Chascun scait, ma
saison est belle :
Je suis le mois de
juing nommé,
Qui fais tondre, la
chose est telle,
Brebis, moutons a grant
planté.
En tout temps doit
estre loué
Celuy qui tant de biens
envoye,
Car en mon temps, c’est
vérité,
Abondent tous biens a
monjoye.
Le Khâlendrier des
Bergiers
Semaine
1 Jour 1 US ET COUTUMES
Un pré est bien vaurien
Qui en juin ne donne
rien.
LES FAISEURS DE PLUIE
Juin doit son nom à Junon, la majestueuse épouse et
sœur de Jupiter.
Si la Vierge Marie durant le mois de mai a contraint
les fiancés à la plus chaste réserve, Junon en revanche, offre son mois de juin
aux nouveaux mariés.
L’épouse par excellence patronne les unions
légitimes.
Oui, mais voilà : les larmes que lui fait
verser le volage Jupiter se répandent en averses intempestives sur les fêtes
champêtres.
Médard, Barnabé, Protais, Gervais, Landry… Cette
cohorte de saints faiseurs et défaiseurs de pluie montre bien à quel point juin
est un mois sans foi ni loi, qui ne se sent jamais obligé de tenir ses
promesses.
S’il accueille les mariages repoussés en mai, c’est
pour mieux arroser les cérémonies et attaquer les poumons et les toilettes
aériennes, des mariées, de leurs belles-mères et des demoiselles d’honneur. Il
ruine le cuir fragile de leurs sandales claires sans omettre au passage de leur
mouiller les pieds et rabat le caquet des chapeaux insolents.
Semaine 1 Jour 2 CONTE
Pluie de Saint – Réverien,
Belles avoines et maigre foin.
Juin, comme son nom l’indique est consacré à Junon, que les Grecs
appelaient Héra.
Héra est la
première parmi les déesses de l’Olympe, et comme telle, l’épouse de Zeus, le
Roi des Dieux. On dit aussi qu’elle est
sa sœur.
Est-ce la raison pour laquelle elle refusa tout d’abord ce divin prétendant, ou
bien parce qu’avant elle il avait eu déjà deux épouses , ce qui est un motif
suffisant pour faire réfléchir une jeune fille raisonnable.
Toujours est-il que Zeus, Roi des Dieux, fut refusé par Héra. Refus qui
ne le troubla guère. Quand Zeus convoite une femme, mortelle ou déesse, il sait
se donner les moyens de l’obtenir. Il usa, cette fois encore, d’un moyen qui
lui avait toujours réussi: la métamorphose.
Il choisit l’apparence d’un modeste coucou ; un pauvre petit
coucou grelottant et mouillé, les plumes hérissées de froid.
La toute jeune déesse n’était
pas encore cette Héra dont l’image altière traversera les siècles.
Emue, elle prend l’oiseau transi
et le réchauffe entre ses seins. Zeus alors, fou de désir, redevient lui-même
et enlace Héra qui, effrayée, indignée, tente de le repousser. Mais partant du
principe qu’une femme souvent dit non en pensant oui, le Dieu passe outre,
déchire sa tunique et la force à subir un sort que certaines hypocrites
décriront plus tard comme « pire que la mort ». Mais comme Héra est immortelle,
elle accepte ce sort et, convaincue par ces arguments sans réplique, accepte enfin de l’épouser.
Une noce splendide, au Mont
Atlas, dans le jardin des Hespérides où la déesse fera planter l’arbre aux
pommes d’or offert par Rhéa en présent nuptial ; arbre qui sera à
l’origine de bien troublantes histoires.
En attendant, les nouveaux époux partent à Samos pour une lune de miel
qui durera 300 ans ; nous sommes chez les Dieux , n’est-ce pas ?
La jeune mariée se révélera jalouse, et même violente, mais qui ne le
deviendrait avec un époux tel que Zeus, qui passe son temps à trousser déesses
et mortelles, sans parler des nymphes et autres créatures tentantes.
Pour le retenir, elle emprunte la ceinture d’Aphrodite. Mais le charme
est de courte durée.
