteurs de l’humanité que furent les suisses Cailler, Suchard, Kohler, Lindt et Tobler ; et aussi les français Menier et Poulain et tant d’autres par le monde : l’américain Mars, créateur de la barre qui porte son nom, de même que le hollandais Nuts.
Saluons ces hommes de génie, qui d’un seul coup de leurs barres magiques effacent, fatigues chagrins et déprimes. Ils ont fait en sorte de rendre quotidien ce chocolat qui était connu en Amérique depuis la nuit des temps.

Une légende Maya raconte que le héros Hununaphu était nourri de chocolat par les dieux.
Il tomba un jour amoureux d’une fille du peuple souterrain des Xibalba. Leurs seigneurs, qui désapprouvaient cette union, décapitèrent le malheureux et pendirent sa tête à un arbre mort.
Il y restait encore assez de vie pour que voyant celle à qui le héros devait son supplice venir la contempler, la tête cracha sur elle un sang noir dont elle fut fécondée. Cette union étrange et tragique engendra le peuple Maya.
Le reste du sang dégouttant sur le sol se transforma en fruits en forme de calebasses : les cabosses de cacao.
Depuis, sous le nom de cacahualt, la boisson des dieux, les mayas offrent du chocolat aux futurs époux juste avant le mariage. Ils l’utilisent aussi pour purifier le jeunes enfants et en donnent aux défunts pour accompagner leur voyage dans l’au-delà.

Les Aztèques, vers 1300 av .J.C. associent le chocolat à Xochiquetzal, déesse de  la fécondité.

Dans l’ancien Mexique les nobles et les guerriers pour combattre la fatigue, boivent le xocoatl amer et pimentée aromatisé à la vanille et renforcé de piment et de roucou.
Précieuses dans toute l’Amérique précolombienne, les fèves de cacao  rares et importées des vergers Mayas du Tabasco et du Soconuzco sont utilisées comme monnaie d’échange.blog 080409

En 1519, Herman Cortès découvre en même temps que le Mexique, un grand arbre implanté là depuis près de 3000 ans : le théobroma cacao.
Les Aztèques, Mayas et Toltèques tirent de ses fèves leur « Boisson des Dieux », amère et épicée que Moctezuma offre à son futur persécuteur qu’il prend pour un envoyé du ciel.
Avant ce dernier, Christophe Colomb à qui les Indiens avaient fait présent de cabosses de cacao, les avait pris pour des crottes de chèvres et jetées à la mer. On peut savoir faire tenir un œuf debout et manquer parfois de jugement.

Au Nouveau Monde, missionnaires et conquistadores consomment du cacahualt adouci par la découverte du sucre de canne. Mais c’est seulement en 1528 que Cortès fait découvrir au roi d’Espagne,  Charles Quint le chocolat et les ustensiles nécessaires à sa préparation : la chocolatière et le moussoir.

Au XVII° siècle, le chocolat trace sa route en Europe, apprécié de l’aristocratie et du clergé espagnols d’abord, puis des Flandres et du Pays Bas. Il arrive en France en 1615, par Bayonne, dans les malles de l’Infante Anne d’Autriche qui vient épouser Louis XIII.

Il prendra ses habitudes à la cour du Roi Soleil qui épousa lui aussi une infante. On chuchote que devenue reine, Marie Thérèse buvait tant de chocolat qu’elle accoucha d’un enfant mort né, complètement noir. Son bouffon africain en fut tout attristé.
On sait par Mme de Sévigné que la boisson se consomme à cette époque chaude, comme le café. Le peuple n’y a pas encore accès.

Au XVIII° siècle, Louis XV découvre les vertus aphrodisiaques du chocolat et en offre à ses favorites.
A la même époque, les anglais ont l’idée de le délayer dans du lait.

Enfin, le chocolat se démocratise et l’on sait qu’en 1814, il était fréquemment consommé en France en Catalogne et Roussillon.
Dans les Pyrénées orientales, Jules Paris ouvre la première entreprise, ouvrant la voie à Johannes Van Houten, suivi par les suisses Cailler, Suchard , Kohler, Lindt et Tobler.
En 1821, l’anglais Cadbury fabrique le chocolat noir à croquer.
On commence à planter des cacaoyers en Afrique et des chocolateries industrielles ouvrent en France, en Suisse et aux Pays-Bas.
En 1825, Van Houten parvient à dégraisser le cacao, puis dépose en 1828 le brevet du chocolat en poudre.
En 1830, c’est Kohler le suisse qui ajoute au chocolat des noisettes. En 1847, en Angleterre, Fry commercialise le chocolat en tablettes ; l’année suivante, Victor Auguste Poulain ouvre à Blois une chocolaterie.
C’est Tobler qui en 1870, met au point le chocolat au lait. Emile Menier à la même époque , fait baisser le coût de fabrication du chocolat et ouvre à Noisiel en Seine et Marne une usine moderne assortie d’une cité ouvrière qui sont actuellement classées monuments historiques.
Le chocolat continue sa progression :
1879, Rodolphe Lindt fait du chocolat fondant ; en 1880 Côte d’Or importe en Belgique l’industrie chocolatière ; en 1901, les secrets de fabrication de Lindt tombent dans le domaine public ; en 1904, Poulain met son chocolat en poudre dans la fameuse boîte orange.
En 1914, Banania en rajoutant de la banane en fait la boisson des poilus et commercialise une formule et une image publicitaire aujourd’hui discutables.
En 1920 en Hollande, arrivent les premières petites barres de 30 gr chez  Kwatta, pendant que Nuts invente le…Nuts.
Pour n’être pas en reste aux USA, Mars lance le Milky Way.
Enfin, en 1961, en France, Nestlé nous offre Nesquick, parfumé à la vanille.
Le chocolat n’a qu’un défaut, il est dangereux, voire mortel pour les animaux qui l’apprécient tant qu’ils en perdent tout instinct de survie. Résistez à l’œil suppliant de votre chien ou mangez votre chocolat en cachette ; c’est pour son bien.








AVRIL- Semaine 1- jour 4  MOTS D’AUTEUR


A la Saint-Vincent s’il fait beau,
Il y aura moins de vin que d’eau.





Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et en moi. En lui surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me secoue à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un peu ma peau. Si bien que je n'attend plus à chaque désespoir, ma fin, mais bien l'aventure, le petit miracle banal qui renoue, chaînon étincelant, le collier de mes jours.

COLETTE






AVRIL- Semaine 1- jour 5 LA PANIER DE LA GLANEUSE

Qui s’ensoleille pour Noël
Pour Pâques se gèle





L’ORTIE

Quelle glane généreuse ce mois-ci et comme il sera facile de remplir le panier !

« Elle brûle et n’est pas du poivre,
Cuit et n’est pas du feu,
Pique et n’est pas un serpent.
Qui est-elle ? »

L’ortie est partout, souvent même où l’on n’en a pas besoin. C’est pourquoi il est bon de la couper quand elle est jeune ; elle ne pourra pas monter, grainer et se reproduire à tous vents. Il suffit de ses rhizomes pour la propager !
L’ortie , on le sait, est excellente contre les rhumatismes, en décoction elle prévient la chute des cheveux à défaut de les faire repousser, et nos jardins n’ont qu’à se louer du purin d’orties, malodorant, mais efficace.
Mais l’ortie a d’autres vertus dont on parle moins mais qu’il est bon de connaître.
Les vétérinaires d’autrefois frottaient d’orties les parties génitales des chevaux et des taureaux au moment de la reproduction.
Sans avoir recours à des méthodes aussi radicales, saviez-vous que la soupe d’orties, au goût plus fin que l’épinard , est aphrodisiaque ??
Pour un dîner en amoureux, outre les chandelles , le parfum et la lingerie délicate, préparez ce potage.
Mettez deux pommes de terre à cuire dans ½ litre d’eau salée ; quand elles sont tendres , ajoutez deux poignées de jeunes pousses d’orties. Laissez bouillir pas plus de deux minutes, salez, poivrez, épicez à votre goût (une pointe de gingembre ?).
Servez avec des croûtons aillés… pas trop… et pensez à retirer le germe de l’ail. Il faut prévoir la suite de la soirée…
Evitez de donner cette soupe le soir aux enfants et aux personnes âgées : elle provoque des insomnies.
Catherine Sforza, qui vécût au XV° siècle,  insatiable amoureuse , recommande d’utiliser les semences :
« On peut prendre de la graine d’ortie pulvérisée et mélangée à du poivre et du miel ; bue dans du vin, elle excite grandement la verge, au point d’éveiller aussitôt la luxure délectable aux femmes. »


AVRIL  - Semaine 1 – jour 6 LA MUSE S’AMUSE

Avril pluvieux, Mai venteux
Rendent le paysan heureux




AMOUR LOINTAIN


Quand le ruisseau de la fontaine
S'éclaircit et la marjolaine
Au joyeux soleil du printemps
Et que du rossignol le chant
S'élève et module et s'affine
Sur la branche de l'aubépine,
Il faut que j'entonne le mien.

