A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

NOVEMBRE








 Je fais allumer maint tison :
Novembre suis qui règne à plein.
Toute personne de façon
Doit penser d’avoir pain et vin,
Et doit prier au souverain
Roy des cieux pour son saulvement ;
Car en mon temps il est certain
Que tout meurt naturellement.

LE KHALENDRIER DES BERGIERS


NOVEMBRE - Semaine 1- Jour 1 - US ET COUTUMES


Quelque temps qu’il fasse en Novembre,
Commence le feu dans ta chambre

LA TOUSSAINT

Voici venir le premier jour de novembre ; il faut faire provision de friandises. Des bandes d’enfants costumés en créatures infernales vont venir vous couvrir de malédictions si vous n’emplissez pas leurs sacs de bonbons. On fera semblant d’avoir peur et on obtempérera.
Quelques esprits chagrins vont pester contre cette sotte fête récemment importée des USA. Et alors ? Pas plus que le Père Noël qui… mais ceci est une histoire pour plus tard.
Oui, Halloween, son nom l’indique vient d’Amérique. C’est la contraction de « All Hallow Even », la « Veille de la Toussaint ».
Cette fête de la Toussaint qu’on a tendance à confondre avec le Jour des Morts qui se célèbre le lendemain. Il est vrai qu’en cette saison, depuis la nuit des temps, les frontières qui séparent les deux mondes deviennent plus floues.
Halloween en fait, n’a fait que retraverser l’Atlantique puisque c’est en l’an 800 de notre ère que l’église chrétienne a plaqué cette fête des Saints sur la très ancienne fête celte de Samain.
Samain était une nuit de sabbat pendant laquelle les sorcières dansaient avec les démons et faisaient revenir les morts dans le monde des vivants. L’Eglise trouvant ces réjouissances peu convenables les a remplacées par la très ennuyeuse Toussaint où les vivants vont attraper la mort dans les cimetières en couvrant de fleurs les tombes de leurs défunts.
Au cours des deux derniers siècles, les émigrants qui partaient faire fortune en Amérique ont emporté cette fête dans leurs maigres bagages. Certains d’entre eux, fortune faite dans la grande distribution, ont jugé profitable de nous la retourner.
Et si au lieu de bouder la coutume ou de faire le jeu des commerçants, on faisait la fête ; une vraie belle fête d’automne ?
En commençant au mois de mai par semer quelques graines de citrouille ou de potiron ; le « Gros Rouge d’Etampes » par exemple, dont quelques spécimens sont si gros qu’ils font croire au carrosse de Cendrillon. Vous n’avez pas la place, pas de jardin ou de balcon ami à squatter ? Passez directement à l’étape suivante : achetez-en un au marché.
Ca y est ? La grosse boule orange trône sur votre table ? Coupez-la aux deux tiers dans la largeur, évidez-la, sculptez des yeux et une bouche, placez dedans une bougie, éteignez lampes et télé : voyez comme sa lumière est belle. Le potiron n’est pas cher, vous pouvez en préparer plusieurs, poser un lumignon sur chaque fenêtre. Pensez à en avoir de plus petits dont vous ferez des lanternes.
Il faudra aussi montrer aux enfants comment réaliser eux-mêmes leurs costumes. Pas le temps ? Allons donc ! Combien d’heures passez-vous devant la télé ?.
Le Grand Soir est venu, les enfants se sont faits horribles, ils ont pris les lampions, se sont munis d’un grand sac, il ne vous reste qu’à les accompagner dans les rues, dans les couloirs d’immeubles. Vous craignez l’appréciation de vos voisins ? Un grand drap, deux trous et qui saura que c’est vous le fantôme ?
Voilà une fête qui n’aura pas coûté grand-chose et qui vous aura de plus débarrassé de quelques chiffons encombrants.
Et puis vous aurez perpétué les sages coutumes des anciens qui savaient qu’il faut habiller de lumière les plus longues nuits de l’année.


NOVEMBRE - Semaine 1 – Jour 2 - CONTE

A la Toussaint si la belette est blanche,
Emplis deux fois la remise de branches.

Jack à la lanterne

Il y avait en Irlande autrefois, un sale type nommé Jack. Il était méchant, brutal, sale, avare, voleur, menteur, ivrogne, fourbe et s’il vous vient à l’idée d’autres défauts, vous pouvez les ajouter à la liste : il ne lui en manquait aucun !
Un soir d’automne, comme il en avait l’habitude, Jack traînait au pub au lieu de rentrer chez lui. Il avait déjà bu pas mal et n’avait pas l’intention d’en rester là, seulement il n’avait plus d’argent ou du moins, il n’avait plus l’intention d’en dépenser. Au fond de la salle, assis dans un coin sombre, un étranger observait. L’aubergiste n’avait pas plus envie de continuer à servir Jack que ce dernier d’arrêter de boire. Jack furieux devenait violent et menaçait de tout casser quand l’inconnu se leva et jeta de la monnaie sur le comptoir :
-« Allons, allons, mes amis, ne gâchons pas la soirée pour quelques pièces ! »-
Le ton était aimable mais la voix grinçante et le personnage qui venait de parler assez inquiétant ; noir de poil, le teint basané, les yeux étrangement luisants sous des sourcils épais, son costume de riche étoffe noire et rouge tranchait sur la pauvreté du lieu. L’aubergiste, qui aurait bien voulu fermer servit bien à contre cœur, deux verres ; Jack fut le seul à vider le sien. Quand il eut fini, il en voulut un autre et un autre, et encore un autre ; toujours l’inconnu payait.
Derrière les vitres, le jour avait disparu ; il faisait noir dehors.
-« Ne croyez-vous pas, mon cher Jack, dit l’étranger, qu’il serait temps de rentrer chez vous ? »-
La voix pâteuse, Jack réclama encore un verre qui lui fut refusé :
-« Quand on n’a pas d’argent, mon ami, il faut savoir se modérer. »-
-« Que le Diable m’emporte, gémit l’ivrogne, pourquoi suis-je si pauvre ? »-
L’étranger ricana :
-« Il ne tient qu’à vous… Vous pourriez avoir tout l’argent que vous voulez… Pendant un an ! »-
-« Un an ? Tout l’argent que je veux ? Que faut-il faire ? »-
-« Pas grand’ chose… Simplement signer ce papier… »-
Jack ne savait pas lire mais il était rusé et pas encore assez saoul pour avoir perdu la mémoire : un étranger qui propose de l’argent contre une signature… On lui avait déjà raconté cette histoire ! N’importe, quel que soit cet étranger, il n’allait pas berner le vieux Jack…
-« Et avec quoi faut-il signer ? »-
-« Cette pointe de couteau fera l’affaire. »-
-« Avec laquelle je prendrai un peu de sang à mon poignet ? »-
-« Tout juste ! »-
-« Vous avez dit un an ? »-
-« Allons Jack, tu m’as reconnu ! Pendant cette année tu auras tout l’argent dont tu auras besoin ; mais dans un an, jour pour jour… »-
-« Je devrai vous suivre ? »-
-« C’est cela même ! »-
Jack s’accorda une minute de réflexion :
-« D’accord, dit-il, je signe si vous m’offrez encore un verre. »-
-« C’est que… je n’ai plus rien sur moi… »-
-« Vous voulez rire ! Riche comme vous êtes ? Je ne peux pas le croire ! »-
-« Si pourtant… » et le Diable retourna ses poches ; il n’imaginait pas avoir affaire à pareil ivrogne et n’avait pas emporté assez de monnaie.
-« Tant pis, ricana Jack, si je ne bois pas je ne signe pas ! »-
-« C’est bon, signe ! »-
Et le Diable lui fit servir encore un verre. Terrorisé, l’aubergiste ne se demanda même pas comment il allait être payé ; pendant qu’il verse, Jack se pique le poignet et fait une croix sur le parchemin. Dans le même temps, le Diable saute sur le comptoir et se transforme en pièces de monnaie ; plus rapide encore, Jack les rafle et les fourre dans son sac dont la fermeture est en forme de croix.
Voilà le Diable prisonnier qui s’agite et se débat comme lui-même ; le sac saute et fait des bonds ; Jack rigole et siffle son verre pendant que Satan étouffe et implore pour qu’on le sorte de là. Le rusé se frotte les mains :
-Je vous ouvre si vous me donnez un an de plus. »-
Bien obligé, le Diable consent et, à peine hors du sac, disparaît au grand soulagement de l’aubergiste qui met Jack à la porte. Après une soirée comme celle là, le pauvre homme a besoin de repos !
La nuit est tout à fait tombée, le vent souffle et pour trouver le chemin de sa maison dans le noir, Jack allume une bougie qu’il place dans une rave creuse qui lui sert de lanterne.
Bien entendu, pendant deux années, Jack mène sa vie de mauvais sujet.  Un soir d’automne, il se rend au pub comme il en a l’habitude, mais devant la porte,  le Diable qui ne se soucie pas de lui payer encore un verre, lui barre le passage :
-« Allons Jack, c’est l’heure ! »-
-« Déjà, fait-il l’air résigné, c’est bon ! Allons. »-
Et voilà Jack et le Diable sur la route qui mène en enfer. Ils passent devant un pommier ; quelques pommes sont restées, tout en haut de l’arbre. Jack soupire :
-« J’aimais tellement les pommes ; ça m’aurait fait plaisir d’en manger une dernière. »-
-« Si tu veux », dit le Diable, bon prince.
Et Jack se met à sauter pour attraper les pommes qui sont trop hautes. Le Diable ne se plaît pas trop sur terre ; il est pressé de regagner l’enfer, il s’impatiente :
-« C’est bientôt fini, cette comédie ? »-
-« Elles sont trop hautes ; vous voyez bien que je n’y arrive pas ! Vous feriez mieux de m’aider. »-
Alors le Diable lévite jusqu’aux plus hautes branches, tend la main vers une pomme… Pendant ce temps, Jack a sorti son couteau et sur le tronc, il trace une grande croix.
Le Diable hurle ; le voilà prisonnier dans les branches du pommier ! Alors commence une nouvelle négociation et le Diable achète sa liberté au prix de dix ans de vie supplémentaire pour Jack.
Qui, incorrigible, recommence à rôder, à mentir, à voler, à boire, à boire surtout : à boire comme un trou. Il n’était plus tout jeune, Jack, quand il a rencontré le Diable. La vie déréglée, les excès de boisson l’avaient usé ; avant que les dix ans soient écoulés, un soir d’hiver qu’il avait encore trop bu, il tomba dans un fossé. Sa lanterne roula et s’éteignit de sorte que personne ne le remarqua. Il gela fort cette nuit là et Jack en mourut.
Sa vilaine âme monta jusqu’à Saint Pierre qui le renvoya en enfer. Mais une fois là, le Diable voyant le bonhomme arriver bien avant l’échéance du contrat crut à une nouvelle ruse et refusa tout net de le laisser entrer. Jack remonta au paradis plaider sa cause mais Saint Pierre sévère, le renvoya :
-« Mon pauvre ami, puisque même Satan ne veut pas de toi, tu n’as plus qu’à retourner sur terre pour  y attendre  le jugement dernier ; ce jour là, on reverra ton cas. »-
Tout penaud, Jack retourne sur terre ; passant devant la porte de l’Enfer, il demande qu’au moins on lui donne une braise pour rallumer sa lanterne. Le Diable lui aurait donné n’importe quoi pour le voir s’en aller ; une braise, ce n’était pas grand’ chose !

