A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

OCTOBRE




Celluy qui de moy se remembre
Se doit esjouyr grandement,
Car nommé suis le moys d’octobre
Qui fais vin cueillir et sarment,
Dont on fait le sainct sacrement
Sur l’autel en mainte contree ;
Et car je fays bon vin vrayment,
Ma mayson doit estre approuvée.


Le KHALENDRIER des BERGIERS (XVI° siècle)






OCTOBRE– semaine 1 – jour 1- US ET COUTUMES


A la saint Remy,
Tout perdreau devient perdrix.


SAINT REMY


Rémi le rameur, le nautonier, celui qui garde le cap et mène le navire au fort de la tempête. Saint Rémi qui gouverna l’Eglise  dans ce V° siècle chaotique la préserva du naufrage et la conduisit nous dit Jacques de Voragine dans la Légende Dorée « à la porte du Paradis et combattit pour elle contre les embûches du Diable ».
Gaulois d’origine, il devint archevêque de Reims et y baptisa Clovis après la victoire de Tolbiac en 496. Depuis lors, tous les rois de France , à l’exception d’Henri IV ont été sacrés dans la cathédrale de Reims.
Le poète Sidoine Apollinaire qui a bien connu Rémi le décrit comme « un homme de haute vertu et très éloquent ».
On le fête deux fois dans l’année : le 15 janvier pour commémorer sa disparition en 533 et le I° octobre en mémoire des miracles qui accompagnèrent sa translation.
Il avait été décidé que Rémi serait inhumé dans l’église des saints Timothée et Apollinaire. Pour s’y rendre, le cortège devait passer devant l’église St Christophe qui n’abritait alors aucune relique. A ce moment, le catafalque devint si pesant qu’il était presque impossible de le mouvoir. Les religieux alors, se mirent à prier le saint, lui demandant s’il voulait demeurer dans cette église. Aussitôt, le fardeau devint si léger qu’un enfant aurait pu le transporter.
On le fit entrer solennellement dans l’église et Saint Rémi y opéra tant de miracles qu’il fallut agrandir l’édifice auquel on ajouta une crypte derrière l’autel.
Quand on voulut y déposer le saint, le cercueil fut de nouveau impossible à remuer. Les moines et les prêtres se mirent en prières ; ils prièrent tant et tant que vers minuit ils étaient tous endormis. Des anges en profitèrent pour venir prendre le saint et le déposer dans la crypte. C’était un premier octobre. Longtemps après, à la même date, on déposa le corps du saint qui cette fois ne protesta pas,  dans une châsse en argent richement décorée de matières précieuses.





OCTOBRE–semaine1 – jour 2 - CONTE

De la Saint Léger à la Toussaint,
La boue va bon train.


Feuilles d’automne



Au temps où la terre était adolescente, toutes choses n’étant point encore achevées, les arbres étaient toujours verts. On n’avait jamais vu roussir ni tomber les feuilles ; on ne savait pas la splendeur des couleurs de l’automne.
Un jeune homme aventureux quitta son village pour connaître le monde et ses merveilles. Il marcha longtemps, le dos chauffé par le soleil. Sa route fut longue, traversant rivières et landes, parcourant monts et forêts.
Il arriva enfin dans un pays étrange. Le soleil n’y était pas bien vaillant et il se couchait tôt, cependant ses rayons faisaient luire la contrée d’une infinité de nuances ; une palette que le garçon n’aurait jamais osé imaginer.
Les fleurs y poussaient en quantité et plus colorés encore étaient les arbres : l’or, le cuivre, la pourpre les enluminaient, et par delà cet incendie se distinguaient dans la brume des montagnes bleues coiffées de glaciers.
Le jeune homme se rassasia de ces merveilles. Le cœur en fête et les yeux éblouis, il retourna dans son village pour partager avec les siens le cadeau offert par la nature.
Las !personne ne voulut le croire.
-Comment, disaient les gens, des arbres pourraient-ils être rouges, jaunes ou même bruns ! Voyons ! les arbres sont verts.
-Mais je les ai vus, plaidait le voyageur ! Venez avec moi, je vous les montrerai !
-Vas-y donc tout seul et rapporte-nous, si tu le peux des branches et des feuilles de ces arbres miraculeux .
Le jeune homme s’en retourna, affirmant :
-Oui, oui, je vous en apporterai !
Du temps passa et comme l’aventurier ne revenait pas, on finit par l’oublier.
Et puis un jour, sur la place du village où tous étaient réunis à l’ombre d’un grand arbre vert, on vit se poser un oiseau magnifique, un oiseau aux plumes éclatantes. Il tenait dans son bec des rameaux aux feuilles d’or de cuivre et de rubis. Il les lâcha sur l’arbre, se posa sur une branche et chanta un air étrange ; un air qui ressemblait à un rire moqueur.
Puis l’oiseau s’envola.
Bientôt, sur la place du village, on vit roussir les feuilles du grand arbre. Portées par le vent, elles effleurèrent les feuilles des arbres du voisinage, qui à leur tour se mirent à changer de couleur.
Et c’est depuis ce temps que les feuilles vertes des arbres brunissent et s’envolent avec le vent d’automne.


OCTOBRE–semaine 1 –jour3 – PAR ICI LA BONNE SOUPE

Si octobre est trop chaud,
En février, la glace est au carreau.




L’ OMELETTE AUX CHAMPIGNONS


En cuisine comme en amour, on ne doit pas bâcler ; il faut savoir prendre son temps.
La réussite en l’une ou l’autre matière requiert un savant dosage de science et de fantaisie. D’imagination, d’innovation aussi. Les voyages font prendre goût aux saveurs exotiques,  et puis un jour, on arrive à retrouver son petit Liré pour savourer sur ses rives un classique pot-au-feu.
Ou une simple omelette aux champignons….Oui, je vous parlerai plus tard du pot-au feu ; il faudra m’y faire penser.
Mais en octobre, s’il fait doux et humide, quand la lune débute et commence à monter ; guettez le premier rayon du soleil, armez-vous d’un panier et allez « aux champignons », sans oublier le chien qui ne comprendrait pas que vous partiez sans lui dans la campagne..
Car pour une bonne omelette aux champignons,  évitons d’utiliser l’insipide et caoutchouteux champignon dit « de Paris » .
La rare morille, la tendre et dodue girolle, l’inquiétante et parfumée trompette « de la mort » …oui, je sais, des Maures en raison de sa couleur, mais en matière de champignons, il est toujours amusant de faire frémir le béotien.
Voyons, où en étions-nous ? ah oui ! morilles, girolles et trompettes ont fini leur saison. Mais à vous les ceps et autres bolets, à vous l’élégante coulemelle. Et d’autres encore, mais je vous cite les plus savoureux et les moins perfides ; on ne peut les confondre avec aucun autre. Sauf peut-être certains bolets qui ne sont pas mortels et qui deviennent au toucher si bleus qu’ils ne suscitent aucune gourmandise.
Si vous avez des doutes sur l’innocence de votre récolte, faites-là examiner par un pharmacien. Il y en a encore qui s’y connaissent ; parfois trop. J’en ai connu un dont le verdict était immanquablement :« Si j’était vous, je ne mangerais pas ça ! » et devant l’air dépité du mycologue amateur proposait aimablement de le débarrasser de sa récolte.
C’est lui qui m’a donné la recette de l’omelette aux champignons :
D’abord, vous renversez votre panier, vous triez les champignons ; vérifiez qu’ils ne soient pas véreux et, avec une brosse douce,  débarrassez-les de la terre, des brindilles,  des feuilles mortes et des petites limaces tant absorbées par leur casse-croûte qu’elles ne se sont pas aperçues du changement survenu dans leur vie.  Il ne faut JAMAIS les laver (les champignons, pas les petites limaces).
Dans une poêle, vous faite chauffer un filet d’huile d’olive, vous y jetez les champignons coupés en morceaux. Attention ! il ne faut pas les saisir. Là, tout doucement, vous les faites « suer ». Quand ils ont jeté toute leur eau, vous les laissez, toujours avec une grande douceur, la réabsorber. Et là, mais là seulement, vous pouvez ajouter sel, poivre, quelques lamelles d’échalote, un soupçon de persil. Et l’ail, me direz-vous ? Doucement ! il risque de masquer le parfum des champignons . Alors, oui, si vous ne pouvez pas vous en passer, mais encore une fois, ce qui est bon pour le champignon citadin, peut nuire à celui des bois.
Pendant ce temps, vous aurez battu des œufs, que vous allez jeter sur vos champignons qui finiront de cuire dans l’omelette. Vous laissez bien prendre le fond. Tout au long de la cuisson vous ramenez les bords vers le centre pour laisser passer la partie liquide sur le bord de la poêle. Ainsi votre préparation restera moelleuse.
Quand l’omelette est « baveuse »mais bien dorée, vous la repliez sur un plat ovale.
Précédée, d’une soupe aux légumes, accompagnée d’une salade croquante et suivie d’une tarte aux fruits, l’omelette aux champignons est la reine des dîners d’automne.


OCTOBRE– semaine 1 – jour 4 – MOTS D’AUTEUR



A la Saint-François,
La bécasse est au bois.



Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déception et fatigue. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force.
Et puis tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie.

CELINE







OCTOBRE – semaine 1 – jour 5 – LE PANIER DE LA GLANEUSE


A la Saint-Placide, la gelée
Est la première de l’année.


LE CYNORRODHON


Glaneuse, écoute la complainte de la gracieuse et légère églantine. Cesse de nommer gratte-cul son rubicond enfant… il est utile à bien d’autres choses qu’à faire des blagues de potache.
Rouge vermillon, le cynorrodhon ainsi nommé en raison de de sa supposée efficacité contre la rage, illumine en ce moment les ronciers. L'excellent poil à gratter qu'on en tire, lui a valu ce nom plus simple de gratte-cul. Depuis le XVII° siècle, on sait aussi (si l'on est patient), en faire des confitures.
C'est à l'automne, donc en ce moment que se récolte le fruit de l'églantier, très riche en vitamine C.
Choisi glaneuse, des baies très mûres; ôte les graines et le duvet; va faire un tour pour te calmer les nerfs, puis coupe-les en petits morceaux que tu arroseras d'un bon vin rouge. Couvre et laisse macérer 24 heures dans un endroit frais.
Le lendemain, tu reprendras le mélange et tu le pileras au mortier; puis il te faudra passer la pulpe au tamis pour éliminer les écorces. Ensuite tu compteras livre pour livre de sucre avec lequel tu prépareras un sirop dans lequel tu feras cuire la pulpe à tout petit feu pour ne pas "tuer" la vitamine C.
Remplis alors de jolis pots que tu fermeras immédiatement pour éviter de futures moisissures.
Tu auras là, à étaler sur des crêpes ou des tartines, un excellent remède contre toutes sortes de variétés de grippes.