Amour de la terre lointaine
Pour vous tout mon corps est dolent,
Car ne fut plus gente chrétienne.
Heureux pour qui elle est parlant.

De désir mon coeur est tiré
Vers cette dame qu'entre tous j'aime.
Pour elle ai toujours soupiré,
Mais ne veux pas que l'on me plaigne,
Car de la douleur naît la joie.

Lorsque les jours sont longs en mai,
Le doux chant des oiseaux me plaît
Et quand peu à peu il s'éteint
D'un amour lointain me souvient.

Je marche alors tête baissée
Et non plus que saison glacée
Me plaît alors le chant d'oiseau
Ou le gazouillis du ruisseau.
Je le tiendrai pour vrai Seigneur
Par qui verrai l'amour lointain,
Mais malgré l'espoir de tel heur
J'ai mal, car il est trop lointain.

Ah! que ne suis-je pèlerin
Là-bas pour porter le bourdon
Et recevoir le meilleur don
D'être contemplé par ses yeux.
Jamais d'amour ne jouirai
Sinon de cet amour lointain,

Car femme ne connais meilleure
Ni plus gracieuse en cette heure
De nulle part, ni près ni loin.
Pour elle et pour lui rendre soin
Je consens à être captif
Là-bas au pays sarrasin.

Il dit vrai celui qui m'appelle
Le désireux d'amour lointain,
Car nulle autre joie ne révèle
Que jouir de l'amour lointain,
Mais tous mes voeux sont inutiles
Et je suis voué à ce sort
D'aimer toujours sans être aimé.

Jaufré RUDEL


AVRIL - Semaine 1 – jour 7 Y’A UN TRUC

L’hiver n’est achevé
Qu’Avril ne soit passé







LES ŒUFS DE PAQUES



Rien de plus amusant que de cacher des oeufs dans la jardin, de donner aux enfants un panier et de les envoyer les dénicher.
Point n’est besoin que tous les œuf soient en chocolat ; on peut aussi en faire cuire durs et les décorer.
Pour ce faire il faut ajouter à l’eau de cuisson pendant 10mn :
Des violettes séchées pour la couleur violette,
Du bleu de lessive pour …le bleu
Du brou de noix pour le brun,
De l’écorce de pommier pour le jaune,
Des épinards pressés pour le vert,
Et des betteraves pour le rouge

Pour avoir des œufs multicolores, il faut utiliser des caches et faire plusieurs cuissons. Pour avoir des rayures, il faut entortiller un fil. Si vous manquez de temps, vous pouvez aussi ajouter des décalcomanies et vernir.
Enfin si avoir un œuf d’autruche vous tente, essayez cette méthode :
Faites tremper un œuf frais pendant quatre jours dans du vinaigre ; ensuite, lavez à l’eau claire et laissez tremper pendant une nuit entière dans une bassine d’eau. Le lendemain, l’eau aura pénétré la coquille rendue élastique par le vinaigre. Il ne vous restera plus qu’à décorer votre œuf géant.

Joyeuse Pâques !


AVRIL - Semaine 2 –jour 1 US ET COUTUMES




Avril fait la fleur,
Mai en a l’honneur





PAQUES

Lors vient avril si tresbeau jour
Que toute chose s’esjouyt ;
L’herbe croist et l’arbre florit,
Les oyseaulx reprennent leurs chantz,
Et ainsi a vingt et quatre ans
Devient l’homme fort vertueulx,
Joly, gentil et amoureux,
                                      Et se change en maint estat gay.


Oui, mais…si la lune rousse tombe le 10 avril, c’est un désastre pour vignerons et jardiniers.
Car avril n’est pas toujours aussi joli : Edouard III d’Angleterre,  qui fut (entre autre), cause de la guerre de Cent ans, l’expérimenta à ses dépens. Le 14 avril 1360 lendemain de Pâques, il essuie devant Paris brume, froid et grêle, entraînant la mort de nombreux chevaliers.

C’est en 1722, que le hollandais Roggewen qui naviguait dans le Pacifique, vit surgir quelque part entre l’Amérique et l’Australie, un grand bloc de lave surmonté d’un volcan. Depuis les falaises, d’étranges géants de pierre aux larges oreilles fixaient de leurs yeux morts, le navire irrésistiblement attiré vers cette côte aride. C’était le jour de Pâques dont on donna le nom à l’île qui depuis n’en finit plus de dévoiler ses mystères.
AVRIL - Semaine 2 – jour 2 CONTE

Quand Avril est froid et pluvieux
Les moissons n’en vont que mieux



La fille du pasteur.


Vincent était maître d’école et il était boiteux. Il n’aimait pas à raconter pourquoi et l’on ne connaissait pas non plus la raison pour laquelle il ne s’était jamais marié.
Il avait pris sa retraite dans ce chalet de petite montagne en compagnie de ses chats, de sa chienne et de quelques chevaux âgés à qui il offrait une retraite heureuse dans un pré qu’il avait derrière chez lui.
Passant là par un après-midi d’été, je lui demandai mon chemin que j’avais perdu et un seau d’eau pour mon cheval. Il me l’offrit bien volontiers. Il me demanda si moi aussi j’avais soif, et nous avons trinqué à l’eau de sa fontaine. Il me remit dans la bonne direction et ajouta :
-« Puisque vous connaissez l’endroit, revenez de temps en temps, ça distraira mes vieux bourrins !
J’usai de la permission tout d’abord avec discrétion, puis la complicité s’installant, plus régulièrement. Au fil du temps et par fragments, il me raconta son histoire.

Il sortait juste de l’Ecole Normale et venait d’obtenir son premier poste quand il hérita le chalet de l’oncle qui l’avait élevé. Comme il avait perdu ses parents pendant la Grande Guerre, il se retrouvait seul au monde. C’est pendant les vacances de Pâques qu’il prit possession de son bien. Les lieux étaient encore tels qu’il les avait quittés pour aller finir ses études. Les souvenirs qu’il en avait étaient heureux et il ne voulait rien changer. Il avait donc du temps pour faire de longues marches dans la campagne environnante qu’il pensait bien connaître.
Au matin de Pâques, un carillon sonnant à toute volée le surprit. Il ne connaissait pas d’église dont le clocher eut pu se faire entendre d’aussi loin. La chercher devenait un but de promenade. Il enfila ses bottes, prit son sac et son bâton et partit en direction de cet office imprévu.
Il coupa à travers bois et se trouva bientôt sur un chemin dont il n’avait pas gardé le souvenir ; il serpentait à flanc de coteau en descendant doucement vers un vallon au fond duquel se dressait une chapelle aux murs de bois. Venant de la colline qui lui faisait face, Vincent vit s’avancer un groupe de personnes en habits de fête. Ils se rendaient manifestement à l’office. Le maître d’école les suivit dans l’oratoire. En chaire, un vieux pasteur lut des textes, puis prêcha. Vincent ne reconnut ni la Bible, ni les Evangiles et nota que, curieusement, le nom de Dieu ni celui du Christ n’étaient jamais prononcés. Aucune bénédiction ne clôtura la cérémonie.
Après le départ silencieux des participants, une jeune fille qu’il avait remarqué pour sa grâce et son allure restait assise dans les bancs pendant que l’officiant était à la sacristie. La fille du pasteur ? Vincent s’attarda ; le vieil homme l’aperçut, le salua aimablement et lui présenta celle qui effectivement était sa fille. Un foulard cachait ses cheveux, elle sourit, leva sur le jeune homme des yeux brillants, couleur de pierre précieuse, et l’invita à les suivre dans leur maison qui se trouvait derrière la chapelle et dont  Vincent ne se souvenait pas
Le pasteur prit une tasse de thé et monta se reposer, laissant les deux jeunes gens en tête à tête. Sans rien lui révéler la concernant, pas même son nom, elle connut bientôt tout du jeune homme, totalement sous le charme des yeux turquoises.
-« Mon père se fait vieux, dit-elle soudain, il laisserait volontiers sa place à celui qui voudrait m’épouser. Ce pourrait être vous ?
Surpris par la franchise de la proposition, ému par la beauté de la jeune fille mais cependant troublé par son sourire un tant soit peu carnassier, Vincent ne sut que répondre.
Il éprouvait une violente envie d’accepter mais sa raison au fond de lui le retenait.
 Il ferma les yeux, soupira très fort en demandant un temps de réflexion. Les yeux turquoise pétillèrent, la bouche si rouge découvrit un sourire plein de dents blanches et robustes.
-« Je vous attend l’année prochaine, pour l’office de Pâques et de tout mon cœur, j’espère que vous direz oui.
Puis elle l’accompagna jusqu’au sentier. Arrivé en haut de la côte, Vincent se retourna : la brume cachait à présent le fond du vallon et il ne vit plus ni chapelle ni maison.
De toute l’année, quand il revint au chalet, il n’entendit plus de cloches, ni ne retrouva le chemin qui menait à la chapelle. Il finit par se dire qu’il avait rêvé, puis n’y pensa plus.
A Pâques de l’année suivante, Vincent retenu en ville n’arriva au chalet qu’au milieu de l’après midi. Le toit avait subi de gros dégâts qu’il entreprit de réparer sur le champ. Arrivé en haut de l’échelle, il vit s’avancer sur le sentier inconnu la belle aux yeux verts. Elle ne portait plus le foulard qui lui couvrait les cheveux ; le soleil couchant incendiait ses boucles brunes ; elle était encore plus belle que… mais oui, il croyait l’avoir oublié mais il réalisait soudain,  que toutes les nuits de toute cette année il avait rêvé qu’il la tenait dans ses bras et maintenant,  elle était là,  si proche, si réelle, il allait pouvoir enfin la toucher, l’embrasser. Il sauta de l’échelle sans lâcher une hachette qu’il avait à la main. Il s’approcha,  les bras tendus mais la fille recula :
-« Je vous ai attendu Vincent, vous n’étiez pas à l’office ce matin. Il me faut maintenant votre réponse : voulez-vous m’épouser et prendre la place de mon père ?
Vincent a le vertige ; il est au bord d’un gouffre. Son cœur, ses sens,  la meilleure partie de lui-même désire cette fille si belle, si tentante. Mais sa raison l’interpelle, lui dit qu’il ne faut pas. Alors il parlemente, ils doivent mieux se connaître, attendre encore, quelques mois, quelques semaines…
Les boucles fauves s’agitent, les yeux turquoise s’embrument. Vincent est incapable de folie, mais il la désire tant, pour lui prendre les mains il lâche son outil. La fille recule et disparaît ; Vincent tombe à genoux… sur la hachette. Sa jambe droite blessée va le rendre boiteux pour toujours, son cœur meurtri sera à jamais incapable d’aimer une autre que la fille aux yeux verts.
Il m’a confié que chaque fois qu’il était sur le point de tomber amoureux et d’oublier ce dimanche de Pâques, la nuit même, la fille du pasteur venait partager ses rêves.