Depuis, sa lanterne à la main, Jack arpente les routes la nuit, entre octobre et novembre, ne sachant pas où s’arrêter.
Pendant les grandes famines, quand les Irlandais partirent en masse vers l’Amérique, Jack avec eux monta sur un  bateau. En débarquant, il perdit sa lanterne qui tomba à la mer. Il erra pendant longtemps dans les rues sans lumière, puis un jour, il vit sur un marché, de gros fruits oranges, bien plus beaux que les raves de son pays natal. Il vola une citrouille, la creusa ; dans une église, il piqua un cierge et c’est avec cette nouvelle lanterne qu’il est revenu chez nous.
Dans la dernière nuit d’octobre si quelqu’un frappe à votre porte, s’il porte une lanterne faite dans une citrouille, n’hésitez pas : donnez- lui des bonbons ! Sinon, il pourrait bien vous jeter un sort…


NOVEMBRE – Semaine 1- Jour 3- PAR ICI LA BONNE SOUPE


Le jour des Morts ne remue pas la terre,
Si tu ne veux sortir les ossements de tes pères.


LA SOUPE AU POTIRON-



Vous avez évidé citrouilles et potirons ; j’espère bien que vous n’avez pas jeté la pulpe ! Sinon, vous ne goûterez pas cette réconfortante soupe d’automne.
Cette pulpe coupée en morceau, jetez-la dans un bouillon frémissant ; ajoutez des châtaignes, un oignon que vous aurez piqué de trois ou quatre clous de girofle, un sérieux morceau de gingembre émincé, une gousse d’ail – il en faut pendant les nuits de novembre où les vampires circulent-  ne ménagez pas cannelle et muscade. Un peu de fleur de sel sera bienvenu ; le poivre n’est pas utile, puisque le gingembre assure le piquant.
Laissez frémir ; quand le parfum a envahi toute la maison, c’est cuit. On général, on sait que c’est cuit quand ça sent bon et ceci est valable pour à peu près toutes les recettes.
Et puisque c’est cuit, vous moulinez le tout en ajoutant deux bonnes cuillers de crème fraîche ou deux petits suisses.
Avec un peu d’adresse, vous aurez transformé une citrouille en soupière. Il ne reste plus qu’à tendre vos bols (avez-vous remarqué comme la soupe est meilleure dans un bol ?), vous armer d’une cuiller et vous installer confortablement pour écouter la très étrange histoire de Jack à la lanterne.


 NOVEMBRE 6 Semaine 1 – Jour 4 MOTS D’AUTEURS



A la Saint-Hubert,
Les oies sauvages fuient l’hiver.



C’est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être.


MONTAIGNE
NOVEMBRE - Semaine 1- Jour 5 – LE PANIER DE LA GLANEUSE
Renard qui dort la matinée
N’a jamais la langue emplumée



Pour des nèfles ou pour des prunes ?



Maigre salaire alors, que la glane de novembre ? Vaut-elle le temps qu’on passe à la ramasser ?
Le néflier est un sauvage qui ne se laisse ni tailler ni traiter (même si la nèfle est parfois qualifiée de « cul de singe »). Il était pourtant  commun autrefois,  livré à son élégante anarchie dans les jardins des maisons coloniales d’Algérie.
Ses fruits ne sont ni sucrés ni parfumés sont plutôt âcres sauf quand ils sont devenus mous.  Aussi Glaneuse, ne les ramasse que les premières gelées passées ; tu les laisseras alors blettir en silo. Creuse dans la terre un trou que tu tapisseras de feuilles sèches ; tu y déposeras les nèfles pendant quinze jours au bout desquels elles devraient fondre sous la langue.  Ce n’est donc pas de ces fruits qu’on croque sur l’arbre, comme la cerise, ou l’abricot mais comme eux,  la nèfle est excellente en confiture ; tu en feras des compotes raffinées ou un ratafia original.
Quant à la prunelle, certes « pour des prunes » ne vaut pas grand-chose, mais on tient à la « prunelle de ses yeux ».
Comme les nèfles, tu cueilleras les petites boules noires du prunellier après les premières  gelées de novembre. Elles sont âpres et astringentes,  mais aussi toniques.  Tu les mangeras cuites, en liqueur, en sirop, en marmelade.
Pour la liqueur, procure-toi : un litre d’eau de vie, que tu verseras sur 250gr de prunelles séchées, dénoyautées et broyées. Laisse-les macérer un mois et demi. Puis, remue, passe. Fais un sirop avec 750gr de sucre et un peu d’eau. Ajoute le sirop à la macération ; met en bouteilles et attend un mois avant de goûter.
Randonneurs à pied ou à cheval, si vous avez une petite soif et que vous êtes loin d’un point d’eau, cherchez des prunelles et sucez-les ; surtout ne croquez pas ! au bout d’un moment, le peau se fendra et vous serez désaltérés par la chair tiède et délivrée d’acidité.
Il est aussi un dénommé Prunelle que les lecteurs de Spirou connaissent bien ; avec sa pipe et sa barbe en collier il est le supérieur hiérarchique et le mentor souvent au bord de la déprime de l’ingérable Gaston Lagaffe.
NOVEMBRE  -
Semaine 1- Jour 6 LA MUSE S’AMUSE

Le froid sévit les trois quarts de l’année
Si le vent souffle à la Toussaint sonnée



Chanson de Barberine






Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire
Si loin d'ici?
Voyez-vous pas que la nuit est profonde
Et que le monde
N'est que souci?


Vous qui croyez qu'une amour délaissée
De la pensée
S'enfuit ainsi,
Hélas! hélas! chercheurs de renommée,
Votre fumée
S'envole aussi.


Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire
Si loin de nous?
J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire
Que mon sourire
Etait si doux.


MUSSET


NOVEMBRE- Semaine 1 – Jour 7 - Y’A un TRUC

Quand novembre est venu
C’est mauvais mois pour les brebis tondues


Le P’tit café



S’il est un moment sympathique le matin à la campagne, c’est bien celui du « p’tit café » qu’on offre au visiteur inattendu… sur la belle table qui embaume la cire dont vous venez de la nourrir et sur laquelle, oh,  désastre ! le « p’tit café » va laisser quelques souvenirs.