Alors Héra devient vindicative et poursuit de ses maléfices les amantes
de Zeus et leur bâtarde progéniture. Lui, use de subterfuges pour les protéger
mais n’hésite pas à user de sa foudre quand il le juge nécessaire. Les scènes de ménage font vibrer tout
l’Olympe. Il est vrai que l’enfance du couple fraternel fut chaotique :
avalés puis régurgités par leur père,
enlevés et cachés par leur mère, confiés à d’improbables et étranges
nourrices. De tels débuts dans la vie ne prédisposent pas à la douceur.
Héra pourtant n’est pas insoupçonnable, et Zeus fait semblant de la
croire quand elle raconte avoir conçu Arès avec une fleur d’Aubépine.
Il leur arrive aussi, dans les temps d’accalmie, de discuter paisiblement. Zeus écoute les
conseils de son épouse, lui confie
parfois des secrets, mais il reste méfiant : il n’oubliera jamais qu’elle
s’est alliée aux autres Olympiens pour
conspirer contre lui.
On les voit philosopher sur des questions essentielles, et c’est ainsi
que se glissa entre eux ce passionnant sujet de débat : le plaisir
amoureux. Qui de l’homme ou de la femme jouit le plus intensément pendant
l’amour ? Qu’ils soient d’accord vous aurait surpris ? Ne le soyez
pas, ils ne le sont pas !
C’est la femme, soutient Zeus.
Bien, évidemment non, c’est l’homme, le contrarie Héra.
Et chacun d’avancer ses arguments sans parvenir à convaincre l’autre
Impossible de se mettre
d’accord ; il faut un arbitre. Un seul être dans leur monde était capable
de trancher le débat : Tirésias .
Tirésias était connu pour avoir dans sa jeunesse perturbé les amours de
deux serpents, des serpents quelque peu sorciers qui, pour punir le gêneur l’avaient changé en femme. Il resta femme pendant sept
ans jusqu’au jour où rencontrant à nouveau deux serpents amoureux, il ne pût
s’empêcher de troubler à nouveau leurs ébats. Furieux les serpents- c’étaient
les mêmes mais il n’avaient pas plus reconnu Tirésias que Tirésias ne les avait
reconnus- jetèrent leur sort qui rétablit l’indiscret dans sa forme première.
Il était donc le seul être au monde qui pour avoir eu les deux natures
était à même de les départager.
Tirésias répondit que si le plaisir se pouvait diviser en dix parties,
la femme en possédait neuf et l’homme une. Héra le savait fort bien mais
c’était là son secret et Zeus devait l’ignorer .Furieuse de le voir révélé,
elle prive Tirésias de la vue et Zeus pour adoucir la peine lui donne le don de
prophétie.
Semaine 1 Jour 3 PAR ICI LA BONNE SOUPE
A la Sainte Clotilde, de fleur en buisson,
Abeille butine à foison.
LES CONFITURES-
Les fraisiers sont paresseux, les framboisiers capricieux et
les merles se jettent sur les groseilles.
Ca fera peu de confitures ! Que pour raisons diététiques, vous avez allégées en
sucre.
Et, pas de chance, ce peu est trop liquide.
Pas de panique ! Vous avez, je n’en doute pas, bouché vos pots comme Nablement
– Nablement, vous savez, cet être extraordinaire qui fait tout « comme il faut
». d’où l’expression : « Tiens-toi comme Nablement. »
Nablement remplit ses pots de confiture bouillante, les bouche aussitôt et les
retourne. Quand ils sont froids, il les remet à l’endroit, tel le roi Dagobert,
sur les conseils de saint Eloi, sa culotte.
Cette opération a pour but d’éviter les moisissures (de vos confitures, ce qui
se passe dans la culotte de Dagobert n’est pas le propos d’aujourd’hui.)
Gardez ces pots de confiture au réfrigérateur.
Faites du riz au lait en évitant exceptionnellement cannelle et autres épices
exotiques qui s’ajouteraient indiscrètement au parfum des fruits et servez avec
quelques cuillers de confiture liquide.
Semaine 1 Jour 4 MOTS D’
AUTEUR
A Sainte Emma,
Tes fourrages en bas
"Pour
chaque malade qui vient me trouver et qui souffre vraiment, il s'en présente au
moins cinq qui n'ont absolument rien si ce n'est une incapacité totale de vivre
en bonne intelligence avec ceux dont
ils
partagent le toit. Ils appellent cela de tout ce qui leur passe par la tête -
de l'hydarthrose du genou à la crampe des écrivains, mais c'est toujours la
même chose, l'irritation produite par le frottement d'une personnalité contre
une autre."