AVRIL - Semaine 2 – jour 3 LE JARDIN EXTRAORDINAIRE


Si le chêne est vert avant le frêne, sec été il te promet.
                                                           Mais si le frêne est vert avant le chêne, bien mouillé sera l’été.





L’oseille

L’oseille sauvage, pousse au printemps dans les pâturages, au bord des chemins et dans les prairies humides. En été ses fleurs sont des panicules flamboyantes qui donnent aux prairies un reflet rouge.
Au jardin, l’oseille se multiplie facilement ; on peut en faire des bordures. Consommer les feuilles encore jeunes crues mélangées à la salade. La soupe à l’oseille n’est plus à vanter.
Plus vous couperez les feuilles, plus vos bordures seront drues.

Si vous avez juste un balcon, faites vous ce que les anciens appelaient un « Jardin d’Adonis »
Qu’est-ce qu’un « Jardin d’Adonis »? C’est un jardin en pot que les Romains offraient au dieu pour célébrer le jour de son retour et de son union avec la déesse.
Prenez un joli pot de terre ou de céramique ou même une  caisse en bois que vous peindrez de votre couleur préférée. Remplissez-là de terreau et à la lune montante, semez-y quelques graines : pois de senteur ou volubilis qui encadreront votre fenêtre et puis offrez-vous quelques aromatiques : persil, bien entendu, estragon, basilic, coriandre etc… Ajoutez un ou deux géraniums odorants pour le parfum.
Quelques minutes par jour d’entretien et d’arrosage suffisent ; fermez les yeux, la campagne est chez vous.




AVRIL - SEMAINE 2 – jour 4  QUELLE HISTOIRE

En Avril nuées
En Mai rosées.

JEHANNE

Imaginons un instant qu’un adolescent de sexe indéterminé insiste pour être reçu à l’Elysée ; des messages intergalactiques lui seraient parvenus, lui enjoignant de communiquer au président en exercice les moyens efficaces de résoudre la crise financière, les problèmes d’emploi, la violence des banlieues et le réchauffement climatique.
Parviendrait-il à son but ?
Certainement pas !
Il serait sans doute reconduit à sa famille avec mission pour celle-ci de la garder soigneusement au calme en vérifiant bien les substances qu’il roule dans ses pétards.
Réjouissons-nous ! C’est que la France est beaucoup moins malade qu’au XV° siècle.
En ce temps-là, une jeune campagnarde répondant à des « voix », est parvenue – non sans insistance, il est vrai- jusqu’au roi de France ; elle se nommait Jeanne, elle n’avait pas vingt ans, aucune expérience du métier des armes.
Pourtant, le 29 avril 1429, avec l’armée royale rassemblée autour de sa bannière déployée représentant le Christ environné de fleurs de lys, et précédée du clergé chantant le Veni Créator, elle escorte un convoi de vivres destiné a ravitailler Orléans .
A la barbe des « godons » qui assiègent la ville depuis octobre de l’année précédente, elle franchit les lignes de défense et s’en va prier à la cathédrale.
Le 8 mai,  le siège est levé.
Christine de Pisan, réfugiée dans un couvent de Poissy pour fuir les massacres qui ensanglantent Paris qu’elle aimait tant et aussi pour n’avoir pas à choisir entre la France à laquelle elle est toujours restée fidèle et le duc de Bourgogne à qui elle doit sa notoriété, pourra juste avant sa mort écrire ses derniers vers à la gloire de celle qui rassemble  ce qu’elle a toujours chanté : la valeur des femmes et la chevalerie :

Ditié de Jeanne d’Arc

Moi, Christine, qui ai pleuré
Onze ans en abbaye fermée,…
…Maintenant pour la première fois je me prends à rire.

L’an mil quatre cent vingt et neuf
Reprit à luire le soleil ….


…Toi, Jehanne, à bonne heure née,
Béni soit qui te créa !
Pucelle de Dieu envoyée
En qui l’Esprit Saint rayonna
Sa grande grâce ; et qui eus et as
Toute largesse en son haut don,
Jamais quête ne refusas…

….Oh ! Comme alors cela bien parut
Quand le siège était à Orléans,
Où en premier lieu sa force apparut !
Jamais miracle, ainsi que je pense
Ne fut plus clair ; car Dieu aux siens
Vint tellement en aide, que les ennemis
Ne se défendirent pas plus que chiens morts.
Là furent pris ou à mort mis.

Hé ! Quel honneur au féminin
Sexe ! Que Dieu l’aime il parait bien,
Quand tout ce grand peuple misérable comme chien
Par qui tout le royaume était déserté
Par une femme est ressuscité et a recouvré ses forces
Ce que hommes n’eussent pas fait,
Et les traîtres ont été traités selon leur mérite,
A peine auparavant l’auraient-ils cru.

Une fillette de seize ans
(N’est-ce pas chose hors nature ?)
A qui armes ne sont pesant.
Mais il semble que son éducation
Ait été faite à cela, tant elle y est forte et dure ;
Et devant elle vont fuyant
Les ennemis que nul n’y dure
Elle fait ce maints yeux voyant.



Et d’eux va France désencombrant
Et recouvrant châteaux et villes
Jamais force ne fut si grand
Et de nos gens preux et habiles
Elle est principal capitaine ;
Telle force n’eut Hector ni Achille
Mais tout ce fait Dieu, qui la mène.


Christine eût la grâce de mourir avant de connaître le sort funeste réservé à son héroïne, par celui contre qui elle-même eût à lutter : l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon.



AVRIL - Semaine 2 – jour 5 LE BESTIAIRE ENCHANTE

Bourgeons de Saint-Valérien
Le fruit n’est pas loin


Le Minotaure- Plaidoyer pour un monstre.