OCTOBRE– semaine 1 – jour 6 – LA MUSE S’AMUSE




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Donner du thym,
C’est faire l’amour sans fin




Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
A ton front inondé des clartés d’Orient,
Aux raisins noirs mêlés avec l’or de ta tresse.

C’est dans ta coupe aussi que j’avais bu l’ivresse,
Et dans l’éclair furtif de ton œil souriant,
Quand aux pieds d’Iacchus on me voyait priant,
Car la Muse m’a fait l’un des fils de la Grèce.

Je sais pourquoi là-bas le volcan s’est rouvert…
C’est qu’hier tu l’avais touché d’un pied agile,
Et de cendres soudain l’horizon s’est couvert.

Depuis qu’un duc normand brisa tes dieux d’argile,
Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,
Le pâle hortensia s’unit au myrte vert !



NERVAL








OCTOBRE – semaine 1 – jour 7 – Y’a un truc



TRUCS et ASTUCES
Du nord au sud et de l'est à l'ouest, nos aïeules cuisinaient dans des poteries vernies.
Qui d'entre nous , en vacances, a su résister au charme d'un atelier de potier nous suggérant d'en faire autant?
Tous ce pots, caquelons et autres tagines sont censés désormais résister au lave-vaisselle, au four et même au micro-onde. mais attention! pas ceux qui se font adopter dans les brocantes.
Si vous voulez les utiliser autrement qu'en décoration ou vase à fleurs, et les garder longtemps, il ne faut jamais les gratter. Si votre préparation a attaché, laissez tremper dans de l'eau chaude sans détergent. A la prochaine vaisselle, un coup d'éponge suffira à faire disparâitre les restes de cuisson.
N'essuyez pas, laissez sécher à l'air libre et ne remettez pas tout de suite un éventuel couvercle afin d'éviter les odeurs stagnantes.
Ah! et surtout, surtout, pensez à faire tremper votre ustensile pendant une heure dans l'eau froide avant de l'utiliser.
Certes, il ne faut pas être pressé, mais quoi... la cuisine à l'ancienne se mérite...
PP


OCTOBRE – semaine 2 – jour 1- US ET COUTUMES

A la Saint Denis,
Le vent se marie à minuit.

Saint Denis
Fichier:Le Moiturier (circle) Saint Denis.jpg

Si, vous promenant dans Paris, il vous venait l’envie –pourquoi pas ?- de mettre vos pas dans ceux de Denis son ancien évêque, il vous faudrait démarrer de la pointe de l’île de la Cité, emprunter la rue St Denis, justement, obliquer à gauche sur le boulevard Bonne Nouvelle pour rejoindre la rue des Martyrs qui est la dernière section d’un très vieux chemin qui, par les rues Montmartre et rue du faubourg Montmartre, conduisait de Lutèce au Sanctum Martyrium sur la butte Montmartre, où Denis , Eléuthère et Rustique furent décapités.
L’histoire ne sait à peu près rien de Denis ; ni d’où il venait, ni où et quand il mourut, ni si Eléuthère et Rustique étaient ses compagnons. Certains avancent  que son martyre eut lieu probablement en l’an 256.
Jacques de Voragine au XIII° siècle,  en revanche, est bien plus disert dans sa « Légende Dorée ». Il nous informe que Denis l’Arèopage, ainsi nommé parce qu’il vivait à Athènes dans la quartier consacré à Arès le dieu des combats était un philosophe.
Converti par St Paul et chargé par lui du diocèse de Paris, il fut condamné à mort par les Romains pour avoir refusé de renier le Christ.  Torturé et mis sur le gril,  à la pointe de l’île de la Cité, il devait finalement être décapité devant le temple de Mercure situé sur une butte qui est devenue Montmartre, le Mont des Martyres. Ses compagnons, Eléuthère et Rustique l’accompagnèrent au supplice  par le chemin qui est maintenant la rue des Martyres . Les soldats chargés de l’exécution fatigués de grimper, probablement, s’arrêtèrent à l’emplacement de l’actuelle rue Antoinette pour procéder à l’exécution.
Sa tête à peine tombée, Denis la ramassa, monta jusqu’en haut de la butte et la lava soigneusement dans une source : l’actuelle fontaine St Denis, rue Girardon, puis il redescendit la butte sur l’autre versant et continua son chemin, la tête sous le bras pendant environ six kilomètres. Il tomba et expira chez Catulla, une veuve pieuse qui l’ensevelit  en un lieu où plus tard Ste Geneviève éleva un oratoire qui grandit et devint l’actuelle basilique St Denis.



OCTOBRE – semaine 2 – jour 2 - CONTE

Octobre le vaillant
Surmène le paysan

Cannibale.


Quatorzième siècle, Paris, extérieur nuit ; un faible quinquet éclaire la porte d’une auberge. Frappe un voyageur … Pendant qu’on soigne son cheval et qu’on prépare son lit, l’aubergiste lui sert à dîner.
Le vin de Montmartre est fruité, le pâté en croûte un délice : une pâte fine, légère, des épices judicieusement dosées et la viande d’une finesse, mais d’une finesse… Le voyageur demande à l’hôte sa recette :
« Ah, messire ! Il est  tard, mon marmiton est couché ; ce pâté vient du traiteur de la rue voisine. Tous mes chalands en raffolent mais ce diable d’homme comme tous les cuisiniers,  refuse de confier sa recette. »
« Dommage, j’aurai bien aimé la faire connaître à mon maître queue. Tant pis, demain matin, j’irai lui en acheter, il faut que ma femme goûte cette merveille ! »

Le lendemain de bon matin, son bagage lié,  son cheval sellé, le voyageur demande l’adresse du traiteur.
Ce n’est pas loin juste après le coin de la rue, il ne peut pas se tromper, un barbier est juste à côté.
« Mais ajoute l’aubergiste, soyez prudent à la sortie de la ville, l’Anglais rôde et aussi les brigands. Nombre de voyageurs n’ont pas reparu dont on a vu ensuite les montures et les armes vendus sur le marché ; »
« N’ayez crainte, l’ami, je suis bien armé  et un homme averti… »

Tenant son cheval par la bride, le voyageur s’éloigne, tourne le coin de la rue. L’échoppe du traiteur est encore fermée, le barbier en revanche, balaie devant sa porte.
Notre homme se dit qu’il ne perdra rien à se faire raser en attendant ses pâtés. Le barbier  l’installe, lui met sur le visage un linge chaud et sur un cuir, affûte son rasoir.
Pendant qu’on lui enduit le visage de mousse, il entend une voix qui crie :
« Je suis prêt, tu peux envoyer le client ! »
Il sent le rasoir passer sur ses joues, son menton, descendre le long du cou et soudain…Il pousse un hurlement, le rasoir vient de lui trancher la gorge…
La douleur le fait bondir, il attrape la main du barbier, la lui tord, l’homme lâche le rasoir ; l’agressé lui envoie en pleine face un fort coup de poing, et avisant sur le sol, un rai de lumière désignant une trappe, soulève la planche, balance le barbier dans la cave, pousse dessus le fauteuil et court dans la rue en appelant à l’aide.

On accourt, on le soigne, on appel le guet. Les gendarmes descendent dans la cave où ils trouvent le traiteur, en train de découper son voisin que dans la pénombre il avait pris pour la victime….

Le traiteur fut brûlé en place de grève et l’aubergiste ne retrouva jamais la recette de l’excellent pâté dont il dut désormais priver ses hôtes.



OCTOBRE – semaine 2 – jour 3 – LE JARDIN EXTRAORDINAIRE

Quand la vigne est en fleurs
Elle ne veut voir
Ni manant ni seigneur.


LA VIGNE


Vendanges sont faites ! Il est temps de tailler la vigne. En cette saison, on pratique une taille « à deux yeux », c'est-à-dire qu’on coupe le sarment juste après le deuxième bourgeon à feuilles en partant de la branche mère. Cette toilette va lui permettre  à votre vigne de s’endormir tranquillement en rêvant aux belles grappes qu’elle vous offrira l’année prochaine.
La vigne : famille des Ampélidacées. Ampélos, jeune satyre dont Dionysos était amoureux, se tua dit-on, en essayant d’atteindre une grappe de raisins. Le dieu, pour garder son souvenir baptisa la plante du nom de celui qu’il aimait.
L’épouse d’Oenée, roi de Calydon l’aida à surmonter son chagrin en lui faisant découvrir d’autres amours . Dionysos charmé, offrit au couple l’arbrisseau sacré. Un des bergers royaux, Staphylos, observa qu’une de ses chèvres devenait follette après avoir mangé du raisin. Il eut l’idée d’en presser une grappe et d’en boire le jus qu’il trouva excellent. L’histoire ne dit pas si c’est lui qui eut le premier l’idée de le faire fermenter.
Symbole de la colère divine quand il enivre, leTalmud dit que le jus de la vigne produit cet effet depuis que le Diable s’est mêlé de l’affaire.  On sait qu’après le déluge un des premiers actes de Noé fut de planter une vigne. Le diable qui n’en avait jamais vu lui demanda quelle était son utilité.
-« Le fruit en est bon et sucré,  répondit  Noé, et le vin qu’on en tire réjouit le cœur de l’homme.
-« Je vais t’aider, proposa le Diable.
 Et pour ce faire, il va chercher un agneau, un lion, un porc et un singe. Il les sacrifie et arrose le sol de leurs sangs mélangés. Depuis, si l’homme mange le fruit de la vigne, il est bon et doux comme un agneau ; s’il boit le vin, il s’imagine être un lion et prend des risques inconsidérés ; s’il en boit plus, il devient grossier comme un porc et s’il s’enivre alors,  il rit ,  parle trop fort et se rend ridicule  comme un singe.
Il existe une pierre noire nommée Dionysia dont on dit qu’elle aide à lutter contre l’ivresse. Elle porte le nom du dieu de la vigne et celui aussi  Denys,  le saint qui est fêté en période de vendanges.
La vigne et ses légendes sont très répandues de la Méditerranée à la Baltique et de l’Inde à la Bretagne, toutes les religions locales la mentionnent. La fabrication du vin n’est-elle pas une sorte d’alchimie ? Les devins de l’Antiquité pratiquaient l’oenomancie, pratique divinatoire basée sur l’observation du vin. En ce sens, il arrive aux vignerons et œnologues de leur ressembler.
Partout où la vigne pousse, les légendes poussent avec elle ; partout le vin se produit sous le regard des dieux. Il était dans l’Antiquité, considéré comme une boisson divine, source d’immortalité. Les dieux protégeaient la vigne : Osiris en Egypte, Bacchus à Rome qui fut Dionysos en Grèce. Saturne qui enseigna aux peuples d’Italie l’art de la cultiver. Cette culture et celle du blé furent les premières manifestations de la civilisation agricole.
Autrefois, toute maison, même la plus modeste avait sa vigne et tout un chacun pouvait faire son vin. C’était la plupart du temps, comme dit la chanson, « une horrible piquette ».