Agatha
CHRISTIE - La vivante et la morte-
Semaine 1 Jour 5 LE PANIER DE LA GLANEUSE
Prépare autant de tonneaux
Qu’il y a en juin de jours beaux.
QUELLE HEURE EST-IL ?
Il arrive à la glaneuse , passionnée par ses recherches d’oublier
l’heure. Il est rare également qu’elle pense à s’équiper d’une montre.
Heureusement la nature pense à tout et les fleurs indiquent à qui sait les
observer à quel moment de la journée nous sommes.
Le premier, le sainfoin s’ouvre à minuit.
Puis le lys, insomniaque, vers deux heures entr’ouvre un pétale.
A trois heures, le souci des champs fronce sa corolle ; le liseron
à quatre heures commence à onduler et quand vous voyez le pavot s’ouvrir, c’est
qu’il est six heures.
Le nénuphar, pour s’éveiller attendra les cloches de l’Angélus de sept
heures. Une heure plus tard, on découvrira que le mouron est bien rouge et que
c’est l’heure du café ; pour le casse-croûte, on attendra le volubilis,
rouge également.
Vers onze heures c’est l’ornithogale qui justifiera son surnom de
« dame d’onze heures », puis le bouillon blanc vous dira qu’il est
l’heure de rentrer et de se mettre à table.
A treize heures , le liseron qui s’est levé tôt se referme pour la
sieste et rien ne vous empêche d’en faire autant.
C’est la chicorée sauvage qui vers seize heures vous dira que peut-être
il est temps de se remettre au travail.
Et notre journée s’achève quand commence celle de la reine des prés,
vers 21 heures.
Semaine 1 Jour 6 LA MUSE S’AMUSE
A la Saint Claude, regarde ton seau,
Tu ne le verras pas plus haut.
SONNET
Ma vie a son secret, mon âme a son
mystère,
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir; aussi j'ai du le
taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien
su.
Hélas! J'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant
solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps
sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien
reçu.
Pour elle, quoique dieu l'ai faite douce
et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans
entendre
Ce murmure d'amour élévé sur ses pas.
A l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis
d'elle:
"Quelle est donc cette femme?"
et ne comprendra pas.
Félix ARVERS
Semaine 1 Jour 7 Y’A UN TRUC
En juin trop de pluie
Et le grenier vide s’ennuie.
LE VINAIGRE DES QUATRE VOLEURS
Nous sommes en1630. Dans Toulouse ravagée par la peste, quatre
hommes pillent les maisons désertées et détroussent les cadavres. La maladie a
décimé la presque totalité de la population, pourtant la contagion n’atteint
pas les quatre malfrats.
Il reste encore assez de
maréchaussée en bonne santé pour les arrêter,
assez de magistrats pour les juger.
Condamnés à mort, ils échangent leurs vies et leur liberté contre le secret
de leur immunité. C’est une lotion à base de plantes qui est connue depuis sous
le nom de Vinaigre des Quatre Voleurs.
De nos jours et dans nos
contrées, la peste ne menace guère, mais ce vinaigre soulage bien d’autres
maux, la grippe par exemple, si vous en prenez une cuiller à café diluée dans
un verre d’eau plusieurs fois par jour. Et de plus, en frictions, elle évite la
contagion.
Pure ou diluée, elle désinfecte
les plaies, élimine les poux et les lentes.
En compresses, elle résorbe les bosses, calme les démangeaisons
de toutes natures telles que piqûres d’insectes, ou urticaire. Elle fait disparaître l’acné et les
aphtes, calme la fièvre, les maux de
tête, les rhumatismes et les crampes, et ranime les évanouis.
C’est une lotion capillaire qui
élimine les pellicules, fait briller et
donne du volume à la chevelure.
Elle est tonique sur le visage et
le corps.
En vaporisation, elle purifie
l’atmosphère.
Elle désinfecte les outils et les
litières des animaux.
Naturellement, vous voulez la
recette de cet élixir magique : elle est simple.
Il vous faut un bocal dans
lequel vous verserez :
1l de vinaigre de cidre, auquel
vous allez ajouter
20gr de : absinthe, lavande,
menthe, romarin, sarriette, rue, sauge, acide citrique.