Le Minotaure a-t-il sa place dans un bestiaire ? Le poser là revient à lui refuser sa part d’humanité.
Pourtant le Minotaure est un monstre ; il n’a d’humain que sa partie inférieure. Il est cruel, violent, bestial, et se repaît de chair humaine.  Et encore, il mange peu : sept jeunes gens et sept jeunes filles tous les neuf ans. En comptant bien, ce n’est pas grand-chose. Mais qui en a décidé ainsi ? Qui donc a songé que son autre moitié est d’un herbivore ?
Comment enfermé (avec sa mère) dans un antre souterrain dont nul n’aurait espoir de sortir sans un effort d’imagination, sans une malice, une ruse dont se trouve forcément incapable un être que personne n’a pris la peine d’éduquer, comment cet être ne deviendrait-il pas fou furieux, ne serait-il pas poussé à toutes les violences ? Un être enfin qui ignore la faute qui le fait prisonnier.
Mais la faute est-elle la sienne ? Non, le Minotaure est innocent. Sa mère a commis l’acte monstrueux qui lui a donné naissance.
Mais sa mère est-elle la seule coupable ? Non, le coupable vit au grand jour, respecté, honoré. Il  est le ROI. Le roi Minos, le fils d’Europe et de Zeus,  le puissant souverain de Crête.
Remontons à l’origine des faits. Le roi reçut de Poséidon, lors de son avènement, un merveilleux taureau blanc qui devait être sacrifié au dieu.
Devant la splendeur de l’animal, Minos pensa qu’il serait mieux utilisé à l’amélioration de son propre cheptel. Il offrit au dieu de la mer son plus beau taureau et envoya le blanc dans ses pâtures.
Poséidon offensé, aurait pu d’un seul coup de trident provoquer un raz de marée ou envoyer un monstre marin qui aurait détruit Cnossos et la Crête. Il préféra, pour une fois, attendre son heure.
Qui ne tarda pas.
La reine Pasiphaé passant dans les prairies admirait les troupeaux de son époux et tout particulièrement l’ardeur avec laquelle le taureau blanc s’employait à améliorer la race bovine crêtoise. Elle en était toute rêveuse.
Voyant cela Poséidon (les dieux voient tout !) se dit qu’il tenait sa revanche. Il envoya chercher son neveu Cupidon. Le garnement ailé n’eut pas besoin de longues explications. Il prit deux flèches d’or : une pour Pasiphaé, l’autre pour le taureau.
Voilà la reine embrasée d’un amour impossible pour un animal qui la regardait langoureusement ; que pouvait-il faire d’autre ? La race crêtoise en  fut encore améliorée.
Mais Pasiphaé, la pauvre ne pouvait que languir et soupirer dans son palais.
Il y avait à Cnossos, un homme au génie exceptionnel, un architecte, un inventeur qui tirait tant de ses mains que de sa tête, des merveilles. Il était devenu l’ami des souverains.
La reine, en proie à sa passion dévorante ne pût s’empêcher de la confier à l’ingénieux Dédale.
Et ce dernier, comme bien des inventeurs que la morale n’étouffe pas pourvu qu’ils puissent inventer, conçut sur le champ la machine qui mettrait fin aux tourments de sa souveraine.
Il fabriqua une vache en bois, creuse en dedans, montée sur roues et qu’il recouvrit d’une peau de bovin. Pasiphaé se glissa dans la machine qui fut poussée au milieu du troupeau. La décence et le manque d’informations fiables nous imposent de jeter un voile discret sur les détails de cette union.
Pasiphaé apaisée, retourna à ses devoirs de souveraine et d’épouse et le taureau à ses vaches.
Minos, qui étrangement avait ignoré toute cette aventure, en fut fatalement informé quelques mois plus tard. Fou de rage et de honte, oublieux de sa propre histoire,  il fit imaginer et construire par Dédale, le Labyrinthe, souterraine et inextricable prison, où il enferma la mère et l’enfant.
Le Minotaure depuis se languit quand il ne rugit pas et attend tous les neuf ans les quatorze jeunes gens qu’Athènes envoie pour le nourrir. On dit qu’il ne les dévore pas tous….



AVRIL - Semaine 2- jour 6 LIRE ET RELIRE

Gelée de Saint-Fructueux
Rend le vigneron malheureux.

Madame d’Aulnoy



C’est entre 1692 et 1695 , quelques années avant les Contes de ma Mère l’Oye, que fut publié en France le premier « conte de fées ». L’Ile de la Félicité, était inséré dans Hypolite, comte de Douglas, un roman de Madame d’Aulnoy.
Tout autant que romancière ou conteuse, Marie-Catherine le Jumel de Barneville, baronne d’Aulnoy, fut une aventurière ; sa vie fut un véritable roman de cape et d’épée.
Elle a vu le jour en Normandie, à Barneville, le village dont elle porte le nom, vers 1650. Elle  a seize ans quand on la marie à un valet de pied du duc de Vendôme, François de la Motte, qui a trente ans de plus qu’elle. Il lui fait cinq enfants, ce qui lui donne tout le temps de le détester et de prendre un amant. L’époux incommode est soupçonné de malversations et contraint de s’expatrier. Marie-Catherine en profite pour le faire accuser du crime encore plus grave de lèse-majesté par son amant et un autre complice. De la Motte est traîné en justice, mais finalement relaxé et ce sont les trois calomniateurs qui sont condamnés à avoir la tête tranchée. Pendant qu’on arrête les deux hommes, Marie-Catherine parvient à s’échapper par un escalier dérobé. Elle se réfugie dans une église voisine et passe la nuit sous un catafalque qui reposait là. Elle demeure introuvable le temps que cessent les recherches et se réfugie en Angleterre. De là, elle passe en Espagne où, désireuse de rentrer en grâce, elle accepte de rendre au Royaume de France quelques discrets services.
Enfin, elle peut revenir à Paris, mais incorrigible, elle a de nouveau des fréquentations douteuses et prend pour amie une femme qui sera décapitée pour avoir tué son époux, ce qui n’arrange pas sa réputation.
Elle a pourtant d’autres amies, des conteuses, telles Madame de Murat ou Mademoiselle L’Héritier. Car tout au long de ses aventures, Marie-Catherine n’a jamais cessé d’écrire, des relations de voyage, des mémoires et ce roman dans lequel elle insère un conte. Car en ce temps la mode du conte fait fureur ; dans les salons littéraires, les « ruelles » comme on les nommait alors, il est de bon ton de faire venir au grand jour, les histoires racontées dans les campagnes que les nourrices racontaient aux petits enfants.
C’est en 1697 et 1698, que Madame d’Aulnoy publie les contes qui l’ont rendue célèbre, dont le fameux Oiseau Bleu. Enfin assagie, elle vit dans sa maison de la rue Saint-Benoît où elle meurt le 14 janvier 1705.
Ses histoires sont pleins d’heureuses trouvailles de langage et souvent plus sensuelles que celles de Perrault. La cruauté y est parfois difficile à soutenir, ainsi dans ce passage de La Chatte Blanche :
« Les larmes vinrent deux ou trois fois aux yeux du jeune prince, de la seule pensée qu’il fallait couper la tête à sa petite Chatonne qui était si jolie et si gracieuse. Il dit encore tout ce qu’il put imaginer de plus tendre pour qu’elle l’en dispensât, elle répondait opiniâtrement qu’elle voulait mourir de sa main ; et que c’était l’unique moyen d’empêcher que ses frères n’eussent la couronne ; en un mot, elle le pressa avec tant d’ardeur, qu’il tira son épée en tremblant, et d’une main mal assurée, il coupa la tête et la queue de sa bonne amie la Chatte….




AVRIL - Semaine 2 – jour 7 ON CONNAIT LA CHANSON


A la Saint-Benoît
De chanter le coucou a droit…
A moins qu’il ne soit mort de froid.

CHANSON DE PAQUES

Quand nous somm’s à Pâques,
Nous somm’s au printemps ;
Les vignes sont belles
Les blés vont grainant.
Mariez-vous, filles,
N’attendez plus tant.

Les vignes sont belles ,
Les blés vont grainant.
Et la violette fleurit dans les champs.
Mariez-vous filles….

Et la violette
Fleurit dans les champs.
L’fils du roi y passe,
En remplit ses gants.
Mariez-vous filles…

L’fils du roi y passe,
En remplit ses gants,
Les porte à sa mie,
Sa mie à Rouen.
Mariez-vous filles…

Les porte à sa mie,
Sa mie à Rouen.
- Tenez, ô ma mie,
Tenez v’la des gants !
Mariez-vous filles…

Tenez, ô ma mie,
Tenez v’la des gants !
Il faudra les mettre
Deux ou trois fois l’an.
Mariez-vous, filles….