La vigne domestique a bon caractère. Elle pousse de préférence au soleil, mais un pied malencontreusement planté à l’ombre enverra ses rameaux faire des grappes dans un endroit plus lumineux. Douée de cette facilité à s’étendre, une vigne bien guidée peut devenir une agréable tonnelle ; elle habillera un mur, une façade et si, en cette saison  elle ne montre plus que des branches nues - une vigne qui n’a pas perdu ses feuilles avant la Saint Martin, annonce un hiver rigoureux.- mariez-là avec une autre liane : la passiflore, par exemple fleurit jusqu’aux gelées et offre de plus de délicieux fruits jaune orangé.
Voilà, associée à la fleur qui rappelle la couronne d’épines, celle qui a permis un des premiers miracles de Jésus qui aux noces de Cana changea l’eau en vin ; et c’est avec le vin de la Cène son dernier repas, qu’il institua l’Eucharistie. Assimilée chez les chrétiens à l’arbre de vie du Paradis, la vigne, un des biens les plus précieux de l’homme, symbolise dans les évangiles le royaume de Dieu. D’ailleurs il est bien connu que le vin peut vous emmener « dans les Vignes du Seigneur ».
On pourrait faire pousser la vigne et l’utiliser rien qu’en se référant aux coutumes et superstitions la concernant. Par exemple, les Bretons, ont coutume de boire une bouteille de vin au moment de planter ; ils en  répandent trois gouttes sur le pied, trois gouttes sur le racines pour que leur vigne prospère.
Dans le Gard et en Vendée, on  arrose de vin le dernier cep planté et on enterre au pied cent sous de monnaie de bronze. Voilà une utilisation toute trouvée pour les pièces de monnaies rapportées de voyage ou pour celles oubliées dans une poche lors du passage d’une monnaie à une autre.
Les Girondins  et Tourangeaux recommandent de  tailler pendant la « vieille lune ». C'est-à-dire entre la pleine lune et la nouvelle lune, quand elle « descend ».
En Touraine  encore, on dit que la vigne taillée quand la lune est en croissant sera dévorée par les lapins.
En Orléanais,  pour vendange abondante, on étête les ceps le vendredi saint avant midi et à jeun. On le fait également dans l’Ain et dans le Maine pour éviter que les rats mangent les raisins.
En Bresse c’est le 17 mars au lever et sans avoir parlé à quiconque qu’il faut tailler la vigne.  Goûter un seul raisin avant maturité annulerait la protection.
A Escoussens, dans la Montagne Noire on met  des fleurs de vigne dans l’auge des poules afin qu’elles n’aillent pas manger le raisin.
Si vous avez bien suivi ces conseils, votre vendange est faite, elle est abondante, mais ne relâchez pas votre vigilance car mettre le vin en bouteilles à la pleine lune le fait tourner au vinaigre.
Dans l’Est pour que le vin ne se trouble jamais, il faut le mettre en bouteilles le jour du Vendredi Saint.
Et sachez que les caves longtemps interdites aux femmes, car certains jours du mois, après avoir fait tourner la mayonnaise, les malfaisantes corrompaient le vin par leur seule présence. 
Ce sont sans doute ces sottises qui font « pleurer » la vigne  quand on vient de la tailler. Ces « Larmes de Vigne » ont aussi leur utilité : on les utilise pour soigner  ophtalmies et  verrues.
Elles font disparaître les taches de rousseur des Girondins et repousser les cheveux des Hollandais.
Si vous enterrez le cordon ombilical d’un nouveau-né sous un cep de vigne, vous en ferez un homme joyeux, un bon vivant. Mais Paul  Sébillot affirme que c’est ainsi qu’on fabrique également  les ivrognes.
Si plus tard, ce petit a les cheveux raides, mettez une racine de vigne blanche dans l’eau de son bain,  il bouclera comme un angelot.
N’oubliez pas dans le Bourbonnais, le 1° janvier, de manger du raisin blanc au lever .
Dans les Alpes de Haute- Provence, on se contente de raison sec. Cette coutume assure la prospérité pour l’année.
Les  Provençaux prennent des risques : ceux qui ont les  bras et les pieds enflés doivent aller chez le menuisier, (le choisir adroit et sobre de préférence), poser le membre malade sur l’établi en compagnie de deux ceps de vigne en forme de croix . L’homme de l’art devra les couper d’un seul coup de hache. (les ceps uniquement, je précise).
Si dans votre nouveau jardin existe un pied de vigne que vous ne souhaitez pas conserver, prenez garde : les musulmans pour qui la vigne est sacrée pensent que la déterrer peut provoquer de grands malheurs.
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Enfin après toutes ces précautions vous aurez, si les merles vous en ont laissé, de belles grappes de raisin. Pour les conserver, faites leur dans une caisse un lit de tourbe sur lequel vous les étendrez après avoir enlevé les grains abîmés. Recouvrir de tourbe ; alterner raisins et tourbe en terminant par la tourbe. Quand la caisse est pleine, fermez-là. Gardez au sec. Le raisin peut se conserver plusieurs mois en excellent état.




OCTOBRE – semaine 2 – Jour 4 – QUELLE HISTOIRE !


Brouillards d’Octobre
Pluies de Novembre
Vaut bon Décembre.

La Bataille d’Hastings-

Si Pénélope avait connu les hauts faits guerriers et maritimes de son aventureux époux, nul doute qu’au lieu de défaire chaque soir sa tapisserie, elle les eût sur la toile, brodés au petit point. Cela lui aurait pris tout aussi longtemps et peut-être nous serait-il resté des images de ces temps légendaires, tout comme nous est resté avec la tapisserie de Bayeux, le souvenir de la bataille d’Hastings et de Guillaume le Conquérant qui, réussit l’exploit non renouvelé depuis,  pas même par Napoléon : envahir l’Angleterre.
Cette tapisserie,  dite aussi de la reine Mathilde fut commandée soit par la reine, épouse de Guillaume, soit  par Odon, son demi-frère , évêque de Bayeux. Guillaume victorieux, offrit à ce le comté de Kent qui comptait dans ses habitants les habiles artisans à qui seront confiés la réalisation de l’ouvrage.
Long de 70 mètres et large de 0, 5m, il représente 10 années de travail.
Exposée pour la première fois en juillet 1077 dans la cathédrale de Bayeux la tapisserie est vraisemblablement inachevée, puisque n’y figure pas le couronnement de Guillaume qui eut lieu le 25 décembre 1066. On pense qu’Odon fut arrêté pour trahison en 1082 et que sans commanditaire, l’œuvre ne fut pas terminée.
Le terme de tapisserie est inexact puisqu’il s’agit en fait d’une broderie exécutée au fil de laine à deux brins, en huit teintes naturelles, sur un assemblage de plusieurs morceaux de toile bise. Les points employés sont une variante du point de tige pour les contours et le point de couchure dit depuis point de Bayeux pour le remplissage
Exposé au musée de la reine Mathilde à Bayeux l’ensemble se trouve dans un état d’exceptionnelle conservation. Les bordures du haut et du bas représentent des scènes de chasse et de vie paysanne.
On peut la considérer comme l’ancêtre de la bande dessinée, puisque les évènements historiques montrés dans la partie centrale sont précédés d’explications en latin.
Cette fresque textile raconte comment Guillaume, septième duc de Normandie qui était le descendant direct de Rollon, ce chef viking à qui le roi de France Charles III concéda le pays de Caux afin de faire cesser les incursions de ces terribles guerriers qui ravageaient les côtes de France et semaient la terreur jusqu’à Paris.
Guillaume avait huit ans quand son père, Robert la Magnifique, mourut au cours de son retour de Terre Sainte.
Au cours de trente années  consacrées à unifier son duché il combattit plus souvent ses propres barons que ses voisins anglais avec qui il entretenait de bonnes relations. Si bonnes que son cousin, Edouard le Confesseur qui avait repris l’Angleterre aux Danois, le désigna comme successeur.
Mais à cette époque, l’aristocratie anglo-saxonne menée par Goldwin, duc de Wessex, s’opposait à la noblesse d’origine normande. Tandis qu’il envoyait deux otages à la cour d’Edouard en témoignage d’approbation,  le duc  proposait à ses partisans d’élire  son fils Harold qui n’avait pourtant aucune raison légitime de prétendre à la Couronne.
Le 5 janvier 1066, Edouard meurt et Harold s’empare de la Couronne.
Guillaume aussitôt prépare une expédition militaire afin de défendre son bon droit. Ce qui ne va pas tout seul car les chevaliers et seigneurs normands, lassé de trente ans de lutte avec leur duc, ne sont pas convaincus du bien fondé de l’expédition. Guillaume réquisitionne partout : en Bretagne, en Flandres, en Bourgogne et jusqu’en Italie. Il rassemble une flotte de 1000 navires.
Parallèlement, il envoie des émissaires au pape Alexandre II dont il obtient le soutien officiel. Il s’assure aussi de l’aide du roi de Norvège en lui offrant de partager les terres conquises et achète la neutralité d’autres souverains scandinaves.
Diplomate et aussi stratège, il attend contre tous les avis, l’automne et le moment où Harold démobiliseses barons , pour prendre la mer et débarquer sur les côtes anglaises.
C’est donc à Hastings, le 14 octobre 1066, qu’il met en déroute Harold et son armée. Ce dernier, ses frères et la fine fleur de la chevalerie anglaise, y laisseront leur vie.
Toute opposition abolie, Guillaume régnera sur l’Angleterre qui jamais plus ne laissera une flotte aborder ses côtes ni une armée l’envahir.