3gr . de poudre de :
cannelle, girofle, muscade.
3 gousses d’ail
5gr. camphre.
Vous mélangez et laissez macérer
3 semaines au bout desquelles vous
filtrez. Remplissez –en de jolis flacons, calligraphiez des étiquettes
et dormez sur vos deux oreilles en songeant au nombre de maux contre lesquels
vous êtes immunisés.
Semaine 2 Jour 1 US et COUTUMES
S’il pleut à la Trinité
Il pleut tous les dimanches de l’année .
MEDARD ET BARNABE
Et s’il pleut à la Saint Médard… à moins que Barnabé…
Juin est le mois des dictons pluvieux ; c’est aussi le mois de la
fenaison et pour que le foin soit beau, il vaut mieux que le temps soit sec.
Néanmoins, si Médard a pleuré, en attendant Barnabé mettez vos bas à
l’envers, habitude propre à faire changer le temps.
Qu’il pleuve ou non, le jour de la St Médard, allez dans votre potager
armé d’un balais et touchez-en vos légumes. La vermine effrayée s’enfuira pour
ne plus revenir.
Une légende bretonne raconte que Médard était marchand de
parapluies ; une année de beau temps, voyant son commerce péricliter, il
pria Dieu de lui envoyer la pluie.
Dieu qui se moque assez du temps qu’il fait l’exauça, sans imaginer un
instant qu’il ruinait Barnabé, marchand d’ombrelles sur le trottoir d’en face.
A son tour Barnabé implora le Seigneur que fit aussitôt revenir le
soleil.
Mais alors Médard…. Et Dieu lassé, depuis les laisse se débrouiller…
Semaine 2 Jour 2 CONTE
Saint Médard, grand pissard,
Fait boire le pauvre comme le richard
SAINT MEDARD-
Dans les années 500 de notre ère, un manant se lamentait au bord du
chemin : son vieil âne venait de mourir. Qu’allait-il devenir privé de son
compagnon de travail ?
Un jeune garçon d’une dizaine d’années environ qui chevauchait un
puissant destrier, mit pied à terre et offrit sa monture au pauvre homme, puis
regagna à pied le château de son père. Furieux de savoir un de ses meilleurs
chevaux dans les mains d’un vilain, le seigneur Nector envoya ses gens
récupérer la bête. La pluie se mit alors à tomber si dru qu’il fut impossible à
quiconque de mettre le nez dehors.
Le jeune Médard venait d’accomplir le premier des miracles pluvieux qui
devaient faire sa réputation.
Plus tard, devenu prieur d’une petite abbaye de campagne, Médard
volontiers distrait, oubliait souvent de fermer portes et fenêtres. Aussi tous
les chapardeurs du pays ne se gênaient-ils pas pour en profiter et lui voler
ses œufs, son miel et les fruits du verger. Aussi généreux qu’étourdi, il ne
songeait jamais à les punir au grand dam de ses frères.
Médard aimait par-dessus tout faire de longues marches dans la campagne,
et, dès qu’il le pouvait, quand il avait accompli toutes ses tâches, il
parcourait le pays alentour souvent accompagné de quelques moines amis.
Par un beau jour de juin, au ciel bleu sans nuage, dans le parfum des
roses enlacées aux branches des arbres fruitiers, Médard quitta ses vergers et
accompagné de deux frères, partit pour
un longue promenade à travers les champs et les bois. Ils avaient emmené une
collation de pain et de fromage car ils ne pensaient pas rentrer avant le soir.
Les trois moines devisaient joyeusement et la conversation était si
passionnante qu’ils ne mesuraient pas le chemin parcouru.
Ils arrivèrent ainsi au pied d’une colline du sommet de laquelle ils
auraient pensaient-ils une vue superbe sur les terres de l’abbaye et le pays environnant.
Ils entamèrent joyeusement l’escalade.
Arrivés dans un bosquet de pins proche du sommet, ils ressentirent les
premières gouttes d’une averse que rien ne laissait présager. A travers les
branches, ils aperçurent la plaine où un violent orage venait d’éclater.
Poussés par un vent violent, les lourds nuages plombés venaient droit sur eux
accompagnés de roulements de tonnerre et zébrés d’éclairs incandescents. Voyant
le feu du ciel près de s’abattre sur eux, les compagnons de Médard, pris de
panique, dévalent en courant la colline pour aller chercher refuge dans leur
cher couvent.