Il faudra les mettre,
Deux ou trois fois l’an :
Une fois à Pâques,
L’autre à la Saint-Jean.
Mariez vous filles…

Une fois à Pâques,
L’autre à la Saint-Jean,
Le jour de nos noces,
Le plus beau de l’an.
Mariez-vous, filles,
N’attendez plus tant.






AVRIL - Semaine 3 – jour 1 US ET COUTUMES

Georget, Marquet et Colinet
Sont très méchants garçonnets

TRAVAUX DE PRINTEMPS


Le 18 Avril 1904, sort le premier numéro de L’Humanité fondé par Jean Jaurès.
Beaucoup plus tôt et presque à la même date, le 19 avril, les romains offraient à Cérès du pain et des œufs.
S’il vous reste du pain rassis, vous pouvez le donner aux oiseaux ; mais vous pouvez aussi l’emballer une heure dans un torchon humide puis le passer au four. Il sera tout croustillant.
C’est généralement à cette période que le soleil entrant par les fenêtres éclaire ce qui ce voit moins en hiver et nous pousse aux grands nettoyages de printemps.
Les bouteilles et flacons ayant contenu de l’huile ou des liquides gras, retrouveront leur lustre si vous les emplissez d’eau et de marc de café et les secouez énergiquement.
Pour le marbre, il faut le frotter avec du savon noir, bien rincer, passer au vinaigre de vin très fort ; enduire ensuite d’encaustique ou d’huile de lin.

On fête Saint Georges le 23 avril.
 Prononcer le nom du saint nous fait penser qu’il est temps de semer l’orge.

Dans le Maine, trop de vent ce jour là peut empêcher le saint  de monter dans les arbres qui,  du coup, ne donneront pas de fruits.

Si vous vous trouvez en Angleterre, allez passer la nuit du 24 aux 25 sous le porche d’une église. Vous y verrez  défiler les spectres des paroissiens qui vont mourir dans l’année.

Et voici Saint Marc qui protège les récoltes des gelées tardives. Les Bretons pensent que s’il pleut le jour de sa fête, les pommiers ne donneront pas. Pour éviter ce désastre on fait de grandes processions.
Il est toutefois recommandé de rentrer tôt ; ceux qui se trouveraient dehors à la nuit tombée risqueraient de disparaître à jamais.

La nuit du 30 avril au premier mai est celle du grand sabbat des sorcières : la nuit de Walpurgis.
Chez les Celtes on célébrait la fête de Belten.
Les Alsaciens se contentent de faire bénir le sel qu’ils distribuent au bétail en partance pour les pâtures.




AVRIL-Semaine 3 – jour2 CONTE





Europe



Europe était fille d’Agénor, roi de Phénicie, un pays qui se trouvait à peu près où se trouve actuellement le Liban.
Un beau matin du mois de mai, Europe s’en fut la plage avec ses compagnes  Elle avait la nuit fait un rêve : deux géantes se la disputaient ; elle allait de l’une à l’autre, tiraillée comme un pauvre petit oiseau que s’arracheraient deux vautours. L’une n’avait pas de nom et voulait prendre la jeune fille ; c’était disait-elle,  un cadeau que Jupiter lui offrait. L’autre se nommait Asie et voulait la garder, se prévalant de lui avoir  donné le jour.
Ce rêve la troublait encore ; un bain dans la mer dissiperait, pensait-elle, cette fâcheuse impression. Et voilà les  charmantes en tenue légère, courant,  riant, cueillant des fleurs en chemin dont elles font des bouquets, des couronnes et des guirlandes. Arrivées sur la grève, elles se déshabillent et seulement vêtues de quelques fleurs, entrent dans l’eau, s’éclaboussent, nagent, jouent, heureuses de s’ébattre sous le soleil ; Europe ne pense plus à son rêve.
 Au-dessus d’elles, Jupiter, mollement bercé par Zéphyr, somnole sur un nuage. Cupidon qui passait par là, toujours en quête d’un bon tour à jouer, voit tout le parti qu’il peut tirer de la situation. Sans plus réfléchir, il bande son arc et décoche à Jupiter une flèche d’or. Eveillé en sursaut, le roi des Dieux ouvre un œil, pile sur les naïades. Charmant tableau que ces jeunes filles ! Surtout l’une d’elles : longue, fine, blonde, une peau dorée, parfaite ; elle lui rappelle un amour d’autrefois, la jeune Io qu’il dut changer en vache pour la soustraire à la jalousie de Junon.
Rien d’étonnant puisque  Europe est une arrière petite-fille de Io. Cette ressemblance ajoutée aux effets de la flèche rend aussitôt Jupiter fou d’amour. Comment faire ? On n’est plus au temps de Io. Désormais les jeunes filles ont de la religion, surtout une fille de roi !
Jupiter fait venir Mercure et lui demande de pousser le troupeau d’Agénor jusqu’à la grève et là, parmi les bœufs, en souvenir de Io peut-être,  Jupiter devient taureau ; un superbe taureau blanc, aux cornes d’or pâle en forme de croissants de lune ; une bande de poils noirs sépare les deux cornes.
Europe et ses compagnes qui se séchaient sur le sable voient ce taureau qui les regarde d’un œil amical ; il est si beau, son poil semble si doux, elles iraient bien le caresser, mais dame ! Un taureau, ça peut être dangereux ! Les jeunes filles hésitent.
Europe est fille de roi, donc elle est la plus brave. Elle approche le taureau, craintivement d’abord, elle lui flatte les naseaux et comme il se laisse faire et semble y prendre plaisir, elle s’enhardit, lui caresse l’encolure et tente de lui passer autour du cou la guirlande de fleurs rouges qui orne ses cheveux. Mais il est grand, ce taureau ! Elle a beau se hausser sur la pointe des pieds, elle n’y arrive pas. Alors le taureau fléchit les genoux, se couche à terre et Europe l’imprudente, ose monter sur son dos.
D’un énergique coup de rein, le taureau se redresse et part au galop. Europe n’a que le temps de le prendre par les cornes pour ne pas tomber. Le taureau file vers la mer ; Europe, échevelée, terrifiée, crie, appelle au secours. Mais le palais est loin et ses compagnes sont plus affolées qu’elle encore. Maintenant le taureau entre dans la mer ; Europe se voit noyée, mais non, il galope sur les vagues et poursuit sa course folle vers le large.
Longtemps le taureau a couru sur les flots, longtemps Europe a crié, pleuré ; elle est à bout de forces quand la bête aborde un rivage. Il s’arrête enfin dans une prairie ombragée de platanes sous lesquels il dépose doucement sa captive et là, redevient Jupiter. Ses intentions évidentes achèvent d’épouvanter la jeune vierge ; mais que faire contre la volonté du roi des dieux ?
Heureusement pour Europe, Jupiter sait s’y prendre avec les jeunes filles ! Au matin, les amants échangeront les deux moitiés d’une feuille de platane en gage de fidélité éternelle. Fidélité qui durera le temps qu’Europe mette au monde trois fils.
Jupiter aime les enfants et ne se lasse jamais d’en avoir de nouveaux ; le premier fut nommé Minos et comme il devait un jour régner sur cette île, Europe reçut en présent le Talos, un géant de bronze, forgé par Vulcain et chargé d’empêcher les ennemis d’aborder.
Pour le second, Radamanthe, elle eut un chien au flair infaillible, aucun gibier ne pouvait lui échapper et pour le troisième, Sarpédon, un épieu qui ne manquait jamais son but.
Ensuite, eh bien, ma foi, la magie des flèches d’or n’a qu’un temps et Jupiter d’autres mortelles à trousser. L’île au platane qui abrita ses amours avec Europe était la Crête, Astérion en était le roi ; Jupiter lui confia Europe ; il épousa et adopta ses trois fils. L’aîné, Minos, lui succéda et c’est une autre belle histoire.
On a donné le nom d’Europe à cette partie du monde dont la Crête fait partie, où la vierge venue d’Asie Mineure, portée par Jupiter, avait fondé sa famille.