OCTOBRE – semaine 2 – jour 5 – LE BESTIAIRE ENCHANTE
 
A la Saint-Denis
La bécasse est au pays

L’araignée-


Ne perdons pas le fil !
 Il est une fileuse infatigable que bien souvent on redoute quand elle nous surprend, lovée dans sa toile à l’angle d’une porte ou d’un fenêtre. Qu’on admire aussi, quand le matin, un rayon de soleil transforme en cristal la dentelle qu’elle a tissée entre deux branches.
Ne la craignez pas : elle est porteuse de présages.
Araignée du matin : chagrin ? Non, non, pas de peines de cœur en perspective, juste un bulletin météo. L’araignée aime vivre et travailler au sec et si elle se promène au jardin de bon matin, c’est que la rosée est absente et que la pluie risque plus tard de la remplacer. 
Araignée de midi : souci ? L’araignée prévoyante, se hâte de terminer son travail avant l’orage qui menace.
Araignée du soir : espoir ? L’atmosphère sereine annonce pour le lendemain un temps calme.
Ne chassez pas l’araignée tueuse des mouches porteuses de miasmes. Elle nous protège tout comme elle a protégé la Sainte Famille qui fuyait en Egypte.
Marie, Joseph et le Divin Enfant s’étaient réfugiés dans une grotte. Une araignée tissa sa toile devant l’entrée ; ce que voyant, les soldats d’Hérode la crurent inhabitée et passèrent leur chemin.
Moins religieusement, l’araignée purifie l’air des étables, met le bétail à l’abri des maléfices et empêche les lutins d’énerver les chevaux.
Pour toutes ces raisons, tuer les araignées ou détruire leur toile est déconseillé. Contrevenir pourrait vous rendre boiteux, surtout si vous devez, pour les atteindre, grimper sur une échelle plus ou moins vermoulue. Laissez l’araignée tisser sa toile et se balancer au bout de son fil : c’est son destin, ainsi en a décidé la sage Athéna.
 Pour une fois l’héroïne de cette légende n’est pas une princesse mais la fille d’un simple artisan. 
C’était au temps où l’habile et sage déesse enseignait aux jeunes filles de Lybie,  les arts textiles dans lesquels elle-même excellait.
 La plus douée de ses élèves était Arachné, la fille d’Idmon de Colophon, teinturier de son état. Les ouvrages de la jeune fille étaient d’une rare perfection, tant par leur finesse, la fraîcheur de leurs couleurs que la vérité des images. Les nymphes des bois et des rivières sortaient de leurs retraites pour venir les étoffes et s’en revêtir.
Assez vaine de son talent, Arachné osait se prétendre la meilleure du monde. Elle poussait l’audace jusqu’à l’ingratitude et reniant l’enseignement de la déesse, se vantait de ne tenir son talent que d’elle-même. Elle laissait même entendre qu’aucune autre fileuse,  pas même Athéna ne pouvait l’égaler.
Les immortels ont horreur des défis que leur lancent les humains. Sous l’apparence d’une vieille femme, la fileuse divine s’en  alla vérifier les dires de l’outrecuidante. Il lui fallut constater la perfection du travail d’Arachné.  Piquée, elle lui conseilla plus de modestie. Arachné moqueuse, ne voulut pas tenir compte des propos d’une vieille inconnue.
La déesse outrée, apparut alors en majesté et  proposa un concours à l’insolente. Les nymphes de bois et des fleuves seraient juges.
Les deux fileuses se mirent à l’ouvrage.
Athéna sur sa toile, représenta tous les dieux de l’Olympe en majesté ; aux quatre coins, elle fit figurer  la défaite de quatre mortels présomptueux punis pour avoir osé défier les dieux.
 Arachné l’impertinente, fit figurer sur la sienne leurs amours les plus scandaleuses, avec en motif central, Zeus et ses nombreuses amantes. Le travail bien que d’une rare insolence était d’une perfection incontestable.  Les nymphes proclamèrent Arachné gagnante. Outrée, Athéna frappa sa rivale d’un violent coup de  navette et déchira son ouvrage. Au comble du désespoir, la jeune fileuse alla se pendre.
Athéna dans sa sagesse, jugea que le litige ne valait pas une mort et offrit à l’infortunée une seconde vie, mais sous la forme d’une araignée qui pour l’éternité, pendue à un fil, tout au long du jour tisse sa toile.






OCTOBRE – semaine 2 – jour 6 – LIRE ET RELIRE



Récoltes rentrées
Récoltes assurées.

La Comtesse de Ségur

            La légende veut que la Comtesse de Ségur ait commencé à écrire pour que Camille et Madeleine de Malaret, ses petites-filles, qui avaient dû suivre leurs parents en Angleterre,  ne soient pas privées des belles histoires que leur contait leur grand-mère. En réalité, une opportunité s’offrait à elle: le développement de la diffusion du livre en France à cette époque. En1843, Louis Hachette ouvre les premières Bibliothèques des Chemins de Fer qui,  dix ans plus tard, seront au nombre de 160; les gérantes en étant des épouses ou veuves d’agents du réseau. On peut dire que Sophie fait partie de la troupe puisque Eugène de Ségur, son époux,  était alors président des Chemins de Fer de l’Est. Tout naturellement, c’est là que figureront en bonne place les premières parutions de la comtesse, son épouse
           
 En 1852, Sophie de Ségur fait un voyage à Rome, au cours duquel elle rencontre Louis Veuillot, pour lequel elle éprouve une vive amitié. Elle aime l’humour et le style vigoureux du directeur de l’Univers en dépit de leurs divergences en matière d’éducation: il recommandait le fouet, alors qu’elle, « ne l’admettait à aucun titre », n’en déplaise à  certains psychologues de bazar qui ont voulu voir en elle une sorte de Mère Fouettard. Louis Veuillot la connaissait mieux qu’eux. Il désapprouvait  en revanche les contes de fées et se félicitait que sa grande amie les eut assez vite abandonnés pour plonger dans la réalité.
            Car les  Nouveaux Contes de Fées  ne sont que le prélude à l’œuvre future de la comtesse de Ségur. On y trouve en germe la matière de ses futures histoires et l’on va voir que progressivement elle abandonne le conte pour aboutir au roman. Blondine est encore sous l’influence de Perrault, alors qu’on peut dire d’Ourson,  en dehors de l’apparence du héros et de certains faits « merveilleux qu’il est déjà un roman presque réaliste. Il est curieux de noter que son dernier roman, Après la Pluie le Beau Temps,  reprend les structures du conte.
            A 57 ans, Sophie de Ségur, née Rostopchine, qui depuis l’enfance raconte des histoires à qui veut l’écouter, entame une carrière d’écrivain. Avec des contes au moyen desquels elle commence à soulever discrètement le voile sur son enfance, à révéler ses travers : gourmandise, curiosité, coquetterie insatisfaite, et à exprimer son obsession du feu ! On sait que l’ordre d’allumer l’immense incendie qui ravagea Moscou  alors que Napoléon y campait fut toujours attribué à son père.
            Ces contes sont plus proches de ceux de Mme Leprince de Beaumont, de Mme d’Aulnoy ou de Perrault et des autres collecteurs du 17° siècle; plus proches encore des frères Grimm, très lus à la cour de Russie, que des baroques contes russes entendus dans son enfance.

            Sa mère, Catherine Rostopchine, faisait peu de cas des Russes et de leur folklore; elle admirait en revanche la culture française et fut pour Sophie un modèle. Quand vint pour elle le moment de conter, elle n’eut pas l’idée de puiser dans les histoires traditionnelles que la nourrice, sa niania, devait très probablement lui raconter.
Et ce d’autant moins que Catherine Rostopchine, farouchement catholique, avait tenu ses enfants éloignés des légendes locales qui n’ont fait qu’effleurer la mémoire de Sophie. Ainsi ne rencontre-t-on dans ses contes aucun des personnages slaves traditionnels: ni Ivan Tsarévitch, ni Vassilissa la Très Belle, ni l’effrayante Baba Yaga. Les chaumières au fond des forêts où se réfugient ses héros pourchassés sont résolument percheronnes et ne se déplacent jamais sur des pattes de poulet.
Et si Blondine, une sorte de Sophie enfant aux prises avec la princesse Fourbette, (premier des nombreux avatars de Catherine Rostopchine), une marâtre, paraît ressembler à Vassilissa la Très Belle, c’est que cette dernière, en vertu de l’universalité du conte, est proche parente de Blanche-Neige.
            Blondine est aussi la bonne version de Sophie enfant, l’autre face étant Gourmandinet, son page, dont la gourmandise le perdra puisque il en mourra .
            Au temps de la Comtesse de Ségur, les frontières du plus proche inconnu, lieu de toutes les terreurs, ont beaucoup reculé. Déjà, Swift et Cyrano de Bergerac envoyaient leurs héros sur la lune et d’autres mystérieuses planètes. Plus tard, Jules Verne aussi regarda vers le ciel. Sophie, qui n’a pas l’esprit scientifique et qui par ailleurs n’est pas rêveuse, n’y pense même pas. En ce qui la concerne, le plus proche inconnu serait plutôt son inconscient, représenté par la Forêt des Lilas, aux couleurs et aux senteurs attirantes, mais au sein de laquelle on risque de se perdre pour toujours.
             De nos jours encore, les maux de l‘esprit, de l‘âme sont souvent considérés comme une faiblesse, voire une tare déshonorante. Les migraines et laryngites dont Sophie de Ségur souffrit longtemps -elle qui jouissait d’une bonne santé-  témoignent de son mal être, de sa difficulté à s’exprimer, à se faire comprendre. La psychanalyse n'existant pas encore nul ne s'est interrogé sur le sens de ces symptômes.
Si pour soigner les troubles qui empoisonnèrent le milieu de sa vie, Sophie de Ségur  avait pu et voulu avoir recours à l’analyse, aurions-nous été privés d’une remarquable conteuse et d’une grande romancière?
           
Blondine l’héroïne de son premier conte, entrera donc avec insouciance dans la forêt si attirante mais si dangereuse. Elle n’y  trouvera pas que du malheur puisque elle y rencontrera Bonne Biche la fée,  et Beau Minon, le Chat merveilleux. Qui non seulement retiennent la fillette, mais surtout  la forment. Elle pourrait se plaire dans ce monde enchanté et désirer ne jamais en sortir. Mais intervient alors- émanation de la terrible Catherine Rostopchine- le maudit perroquet qui va la pousser à s’évader du domaine de la fée et de son enfance Ce faisant, Blondine retrouvera les terribles racines du conte universel, puisqu’elle devra -comme dans les contes Russes et ceux collectés par les frères Grimm- tuer et dépouiller son joli compagnon pour trouver son salut et l’amour véritable.
            Sophie à cette époque, éprouve le besoin de secouer les liens familiaux et conjugaux qui la maintiennent dans une dépendance infantile. Elle écrit et, encouragée par Louis Veuillot se fait éditer ; elle a compris depuis longtemps que la liberté passe par l’argent.
Bonne Biche et Beau Minon sont des personnages de conte, mais qui représentent-ils? Qui fut pour Sophie le prince charmant? Les jeunes gens de son adolescence? Eugène de Ségur du temps où elle fit sa connaissance? Eugène Sue plus tard? Ou qui d’autre ? Nous ne le saurons probablement jamais puisque, son fils prêtre,  Gaston de Ségur a fait brûler les lettres qu’elle lui adressait et que ses descendants ont expurgé le reste pour ne laisser qu’une image de la Comtesse de Ségur conforme à la bienséance  de leur milieu.
            Pauvre Sophie! Brimée par sa mère, muselée par son mari et sa belle-famille, rabotée par sa descendance et ses éditeurs; il faut pour faire sa connaissance la lire attentivement!