Médard, lui, fasciné par la beauté du spectacle offert par le ciel,
écoutait la symphonie du vent dans les feuilles, du crépitement de la pluie sur
le sol, accompagnés de la grosse caisse qui tonnait au-dessus des nuages. Son
cœur enfin rassasié de tant de beauté, il songea à rejoindre ses frères et sans
hâte, pris le chemin qui descendait vers la plaine.
Les trombes d’eau avaient formé des torrents de chaque côté du
sentier ; les feuilles ruisselaient secouées par le vent, Médard cheminait
semblant ne s’apercevoir de rien.
Il retrouva devant la porte du couvent ses deux frères trempés
jusqu’aux os. Leurs yeux écarquillés suivaient vers le ciel la direction que
montraient leurs index tremblants.Que voyaient-ils qui les frappait à ce point
de stupeur ?
Médard, sa robe de bure complètement sèche, était survolé par un aigle
aux ailes immenses déployées au-dessus
de sa tête. Le grand oiseau l’avait abrité tout le long du chemin, et préservé
de l’orage qui, d’ailleurs, cessa bientôt.
Médard ému tendit au rapace son poing sur lequel il vint se percher, et
pour le remercier de sa sollicitude lui donna le pain et le fromage auquel il
n’avait pas touché. Depuis ce jour, Médard partit pour ses randonnées sans
jamais songer à se prémunir contre les intempéries.
A la moindre goutte d’eau, l’aigle prenait son envol et étendait ses
ailes au-dessus de Médard qui cheminait ainsi toujours à l’abri.
Semaine 2 Jour 3 LE JARDIN
EXTRAORDINAIRE
Ce que Saint Médard a fait,
Saint Barnabé le défait.
La Rose-
« De mémoire de rose, on n’a jamais vu mourir un jardinier ».
Ainsi parlait la fleur chérie du Petit Prince.
Aussi, jardiniers, mettez des roses dans vos parterres…
« Roses de toutes sortes, rêveuses sans repos, qui ne dormez jamais tant
votre odeur est forte » disait un autre poète dont le nom ne me revient
pas.
Les poèmes qui chantent les roses, sont aussi nombreux que celles
qu’ils célèbrent. Roses de toutes couleurs, de toutes senteurs ; rosiers
grimpants, rosiers buissons, roses thé, roses choux, roses pompons, cuisse de
nymphe et même, cuisse de nymphe émue… toutes descendent de l’églantine, la
« Rosa Canina » dont Charlemagne encouragea la culture car elle
guérissait de la rage.
C’est au XIII° siècle que Thibaut IV de Champagne, le poète, rentrant
des croisades fit planter aux environs de sa bonne ville de Provins , la Rose
de Damas, qui n’était autre en fait que la Rosa Gallica connue en Europe depuis
la plus haute antiquité. Devenue la Rose de Provins, elle fleurit encore nos
jardins et de nombreux espaces publics, après avoir donné ses gênes à toutes
ces roses qui nous émerveillent.
Car la Rose, reine des fleurs est comme toutes les vraies aristocrates
d’une grande simplicité. Elle est robuste et de culture facile. Ni le froid, ni
les grandes chaleurs ne la rebutent. Si elle aime une bonne terre de jardin
bien amendée, une « terre à blé » plutôt argileuse lui conviendra
tout aussi bien. Comme toutes les fleurs elle apprécie un bon arrosage – le
soir et au pied de préférence- mais le manque d’eau s’il la rend moins belle ne
la fera pas mourir.
Ni les grands froids, ni les grandes chaleurs ne lui sont funestes. Les
pucerons, l’oïdium, dévasteront ses fleurs et ses feuilles, mais après l’avoir
bien taillé, votre rosier repartira vigoureusement l’année suivante. La rose
sait se comporter dans toutes les situations.
Des champs entiers de roses destinées à la parfumerie sont cultivés
dans la région de Grasse et l’on ne peut se dispenser d’avoir à la maison un
flacon d’eau de rose qui sert aussi bien à rafraîchir le visage qu’à parfumer
certains desserts.
Car la rose ne se contente pas d’être belle et d’embaumer, elle est
aussi délicieuse en friandise. Avez-vous goûté des loukoums à la rose ?