AVRIL -Semaine 3 – jour 3 -C’EST BON SIGNE

Le jour de la Sainte-Prudence
S’il vente fort, le mouton danse


LE TAUREAU
Devinette :
Trouver le point commun entre Karl Marx, Sigmund Freud, Jean Gabin, Balzac et El Cordobès.
Allez, je vous aide : El Cordobès…. La corrida… les taureaux…
Les cinq sont nés sous le signe du Taureau. (avec, pour Freud un ascendant Scorpion).
Ce qui signifie, si on se fie à l’astrologie, que nous avons affaire à cinq personnages ambitieux… pourquoi pas ?
 A cinq hommes pleins d’audace… Cordobès, sans aucun doute.
Cinq individus coléreux… Gabin , sur l’écran, a piqué de mémorables rognes !
Que les cinq ont été de joyeux fêtards…. Marx et Freud, on imagine mal… ;
Et que dit encore le grimoire des natifs du Taureau ?
Qu’ils sont gourmands, qu’ils aiment les cadeaux, qu’ils seraient volontiers méprisants ; qu’ils font des pèlerinages et n’hésitent pas à changer de famille, qu’ils épousent des femmes riches, sont ingrats et oublient de remercier qui les oblige.
Le grimoire dit encore qu’ils sont vindicatifs, ont des peines de cœur et se font mordre par les chiens. Ils doivent vers l’âge de 23 ans se méfier des vipères et autres animaux venimeux.
Ils auront ensuite une dizaine d’années de vie tranquille, puis risqueront la noyade ou la maladie. S’ils en réchappent, leur espérance de vie est de 75 ans « et trois mois ».
Voilà pour les garçons !
Quand aux filles….
Elles sont affectueuses, travailleuses mais prétentieuses et souvent en butte aux calomnies.
Après avoir hérité de leurs parents, elles réussiront leur vie tout en ayant plusieurs maris et de nombreux enfants.
Leur santé fragile leur permettra toutefois d’atteindre l’âge de 76 ans.
Il leur est conseillé de se couvrir de bijoux.
Ah, que l’astrologie est une belle science, et divertissante ! Et que le Taureau est un excellent signe !
Puisqu’à la moitié de son parcours, Avril prend le nom très justifié de Floréal, comme le fit la jeune Europe , éleveurs, matadors, conjoints, conjointes , ornez de fleurs votre taureau préféré.



AVRIL - Semaine 3 – jour 2  -LUSTUKRU !


Quand Saint-Marc n’est pas beau
Pas de fruits à noyau.




Quelques décès occasionnés par la variole noire ont jeté l'épouvante en France, et particulièrement dans la région parisienne. La plupart des journaux et des revues ont engagé leurs lecteurs à se faire vacciner; rien qu'à Paris, soixante-quinze mille personnes, chaque jour, assiégeaient les cabinets de médecins et les instituts de vaccine.
Quinze jours plus tard, les mêmes journaux et revues, dans un admirable esprit d'impartialité, informaient le public vacciné que la vaccination peut donner: la lèpre, l'érysipèle, la syphilis, la tuberculose, la fièvre typhoïde, la fièvre aphteuse, l'herpès tonsurant, la morve et plusieurs autres maladies; car le vaccin humain est infiniment suspect, et la génisse, même de saine apparence, peut nourrir des germes d'infection qu'on connaîtrait seulement après avoir fait son autopsie.
La vérité, c'est que nous vivions perpétuellement au milieu des microbes meurtriers et des risques d'accident, sans compter l'âge qui nous mine un peu chaque jour.

Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire.

Ne nous frappons pas: c'est la meilleure vaccine contre toutes les épidémies. Nous mourrons le jour où nous devrons mourir; vivons jusque là sans trembler.

NOS LOISIRS - 24 avril 1907


AVRIL _ Semaine 3 – jour 5 COURRIER DU CŒUR

Pluies d’Avril
Remplissent caves et barils.


De Chateaubriand à Juliette Récamier

Rome, mercredi saint, 15 avril 1829
 Je sors de la chapelle Sixtine, après avoir assisté à Ténèbres et entendu chanter le Miserere. Je me souvenais que vous m'aviez parlé de cette cérémonie et j'en étais, à cause de cela, cent fois plus touché.
Le jour s'affaiblissait, les ombres envahissaient lentement les fresques de la chapelle et l'on n'apercavait que quelques grands traits du pinceau de Michel-Ange. Les cierges, tout à tour éteints, laissaient échapper de leur lumière étouffée une légère fumée blanche, image assez naturelle de la vie que l'écriture compare à une petite vapeur. les cardinaux étaient à genoux, le nouveau pape prosterné au même autel où quelques jours avant j'avais vu son prédécesseur; l'admirable prière de pénitence et de miséricorde, qui avait succédé aux lamentations du prophète, s'élevait par intervalles dans le silence de la nuit. On se snetait accablé sous le grand mystère d'un Dieu mourant pour effacer les crimes des hommes. La catholique héritière sur ses sept collines était là avec tous ses souvenirs, mais au lieu de ces pontifes puissants, de ces cardinaux qui disputaient la préséance aux monarques, un pauvre vieux pape paralytique, sans famille et sans appui, des princes de l'église sans éclat annonçaient la find'un puissance qui civilisa le monde moderne. Les chefs-d'oeuvre des arts disparaissaient avec elle, s'effaçaient sur les murs et sur les voûtes du Vatican, palais à demi abandonné. Des étrangers curieux, séparés de l'unité de l'Eglise, assistaient en passant à la cérémonie et remplaçaient la communauté des fidèles. Une double tristesse s'emparait du coeur. Rome chrétienne en commémorant l'agonie du Christ avait l'air de célébrer la sienne, de redire pour la nouvelle Jérusalem les paroles que Jérôme adressait à l'ancienne. C'est une belle chose que Rome pour tout oublier, mépriser tout et mourir.

CHATEAUBRIAND



AVRIL - Semaine 3 – jour 6 –AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS
Fleurs d’Avril
Ne tiennent qu’à un fil.



MADAME VIGEE-LEBRUN



… Le vêtement doit s’effacer devant la beauté, il doit la servir et non en triompher. Elle-même (Vigée-Lebrun) ne porte plus que des robes blanches de mousseline et de linon. Elle ne se pare que pour ses séances à Versailles, étiquette oblige, sinon le naturel est de loin ce qu’elle préfère. Elle arrange ses cheveux elle-même. Le plus souvent elle se « tortille » un fichu sur la tête. Ses portraits en témoignent. Elle laisse son corps libre de toute entrave, sa coiffure sans apprêt, son visage sans maquillage excessif à une époque où la mode se veut encore sophistiquée. Il y a peu, les coiffures montaient si haut qu’elles ressemblaient à des œuvres d’art ou a des échafaudages.
Dès le début du règne, Rose Bertin, marchande de mode, introduite auprès de Marie-Antoinette par la duchesse de Chartres, entraîne la reine à de folles dépenses de toilettes. Toute la Cour suit les nouvelles modes lancées par la souveraine.
Et Mercier de commenter : « Il n’y a pas longtemps que les hautes coiffures, les plumes, les panaches étaient sur toutes les têtes des femmes. Et au spectacle une rangée de femmes, placées à l’orchestre, bouchant la vue à tout un parterre… » Il se plaint : « Si les femmes pouvaient quitter ce choquant enduit de blanc et de rouge trop prononcé, elles auraient détruit le mauvais goût de leurs mères. »
Mercier a été entendu. Rose Bertin a fait la mode, Elisabeth Vigée-Le Brun va la défaire ! Prônant la simplicité, elle libère le corps des femmes et les habille de robes légères. Elle dénoue les cheveux et les laisse à leur couleur naturelle, elle débarrasse le visage et les joues de leurs fards. Les gestes,  les attitudes de ses modèles ne sont plus raides et compassés mais romantiques et déliés jusqu’à paraître lascifs. Ce naturel, signe que les temps changent, plaira aux femmes, étonnera les hommes, quitte à faire crier les laides ou les vieilles.
Cette mode partie de Paris fera le tour du monde.

Inès de Kertanguy – Madame Vigée Le Brun


AVRIL - Semaine 3 – jour 7- LES METIERS

Avril a trente jours
Mais s’il en avait trente et un
Nul ne serait chagrin.




Les bijoux fantaisie-


Il y avait dans un immeuble du quai Malaquais, au troisième étage au fond de la cour, un atelier extraordinaire. Là, sur de longues tables, étaient entassés en vrac, des bijoux d’or et d’argent, des perles, des pierres de toutes couleurs ; des trésors de pirates ; des coffres issus de contes orientaux. Les bienveillants dragons qui gardaient ces trésors en offraient toujours quelques parcelles à une petite fille éblouie, autorisée pour quelques instants à se parer de ces merveilles.
Le lieu était aussi magique que ce que l’on y voyait : de hauts meubles de bois sombre, des plafonds caissons décorés de fleurs et d’animaux et j’ai su depuis qu’il abrita les amours neuves de Georges Sand et de Musset.  On y fabriquait des bijoux pour le théâtre. Du « toc » estiment certains méprisants.
Evidemment, rien à voir avec les précieux bijoux exposés sagement dans les vitrine blindées des joailliers de la place Vendôme. Ces derniers ont eux, de la « valeur ».
Et les autres ?
Quelle est la vraie valeur d’un bijou ?son pouvoir embellisseur, sa valeur émotionnelle de souvenir ? ou sa contrepartie en monnaie ? à quoi servent des merveilles enfermées dans des coffres alors que leurs propriétaires, redoutant le vol, portent la plupart du temps leurs copies… en « toc », justement ?