            Le Bon Petit Henry, à la recherche de l’herbe de vie qui sauvera sa mère, nous apprend que Sophie croyait aux vertus thérapeutiques des plantes et n’hésitait pas à fournir onguents et sirops à ses protégés.
            Dans Ourson, on voit pointer son goût pour l’exagération  burlesque; Passerose qui « pleure pour tenir compagnie » pourrait venir du théâtre de Shakespeare ou d’un roman de Dickens. On y trouve un premier portrait de son voisin Mouchel, qui sera Féréor dans la Fortune de Gaspar. Qu’avait-il pu lui faire pour qu’elle finisse par le faire rôtir ? On se dit que le pauvre homme avait bien du mérite à garder de bonnes relations avec sa turbulente voisine. On meurt par le feu mais l’eau aussi est à craindre: Ourson tombe au fond d’un puits et Violette rêve qu’elle se noie. Un crapaud, symbole de la sexualité mâle peut la faire mourir. Monstre pour monstre, elle préfère Ourson qu’elle aime comme un frère; ce qui ne les empêche pas d’avoir un enfant, mais…. grâce à l’intervention de la fée. Sophie se souvient là de ses accouchements si difficiles,  le dernier ayant  failli lui être fatal. Souvenir encore vif entretenu par de nombreux ennuis de santé dont seule la ménopause la délivrera.
            La fin de l'histoire est proche de l’ Héroïc Fantasy; il est dommage que Walt Disney ait ignoré ces contes et qu’il n’ait pas mis en images le combat entre le char entre attelés de crapauds et celui attelé d’alouettes. D’ailleurs les chars des contes de Sophie ont généralement de bien étranges équipages: autruches, dragons, alouettes, cygnes ou crapauds. Faut-il y voir des réminiscences de la mythologie gréco romaine,  des chars de Vénus ou de Neptune? Comme la cassette et le parfum qui viendraient du conte de Psyché?
             Pour la princesse Rosette, dont l’histoire ressemble à celle de Cendrillon, Sophie qui a souffert dans son enfance d’être mal vêtue, fait intervenir une fée afin de lui éviter des humiliations quand elle devra paraître à la cour du Roi Son Père.
            Quant à Rosalie, en butte aux maléfices de la mauvaise Souris Grise, elle sera punie de la curiosité de son auteur, tout comme sera puni de sa gourmandise le page Gourmandinet.
            Dans la présentation de ce premier livre, qui contient en germe toute la suite de son oeuvre, elle  nous montre le monde magique transposé sous le Second Empire en livret pour opéra d’Offenbach, et se désigne comme la  bonne aïeule du roman,  créant ainsi sa propre légende.
           



OCTOBRE – semaine 2 – jour 7 – ON CONNAIT LA CHANSON

Brouillards d’Octobre,
Pluies de Novembre,
Vaut bon Décembre.


UN JOUR ,TU VERRAS

Un jour tu verras,
On se rencontrera
Quelque part n’importe où,
Guidés par le hasard,
Nous nous regarderons,
Et nous nous sourirons
Et la main dans la main,
Par les rues nous irons.

Le temps passe si vite,
Le soir cachera bien
Nos cœurs, ces deux voleurs,
Qui gardent leur bonheur.

Puis nous arriverons
Sur une place grise
Où les pavés seront
Doux à nos âmes grises.

Il y aura un bal
Très pauvre et très banal
Sous un ciel plein de brume
Et de mélancolie
Un aveugle jouera
De l’orgue de Barbarie
Cet air pour nous sera
Le plus beau le plus joli

Moi je t’inviterai
Ta taille je prendrai
Nous danserons tranquilles
Loin des gens de la ville
Nous danserons l’amour
Les yeux au fond des yeux
Vers une nuit profonde
Vers une fin du monde.

Un jour tu verras….

Paroles MOULOUDJI – Musique Georges VAN PARYS



OCTOBRE – semaine 3 – jour 1 – US ET COUTUMES
Octobre en bruine,
L’hiver en ruine.


FOURNITURES SCOLAIRES



L’année scolaire est bien entamée ; on voit pointer à l’horizon les premières vacances, celles de la Toussaint .
Il est temps d’inspecter le contenu des sacs et cartables. Les livres et cahiers ont perdu leur bonne odeur de papier neuf ; ils sont déjà gribouillés, écornés, personnalisés en un mot. On a déjà perdu quelques gommes et crayons qu’il faudra renouveler. Mais au fait, de quand datent les fournitures scolaires ?
Les crayons  par exemple : au XII° siècle, les copistes se servaient de tiges de plomb pour rédiger leurs manuscrits. Elles s’usaient vite et coupaient le papier ; au 18° siècle, des anglais eurent l’idée de remplacer le plomb par de la plombagine ou graphite, un minerai qui, comme son nom ne l’indique pas, n’a rien à voir avec le plomb. Très fragile on dût l’enfermer dans des cylindres de bois et voilà le crayon !

Les plumes métalliques : qui les utilise encore aujourd’hui ? Pourtant elles viennent de loin puisqu’on a découvert dans les ruines de Pompéi une plume de bronze assez semblable à nos traditionnelles  « sergent-major ».
Au Moyen-Age, on en faisait en or, en argent, en fer. C’étaient des objets de luxe. Jusqu’au 19° on s’est servi plus couramment de plumes d’oies taillées en pointe.
En 1816 s’ouvre à Birmingham la première fabrique de plumes métalliques ; on invente simultanément le porte-plume.

La gomme elle, est apparue en 1736, date à laquelle le caoutchouc est introduit en Europe.

Quand aux buvards qui eurent leur heure de gloire au temps où ils étaient supports publicitaires, on ne les collectionne plus. Voilà encore un petit commerce (réservé aux cours de récréation) qui a disparu. Ils sont apparus vers le  milieu du 19° siècle. On utilisait auparavant des poudres de couleur que d’un geste élégant on jetait sur la page et qu’on soufflait.






SEPTEMBRE – semaine 3 – jour 2 – CONTE

Pour Saint-Géraud,
Les châtaignes font le chaud.

Orion

On dit d’Orion lorqu’il apparaît dans le ciel d’octobre,  qu’il fait venir la pluie ;  on l’a pour  cette raison surnommé le « Faiseur de Pluie »…
Il y avait dans les temps anciens,  un apiculteur du nom d’Hyriée. Il n’avait pas voulu d’enfant, mais devenu vieux et impotent, il se mit à regretter de n’avoir pas de descendance.
Deux pèlerins lui demandèrent un jour l’hospitalité. Hyriée qui était pauvre les reçut de son mieux en leur offrant du miel de ses ruches. Zeus et Hermès, -on les aura reconnus sous leurs habits de voyageurs- pour le remercier lui accordèrent un vœu.
-« Hélas, dit l’apiculteur, mon vœu le plus cher est irréalisable : je suis trop vieux pour avoir un enfant et de plus, ma femme est morte. »
Les dieux lui dirent alors de sacrifier un taureau, de faire une outre de sa peau, de l’emplir d’eau et d’enterrer le tout dans la tombe de son épouse. Hyriée fit bien exactement ce que ses visiteurs avaient prescrit et neuf mois plus tard, un bel enfant sortit de terre ; il le nomma Orion.
L’enfant grandit, devint un beau jeune homme et le plus habile des tous les chasseurs.
Il fit un jour la rencontre de Méropée,  fille du roi de Chios.  Il en tomba aussitôt éperdument amoureux et demanda sa main au roi son père. Oenopion répondit qu’il la donnerait pour épouse à celui qui débarrasserait le royaume des monstres et des bêtes fauves qui ravageaient  les villes et les campagnes.
Orion se mit  en chasse. Il venait chaque soir, déposer aux pieds de sa belle les dépouilles de ses victimes. Le temps passant,  le gibier se faisait de plus en plus rare ; un jour le chasseur estima que le moment était venu de réclamer sa récompense. Le roi refusa prétendant que des lions, des loups et des ours restaient encore cachés dans les montagnes. Orion trouva quelques fauves épuisés, réchappés du carnage, il en ramena les peaux à la cour ,mais toujours Oenopion  en voulait davantage. En réalité, il n’avait aucune intention de laisser Orion épouser sa fille dont, monstre lui-même, il était amoureux et qu’il voulait garder pour lui.
Oenopion, était fils de Dionysos, et viticulteur ; il produisait un vin excellent dans les vapeurs duquel le malheureux Orion, avait tendance à chercher l’oubli de ses amours contrariées.
Ce vin digne des Dieux lui réchauffait le cœur. Il arriva qu’un soir, où plus triste encore que les autres soirs, il but à proportion de son chagrin.  Ivre de peine et de désir, il força la porte de la chambre de Méropée . Voilà le beau chasseur, au pied du lit de sa belle. La jeune fille, affolée, premièrement se refuse en personne bien élevée, mais Orion est le plus bel homme de son temps. Elle l’aime ;  lui ne manque pas d’arguments puissant et convaincants, aussi sans plus de cérémonies, il consomme ce mariage qu’on lui avait refusé.
Dès l’aube, Oenopion alerté,  fou de rage, invoque le dieu son père et lui demande vengeance.
Dionysos alors, envoie vers Orion ses satyres, qui le font boire tant et tant qu’il s’endort lourdement. Profitant de ce sommeil, le roi lui fait crever les yeux avant de l’abandonner sur un rivage désert.
Seul un vieil homme vivait là, qui savait la médecine. Il soigna Orion de son mieux. Comme il était aussi oracle, il  conseilla au chasseur  pour retrouver la vue, de se tourner du côté où Hélios le soleil sort des flots de l’Océan et d’avancer vers lui sans jamais le quitter des yeux. Puis il le guida jusqu’à une barque où il le fit monter, disant :
-« Ecoute, le son de ce marteau qui frappe au loin une invisible enclume, rame dans cette  direction. Guide toi sur le bruit de la forge et tu ne perdras pas ta route. »
Orion prit la mer ; il rama longtemps. Les coups de marteau étaient de plus en plus distincts, de plus en plus énormes, assourdissants. C’est dans un fracas d’enfer qu’il aborda dans l’île de Lemnos où étaient les forges d’Héphaïstos, qu’actionnaient les  Cyclopes. La démarche incertaine, les mains en avant, il approchait de la demeure  du Maître du Feu, quand il toucha un corps. Cédalion, un jeune apprenti, se trouvait là .Orion, qui avait perdu la vue mais pas sa force, se saisit du jeune homme et le jucha sur ses épaules, l’enjoignant de lui servir de guide. Bouleversé autant de crainte que de pitié, Cédalion accepta : il conduirait Orion sur terre et sur les mers. Et c’est ainsi  qu’à la fin d’une nuit, les deux compagnons,  parvinrent à l’Océan.
 La jeune Eos, l’aurore, venait de se lever toute rose encore de sommeil finissant. A peine découvre-t-elle le bel aveugle qu’elle s’en éprend et supplie Hélios son frère de lui rendre la vue. Orion ouvre les yeux sur l’innocente émue qui l’entraîne àDélos où ils abriteront leurs amours.
Mais si Orion se console de son amour perdu dans les bras de l’Aurore, il ne peut hélas oublier le traître Oenopion ; il veut se venger. Alors il passe ses nuits avec Eos, mais le jour, il retourne à Chios et  cherche le roi qui reste introuvable, bien caché dans une chambre souterraine que lui avait aménagé Hephaïstos.
C’était au temps où le roi Minos régnait sur la Crête. Il était l’aïeul d’Oenopion et pensant qu’il aurait pu chez lui trouver refuge,  Orion s’embarque pour la Crête. Artémis chassant par là observe ce jeune homme qui traque sans relâche un gibier dont elle ignore la nature. La solitaire, séduite se montre à lui, l’interroge et pour le préserver des risques qu’il encourre poursuivant le fils de Dyonisos, la chasseresse le persuade d’oublier sa vengeance et de venir avec elle courir d’autre gibier.
Orion l’inconstant, oublie Eos et  Méropée pour mettre ses pas dans ceux d’Artémis.
Apollon qui sait tout voit Eos en pleurs et lui reproche la faiblesse qui l’a jetée dans les bras de l’indidèle. Eos abandonnée en rougit tant que si vous regardez le matin vers l’est vous pourrez constater combien grande fut sa confusion. Le dieu se mit alors à craindre pour la vertu de sa chaste sœur àqui Orion vantard comme sont tous les chasseurs, et prenant Chios pour la terre entière, racontait comment il avait débarrassé l’univers de tous ses monstres. Un discours bien propre à séduire la farouche Artémis. Apollon s’en fut confier son souci à Gaïa, la Terre Mère qui envoya sur Orion un monstrueux scorpion.
Orion s’en défendit avec ses flèches, puis son épée et comme il n’en venait pas à bout, dans sa détresse il se souvint d’Eos et  plongea dans les flots pour aller chercher refuge auprès d’elle..
En le voyant nager, Apollon fit venir Artémis au  rivage :
-« Regarde, lui dit-il, cette tête qui émerge des vagues ;  c’est celle de ton serviteur Candaon, il a séduit Opis ta prêtresse. Si tu veux le punir en t’amusant, faisons un concours à celui de nous deux qui le premier l’atteindra d’une flèche.
Apollon ne mentait pas, en Beotie, Orion se nommait aussi Candaon., ce qu’Artémis ignorait.
Ignorant qu’elle visait son compagnon, elle ajusta soigneusement son tir, lâcha sa flèche et s’élança dans les vagues pour ramener sa victime. C’était hélas, la dépouille de son ami. En larmes, elle implora Asclépios son neveu, fils d’Apollon et comme lui guérisseur de lui rendre la vie. Mais il était trop tard, son âme déjà avait atteint les champs d’asphodèles.
Artémis éplorée, envoya son image dans les étoiles ; elle y envoya aussi le scorpion.
Depuis Orion et le scorpion se poursuivent éternellement dans le ciel d’automne.