Pas de panique : passez sur les taches de l’eau oxygénée à 12 volumes coupée d’eau du robinet ; puis frottez au papier de verre 00 dans le sens du bois. Laissez sécher et rincez…
Pensez à offrir le prochain « p’tit café », sur un plateau facile à laver…

PP
NOVEMBRE - Semaine 2- Jour 1 – US ET COUTUMES



Si l’hiver va droit son chemin,
Vous l’aurez à la Saint-Martin

L’Eté Indien


A la 11° heure du 11° jour du 11° mois de 1918 ; après 1562 jours de guerre, l’Allemagne capitule en forêt de Compiègne, au carrefour de Rethondes.
François Cavanna dans son almanach de 1985 nous apprend que la veille, « à 22h 45, Kaiser Guillaume II comprit soudain toute l’atrocité de la guerre après s’être assis par inadvertance sur la chaise où il avait posé son casque à pointe…. ».
Les combats cessent, mais la paix ne sera signée qu’en juin 1919 à Versailles.
Un imprimeur de Rennes, François Simon, avait dès 1916 avancé l’idée du « Soldat Inconnu ». Le 11 novembre 1920, Auguste Thoin, orphelin de guerre et survivant su 234° RI est choisi pour désigner le corps d’un soldat non identifié qui sera inhumé solennellement sous l’Arc de Triomphe de la place de l’Etoile à Paris. Trois ans plus tard, le ministre de la Guerre, ex sergent Maginot, y fait jaillir la flamme qui perpétuera le souvenir d’un million et demi de poilus morts pour la France, soit 20% de la population active masculine.
Pour que fanfares, porteurs de gerbes et de drapeaux, sans oublier les lecteurs de discours et ceux qui les écoutent, n’aillent pas prendre froid et rejoindre prématurément nos glorieux disparus, le temps est généralement clément à cette époque ; c’est « l’été de la Saint-Martin ».
C’est parce qu’un jour d’automne, Martin qui n’était encore que soldat Romain, a donné la moitié de son manteau à un homme nu, que le Christ (c’était lui, vous l’avez reconnu !) fit sortir le soleil de la brume afin que le généreux Martin ne s’enrhume pas.
Depuis, chaque année, un retour de soleil et de douceur avant la mi-novembre, est dédié au futur évêque de Tours.
On dit aussi de ces quelques jours de soleil qu’ils sont « l’été Indien », parce qu’à l’automne 1625, dans le Massachussetts, deux indiens accusés d’avoir violé une jeune fille, furent massacrés par les colons. La tribu vengea ses deux guerriers  selon la coutume indienne qui veut que pour honorer la vaillance de son ennemi, on le fasse mourir le plus lentement possible, dans des souffrances à la mesure de son courage.
Quand le carnage fut découvert, le sol et les arbres étaient de la même couleur écarlate tant le sang des victimes semblait avoir éclaboussé jusqu’aux plus hautes branches.
Depuis, dans le nord de l’Amérique,  on nomme « été indien » la période où les forêts d’érables prennent la couleur du sang.


NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 2- CONTE

S’il pleut au jour des Saintes Reliques
Et vente à décorner les biques
Souvent le grand Saint-Martin
Pour trois jours sèche le chemin.

La Légende du Chrysanthème
Il y avait au Japon, un jardinier amoureux.
Sa belle était coquette, elle avait de nombreux soupirants et il redoutait de la perdre.  Souvent dans le jardin, tout en soignant ses fleurs, il interrogeait le ciel :
 « Combien de temps ma bien-aimée me sera-t-elle fidèle ? pourrai-je la garder toujours ? »
Bien sur, le ciel ne lui répondait pas et quand il voyait sa fiancée si belle souriant à tous ceux qui la courtisaient son pauvre coeur était malade. Comment lui, modeste homme de la terre pouvait-il espérer garder pour lui seul cette fleur ravissante dont la vue charmait les princes.
La jeune fille entourée de ses admirateurs ne semblait pourtant voir que lui ; pour lui ses yeux étaient plus doux, son sourire plus tendre, pour lui elle chantait ses plus belles chansons.
« Oui, mais pour combien de temps se demandait le jardinier ? Elle est si belle, je suis si pauvre, si modeste. Un jour c’est certain, un de ces princes va me la prendre. »
 Pour l’instant la belle lui gardait sa préférence.
« Combien de temps ? Combien de temps ? demandait-il aux fleurs. Combien de temps », demandait-il aux arbres ?
« Combien de temps, Rosée du matin ? Combien de temps, Ombres du soir ? »
Ni l’herbe ni les fleurs, ni les arbres, ni les escargots, ni les coccinelles, ni les vers de terre, ni les légumes, ni les hérissons,  jamais aucun des hôtes du jardin ne lui répondait.
Un jour qu’avec angoisse il interrogeait des marguerites, une larme tomba sur une des fleurs et un génie sortit d’une corolle, tout habillé de jaune avec un large col blanc.
« Pourquoi ces larmes gentil jardinier ? Qui d’entre nous t’a fait du chagrin ? »
« Personne, jamais personne dans ce jardin ne m’a fait de peine ; c’est vous au contraire qui me consolez ; »
« Pourquoi, gentil jardinier, as-tu besoin d’être consolé ? »
« C’est ma fiancée, Génie des Marguerites ; elle est si belle et moi je suis si pauvre ! Un pauvre petit rien du tout et je voudrais tant qu’elle m’aime toujours ! »
« Toujours, je ne sais pas, dit le génie en montrant une fleur.  Mais je te promets l’amour de ta fiancée pour autant d’années que cette corolle a de pétales. »
Le jardinier cueillit la fleur, compta les pétales, hocha la tête. Alors il prit à son revers une longue épingle et effilocha la corolle. Elle eut bientôt  tant de pétales qu’il devint  impossible de les compter.


NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 3 LE JARDIN EXTRAORDINAIRE

A la Saint-Mathurin
Sème ton lin

LE CHRYSANTHEME


Hé oui, comme vient de vous le dire le conte, le chrysanthème n’est autre que la marguerite que l’on effeuille pour savoir si on est aimé : un peu… beaucoup… passionnément.
Voilà une fleur hélas plus souvent associée à la décoration des tombes qu’aux émois amoureux.
 Dès la fin d’octobre on voit partout les grosses boules aux tons d’automne qui fleuriront les cimetières et l’on n’imagine pas d’autre forme au chrysanthème. C’est mal connaître l’infinie variété de ses formes et de ses couleurs.
La famille du chrysanthème (asteracées/composées) comprend à l’origine au moins 20 espèces annuelles et autant de vivaces.  Les annuelles viennent du bassin méditerranéen où elles poussent en sol sec ; les vivaces sont originaires des régions arctiques, du nord et du centre de la Russie, de Chine et du Japon où il est une fleur sacrée. Etre décoré de l’Ordre du Chrysanthème représente un grand honneur pour un japonais.

Les horticulteurs en ont désormais crée tant de variétés qu’on les identifie par un système basé sur la floraison ; on peut même en faire des bonsaïs.

.Le Chrysanthème n’est pas difficile : une bonne terre de jardin, quelques arrosages et vous serez fleuri jusqu’aux premières gelées. N’hésitez pas à pincer les jeunes pousses pour les rendre touffues et obtenir de grosses boules ; ou alors placez les pots en hauteur et laissez-les cascader.
Rentrer les chrysanthèmes en pot quand ils sont défleuris ; ils passeront l’hiver à l’abri du gel et vous pourrez les bouturer et les repiquer en pleine terre au printemps prochain.