Effeuiller quelques pétales dans un infusion, non seulement la parfume, mais
encore la rend astringente et contribue à calmer les maux de gorge . Louis
XI prenait des bains dans lesquels flottaient pétales et boutons de roses.
Et comme la rose est aussi la fleur des amoureux essayez ce délicieux
« Confit des Amants » .
Il vous faut 500gr. de pétales de roses, 20gr. de cannelle fraîche et
50gr. de racines de gingembre que vous jetterez dans un litre d’eau et 800gr.
de sucre pour en faire un sirop. Laissez infuser 12 heures, filtrez et faites
bouillir le sirop cinq minutes de plus afin de bien le concentrer.
Remettez les ingrédients que vous laisserez macérer douze heures de
plus.
Recommencez l’opération deux fois de plus et versez la préparation
obtenue dans de petits pots étanches…
Puis goûtez, sautez, dansez et embrassez qui vous aimez…
Semaine 2 Jour 4 QUELLE HISTOIRE
Le soleil de Saint Barnabé
A Saint Médard casse le nez.
LA GIRAFE
La foule qui se pressait le long des rues menant au Jardin des
Plantes, était aussi dense que celle des
curieux et badauds qui s’était attroupée au long des routes de Marseille à
Paris durant tout ce mois de juin 1827.
Quel étrange cortège ces populations venaient-elles admirer ?
Précédée de gendarmes relayés à chaque canton ; suivie de trois
vaches laitières assurant les 20 litres de lait indispensables à ses biberons
et d’une escouade de valets et palefreniers ; tenue en longe par quatre
Nubiens en costume d’apparat ; tout ce monde cornaqué par le conservateur
de Jardin des Plantes, Monsieur Geoffroy Saint-Hilaire et ses rhumatismes,
s’avançait d’un pas digne et gracieux, Zarafa, jeune girafonne offerte au roi
Charles X par Mehemet-Ali, pacha d’Egypte.
Partie d’Afrique sur un navire dans le pont duquel on avait du ménager
une ouverture pour le long coup de cette inusitée passagère, elle avait
débarqué à Marseille où elle avait hiverné.
Le beau temps revenu, les 800 km de l’itinéraire qu’il lui faudrait
parcourir à pied, à raison de 20km par jour, avaient été préparés avec autant
de soin que s’il se fut agi du Pacha en personne. Même on lui avait
confectionné, en raison des facéties météorologiques de messieurs Médard et
Barnabé, un manteau imperméable en toile gommée, avec capuchon.
En son château de Saint-Cloud, le roi piaffait d’impatience et trouvait
regrettable que son bon peuple de
Provence, de Bourgogne ou d’Ile de France puisse avant lui admirer
« sa » girafe. Il eut aimé suivre Stendhal à la rencontre de
l’exotique animal. Mais l’acariâtre duchesse d’Angoulême, gardienne rigoureuse
de l’étiquette, lui remontra que : « C’est à la girafe d’être
conduite au roi, et non pas au souverain de se précipiter comme le vulgaire au
devant du cadeau qu’on lui fait ! ».
Aussi le malheureux souverain dut-il attendre le 9 juillet pour enfin
caresser le long cou de la belle voyageuse.
Zarafa fut établie au Jardin des Plantes d’où elle lança toutes sortes
de modes plus ou moins saugrenues. On dit même qu’un gardien nonchalant à qui
l’on demandait des comptes sur son emploi du temps, répondit qu’il « peignait
la Girafe ». (Et voici qu’on
m’informe d’une autre origine de l’expression qu’il n’est pas convenable de
rapporter ici !).
L’engouement pour Zarafa dura trois ans : un record pour une mode
parisienne ! La popularité de la girafe déclina avec celle de Charles X.
Elle survivra pourtant quinze ans au règne de l’avant-dernier roi de France.
Semaine 2 Jour 5
LE BESTIAIRE ENCHANTE
Qui naît à la Saint Basilide
Ne sera jamais invalide.
Le Paon
,
Le paon est originaire de l’Inde,
où il symbolise le soleil. Les dieux Indiens le chevauchent ; ce que
voyant, Héra la grecque n’hésita pas à en faire un oiseau de trait pour
l’atteler à son char. Pour livrée, la déesse orna sa queue des cent yeux du
géant Argos qui n’en avait plus besoin après qu’Hercule lui eût tranché la
tête.