OCTOBRE – semaine 3 – jour 3 – C’EST BON SIGNE

Octobre glacé,
Fait vermine trépasser.



LE SCORPION



Vendanges sont faites,  voici qu’Octobre devient Brumaire. Dans les brumes matinales,  s’avance bardé de fer et vêtu de grenat, le mystérieux Scorpion à l’œil d’acier. Il porte au doigt une hématite.
Les signes de feu déconcertés, observent le Scorpion et restent dans l’expectative. Les braises du Sagittaire redoutent une eau glaciale ; le Lion, serein,, sait bien que nulle vague jamais  n’éteindra son brasier. Le Bélier impatient, devra pourtant attendre que sa flamme naissante ait pris de l’ampleur ; alors là, oui, il pourra réchauffer le Scorpion, sinon il se perdra dans ses marais brumeux.
Car le Scorpion est marécages, le Scorpion mussé au fond d’un puits attire à lui la lune ; il peut aussi jaillir en source claire du fin fond de la terre.
Ce grand voyageur observe les us et coutumes des pays qu’il traverse et porte sur eux un regard lucide.
Petits enfants scorpions aux penchants troubles, vous à qui les parents refusent catégoriquement un chien que vous oublierez de sortir trois fois par jour, un chat qui écorchera le canapé de cuir, un poney, sous le fallacieux prétexte qu’on trouve peu de pâturages dans le XIV° arrondissement (ou un autre) de Paris, petits enfants voici la solution :
Procurez vous quelques feuilles de basilic que vous poserez à même le sol sous un pot renversé. Prenez patience et dans quelques temps vous en verrez sortir un affectueux scorpion que vous pourrez adopter en toute discrétion. Donnez-lui de la tendresse. Il faut être tendre avec le Scorpion. S’il ne manque pas d’humour, il pourrait cependant, être plus réceptif au sien qu’au vôtre : prenez garde de le blesser : à ce jeu là, il sera toujours plus fort que vous, car lui ne craint pas la souffrance. Il lui arrive même de s’y complaire.
Persévérant, ambitieux, fascinant, passionné, il cherche un bonheur que son caractère déroutant lui interdit bien souvent de trouver.
Séducteur né, il offre des orchidées à sa belle, qui tombera dans les bras de ce joyeux mélancolique
Amantes du scorpion, vous vous sentirez protégées, en sécurité, il se donnera à vous corps et âme, mais prenez garde de le contrarier. Il se réfugiera dans ses marécages non sans vous avoir aspergée de l’eau glacée de ses  paroles venimeuses. Il vous faudra alors déployer des trésors d’originalité pour le reconquérir.
On n’oublie jamais un Scorpion ; il pourra vous décevoir dans bien des domaines sauf un : il est l’amant le plus torride du zodiaque.




OCTOBRE – semaine 3 – jour 4 – LUSTUKRU

Si Saint-Gall coupe le raisin,
Mauvais signe pour le vin.


Avant de devenir un des ferments de la Révolution, Louis XV avait été surnommé le « Bien-Aimé » ; cette anecdote montre pourquoi.

« Il s’amusait quelque fois à faire lui-même sa cuisine. Les jours destinées à en effectuer la fantaisie, il partait ordinairement de Versailles, à midi précis, pour se rendre dans une de ses maisons de plaisance : là se développait sa science dans cet art. j’en fus témoin une fois à Saint-Hubert. IL y arriva accompagné des ducs de Gontaut, d’Ayen, de Coigny, de la Vallière, de Fleury, du prince de Beaufremont et du marquis de Polignac. La scène eut lieu dans le salon. Le comte de Croismare, le chevalier de Brusse, écuyers cavalcadours ; le chevaleir de Saint-Sauveur, le marquis de Montmorency, chefs de brigade des gardes du corps, et quatre de ses pages y demeurèrent ; personne d’autre n’y eut accès. Des valets de pied apportèrent seulement ce qu’il fallait pour entreprendre les apprêts du dîner, puis ils sortirent.
Le roi se chargea d’accommoder des poulets au basilic ; le duc d’Ayen, de le coction des œufs ; Gontaut, de plusieurs salades ; Coigny de veiller au rôti, Polignac, la Vallière, Beaufremont s’employèrent non moins utilement. Quand tout fut prêt, chacun de ces huit personnages mit sur la table un plat de sa façon. Ensuite ils y servirent eux-mêmes à l’aide de quatre « servantes » placées de deux en deux, sur lesquelles on avait posé toutes les choses nécessaires. Les officiers des gardes-du-corps , les écuyers cavalcadours et les pages assistèrent debout à ce dîner comme simples spectateurs ;
Pendant le repas, le roi offrit du thon à Giverville, un de ses pages : il accepta ; les trois autres reçurent, l’instant d’après, de la main même du monarque, différents mets. Lorsque chacun eut sa part, ils s’établirent sur une grande encoignure du salon, qui leur servit d’entrepôt. De temps à autre, le roi les appelait, augmentait ses bienfaits avec un air de satisfaction ; insensiblement l’encoignure devint trop petite pour les contenir, il fallut en déposer le supplément sur le parquet.
Les jeunes gens mangeaient beaucoup, mais ne buvaient pas. Le roi l’observa en se levant de table ; prenant alors une bouteille de vin, ce qui fut imité par tous les gens de sa cour, il s’approcha d’eux : « Tenez, leur dit-il, buvez. – Sire, répondit le chevalier de Ségonsac, nous n’avons point de verres. » Louis lui apporta le sien, et l’invita à le rincer. « Ah ! sire, lui répartit ce page, que Votre Majesté me permette de boire immédiatement après le plus grand monarque de l’Europe. » Le roi sourit, et de sa main remplit le verre de Ségonsac. Au moment du café, il en versa lui-même à ses pages. Ce genre d’affabilité démontre combien ses vertus étaient simples, naturelles et faites pour attacher.

De La Gorse

Le roi partageait-il aussi libéralement les demoiselles du parc aux cerfs avec ses pages ???


OCTOBRE – semaine 3 – jour 5 – COURRIER DU CŒUR



De Philippe de Luzy à Denise Trémors

12 novembre 18...


      Madame,

Voulez-vous me permettre de me présenter chez vous demain vers cinq heures, et de vous apporter moi-même le petit volume de vers que vous désirez? Le souvenir très agréable de la conversation que nous avons eue à cette soirée où je m'ennuyais - où nous nous ennuyions tant - me pousse à vous faire cette demande; j'ose espérer que vous ne la trouverez pas importune. J'obéis, en vous écrivant, à une impression d'affinité qui m'a donné, l'autre soir, tandis que je vous parlais, le sentiment que nous étions depuis longtemps amis. Je sais qu'il faut se défier des indications de l'instinct, qui sont en général obscures et incertaines; peut-être mon imagination fait-elle seule les frais de tout ceci et avez-vous complètement oublié et la soirée, et le livre, et son propriétaire. Dans ce cas, madame, soyez assez bonne pour ne pas me le faire trop vivement sentir, car j'en souffirais déjà.
je vous prie d'agréer mes respectueux hommages....

STENDHAL - Amitié amoureuse


OCTOBRE – semaine 3 – jour 6 – AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS !

Le monde comme il va

Babouc alla passer la soirée chez un marchand de magnificences inutiles. Un homme intelligent, avec lequel il avait fait connaissance, l’y mena ; il acheta ce qui lui plut, et on le lui vendit avec politesse beaucoup plus qu’il ne valait . Son ami, de retour chez lui, lui fit voir combien on le trompait. Babouc mit sur ses tablettes le nom du marchand, pour le faire distinguer par Ituriel au jour de la punition de la ville. Comme il écrivait, on frappa à sa porte ; c’était le marchand lui-même qui venait lui rapporter sa bourse que Babouc avait laissée par mégarde sur son comptoir. Comment se peut-il, s’écria Babouc, que vous soyez si fidèle et si généreux, après n’avoir pas eu honte de me vendre des colifichets quatre fois au-dessus de leur valeur ?
-Il n’y a aucun négociant un peu connu dans cette ville, lui répondit le marchand, qui ne fût venu vous rapporter votre bourse ; mais on vous a trompé quand on vous a dit que je vous avait vendu ce que vous avez pris chez moi quatre fois plus qu’il ne vaut ; je vous l’ai vendu dix fois davantage ; et cela est si vrai, que si dans un mois vous voulez le revendre, vous n’en aurez pas même ce dixième. Mais rien n’est plus juste ; c’est la fantaisie passagère des homme qui met le prix à ces choses frivoles ; c’est cette fantaisie qui fait vivre cent ouvriers que j’emploie ; c’est elle qui me donne une belle maison, un char commode, des chevaux ; c’est elle qui excite l’industrie, qui entretient le goût, la circulation et l’abondance.
Je vends aux nations voisines les mêmes bagatelles plus chèrement qu’à vous, et par là je suis utile à l’empire. Babouc, après avoir un peu rêvé, le raya de ses tablettes ; car enfin, disait-il, les arts du luxe ne sont en grand nombre dans un empire que quand tous les arts nécessaires sont exercés, et que la nation est nombreuse et opulente. Ituriel me paraît un peu sévère.

VOLTAIRE



OCTOBRE – semaine 3 – jour 7 – QUEL METIER !

Gelée d’octobre,
Rend le vigneron sobre.
-Le savetier-
Charles le Chauve était aussi pauvre en cheveux qu’en culottes ;  il n’avait paraît-il, qu’un seul haut de chausses auquel il fit un accroc. Le vêtement était en cuir et fut habilement raccommodé par les cordonniers de Troyes.  Le roi satisfait leur accorda ainsi qu’à toute la corporation le droit de célébrer la Saint Crépin tous les 25 octobre dans l’abbaye royale de saint Loup.
Saint Crépin est le patron des cordonniers et aussi des bottiers, savetiers etc… puisqu’ autrefois tous les artisans qui faisaient métier de vêtir le pied et de travailler le cuir, étaient réunis sous la seule appellation de cordonnier dont les armoiries représentaient trois alènes d’argent sur fond rouge.

Crépin avait un  frère jumeau nommé Crépinien ; tous deux étaient cordonniers et chrétiens. Contraints de quitter Rome pour échapper aux persécutions, l’empereur Dioclétien les fait poursuivre. Réfugiés à  Soissons, un sbire de l’empereur, Maximien, tente de les noyer, mais ils savent nager. Dans l’eau certes, mais dans  l’huile bouillante ? Dieu les protège, ils réchappent de la friture. Maximien pas découragé leur fait avaler du plomb chauffé à blanc dans l’espoir de les étouffer. La gorge et l’estomac solides des jumeaux résistent à l’indigeste potion. Le tortionnaire à bout d’imagination, retourne aux fondamentaux et les fait décapiter. Cette fois avec succès : les têtes ne se recolleront pas.
Depuis, on dit que les ossements des deux frères, répartis dans différentes églises, auraient le pouvoir de faire marcher les infirmes, ce qui pour des os de cordonniers serait bien la moindre des choses.
Ceux que les saints ne guérissaient pas pouvaient devenir à leur tour cordonniers, métier sédentaire et lucratif, mais redoutable pour les vertèbres. Nombre d’histoires décrivent des cordonniers bossus.
L’apprentissage, qui durait sept ans était parfois fort rude. Le mot « pignouf », qui désignait l’apprenti en témoigne, qui vient du verbe pigner, lequel est synonyme de geindre. Au bout de ces sept ans l’apprenti devenait compagnon, puis après avoir réalisé son chef d’œuvre,  il passait maître et pouvait à son tour molester des apprentis. Lesquels apprentis avaient intérêt à être sages, tout autant que les images collées à la porte de l’échoppe signalée par une enseigne qui représente souvent une Botte d’or sur fond noir.

Populaires entre tous les artisans par leur esprit gai et caustique, spécialistes des commérages plaisants, les cordonniers aiment, dit-on les fleurs et les oiseaux et savent faire chanter les merles. Qu’ils ne détestent pas accompagner.

Métier sédentaire en ville ; car autrefois, dans les campagnes, le savetier comme d’autres artisans était souvent ambulant. Et on parlait tout bas, à son propos, d’Ahasvérus, le cordonnier maudit pour avoir refusé d’aider le Christ à porter sa croix et condamné à errer par le monde pour l’éternité : le Juif Errant est un cordonnier.
C’est pourquoi tant et tant de légendes et de chansons font aussi du cordonnier un être redoutable capable d’ensorceler les souliers et de faire danser jusqu’à la mort celui qui les porte.
Un cordonnier du nom de Pétrus Borel en 1840 affirmait que son métier était ainsi nommé en raison des cors que ses productions occasionnaient à ses clients. Et il est vrai que de tous les artisans qui travaillent à vêtir les hommes, seuls ceux qui habillent leurs pieds ont le pouvoir de nuire au point de les estropier.
Il n’est que de voir sur les podiums des défilés de mode actuels, les malheureuses jeunes filles qui risquent la fracture à chaque pas du disgracieux « cat-walk » ; les chats, amis du calme, qui ne fréquentent jamais ces lieux bruyants et frénétiques, ne sauront jamais, eux si souples et si gracieux, quelle caricature de démarche on leur attribue. Et d’ailleurs il arrive aux infortunées de s’écrouler lamentablement, ce qui n’arriverait jamais à un chat
Cette façon de lever haut en le croisant devant l’autre, un pied accablé de souliers aux talons démesurés et encore alourdi d’un énorme patin, rappelle un ridicule inventé par les élégantes vénitiennes du XVI° siècle qui devaient , pour se déplacer, s’appuyer sur le bras d’un galant, d’un père, d’un mari ou de domestiques. A défaut de tout ce monde, il leur fallait du moins, deux cannes.
On portait encore à Versailles au XVII°  ces sortes de  patins censés protéger de la boue.
Puis progressivement le patin devient talon haut. Louis XIV, qui n’était pas grand, mais aimait à dominer portait des souliers à talons rouges hauts de 10 à 12 cm. C’est à cette époque aussi qu’on a commencé à faire le pied gauche différent du pied droit.

 A partir de là, les progrès seront constants. Tandis que, sur le vieux continent  la profession demeure artisanale, en Amérique,  un cordonnier, Georges Fox , fuyant avec ses amis Quakers les persécutions religieuses a l’idée de copier les mocassins indiens qu’il fait fabriquer en quantités.
Puis en 1792, John Smith cesse de mesurer le pied et fabrique des bottes de différentes tailles, prêtes à emporter.
En 1794, Quincy et Harvey Reed,  vendeurs ambulants tout d’abord, ouvrent le I° magasin de bottes à Boston.
Enfin au XIX° siècle, pour mieux valser, on a besoin de chaussures confortables plates et galbées. L’escarpin de vernis noir inventé vers 1790, devient indispensable pour les messieurs.
A la fin du  siècle, des usines se fondent aux USA, bientôt imitées en Europe, et vers 1850, le commerce de la chaussure prend un départ fulgurant.

Depuis l’époque romaine, c’est à la main qu’on coud les semelles aux chaussures. Mais en 1858, Lyman R. Blake, invente la 1° machine à coudre les semelles. A partir de là, des machines toujours plus perfectionnées arriveront à produire des chaussures élégantes et confortables en grandes quantités.
Cependant la tradition va perdurer pour les chaussures haut de gamme .Actuellement les bottiers travaillent encore comme il y a deux cent ans : les cuirs sont coupés et cousus à la main et les modèles montés sur des formes en bois de hêtre.
Une chaussure d’homme venant de chez le bottier Berlutti aura nécessité pas moins de 250 opérations.

Au temps où les hommes allaient pieds nus la chaussure était un symbole de confort et de richesse qui a fait naître des légendes et des contes : la pantoufle de vair de Cendrillon ; les bottes de sept lieues du Petit Poucet ; celles qui confèrent son autorité au Chat Botté et aussi les maléfiques souliers rouges de Karen chez Andersen. Plus sympathiques sont les lutins qui font la fortune du cordonnier.
Les cordonniers des légendes, comme les violoneux , ont le pouvoir de faire danser jusqu’à la mort celui ou celle qu’ils ont ensorcelé.
Méfiez-vous de vos chaussures elles sont capables des pires indiscrétions. Un soulier neuf, par exemple, qui grince quand vous marchez, révèle que vous ne l’avez pas payé.

Si la sandale, qu’on voit aux pieds de toutes les statues du pourtour de la Méditerranée, est la forme la plus ancienne de chaussure,  on a crée depuis bien d’autres types de souliers, plus ou moins couvrants, plus ou moins confortables.
Les femmes partagent désormais avec les hommes, le richelieu et le derby,  montants et lacés.
Les messieurs ne portent d’escarpins vernis que le soir et plats ; ils nous laissent les hauts talons et le sling qui est aussi un escarpin mais au talon découvert, si bien illustré par Chanel. Les ghillies préfèrent toujours le kilt mais sont sortis des frontières d’Ecosse en passant aux pieds des femmes.  Les bottes, boots, loafers, et mocassins, demeurent androgynes. Quand aux babies,  charles IX, et salomés, ils restent résolument féminins.
Mais qui a prétendu que les chaussures fantaisie étaient réservées aux femmes, alors que les hommes ne porteraient que des souliers classiques ?
Au XVII° siècle les hommes n’hésitaient pas à porter des rosettes hors de proportions, de même que les ridicules poulaines du XV° ne se voyaient que sur des pieds masculins..
Au XVIII° siècle les boucles qui ont remplacé les rosettes étaient de véritables bijoux que ne dédaignaient pas les élégants.
Plus près de nous, au pays des cow-boys, le bottier Texan Lucchese déborde d’imagination: on a pu voir chez lui 48 paires de bottes en cuir avec incrustations de reptile, figurant les symboles et le drapeau de 48 états.
Toutefois, la transformation du cordonnier en « bottier » tel que nous le connaissons n’est pas si récente.  Longtemps, les riches clientes des « grands couturiers » eurent recours à des cordonniers habiles qui travaillaient vite et pouvaient fournir une paire de chaussures dans la semaine : Ferry, rue de la Grange Batelière ou Chapelle rue de Richelieu. Ils lançaient des styles et créaient des modèles originaux pour les femmes qui s’habillaient en Haute Couture.
C’est en 1855 que Pinet, fils d’un cordonnier de province s’établit à Paris ; il invente un talon plus fin et plus gracieux que le talon traditionnel et garde sa vogue jusqu’au milieu des années 30. Il existe toujours Bld de la Madeleine, un magasin à son enseigne mais qui n’a plus grand-chose à voir avec le luxe et la botterie.
C’est à la suite de Pinet que viendront Yanturni, Perugia, Ferragamo, Roger Vivier puis Harel..
Mais ceci est une autre histoire qui peut-être mérite d’être aussi contée.




OCTOBRE – semaine 4 – jour 1 – US ET COUTUMES

Au jour de la Sainte-Ursule,
L’été d’un mois recule.