NOVEMBRE - SEMAINE 2 – Jour 4 QUELLE HISTOIRE


En Novembre s’il a tonné
L’hiver est avalé


LE 18 BRUMAIRE

Il n’a pas encore trente ans ; auréolé de la gloire de ses victoires d’Italie, nimbé de l’aventure Egyptienne, moins glorieuse mais qui néanmoins fait rêver la France et cocu autant qu’on peut l’être, le général Bonaparte, fait route de Fréjus à Paris sous les acclamations de la foule.
Dix ans déjà ! Dix ans que les privilèges ont été abolis. Les Français sont libres et républicains mais ces dix années ont été aussi un temps de désorganisations, de troubles, d’incertitudes politiques. La Terreur et ses exactions sanglantes n’ont  pas quitté les mémoires. Les Français en ont assez, ils sont fatigués et ne font plus confiance au Directoire qui les gouverne. Trop de riches trop riches côtoient trop de misère. Les guerres extérieures pèsent lourdement sur les finances nationales et en corollaire sur celles des français. Pourtant c’est le plus guerrier de tous qui enthousiasme la nation : ce général Bonaparte, dont les campagnes coûtent au peuple tant d’impôts. Fort de cette popularité, il veut aller plus loin, plus haut.
C’est par le coup d’Etat des 18 et 19 brumaire an VIII (9/10 novembre 1799)qu’il va s’emparer du pouvoir.
La situation politique le favorise ; des Néo-Jacobins votent des lois qui remettent en vigueur certaines mesures révolutionnaires prises en 1793 ;  les modérés, les  catholiques, les hommes d’affaires s’inquiètent. La Constitution de l’an III ne leur  convient plus mais selon la loi, il faudrait attendre neuf ans pour la modifier. Deux Directeurs révisionnistes, Sieyès et  Roger Ducos, sont incités à fomenter un coup d’état . Ainsi, le Directoire renversé, on pourra transformer la Constitution et établir un pouvoir fort qui éliminera les Néo-Jacobins. Mais un coup d’état ne se fait pas sans l’armée. Il faut un général pour conduire la manœuvre. Les généraux ne manquent pas, mais lequel acceptera de tirer les marrons du feu pour les futurs dirigeants ?
Bonaparte en qui l’on voit  l’homme capable de rétablir la paix hors des frontières et l’ordre dans la nation est à ce moment sollicité par tous les partis. Ce jeune chat maigre et ambitieux est  aussi habile tacticien en politique que sur un champ de bataille. Il pardonne à la coupable Joséphine qui dans son salon de la rue Chantereine à l’art de recevoir et beaucoup de relations. Ainsi c’est sous couvert de mondanités que se prépare le complot. Bonaparte écoute, observe, ne prend tout d’abord aucun parti. Puis il  finit par se lier avec Sieyès qui ne voit en lui que l’instrument dont il a besoin pour contraindre les Directeurs à démissionner.  Une fois le pouvoir vacant, c’est à lui Sieyès entouré de Roger Ducos et de Bonaparte, qu’il sera confié. La complicité d’un des Directeurs, Barras, sera achetée ; le Conseil des Cinq-cents n’est pas sûr mais  Lucien Bonaparte, le frère du général en est le président ; Talleyrand, ministre des Affaires Etrangères, et Fouché, ministre de la Police, font aussi partie du complot.  Des financiers qu’un impôt sur la richesse a  irrités financent l’opération.
Tout commence bien !
Le 18 Brumaire au matin, le Conseil des Anciens majoritairement acquis aux conjurés,  décide qu’en raison de menées anarchistes et par mesure de sécurité, le Corps Législatif ira provisoirement siéger à Saint Cloud, sous la protection de Bonaparte nommé commandant en chef des troupes de Paris. Sieyès, Roger Ducos et Barras démissionnent ; Gohier et Moulin, les deux autres directeurs sont mis sous bonne garde : il n’y a plus de pouvoir exécutif.
Le lendemain 19 Brumaire, ça se gâte !
Bonaparte, au Conseil des Cinq-Cents est accueilli aux cris de : «  Hors la loi ! A bas le dictateur ! » On tente de le frapper ; bousculé, il perd contenance, tente un discours mais ne trouve plus ses mots. C’est qu’il risque sa tête ! Lui et lui seul ! Le vote qui va le mettre hors la loi, est celui-là même qui a perdu Robespierre. Son frère Lucien heureusement, garde son sang froid ; il abandonne la présidence ce qui retarde le vote et sort haranguer les soldats de la garde du Corps Législatif. Ce sont de vieux républicains qui ne savent pas encore à qui ils doivent fidélité ; mais quand Lucien leur assure que les opposants sont des traîtres à la solde de l’Angleterre, qu’ils ont tenté de poignarder leur général, leurs doutes sont levés. Murat prend le commandement au cri de « Grenadiers, en avant ! ». Au rythme des tambours, la troupe s’avance baïonnette au canon,  envahit l’Orangerie et disperse les députés qui, toges romaines relevées, sans plus de dignité s’enfuient peu glorieusement par les fenêtres.
Le soir même, le Directoire est dissous et le pouvoir exécutif confié à trois Consuls : Sieyès, Roger Ducos et Bonaparte.
Bonaparte qui a certes tiré les marrons du feu mais compte bien les garder pour lui car,  rejetant la plupart des projets de Sieyès, il dicte lui-même la Constitution de l’an VIII qui reste, en apparence, républicaine : suffrage universel  pour des listes de notables et  partage du pouvoir entre les Consuls et les trois assemblées (Tribunat,  Corps législatif et Sénat).
Bientôt Bonaparte écarte Sieyès ; il est Premier Consul et c’est lui qui choisit les deux autres : Cambacéres, un régicide et Lebrun, royaliste, montrant par ce nouveau mode de gouvernement inspiré de la Rome Antique,  qu’il entend réconcilier la Révolution et l’Ancien Régime
Cependant, si on y regarde bien, on peut voir là,  l’émergence de la dictature du Premier Consul, à qui revient l’initiative des lois, la nomination aux postes de la République et la direction de la diplomatie.
 Au soir du 19 Brumaire, personne ne le sait encore, la Révolution Française a pris fin et la France a trouvé un maître : le Général Bonaparte . Il a 29 ans !



NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 5 – LE BESTIAIRE ENCHANTE

En novembre,
Fou engendre,
En août gît sa femme.

LA LICORNE

Ambroise Paré, médecin et Athanase Kircher jésuite, ont l’un et l’autre affirmé que les licornes n’existaient pas, pour la simple raison qu’ils n’en ont jamais vu.
C’est qu’il est très difficile, voire même impossible, d’apercevoir une licorne, animal farouche entre tous qui ne se laisse approcher que par des vierges au cœur pur.
C’est pourquoi la jeune Alice, mais elle n’était pas alors de ce côté-ci du miroir, a pu en approcher une. Mais, me direz-vous, Alice n’existe pas non plus ! Qui donc existe, et qui n’existe pas ???
« Voyez-vous, j’ai toujours cru que la Licorne était un monstre fabuleux, et je n’en avais encore jamais rencontré de vivante.
-Eh bien ! maintenant que nous nous sommes vues l’une l’autre, dit la Licorne, vous croirez en moi, et je croirai en vous. D’accord ?
-Oui, si vous voulez, dit Alice… »    (Lewis Caroll.)
Aussi, si votre corps est vierge et votre âme innocente et le second point me semble de beaucoup le plus important, allez tout au fond des forêts où la Licorne, éprise de liberté –elle peut mourir si on l’en prive- où la Licorne donc, a trouvé refuge.
Là, dans une clairière, assise sur un tronc moussu, attendez en silence… attendez la Licorne.
Vous la verrez gracieuse, aux yeux de biche, de la taille d’un poney à la robe immaculée ; elle porte barbiche soyeuse et bouclée et au milieu du front une longue corne torsadée.
Ne bougez, pas surtout… ne dites rien… d’abord prudente, bientôt joyeuse et bondissante, elle se couchera à vos pieds, posera sa tête sur vos genoux et se laissera caresser. Dans cet élan de tendresse et de confiance, il peut lui arriver de s’assoupir et c’est à vous alors de rester vigilante : c’est le moment que choisissent les chasseurs pour prendre et tuer la Licorne sans défense. Car le gracieux animal est chassé pour les nombreuses vertus de sa corne aux pouvoirs magiques, dont on dit qu’elle révèle le poison, rend limpide les eaux souillées des ruisseaux et des mares, qu’elle rend sobre l’ivrogne, et sage le fou ou que réduite en poudre elle est aphrodisiaque. Cruauté bien inutile puisque tout comme la ramure des cerfs, la corne tombe et repousse et qu’il peut arriver d’en trouver une cachée sous les feuilles mortes.
Veillez donc sur la Licorne endormie, et réveillez là quand vous apercevrez le chasseur. Vous pourrez voir alors le doux animal se changer en fauve, vous verrez fumer ses naseaux et ses yeux lancer des éclairs. La Licorne est combative et peut se montrer sauvage ; de sa corne acérée, elle peut embrocher le chasseur ou même la jeune fille aux laides pensées qui l’aura attirée dans ce piège ;
Certains chasseurs, pour prendre la Licorne, se placent devant un arbre, se laissent charger, pensant esquiver à le dernière seconde d’un pas de côté. La corne alors, fichée dans le tronc, la bête serait à leur merci. La méthode est risquée, car la Licorne est habile et le plus souvent, Dieu merci c’est le chasseur qui est embroché et livré à la fureur de son gibier.
Il existe sans doute encore bien des Licornes au fond des forêts. N’allez pas les chercher…
Par un beau jour d’été, allongez-vous dans une clairière, écoutez les oiseaux chanter, regardez voler les nuages, laissez danser les feuilles au vent léger et il se peut, si votre cœur est pur, que dans un rayon de soleil, une Licorne vienne à vous et se laisse caresser.
N’essayez pas de l’attraper, ne tentez pas de l’apprivoiser… souvenez-vous… elle meurt si on la prive de liberté



NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 6 – LIRE et Relire

A Sainte-Philomène,
Misère dans les garennes.