A Rome où Héra se nommait Junon,
il était interdit sous peine de mort d’arracher les plumes de ces oiseaux
sacrés. Il en est resté aux plumes du paon une fâcheuse réputations et les
vantards qui veulent s’en parer feraient bien de faire attention : on dit
qu’elles apportent le mauvais œil. Certains superstitieux chrétiens qui ne
veulent rien connaître des légendes antiques affirment que ces ocelles seraient
l’œil du diable, et, créent de nouvelles légendes , comme celle-ci qui
vient de Bohème :
Dieu créa le paon si beau que
les sept péchés capitaux en furent jaloux et se plaignirent au Créateur.
Dieu leur dit : Vous avez
raison ! Vous êtes encore bien trop beaux ! Désormais, vous serez noirs comme la nuit qui
vous cache.
Et Dieu, ôta aux péchés leurs couleurs, toutes
leurs couleurs, pour les poser sur la queue du paon.
C’est pourquoi les sept
ténébreux suivent la queue du paon pour tenter de les récupérer et depuis,
.quand un homme choisit les plumes du paon comme ornement, les péchés
s’attachent à ses pas et le frappent de tous les malheurs qu’ils incarnent.
La reine Marie-Antoinette éduquée
au Siècle desLumières ne croyait pas à de telles fariboles et n’hésitait pas à
en porter. Sans risquer un destin aussi tragique que le sien, évitez d’en
décorez pas votre intérieur, vos bonnes
se mettraient aussitôt à casser la vaisselle, vos sauces ne monteraient pas,
votre mayonnaise tournerait et vous ne pourriez pas même tenter la crème Anglaise
déjà si risquée quand tout va bien !
Les comédiens les évitent à la
ville comme à la scène.
Si leur influence est maléfique
au nord et au sud-ouest d la France, les
bergers d’Auvergne ou du Rouergue,- mais les bergers ne sont-ils pas réputés
quelque peu sorciers ?- en ornent leurs chapeaux, imitant en cela les Chinois chez qui la plume
de paon était une décoration plus ou
moins prestigieuse selon le nombre d’yeux que comportait la plume.
Cette queue qui se renouvelle
tous les ans fait du paon un symbole d’immortalité. Elle lui sert aussi à
signifier son ardeur amoureuse, mais – et ceci donne à penser !-
l’importance qu’il y attache alourdit sa démarche et l’empêche de voler haut.
C’est avant l’orage, que tous les
sens en émoi, le paon crie « Léon ! »et fait la roue.
Un doute cependant : sait-on
si ce sont des paons femelles qui crient « Léon ! » et dans ce
cas qui les mâles appellent-ils ?
.
Semaine 2 Jour 6 LIRE ET RELIRE
Saint Antoine sec et beau
Remplit caves et tonneaux.
Madame LEPRINCE de BEAUMONT-
Il était une fois… Il est parfois
des vies qui commencent aussi mal qu’un conte de fées, qui se continuent en une
quête laborieuse et qui se terminent comme dans un conte : elle fut
heureuse et eut beaucoup d’enfants…. qui n’étaient pas tous les siens…et telle
fut la vie de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont , pédagogue, romancière,
journaliste et conteuse.
Comme Blanche-Neige ou
Cendrillon, Jeanne-Marie perdit sa mère très jeune. Son père remarié, la
belle-mère peu soucieuse de prendre soin de l’enfant, on la mit en pension. Au
bout de quelques années, d’élève elle devint enseignante. Elle aurait dû alors
prendre le voile, mais la perspective, ne l’enchantait guère.. C’est alors
qu’une marraine-fée ou un magicien lui offrirent une introduction à la cour de
Lorraine où elle se fit dame de compagnie, éducatrice d’enfants, professeur de
musique.
Comme de juste, la jeune fille
rencontra le Prince Charmant. Il n’était que marquis mais avait nom Leprince,
pas Charmant mais de Beaumont. Les épousailles faites, le marquis Leprince se
révéla pas Charmant du tout. Semant partout des dettes il eut vite fait de
venir à bout de la dot de sa jeune épouse. Tant et si bien que le roi Stanislas
et son aumônier se mirent en devoir de faire annuler le mariage au motif d’une
maladie bizarre qui empêchait le marquis de se reproduire.