Et au fait… qui porta le premier bijou ? Le chasseur qui fit de la griffe ou la dent du fauve terrassé, un talisman, une mémorisation de son courage ? ou sa compagne qui assembla des graines ou des coquillages sans autre souci que celui de se faire plus belle ? qui en premier les échangea pour en faire un gage d’amour ?

Et puis les hommes firent les bijoux en or. C’est beau, l’or ! ça brille et aussi il se laisse travailler facilement, il ne s’altère pas et … comme  il est rare, il ajoute une valeur à la parure. On ne tarda pas à ajouter les pierres précieuses : le diamant, le rubis, l’émeraude et le saphir ; et les semi-précieuses aux couleurs innombrables. Et les perles, le corail, l’écaille, l’ivoire, les coquillages taillés en camées. Tout cela valait fort cher. Aussi très vite, les plus modestes apprirent à colorer le verre, à donner de l’éclat à des métaux plus « vils » que l’or et l’argent. Désormais, plus besoin de fortune pour se parer. On fit des lois : interdiction pour le bon peuple de rivaliser avec la noblesse et de porter riches étoffes et bijoux précieux. Ce bon peuple porta des copies et ses femmes n’en furent pas moins belles.

Toutefois la joaillerie continuait de mépriser son imitation, quand au XIX° siècle, le verrier Lalique (entre autres) inventa le bijou « artistique » dont la valeur n’avait rien à voir avec les matériaux dont il était composé. Seule sa beauté lui donnait un prix.

Enfin, dans la première moitié du XX° siècle, deux femmes de génie : Coco Chanel et Elsa Schiaparelli conseillèrent aux femmes,  enchantées de l’idée, de mélanger le « toc » et le « vrai ». Plus moyen de s’y retrouver !
Si… quand même… Si vous rencontrez une moderne Castafiore, parée comme un arbre de Noël, vous pouvez présumer que de tous ses joyaux, les vrais ne sont pas les plus gros.



AVRIL - Semaine 4 – jour 1 -US ET COUTUMES

Lune rousse
Vide bourse
Les nombres



Partout dans le monde, le quatre est chargé de symboles. Dans la réalité, les mythes, les légendes, les contes ou les religions beaucoup de choses vont par quatre.
Après avoir écouté l’histoire des quatre fils Aymon ou des quatre musiciens de Brême, les enfants jouaient aux quatre coins.
L’année est divisée en quatre saisons ; il y a quatre points cardinaux.
Quatre évangélistes ont composé le Nouveau Testament, dans lequel quatre cavaliers annoncent l’Apocalypse.
Les anciens faisaient couler quatre fleuves aux Enfers : l’Achéron, le Cocyte, le Phlégéton et le Styx garant des serments des dieux.
Et gardez précieusement le brin de trèfle, si par chance il possède quatre feuilles.

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AVRIL -Semaine 4- jour 2- CONTE

Caprice d’Avril fait tomber les fleurs
Et trembler les laboureurs



Verluzern et Pomdavrille


T
out le monde avait peur du dragon Verluzern. Il était très grand, il était très gros, il était tout vert, il faisait du bruit, il sentait mauvais. Il cassait tout sur son passage et quand il ouvrait la bouche, le feu qui en sortait grillait tout ce qu’il approchait. C’est pourquoi Verluzern était tout seul et Verluzern était bien malheureux.
Pourtant il n’était pas méchant, ni dangereux puisqu’il ne mangeait que des charognes et des détritus ; on pourrait même dire qu’il était utile. Seulement les gens ne le savaient pas, aussi quand il approchait du village, le grand bruit de ses énormes pas et l’insoutenable fumet qu’il dégageait faisait fuir les habitants. Alors, rentré dans sa caverne, Verluzern pleurait. Il pleurait de grosses larmes vertes qui roulaient sue ses joues rugueuses.
Au village, vivait une jeune fille qu’on nommait Pomdavrille ; elle était jolie, elle était gaie, et surtout elle n’avait peur de rien. On lui disait fais attention à ci, prend garde à ça ; elle s’en fichait bien ! Comme aucune mésaventure ne lui était encore arrivée, elle n’avait aucune raison d’être prudente. Elle aimait se promener dans les bois et ses parents lui recommandaient : «  Ne vas pas trop loin, Pomdavrille ! prend garde au dragon ! ». Pomdavrille n’avait pas plus peur du dragon que du reste.
Un jour, à la recherche de mûres ou de champignons, elle s’enfonça dans la forêt où elle fit tant de tours et de détours qu’elle finit par ne plus savoir où elle se trouvait. A la nuit tombante, elle arriva au bord d’un étang qu ‘elle ne connaissait pas. Elle réalisa qu’elle était bel et bien perdue. Croyez-vous qu’elle fut effrayée ? Ce serait mal la connaître. Elle était juste contrariée à cause de ses parents qui, ne la voyant pas rentrer allaient s’inquiéter. Dans la pénombre, elle distingua l’entrée d’une caverne ; elle décida d’y aller dormir. L’horrible puanteur qui régnait à l’intérieur la fit tout d’abord reculer. Oui, mais il commençait à pleuvoir et le froid tombait avec la nuit. Tout compte fait, il valait mieux la caverne ! Cependant cette odeur… Mais oui, se dit-elle, le dragon ! C’était le dragon qui sentait si fort ! Le choix était simple : passer la nuit dehors sous la pluie ou bien dans la caverne avec le monstre ! Pourtant ce monstre, à sa connaissance n’avait encore tué personne et puis, et puis, elle verrait bien. (blog 290409)
Bravement, le cœur battant un peu tout de même, elle entra… L’odeur !!! Quarante mille charognes ne sentiraient pas si fort maugréa-t-elle. Tant pis, elle était au sec, il faisait tiède et des feuilles mortes rendaient le sol confortable. Elle en assembla un petit tas puis ressortit pour ramasser du bois. Heureusement, elle n’avait pas trop faim car toute la journée, elle s’était gavée de mûres et de noisettes. Quand elle eut terminé d’assembler les branches, elle se trouva satisfaite de son campement à un détail près : comment allumer sa flambée ? Elle n’avait pas de briquet et les allumettes étaient loin d’être inventées. Inventoriant ses connaissances, elle prit deux cailloux qu’elle cogna l’un contre l’autre ; en vain ! Elle ne réussit pas à produire la moindre étincelle. Alors elle essaya un autre truc dont elle avait entendu parler : les deux morceaux de bois. Elle frotta, frotta, frotta, à attraper des ampoules aux deux mains… Pas la moindre fumée ne s’en échappa. « Tant pis, se résigna-t-elle, je me passerai de feu. ». Alors elle sentit passer sue elle un souffle fétide mais tiède ; tiède et de plus en plus chaud… une flamme jaillit qui fit prendre son bois. A la lueur du feu qui s’élevait joyeux dans la caverne, elle le vit : tout gros, tout vert, tout moche et qui sentait pas bon… Verluzern, en son énorme personne !
Vous me direz, Pomdavrille n’avait peur de rien, mais là… Ce dragon grand… grand comme… si elle avait connu les éléphants, elle aurait dit plusieurs. Mais d’éléphants elle n’avait jamais entendu parler. Il était gros, mais gros, presque autant que l’église du village. Et il sentait mauvais, mauvais, plus encore que la décharge du village. Il ne bougeait pas, il la regardait… elle leva les yeux et rencontra les siens : deux énormes yeux jaunes, globuleux, aussi laids que le reste de l’animal, mais pas méchants du tout. Normal, se dit Pomdavrille, s’il était hostile, il n’aurait pas allumé mon feu.
Elle lui sourit ; le dragon baissa la tête vers elle. Le geste lui rappelait son chien, quand il cherchait une caresse entre les deux oreilles. Tout de même, caresser cette grosse horreur entre ses deux oreilles pointues, c’était trop lui demander ; Pomdavrille recula. Alors elle vit dans les gros yeux jaunes, deux larmes vertes. La petite avait bon cœur ; elle fut désolée d’avoir peiné ce pauvre dragon qui semblait si fort en peine d’affection. Elle perçut une voix lamentable : « Personne ne m’aime ! »
Elle l’aurait juré, elle n’avait rien entendu et d’ailleurs qui aurait parlé ? Il n’y avait dans cette grotte qu’elle-même et le dragon. Puis, de nouveau :
« Je suis si malheureux… ! »
Ce n’était pas une voix : c’était une pensée qui pénétrait son cerveau. Verluzern était télépathe. C’est une chose qui arrive souvent aux dragons et autres créatures extraordinaires et que Pomdavrille ne pouvait savoir. Comme elle n’était pas sotte et tout à fait curieuse, elle comprit que le dragon désirait communiquer ; elle eut envie d’essayer :
« Pourquoi es-tu si malheureux ? pensa-t-elle très fort. »
« Parce que tout le monde a peur de moi ! »
Ca marchait elle pouvait capter les pensées du dragon tout comme lui, les siennes. Elle essaya encore une fois :
« Moi, je n’ai pas peur. »
« C’est vrai ? »
« Mais oui, je n’ai pas peur de toi. »
« Pourtant tu as reculé tout à l’heure. » (blog 30 04 09)
Pomdavrille était gênée ; on lui avait tant et tant recommandé de ne jamais faire de remarques désobligeantes ! Sa pensée l’était et elle ne savait pas la dissimuler. Au fond, c’était plus simple, le dragon comprendrait tout seul qu’il n’était pas question de crainte mais d’une répulsion qu’il ne tenait qu’à lui de faire disparaître.
En effet, Verluzern semblait honteux ; s’il n’avait pas été si vert, on l’aurait vu rougir. Il était touchant ce gros dragon malheureux ! La jeune fille se concentra :
« Ecoute Verluzern, les gens ont peur des dragons depuis toujours et toi, vraiment !… Tu t’es regardé ? Tu es tout sale, tu sens mauvais et puis tu es maladroit ; tu casses tout sur ton passage. Si tu voulais faire un effort, on pourrait essayer de les faire changer d’avis. Tu sais quoi ? On va dormir parce que là, je suis fatiguée et demain avant de partir, je t’expliquerai. »
Verluzern tout heureux d’avoir trouvé quelqu’un pour s’occuper de lui, passa la nuit à veiller sur sa nouvelle amie. Au petit jour, il sortit pour trouver un peu de nourriture pour Pomdavrille. Depuis le temps qu’il hantait leurs décharges, il avait une idée de ce que mangeait les humains. Il trouva des noisettes, quelques mûres et des œufs de canard sauvage.
En s’éveillant, Pomdavrille trouva ces présents près du feu ranimé ; elle eut une pensée pour Verluzern :
-« Ce qu’il est gentil ! Il faut tâcher de l’aider… »
L’énorme bête fit son entrée et, aussi délicatement qu’elle le put, s’installa près du feu ; la jeune fille le questionna sur sa vie, son âge, ses habitudes. Eh bien, Verluzern comme bon nombre de ses congénères gardait un trésor ; il était là, au fond de la caverne, dans un coffre. Depuis combien de temps ? Il avait oublié… tout comme son âge ; tout cela était si vieux !
Il se souvenait qu’un enchanteur poursuivi par des moines, lui avait confié le coffre ; c’était semblait-il son bien le plus précieux, mais Verluzern en ignorait le contenu.
-« Allons vois ce que c’est ; il ne t’es pas interdit de l’ouvrir ? »
-« Non… Je ne crois pas. »
La serrure rouillée ne résista pas longtemps ; dans le coffre il y avait… des petits morceaux de grimoire, illisibles, tout rongés, déchiquetées et une famille de souris qui, par un petit trou grignoté dans les planches du fond était venue loger là.
-« Eh bien, constata Pomdavrille, tu n’as plus grand chose à garder dorénavant ! »
-« Ben, qu’est-ce que je vais faire alors ? - Verluzern était déconcerté.
-« J’ai une idée ! Mais d’abord, tu dois aller à l’étang pour te décrasser ; les pieds, les dents, les oreilles, entre les écailles, partout ! Tu m’entends Verluzern, partout ! »
-« Ah  non, pas l’étang surtout ! Un moine un jour, a noyé un de mes cousins ! »
-« Sur la rive tu ne risques rien ; de toutes façons, tu es bien plus costaud que moi ; et puis, si tu veux qu’on t’aime, il faut que tu sentes bon. »
Verluzern avait compris qu’il n’était pas le plus fort et c’est pour cette raison qu’il finit par obéir.
Quelle panique au village quand Pomdavrille rentra suivie du dragon ! Son père qui la croyait perdue, aidé de tous les hommes valides, partait justement à sa recherche ; armés de fourches et de bâtons, menaçants, les villageois firent face au monstre tandis que femmes et enfants galopaient en tous sens en quête d’un abri. La jeune fille eut bien du mal à les apaiser et à se faire entendre ; Verluzern menacé, ne savait pas s’il devait prendre ses grosses pattes à son grand cou ou bien cracher du feu pour se défendre.
Le calme rétabli, Pomdavrille put exposer son projet. Elle démontra que Verluzern était inoffensif, que d’autre part il se nourrissait de rebuts et de charognes et que si le village voulait bien l’adopter, il deviendrait alors le plus propre de la province.
Ainsi fut fait et les villageois furent désormais préservés des épidémies qui ravageaient périodiquement le pays. Verluzern enfin heureux, survécut plusieurs siècles à Pomdavrille. Quand il mourut, car les dragons meurent aussi, pour le remplacer, les hommes durent inventer les incinérateurs et le tri sélectif.