LES MILLE ET UNE NUITS

Le sultan Shahriar, intransigeant sur le chapitre de la fidélité – celle de ses épouses ; la sienne, c’est une autre histoire - avait imaginé pour leur éviter tout risque de tentation de les faire mettre à mort au lendemain de la première nuit de noces.
De cette manière, il vint un jour à bout de toute femme épousable dans son royaume. Il ne restait que les deux filles d’un de ses ministres : Shéhérazade et sa sœur, Dinarzade. Leur père épouvanté, imagina de leur faire prendre la fuite, mais Shéhérazade refusa. Il était temps dit-elle de faire cesser un massacre qui finirait par priver d’enfants le royaume. Elle se sentait capable de se faire aimer du sultan et de le captiver assez pour lui faire oublier sa haine des femmes.
Au soir de ses noces, après avoir imaginons-le, fait en sorte de procurer à son époux une bienheureuse lassitude, alors qu’il était dans un demi-sommeil, elle commença une histoire ; un conte, si merveilleux, si captivant et si long aussi, que l’aube venue, Shahriar qui voulait en connaître la fin, fit reporter au lendemain le supplice prévu.
La nuit suivante, le conte était achevé bien avant l’aube et Shéhérazade en commença un autre et ainsi de suite pendant mille et une nuits, à l’issue desquelles le sultan amoureux renonça à faire exécuter la belle et habile conteuse.
Et nous devrions tous, conteurs et conteuses, conter à la manière de Shéhérazade, conter comme si notre vie en dépendait et pas seulement la nôtre. Car la sultane, certes devait sauver sa tête, mais celle aussi de Dinarzade sa sœur , celle de toutes les femmes et sauver aussi le royaume menacé de ruine par la dangereuse lubie de son souverain. Oui, c’est ainsi qu’il faut conter ; dans cette urgence, au bord de ce péril dont seul le conte peut nous tirer et nous hériterons alors du talent de Shéhérazade la plus grande conteuse de tous les temps.
Oh, mais… me direz-vous, Shéhérazade n’a pas existé, Shéhérazade est elle-même un personnage de conte.
Qu’en savez-vous ? Qu’en savons-nous.
Quand au début du XVIII° siècle , Antoine Galland rapporte d’Orient les Contes de Mille et une Nuits, il ne le dit pas, mais ces contes merveilleux, ne les tient-il pas de la sultane elle-même, une sultane  cachée par le moucharabieh et dont il n’a entendu que la voix mélodieuse.
Il ne le dit pas… aussi , nous pouvons l’imaginer….



NOVEMBRE – Semaine 2 – Jour 7 – ON CONNAIT LA CHANSON

Saint-Léopold voit
La première neige du mois.


COMPLAINTE DU PETIT CHEVAL
Le p’tit ch’val dans le mauvais temps
Qu’il avait donc du courage
C’était un petit cheval blanc
Tous derrière, tous derrière,
C’était un petit cheval blanc
Tous derrière et lui devant.

Il n’y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage !
Il n’y avait jamais de printemps
Ni derrière, ni derrière,
Il n’y avait jamais de printemps
Ni derrière ni devant !

Mais toujours il était content
Menant les gars du village
A travers la pluie noire des champs
Tous derrière…

Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage
C’est alors qu’il était content
Tous derrière…

Mais un jour dans le mauvais temps
Un jour qu’il était si sage
Il est mort par un éclair blanc
Tous derrière…

Il est mort sans voir le beau temps
Qu’il avait donc du courage
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière…


NOVEMBRE – Semaine 3- Jour 1- US ET COUTUMES

En Novembre il faut semer
Quand le décours est arrivé.


Le Percheron



I
l vient du fond des âges, il se nomme Balius et c’est un cheval en or. On l’a vu mais en est-on bien sur, avec Charles Martel, galoper sus au Sarrazin à  la bataille de Poitiers. Costaud il porta, destrier à la guerre, palefroi à la parade, les chevaliers et leurs armures. Endurant, il les mena, croisés, jusqu’à Jérusalem ; il fut séduit là par les fines juments orientales.
De Terre Sainte,  le comte Rotrou et Balius revinrent, ramenant avec eux les étalons  qui engendrèrent les beaux chevaux de Mondoubleau. Roger de Belesme ensuite, introduisit la race Arabe dans ses écuries. En 1226, la famille de Rotrou éteinte, le Perche revint à la couronne de France. Habitants et chevaux connaissent un siècle de paix.
Mais en 1337 débute la Guerre de Cent Ans ; le Perche devient enjeu stratégique que se disputent France et Angleterre. En 1424, la désastreuse bataille de Verneuil est fatale à la noblesse française et à ses chevaux. Le Perche passe à l’Angleterre ; pas pour longtemps.
L’Anglais enfui, la paix revenue, Balius lentement assurera sa descendance, obscure, dans les manoirs du Perche. La Fronde le renverra au combat.
Et puis Balius définitivement cheval agricole, remplacera très progressivement le bœuf pour les travaux des champs. Sa race connaîtra des fortunes diverses jusqu’aux guerres Napoléoniennes. L’Empereur y engloutira autant de chevaux que d’hommes et Balius tirera ses canons jusqu’à Moscou.
Fin de l’épopée ! On sait combien le cheval percheron est fort, endurant ; il « trotte vite et tire lourd ». Tout naturellement la Poste, aux voitures pesantes, mais dont le service doit être rapide, à recours à lui. Parallèlement l’agriculture se développe ; trop demandée, la race se fragilise.
La création de comices agricoles et l’invention de la prairie artificielle vont y remédier, assurant une meilleure nourriture et une sélection plus rigoureuse .
En 1820, au château de Couesme arrivent les célèbres étalons arabes Godolphin et Gallipoly. De leurs œuvres naîtra en 1824 à Mauves sur Huisnes, Jean le Blanc, considéré comme le fondateur de la race actuelle.
En 1850, la compagnie des omnibus de Paris encourage le développement du type « postier ». Le type « Gros trait » pour sa part, sera seul capable de tirer dans le sable et la boue les lourds chariots de la Conquête de l’Ouest Américain. Success et French Emperor seront les deux premiers étalons à suivre Mark W. Durham dans l’Illinois.
Grâce aux omnibus et aux Américains, le dix-neuvième siècle sera l’âge d’or du cheval percheron. Hélas, la race encore une fois victime de son succès, va s’altérer.
C’est le 23 juin 1883 que Louis Périot fonde la Société Hippique Percheronne de France. Charles Aveline de son côté, ouvre le Stud-Book Percheron. La race est enfin fixée !
14-18 : le grand massacre ! L’armée a besoin de chevaux et les exportations sont suspendues ; elle ne reprendront qu’en 1922. Jusqu’à la guerre suivante, la dernière au moins pour les chevaux, la vente et l’élevage se maintiennent. Mais après la Libération, l’agriculture se mécanise en France comme à l’étranger. L’élevage décline et notre bon Balius survit, c’est paradoxal et bien triste, comme cheval de boucherie. Le modèle alors n’a plus aucune importance ; seule la viande compte et l’on voit des percherons peser plus d’une tonne sur la bascule. Obésité qui provoque encore actuellement des problèmes lors du poulinage.
En 1980, le marché de la viande s’effondre et pour sauver la race, les Haras Nationaux et la SHPF, mettent en 1983 le percheron à l’attelage de loisir et de sport. Les éleveurs sont sceptiques ; leurs chevaux engraissés au pré, ne sont plus ni dressés ni ferrés. Trop lourds, trop gras, ils manquent d’allure ; dans les concours ils se traînent, la tête entre les genoux. Que va devenir Balius ? Dans le Perche, une dizaine seulement d’exploitations agricoles utilisent encore l’attelage. Mais nous avons pu voir au cours des siècles l ’extraordinaire faculté d’adaptation de notre cheval d’or.
Il perd deux à trois cent kilos et arrive à convaincre ses éleveurs que l’attelage est l’avenir du cheval percheron. Il faut une nouvelle fois adapter le modèle aux besoins et en 1992, Success et French Emperor me voici, débarque des Etats-Unis, Silver Shadow-Cheik . Plus grand, plus léger, aux allures enlevées, au port de tête fier, l’étalon américain va contribuer à faire retrouver le Percheron du début du siècle.
Après avoir séduit les Japonais, notre Balius mènera en France une campagne de charme. Le Percheron est un cheval calme, à sang-froid ; il est docile, facile à dresser ; quelques semaines suffisent pour lui apprendre à tirer en toute sécurité une carriole sur les routes de campagne. Avec un peu plus de temps, il sera capable de faire face à toutes les situations ;
Outre les concours d’attelage, il anime les fêtes locales, les démonstrations de travail à l’ancienne, et il figure souvent dans les mariages. A Chartres, Alençon, Bellême, Nogent le Rotrou, c’est lui qui tire la voiture de la visite guidée de la ville. De la même façon, on peut en sa compagnie découvrir les environs de Haras du Pin.
Mieux, à l’exemple de l’Allemagne, Saint Pierre sur Dives dans le Calvados emploie Uranie, 10 ans : quatre matinées par semaine, elle contribue à la propreté de la ville en aidant au ramassage des divers papiers et sacs en plastique égarés dans les rues. Amie des enfants et du Père Noël, elle participe aux fêtes de fin d’année. Uranie coûte à la municipalité moins de dix mille francs par an.
Autre utilité du Percheron : le débardage en forêt. Activité disparue dans les années 50, elle revient en 1996. Les avantages du cheval par rapport au tracteur dont les roues creusent de profondes ornières et déstabilisent les jeunes plants, sont de un à dix ; car le cheval laisse le sol  intact et cause peu de dommages à la forêt. Malgré un léger surcoût temporaire, mais assurant une rentabilité à long terme, l’attelage reste une solution pour la sauvegarde de notre environnement.