LES NOMBRES : LE DIX

Les Pythagoriciens considéraient le dix comme un nombre sacré entre tous car représentant la création universelle. Il a pour la même raison une grande importance chez les Bambaras. En Inde, le code de Manou compte dix règles morales et les bouddhistes dénombrent dix vertus transcendantes.
Pourtant, s’il est moins important dans la tradition judéo-chrétienne, il n’est pas sans signification. Nous avons les dix commandements, les dix plaies d’Egypte est le dragon de l’Apocalypse est orné de dix cornes.


OCTOBRE – semaine 4 – jour 2- CONTE

A la Saint-Vallier,
Le bois est au bûcher.


-Dyonisos-

Sémélé était  mortelle ; une mortelle imprudente. Aimée de Zeus,  il lui vint désir de contempler son amant dans toute sa gloire. Or nul ne pouvait regarder le Roi des Dieux sans y laisser sa vie. Lui, dans l’émerveillement et l’innocence d’un amour tout neuf, avait juré par le Styx – le terrible serment qui ne peut se rompre – d’accorder à Sémélé tout ce qu’elle lui demanderait. Cruel dilemme ! Contraint par son serment et en dépit de sa douleur, Zeus apparut à son amante, environné d’éclairs et dans le fracas du tonnerre. Sémélé en mourut de frayeur, tout en mettant au monde un enfant.  Zeus  confia l’orphelin dont il était le père  à son fidèle Hermès.  Le Messager l’emporta jusqu’en Mauritanie où il chargea les filles du roi Atlas,  d’élever l’enfant.

Le jeune  Dyonisos grandit, heureux, choyé par ses nourrices qu’il  voulu plus  tard, devenu dieu, rendre immortelles. Il en fit des étoiles,  les Hyades qu’on peut toujours admirer au firmament.
Le temps venu pour lui de s’instruire, Hermès et Zeus lui envoyèrent les Muses. Son précepteur ensuite, fut  le vieux Silène. Il était gros, il était gras, buveur impénitent Voyez-le, toujours assis sur un tonneau et coiffé de pampres de vigne ; Sans cesse, la coupe qu’il tient en main se remplit, et sans cesse, Silène la vide. Quand il veut se déplacer, il quitte son tonneau et écrase de son poids le malheureux âne sur lequel il a bien du mal à rester en équilibre.

C’est ainsi que Dionysos, doté par les Muses de tous leurs talents, hérita également de ceux de Silène : la joie, la gourmandise, le goût de la fête et  des excès. De Zeus son père, il eût la force et le courage et quand le roi des Dieux entra en lutte contre les Titans, alors que tout l’Olympe était réfugié en Egypte, les dieux soigneusement camouflés sous l’apparence d’animaux, seul Dionysos resta aux côtés de son père et tous deux mirent les monstres en déroute.
Entraînant à sa suite une cohorte de gens de tous âges, de tous sexes, de toutes conditions, Dyonisos parcourut en vainqueur tout l’univers alors connu. En Inde, en Asie, partout, il laissa la trace d’une brillante civilisation. Il était pacifique ; jamais il n’armait les hommes, il leur donnait au contraire des thyrses et des bambous ; il leur enseignait à labourer la terre et surtout, surtout à cultiver la vigne.
Pas de luttes, pas de guerres, enseignait-il, buvez, chantez, dansez ,aimez…

C’est en revenant à Naxos, où il était né, qu’il rencontra  Ariane, désespérée par l’abandon de l’ingrat Thésée. Voyez donc comme il est sot de pleurer pour un homme : Ariane délaissée par un mortel , fut aimée d’un Dieu. Dyonisos lui donna une couronne d’or et la prit pour épouse. A sa mort, il lui offrit  comme aux Hydes , une place au firmament, sous le nom de « Couronne d’Or ».

Plus tard, les romains firent de Dyonisos , Bacchus et le fêtèrent de façon moins innocente. Au cours de ces Bacchanales, les prêtresses, lMénades ou Bacchantes, vêtues de peaux de tigre, les cheveux épars couraient dans les montagnes et les vallées portant des thyrses et des flambeaux.
Malheur à qui refusait de les suivre, malheur à qui repoussait leurs avances. Penthée, roi de Thèbes eut la mauvaise idée d’interdire à ses sujets de participer à ces fêtes.  Dyonisos le livra aux Ménades qui le mirent en lambeaux.

Des princesses de Thèbes, filles de Minée, refusèrent elles aussi de participer aux fêtes. Au lieu de boire, de danser, elles s’occupaient à broder, à tapisser ; pire ! elles voulurent en faire plus qu’à l’accoutumée, bousculant et pressant leurs esclaves. En dépit des exhortations de leurs parents affolés, elles refusèrent de quitter leur ouvrage, et de plus firent des gorges chaudes de l’accoutrement des Ménades débraillées. Bacchus porte des cornes, symbole de sa puissance. Il est jeune, beau, imberbe ; ses cheveux tombent sur ses épaules : il sourit, mais on peut voir dans ses yeux passer la démesure, la cruauté, la folie.
Couronné de pampres qui enivrent et de lierre qui dissipe les brumes du vin, il tient d’une main une coupe, de l’autre un thyrse. Quand il n’est pas comme Silène assis sur un tonneau, les épaules couvertes de la dépouille d’un léopard, il voyage dans un char tiré par des tigres ou des panthères.
Vignerons, pour qu’il vous accorde ses faveurs, pour que vos vendanges soient belles, sacrifiez-lui  les pies bavardes, car le vin peut rendre indiscret , ou bien encore de ces boucs, qui viennent brouter les bourgeons de vos vignes.



OCTOBRE – semaine 4 – jour 3 - Rimes sans raison

A la Saint-Vallier,
Le bois est au bûcher.


JARDIN D’  AUTOMNE





Adieu mon jardin d'été,
Le vent du nord t'a emporté.
Les feuilles mortes tourbillonnent,
Bonjour mon jardin d'automne.

Souris, mulots et campagnols,
Ont croqué les noix sur le sol.
Etourneaux, merles, tourterelles,
Nous ont volé les mirabelles....

Sont envolées les hirondelles,
Le cerf brame au fond des bosquets
Il va geler sur les prunelles
Et les châtaignes sont tombées…

Voici le temps des feux de bois,
Des brouillards effaçant la plaine.
Mon cœur est triste et il fait froid.
A qui donc raconter ma peine ?









OCTOBRE – Semaine 4 – Jour 2 – DE TOUT UN PEU

Octobre est bon,
S’il est de saison.

L’OEILLET




Réfléchissez bien avant d'offrir des oeillets. Bien des gens s'en méfient, les artistes surtout!
Cette superstition vient-elle de la cruelle origine qu'on lui attribue?
Diane l'inconséquente avait l'habitude de se baigner nue et détestait qu'on la regarde. Un jeune berger l'avait surprise à sa toilette. Pour le punir, la cruelle lui arracha les yeux qu'il avait fort beaux. Elle s'en amusa un moment.
Puis, vaquant à d'autres occupations et ne sachant plus que faire de ces jouets qui ne l'amusaient plus, elle les jeta au hasard dans un jardin. Les yeux prirent racine, poussèrent et fleurirent.
Le langage de l'oeillet change avec sa couleur: blanc, c'est l'amour fidèle; panaché: je ne veux pas aimer; rose chair, l'amour sensuel; rouge, l'énergie.
Prenez garde à l'oeillet couleur ponceau: sous la Terreur, les aristocrates montant à la guillotine en portaient un à la boutonnière. Il signifie depuis l'horreur.
Trève de superstitions, soyons pratiques : un bouquet d’oeillet attaché sur un arbre fruitier détruira les perce-oreilles tentés de ravager vos récoltes.












OCTOBRE – Semaine 4 – jour 5 – C’EST POUR RIRE-

Mieux vaut faire le fou,
Que labourer en temps mou.

LA SCIENCE EN MARCHE


Le professeur Théodore Gouldebaum, l’éminent philafilologue, titulaire, en Sorbonne, de la chaire d’entrecôtologie comparée, vient, au cours d’une remarquable communication de bouche à oreille, d’établir la différence de formule chimique existant entre le caramel dur et le caramel mou dont, jusqu’à ce jour, l’identité était, faute de mieux, admise sur la base équivoque d’un vasif postulant. Voici les conclusions du professeur Gouldebaum :

Formule du caramel dur :
FM2- CH + 3P + 6E + 4X2 (6C)

Formule du caramel mou :
CH3 – N = L2 + 2NF – NO2H (4B)

Cette mise au point met enfin en lumière l’alternance des épiphénomènes physio-psychopathiques masticatoires dont le mécanisme n’a été que trop longtemps tenu dans une regrettable obscurité.
D’autre part, le professeur Théodore Gouldebaum poursuit inlassablement ses travaux en vue de l’établissement de la formule du caramel demi-souple et de celle, plus compliquée, du caramel demi-dur.

Pierre DAC – L’os à moëlle.








OCTOBRE – Semaine 4- Jour 6CE SOIR JE SERAI LA PLUS BELLE


Quand la lampe met son chapeau,
Le vent porte l’eau par seaux.

LE BEAU TEINT-


Le joli teint couleur d’abricot que vous avait offert le dernier été est en train de virer à la figue sèche !!! Pas de panique, pas de problème… que des solutions .
Pour commencer buvez et pas que de l’eau… pas d’alcool non plus, je vous vois venir… Non, faites plutôt une cure de pamplemousse et de concombre. Comment ? Fastoche :
Au petit déjeuner, passez à la centrifugeuse un concombre et un pamplemousse additionnés d’une branche de persil. Au bout d’une semaine, vous devriez vous sentir plus fraîche.
Ne vous endormez pas sur ce beau résultat et entretenez vos joues roses tout au long de l’année.

Si vous avez la peau grasse, faites infuser 15gr de feuilles de menthe dans 250ml d’eau de source ; laissez macérer deux heures, filtrez et mettez la « jolie bouteille » au réfrigérateur.

Pour une peau sèche, il faut prendre 15gr de feuilles de romarin ou de fleurs de camomille que vous laisserez infuser deux heures dans 250ml d’eau de source. Comme précédemment, filtrez, mettez en bouteille et gardez au réfrigérateur.

Bien que par temps froid on ne le montre guère, n’oubliez pas votre corps : ajoutez dans votre bain, une infusion concentrée de 100gr de fleurs de mauve pour un litre d’eau…

Et zou !!! une fois encore, vous serez la plus belle !










OCTOBRE – Semaine 4 – Jour 7 – LE PARTRIOLE

Vilaine veille de Toussaint,
Ne présage rien de  bien !






Le dixièm’ mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Dix poules pondant,
Neuf bœufs avec leurs cornes,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courant,
Six lièvres aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quatre canards volant en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole
Qui vole dans ce bois.