AVRIL - Semaine 4 – jour3 -RIMES SANS RAISON

Avril plaît aux hommes,
Mai plaît aux bêtes



Questionnement

Où s’en va la chaussette
Abandonnant sa sœur ?
Et pourquoi la tartine
Beurrée s’écrase-t-elle
Sur le mauvais côté ?
Où se cachent les clefs
Quand on a besoin d’elles ?
Objets inanimés
Votre âme est diabolique,
Vous nous faites enrager 
AVRIL - Semaine 4 – jour 4 -DE TOUT UN PEU

Il n’est si gentil mois d’avril
Qui n’ait son chapeau de grésil

MANDRIN


Mandrin était-il le brigand que nous raconte la légende, ou bien un redresseur de torts ? un chevalier errant protecteur du pauvre peuple en lutte contre les oppresseurs ou le lois iniques ?
Un bandit d’honneur qui volait les riches pour mieux donner aux pauvres ?
Le fait est que Mandrin s’en prenait surtout aux fermiers généraux, collecteurs d’impôts aux méthodes souvent discutables.
Populaire dans tout le Dauphiné, après avoir donné bien du fil à retordre à la maréchaussée, il fut pris et exécuté mais restera longtemps comme un héros dans la mémoire des gens de la Province.
Certains fermiers généraux pour être placés du bon côté de la loi, n’étaient pas pour autant plus honnêtes que le célèbre bandit.




AVRIL - Semaine 4 – jour 5 - C’ EST POUR RIRE !



La pluie le jour de Saint Robert
De bon vin remplira ton verre.



"Sur le plan de l'amour lesbien, l'Histoire des Croisades ne dit pas si la femme de Godefroi de Bouillon, surnommée Godchau de Bouillonne, en raison de son tempérament bouillonnant, utilisait, solidement et fidèlement fixé à sa ceinture de chasteté, un instrument phallique dont la première syllabe du nom correspond à celle du prénom de son féal époux. Les deux autres étant celles d'un petit broc connu sous le nom de pichet, avec un M à la place du P, pour saphostiquer ses dames d'atour en l'absence de son seigneur et maître, motivée par sa présence en Terre Sainte pour y combattre les infidèles."
Pierre DAC
AVRIL - Semaine 4 – jour 6 -CE SOIR JE SERAI LA PLUS BELLE

Saint Eutrope mouillé,
Cerises estropiées.


DENTIFRICE A L’ARGILE ET AU CLOU DE GIROFLE



Les dents jaunes et noires, c’est bon pour les pianos !
Nous autres voulons des dents resplendissantes et une haleine de Zéphyr. Et pour cela rien de tel que le clou de girofle, un des meilleurs antiseptiques dont nous gratifie la nature et qui de plus, soulage les maux de dents.

Pour en faire un dentifrice, il vous faut :
4 clous de girofle et 1 cuiller à soupe d’argile verte en poudre.

Pilonnez les clous de girofle et mélangez-les à l’argile. Mettez le tout dans un petit pot.
Pour vous brosser les dents, prenez un peu de cette poudre dont avec un peu d’eau, vous ferez une pâte épaisse.
Ensuite, avec la brosse, utilisez comme n’importe quel dentifrice.
L’argile verte blanchit les dents et donne une bonne haleine.



AVRIL - Semaine 4 – jour 7 -LE PARTRIOLE






Le quatrièm’ mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Quatre canards volant en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole,
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole,
Qui vole dans ce bois.