NOVEMBRE – Semaine 3 – Jour 2 – CONTE

Entre la Toussaint et Noël
Ne peut trop pleuvoir ni venter.

-PEGASE-
« Quand il fut  au pays où le Xanthe a son cours,
Le roi lui enjoignit de tuer la Chimère.
….
Puis la cité natale réclama son concours,
Car Pégase s’abreuvait à la source Pirène.
Bellérophon le prit, le brida, le dompta.
PINDARE


Cela paraît tout simple ! Un cheval boit, le cavalier s’approche, lui passe la bride… Pourtant il fallait un cavalier de la trempe de Bellérophon pour dompter Pégase, le cheval ailé, le cheval divin dont le vol nous dit-on est semblable à celui de l’âme immortelle… Mais, commençons par le commencement.
Quand un roi vous invite à dîner, que faut-il apporter en cadeau ? Le héros Persée sen alla, lui, couper la tête de Méduse.
Du corps sans vie de la Gorgone, laissé sur le lieu du combat, jaillit un flot de sang. Une écume blanche s’y  formait qui semblait vouloir vivre ; elle se contorsionnait, se soulevait en vagues, en courbes qui peu à peu prenaient forme d’encolure, de croupe, de crins et de crinières et vous auriez vu, peu à peu se lever, se former, vigoureux, gracieux, un jeune animal joyeux, prêt à bondir et s’envoler car c’était un cheval et il avait des ailes. Du sang de Méduse, fécondée par Poséidon, Pégase, le cheval ailé vient de naître. Infatigable à la course, il passe dans l’air comme une rafale de vent.
Il prit son vol  jusqu’à l’Olympe et galopa joyeux de l’Hélicon au Parnasse ; sous ses sabots jaillirent des sources et quand il déployait ses ailes et montait dans les airs le bruit de son galop ressemblait au tonnerre. Après avoir tout le jour caracolé sur terre et dans les cieux, Pégase alla dormir dans sa belle écurie de Corinthe. Non loin se trouvait la fontaine Pirène , à l’onde intarissable.. . Pégase y pouvait boire à longs traits. Dans le même temps, Bellérophon gravissait la montagne qui domine Corinthe .

C’était jeune homme beau, brave, loyal, intelligent, et pudique à l’extrême. Pour être tout à fait chevalier, Il lui manquait  un cheval.  Près de la source il vit Pégase, et n’imagina pas avoir d’autre monture. Il tend la main vers lui, mais Pégase indompté , en coursier ombrageux, couche les deux oreilles, montre sa croupe à l’homme, botte des deux sabots, avant de s’envoler.

Bellérophon déçu, et  ne sachant comment apprivoiser Pégase s’en va voir Polyidès un célèbre devin qui lui conseille d’aller  au le temple d’Athéna implorer la déesse. Fatigué, le jeune homme s’endormit au milieu des prières. C’est alors qu’Athéna lui apparut en songe, tenant en main un « frein », un mors magique auquel le cheval divin ne pourrait résister.
Et merveille, en ouvrant les yeux, le chevalier vit le mors près de lui et c’est désormais monté sur le cheval Pégase, qu’il va pouvoir courir d’étranges aventures. La plus terrible fut d’affronter la Chimère,  un être terrifiant : lion devant, dragon derrière, au milieu chèvre. De son mufle infernal s’échappe un souffle effroyable,  un feu dont l’ardeur consume  tout et qu’on ne peut éteindre. Son haleine insoutenable tue le bétail à distance et dessèche les moissons.
C’est une créature immense, puissante, au pied rapide. Elle est dotée des trois têtes qui correspondent aux trois parties de son corps et  conjugue à elle seule la force des trois animaux dont elle est faite.
Ella possède le courage du lion, la malice et l’agilité de la chèvre, la force et la cruauté du dragon.
Aucune flèche ne peut pénétrer les écailles qui couvrent son corps.  Seul le cheval volant pouvait permettre à Bellérophon de triompher du monstre.
Pégase enfin dompté, le chevalier le monte et l’équipage s’envole bien au-dessus de la bête qui crache en vain ses flammes. Armé d’un arc, il tourne , tourne et crible de flèches le corps indestructible. Bientôt il n’a plus que sa lance et un morceau de plomb qu’il fiche à son extrémité. Il vise la gueule béante et d’un jet adroit l’envoie dans les flammes.
L’haleine incandescente fit fondre le plomb qui  coula dans le gosier du monstre et lui brûla les tripes.
Cette belle victoire n’était que le prélude à bien d’autres aventures dont toujours Pégase et son chevalier sortirent victorieux.
Plus tard grisé par ses succès, Bellérophon s’imagina pouvoir atteindre l’Olympe en chevauchant Pégase et s’attira la colère des dieux.  désarçonné par sa monture qu’un taon envoyé par Zeus avait piqué tomba du ciel sur terre où il périt fracassé.
Pégase alors prit un repos bien mérité dans les écuries de Zeus, n’ayant plus d’autre travail que d’apporter au dieu , quand il en a besoin, la foudre et le tonnerre.
On peut le voir encore au ciel,  sous forme de constellation, et l’entendre galoper chaque fois qu’il y a de l’orage.





NOVEMBRE – Semaine 3- Jour 3- C’EST BON SIGNE-

Telle Toussaint, tel Noël
Pâques au pareil.

Le Sagittaire

Le 21 novembre, Brumaire  s’éclaircit, refroidit et se change en Frimaire… c’est  au pays des Cheyennes,la Lune  des Feuilles Mortes sur lesquelles dans les chemins forestiers galope le Sagittaire.
Le Sagittaire quand il est cheval est généreux comme un pur-sang. Il est comme lui ombrageux et ne peut être monté par un médiocre cavalier puisqu’on sait que si le cheval bronche, c’est que les ordres sont imprécis. Et voyez la difficulté pour le Sagittaire qui est à la fois cheval et cavalier. Le cheval ne se trompe pas ; le Sagittaire non plus. Il a horreur de se tromper. D’ailleurs, il ne se trompe jamais, et si par grand hasard cela lui advient ne le lui faites pas remarquer : le Sagittaire est un archer, il possède des flèches, il sait viser juste et provoquer de douloureuses blessures.
Aussi, quand erre le Sagittaire, apprenez à  vous taire…
Le Sagittaire est épris de justice et de vérité, n’essayez jamais de tromper un Sagittaire ; il en serait au désespoir, car il devrait vous punir et son bon naturel y répugne. Il s’y résoud pourtant, pour votre plus grand bien.
Car tel Chiron le Centaure qui éduqua le jeune Achille, Jason et tant d’autres héros, le Sagittaire à vocation d’enseignant. Pour être aimé du Sagittaire apprenez surtout à en savoir moins que lui.

Tel une bûche à-demi consumée ,le Sagittaire apprécie qu’on lui gratte le ventre. Son feu mourant renaît alors de cendres encore ardentes. Il est le feu qui couve…
Il considère avec circonspection les autre signes de feu :  le Lion incendiaire l’effraye et le Bélier l’agace dont le feu a parfois du mal à partir, surtout si on l’allume avec du bois vert ; il fume. Le Sagittaire tousse et se frotte les yeux, il s’énerve : une seule de ses braises, il le sait,  ferait s’élever la flamme. Mais le Bélier s'efforce et la fumée l'aveugle, il ne voit pas briller les braises du Sagittaire.  Le Sagittaire garde pour lui ses braises qui font à petit feu mijoter les eaux dormantes du Cancer, ou celles plus profondes du Scorpion. Qu’il prenne garde au Scorpion , il arrive à son eau bouillante de déborder du chaudron, les braises alors gémissent et s’éteignent. Quand au Poisson ma foi… le Sagittaire plus que pêcheur est un chasseur.
Les braises du Sagittaire pour rester rougeoyantes ont besoin d’air. S’il redoute le grand vent du Verseau, le vent léger des Gémeaux ou la douce brise de la Balance sauront ranimer sa flamme.
Les signes de terre, qui sont tous un peu jardiniers voient avec circonspection les sabots du fougueux Sagittaire fouler leurs pelouses et bouleverser leurs allées.
Le Taureau laboureur acceptera peut-être son aide pour tirer la charrue, mais la terre d’automne est collante et le Centaure devra alors être doté des pieds larges et sûrs du placide Percheron.
Un Sagittaire allié à la Vierge préférera toujours le classique et bien ordonné jardin à la française aux fantasques mixed-borders des parc anglais. Mais parfois la Vierge est folle et oublie de tailler avec rigueur ses bordures de buis ; elle agace le Sagittaire qui ne comprend rien à ce désordre.
Capricorne et Sagittaire s’observent. Le Sagittaire est perplexe : le Capricorne est une chèvre et qui peut se vanter d’avoir éduqué une chèvre ?








NOVEMBRE – Semaine 3- Jour 4 – LUSTUKRU

Au jour de Saint-Montan,
L’olive de l’arbre descend.

PHYSIONOMIE


D’après un savant observateur, le forme du nez serait un indice du caractère. Jugez plutôt.
Le nez aquilin, en bec d’aigle, dénote la force et le courage.

Le nez évasé et plissé du bout !!!!??? signifie l’ironie et l’hilarité.
Le nez mince, sec, difforme : la peur ou la lâcheté.
La narine étroite, nacrée, diaphane, dénonce la volupté ;
et large, elle indique l’énergie et l’amour du travail.
Quand le nez s’attache au front par une ligne nettement courbe, son propriétaire est presque toujours un excentrique et quelque peu prédisposé à la folie.
Enfin, celui qui voit son appendice nasal orné d’excroissances a un caractère irritable.

Sept bonnes raisons de porter la burquah…






NOVEMBRE – Semaine 3 – Jour 5 – COURRIER DU CŒUR

Quand il gèle en novembre,
Adieu l’herbe tendre

COURRIER DU CŒUR


Vous voulez donc, répliqua Cnydon, qu'on vous aime sans espérance?
- Je veux qu'on espère être aimé, répliqua Sapho, mais je ne veux pas qu'on espère rien davantage.
- Mais encore, reprit Cnydon, dites-moi un peu plus précisément comment vous voulez qu'on vous aime et comment vous entendez aimer?
- J'entends, dit-elle, qu'on m'aime ardemment, qu'on n'aime que moi, et qu'on m'aime avec respect. Je veux même que cet amour soit un amour tendre et sensible, qui se fasse de grands plaisirs de fort petites choses, qui ait la solidité de l'amitié et soit fondé sur l'estime et l'inclination. Je veux que cet amant soit fidèle et sincère; qu'il n'ait ni confident ni confidente de sa passion, et qu'il renferme si bien dans son coeur tous les sentiments de son amour que je puisse me vanter d'être seule à les savoir. Je veux aussi qu'il me dise tous ses secrets, qu'il partage toutes mes douleurs, que ma conversation et ma vue fassent toute sa félicité, que mon abscence l'afflige sensiblement, qu'il ne me dise jamais rien qui puisse me rendre son amour suspecte de faiblesse et qu'il me dise toujours ce qu'il faut pour me pesuader qu'elle est ardente et qu'elle sera durable. Enfin, ma chère Cnydon, je veux un amant, sans vouloir un mari. Et je veux un amant qui, se contentant de la possession de mon coeur, m'aime jusques à la mort. Car si je n'en trouve de cette sorte, je n'en veux point."

Madeleine de SCUDERY








NOVEMBRE – Semaine 3 - Jour 6-


Saint Félix et la Présentation
Amènent le froid pour de bon.


AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS-




… Puis il y a le Bureau de la Mode,
Les Petites Mains du Baron de Meyer…
Si un vêtement coûte moins de $485,
Il est bon à donner aux Belges.
Elles regardent tout ce que vous portez
Avec un sourire tolérant, puis finissent par lâcher :
« Sears et Roebuck font un merveilleux boulot, non ? »
Elles collectionnent les Elégantes les plus en vue
Habillées en mariées, à genoux devant les autels du fric,
Et torchent des essais sur l’Art d’être Elégante
Avec un Budget Limité…
Le fond du ciel est leur limite.

Dorothy PARKER
NOVEMBRE – Semaine 3 – Jour 7 – QUEL METIER !

Pour la Sainte-Cécile,
Chaque fève en fait mille.

MODISTE


Il y avait à Paris,  rue St Florentin, un fournisseur d’articles pour modistes.
Pas de fleurs, de plumes de passementeries ou de voilettes, juste les éléments techniques qui servaient à construire l’ossature des chapeaux : de la sparterie, du laiton, de la singalette, des colles des apprêts aux fortes odeurs étourdissantes ; et des outils : des coqs, des fers électrique ou en fonte, des pinceaux, des ciseaux, des pinces ; des moules en bois et dans des placards vitrés ,s’alignaient les poupées, fantômes de têtes tendues de toile bise, deux amandes noires, sans pupilles indiquaient la place des yeux.
C’était un entresol assez mal éclairé, aux longs comptoirs de bois polis, aux tiroirs mystérieux. L’endroit, pour une petite fille, était inquiétant , bien qu’humanisé par un personnel chaleureux, familier.
Le plus effrayant était une affiche punaisée sur la porte de sortie ; on ne pouvait pas la rater.
Imprimée dans un dégradé de tons sinistres : gris, prune, pourpre, violet. Le haut en était déchiré par un éclair d’un jaune hépatique ; dans le bas, en diagonale, une pauvre fille échevelée tentait de retenir un encombrant carton à chapeaux, son sac et ses jupes affolés par un grand vent d’orage. Ses yeux agrandis d’effroi, sa bouche ouverte semblaient demander pardon.
Et traversant ce cataclysme, il y avait écrit en grosses lettres hérissées et aussi hépatiques que l’éclair :

HONTE A LA MODISTE SANS CHAPEAU !

Car on entrait dans le temps où les coiffeurs hérissaient les têtes d’énormes « choucroutes » crêpées sur lesquelles il était impossible de jucher le moindre couvre-chef , et les modistes elles-mêmes creusaient leur tombe en suivant la mode. Les femmes allaient « en cheveux » et il faut avoir entendu le mépris intégral pour ce « genre » de femmes dans la voix de mon arrière grand-mère et de sa sœur pour imaginer la révolution d’allure et de mœurs que signifiait cette nouvelle façon d’être. Les grandes maisons de mode telles que Gilbert Orcel, Rose Valois, Jeanne Blanchot, dont la renommée valait celle d’un actuel créateur allaient disparaître. Pendant quelques années encore subsisteraient Jean Barthet et Claude St Cyr et les ateliers des grands couturiers, puis…. Eclipse…
Une ou deux décennies plus tard, des Jean-Charles Brosseau, Marie Mercier allaient de nouveau tenter de chapeauter les femmes, mais avec de l’utilitaire pour l’un et de…du…j’aime mieux ne rien dire pour ne pas dire cotillon.
Les modistes actuelles qui sont plutôt des vendeuses de chapeaux, garnissent des formes bloquées venant d’ateliers de chapellerie industrielle, ce que faisaient autrefois les femmes de chambre des aristocrates.
Il y a deux sortes de couvre-chef en fait : le chapelier, le chapeau d’homme en feutre, que parfois les femmes se sont appropriées en le garnissant de fleurs et de rubans et puis les coiffures, plus gracieuses, mêlant ces mêmes fleurs et rubans aux cheveux.
La première vraie modiste fut Rose Bertin, la marchande de mode de Marie-Antoinette et le chapeau féminin connut ses belles heures depuis la fin de la Révolution jusqu’aux Trente Glorieuse. Certes on porte encore des bonnets, des bérets, des casquettes. Mais les modistes ne reviendront plus dans des ateliers tels que ceux dans lesquels j’ai grandi  …Oh !voici que revient un souvenir… des images :
C’était peut- être avant mes dix ans et c’était la Fête des Mères. Avec les quelques pièces que j’avais en poche, je cherchais tout autour du pâté de maisons un cadeau à offrir. Tout était hors de prix et j’ai fini par trouver. Dans une confiserie, sur le comptoir, trônait un présentoir hérissé de sucettes. Pas les banales Pierrot Gourmand, non, de belles sucettes rondes aux motifs colorés tels une broderie de sucre, des sucettes admirables, de celles si on vous les offre dont on n’ose pas se régaler. Avec raison ; la saveur n’en égale pas la vue, mais je l’ignorais à l’époque. Cette friandise était coûteuse ; avais-je la somme ou bien la sympathie de la commerçante ? Toujours est-il qu’elle me fit un joli emballage avec cellophane et nœud de ruban.
Je ramenais en triomphe mon beau cadeau à la maison, qui était aussi le salon de mode de ma mère. Je traversai l’enfilade de pièces pour gagner l’atelier qui était tout au bout de l’appartement, mon trophée brandi tel un étendard.
Je revois l’atelier , à droite la grande table autour de laquelle oeuvraient une demi douzaine d’ouvrières en blouses et en chaussons les pieds posés sur un petit banc ; l’odeur de colle, d’apprêt et de térébenthine ; la vapeur des chiffons mouillés posés sur les fers toujours brûlants ; le grésillement des coqs (sortes d’œufs en fonte montés sur une tige elle-même terminée par un manche en bois et enfoncés dans des « pieds » vissés sur la table) des coqs donc, trempés dans une cuvette d’eau froide avant qu’ils ne virent au rouge et risquent de brûler les feutres qu’ils servaient à façonner.
Cet atelier, comme tous ceux de la profession était sonore ; la radio distillait à longueur de jour chansons, jeux radiophoniques et feuilletons : Signé Furax, Noëlle aux Quatre Vents, Quarante-deux Rue Courte, Une étoile se lève… . Quand la radio avait cessé de plaire, on chantait, on potinait, on savait tout sur tout le monde dans le métier et sur les clientes ; on donnait son avis sur la mode bien évidemment , mais aussi sur le cinéma, le théâtre et les Vedettes (on ne disait pas stars ni people) et on goûtait aussi . On aimait les bonnes choses ;; Fauchon et Hédiard n’étaient pas encore les temples luxueux de nos jours. Ils étaient juste deux excellentes épiceries au bout de la rue.
Et voyez : à droite la grande table et ces dames,  à gauche, face à la fenêtre, surveillant le porche Haussmannien de l’entrée de l’immeuble, la table de ma mère et icelle travaillant les pieds surélevés et une planchette emmaillotée de linges en travers de genoux.
Je n’oublierai jamais sa stupeur et l’énorme éclat de rire général déclenchés par mon présent « saugrenu ».





NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 1- US ET COUTUMES-LES NOMBRES

Saint Clément
A rarement
Visage avenant.


– LE 11-



Le onze du Tao montre la voie, le chemin ; les Africains le relient aux mystères de la fécondité. Cependant, les Anciens détestaient se trouver onze à table.
St Augustin dit de lui qu’il est « l’armoirie du péché ». Sans doute parce que venant après le dix, nombre du décalogue, il évoquerait les impies qui transgressent ses règles.


NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 2 – CONTE

A la Sainte Catherine,
Tout bois prend racine.

Sainte Catherine


Au temps de l’empereur Maximin, (ou Maximilien on ne sait plus trop), vivait à Alexandrie , Catherine.  Elle était fille de roi, extraordinairement belle, intelligente, instruite et savante. Toutes ces belles qualités en faisaient une personne intouchable qu’aucun homme ne désirait prendre pour épouse ; Catherine était vierge, elle se fit chrétienne.
On parlait d’elle dans tout l’empire, aussi Maximin, passant par Alexandrie la fit venir devant lui et la questionna sur les raisons de son appartenance à cette secte réunissant surtout des esclaves et des pauvres gens. Catherine entreprit alors de lui prêcher les beautés de la parole du Christ. Ebranlé mais désireux avant tout de faire rentrer une si belle et si docte personne dans le droit chemin de la religion romaine, l’empereur fit appeler trente savants et philosophes chargés de démontrer ses erreurs à la belle. Pendant des heures et des heures, la jeune chrétienne leur tint tête et c’est eux qu’elle finit par gagner à sa foi. Furieux, César les fit brûler vifs.
Pour lui, séduit par la beauté de Catherine, il lui offrit la seconde place à sa cour, mais la jeune fille refusa. L’empereur outragé, la condamna au pire des supplices et comme aucun de ceux en vigueur ne lui semblait assez cruel, il en fit inventer. Son choix se porta sur une machine infernale faite de roues aux dents acérées qui tournaient en sens inverse ; un hachoir en somme, dans lequel on introduirait le tendre corps de la vierge afin de le réduire en une bouillie sanglante.
Mais les anges protégeaient Catherine,  les roues refusèrent de tourner et finirent par se briser. Maximin la fit décapiter. On était au cœur de l’automne dans les jours sombres et brumeux  qui sont maintenant novembre.  L’Eglise plus tard, en fit une sainte .La première à porter un chapeau extravagant fait de trois auréoles : la blanche des vierges, la verte des savants et la rouge des martyrs.
Au XVI° siècle , c’est au mois de novembre qu’en souvenir du martyr de Catherine, dans les églises, on confiait  à des célibataires âgées de 25 à 35 ans le soin de renouveler  la coiffe de la sainte .
Catherine la décapitée est devenue la sainte patronne des modistes qui la fêtent chaque année, le 25 novembre. Ce jour là, la tradition veut que salons et ateliers soient ouverts mais on n’y travaille pas. On rit, on chante, on s’amuse, on boit le champagne. Les clientes ne sont pas servies mais invitées à trinquer avec le personnel. Et si par chance , dans la maison on trouve une célibataire de 25 ans, on la coiffe du plus extravagant chapeau jaune et vert qu’on puisse inventer et on la couvre de cadeaux.
J’en connais (une au moins) qui pour ne pas manquer la fête, n’aurait pour rien au monde accepté de se marier avant ses 25 ans révolus.



NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 3 – RIMES SANS RAISON

Un mois avant, un mois après Noël,
Le froid est bon et naturel.



Le Chrysanthème et le Loup


Un  Loup triste un beau jour, a dit  au Chrysanthème :
« Tout le monde me craint et je voudrais qu’on m’aime ! »
- C’est ainsi, dit la fleur, nous sommes les images,
Toi,  de la cruauté et moi des cimetières. »
-Pourtant, reprit le Loup, je n’ai jamais mangé,
Ni  homme ni enfant sans y être obligé. »
-Le temps où je suis beau, a soupiré la fleur,
Au début de l’automne à la fin de l’été,
Fait que je suis le seul à pouvoir égayer
Ce que les humains nomment le Jardin du Repos
Et qui leur fait si peur.
Ce sont les préjugés
Qui font de toi un fauve
Et qui font oublier les mille pétales d’or
Dont mon front se couronne
Pour le marbre sinistre sur lequel on me pose.






NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 4 – DE TOUT UN PEU

Amitiés des grands,
Serments de femme
Soleil d’hiver de durent guère.


Liqueur de Géranium



Les gelées ne vont pas tarder ; il est plus que temps si ce n’est déjà fait de rentrer les géraniums.
Les rentrer et aussi les tailler. Ils prendront ainsi moins de place et s’endormiront tranquillement pour l’hiver ; il leur suffit alors d’un peu d’eau de temps en temps et vous les verrez au printemps repartir, généreux et touffus.
Outre ses qualités décoratives et odorantes, le géranium a bien des vertus. Savez-vous que sa feuille est cicatrisante ? En cas d’écorchure ou de coupure superficielle, lavez des feuilles de géranium à l’eau bouillie, pilez-les et appliquez le cataplasme sur la plaie qui cicatrise avec une rapidité étonnante.
Si vous avez du géranium rosat  , vous pouvez faire avec les fleurs une liqueur excellente et digestive.
Il vous faut 100 gr de pétales de fleurs auxquelles vous ajoutez 25 gr de feuilles légèrement froissées pour exprimer leur parfum.
Faites fondre 750 gr de sucre dans un demi litre d’eau ; écumez au premier bouillon et retirez du feu. Jetez les fleurs et les feuilles dans ce sirop, couvrez hermétiquement le récipient que vous tiendrez au chaud sans bouillir pendant 4 heures. Passez au tamis et ajoutez un litre d’eau de vie. Mélangez bien, filtrez et sortez vos plus jolis flacons.






NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 5 – C’EST POUR RIRE

Neige de Saint Hilaire
Apporte froid pour l’hiver



PETITES ANNONCES gratuites et ciblées.



OFFRES D’EMPLOI-

On demande homme-tronc pour fondation arbre généalogique


OCCASION SPECIALES

A vendre jolie collection pots de vin. S’adresser n’importe qui, Hôtel de ville , Paris.


DIVERS-

Scieur de long s’associerait avec scieur de large pour fabrication pavés de bois rectangulaires.
Las de lavis suis acheteur d’aquarelles
Cyclistes. Fortifiez vos jambes en mangeant des œufs mollets.


A VENDRE .

Peaux de hérissons pour faire des planches à clous. Conviendrait à Fakir nécessiteux. Fakir Okoy.
Magnifique peau d’ours livrable le jour de l’ouverture de la chasse. (On est prié de verser des arrhes.
Pièces de rechange pour animaux divers : Œil de bœuf, 7e ; Queue de rat, 3e ; Pied de biche, 9; Tête de loup, 10; Bec de cane 11e.


Pierre DAC
 NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 6 – Ce soir je serai la plus belle.

Êtes-vous encore à filer
Quand c’est demain la Saint André ?



Le Beau teint mondain…


Pour avoir le teint clair et éviter les irritations de la peau, rien ne vaut la laitue.
Prenez une laitue que vous ferez bouillir dans un demi litre d’eau pendant 30mn.
Laissez refroidir, passez, et mettez en bouteille.
Vous avez ainsi une eau de beauté adoucissante qui calme aussi les coups de soleil, que vous ne craignez guère ces temps –ci.
Tant en lotion qu’en brumisation.
Elle est excellente aussi contre la couperose


NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 7 – LE PARTRIOLE

A la Saint Sosthène,
Les poules sur leur chemin
Ne trouvent plus de graines



Le onzièm’mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Onz’coqs chantant,
Dix poules pondant,
Neuf bœufs avec leurs cornes,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courant,
Six lièvres aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quatre canards volant en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole
Qui vole dans ce bois.