Peine inutile, puisque Leprince
fut peu après tué au cours d’un duel. Jeanne-Marie garda son nom sous lequel
elle fit publier son premier roman : Le
Triomphe de la Vérité, qu’elle dédia au duc de Lorraine Stanislas et au Roi
de France Louis XV. Ni l’un ni l’autre ne furent sensibles à l’offrande.
Jeanne-Marie, sans emploi ni subsides partit pour l’Angleterre où l’on confiait
volontiers l’éducation des jeunes filles à des gouvernantes françaises. Elle y
fit merveille ! Uns petite fille particulièrement difficile confiée à ses
soins, fut calmée par ses méthodes dans lesquelles entraient pour beaucoup les
contes. Contes qu’elle ne tardera pas à rassembler et à publier sous le titre
de Magasin des Enfants, histoires pour
la plupart à tendances moralisatrices car Madame Leprince de Beaumont ne
badinait pas avec les convenances : Il
ne suffit pas, professait-elle, qu’une
jeune femme soit vertueuse, encore faut-il qu’elle en ait l’air !
Remariée à un français vivant en
Angleterre, et qui lui fit six enfants, c’est en 1757 qu’elle publie le conte
qui la fera passer à la postérité : La
Belle et la Bête.
Mais la France finit par lui
manquer. Retirée dans sa terre de Chavanod, tout en s’occupant de son jardin et
de ses enfants, elle continue à écrire les soixante-dix volumes qui composent
son œuvre, jusqu’à l’âge de soixante-dix ans .
Sa version du conte met en valeur
la sagesse, la bonté, le dévouement pour son père d’une jeune fille pour qui
comptent peu les apparences. Elle ne s’attache pas au mystère de l’attrait
qu’éprouve la Belle pour le côté animal de la Bête qui est somme toute peu
convenable. L’origine de la Bête pourrait être devinée en mettant ce conte en
parallèle avec le Riquet à la Houppe de Perrault qui lui, ne dissimule pas les origines
chtoniennes du prince Riquet.
« Elle s’habilla magnifiquement pour lui plaire, et s’ennuya à
mourir toute la journée, en attendant neuf heures du soir ; mais l’horloge
eut beau sonner, la Bête ne parut point. La Belle, alors, craignit d’avoir causé
sa mort. Elle courut tout le palais, en jetant de grand cris ; elle était
au désespoir. Après avoir cherché partout, elle se souvint de son rêve, et
courut dans le jardin vers le canal, où elle l’avait vue en dormant. Elle
trouva la pauvre Bête étendue sans connaissance, et elle crut qu’elle était
morte. Elle se jeta sur son corps, sans avoir horreur de sa figure, et sentant
que son cœur battait encore, elle prit de l’eau dans la canal, et lui en jeta
sur la tête. La Bête ouvrit les yeux et dit à la Belle :
« Vous avez oublié votre promesse, le chagrin de vous avoir
perdue, m’a fait résoudre à me laisser mourir de faim ; mais je meurs
content, puisque j’ai le plaisir de vous revoir encore une fois.
-Non, ma chère Bête, vous ne mourrez point, lui dit la Belle, vous
vivrez pour devenir mon époux ; dès ce moment je vous donne ma main, et je
jure que je ne serai qu’à vous. Hélas, je croyais n’avoir que de l’amitié pour
vous, mais la douleur que je sens, me fait voir que je ne pourrais vivre sans
vous voir. »
Semaine 2 Jour 7 ON CONNAIT LA CHANSON
A Saint Rufin,
Cerises à plein jardin
Quand nous
chanterons le temps des cerises,
Et gai
rossignol et merle moqueur
Seront tous en
fête.
Les belles
auront la folie en tête
Et les amoureux,
du soleil au cœur.
Quand nous
chanterons le temps des cerises
Sifflera bien
mieux le merle moqueur.
Mais il est
bien court le temps des cerises,
Où l’on s’en va
deux cueillir et rêvant
Des pendants
d’oreilles.
Cerises d’amour
aux robes pareilles
Tombant sous la
feuille eu gouttes de sang.
Mais il est
bien court le temps des cerises
Pendants de
corail qu’on cueille en rêvant.
Quand vous en
serez au temps des cerises,
Si vous avez
peur des chagrins d’amour,
Evitez les
belles !
Moi qui ne
crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai
point sans souffrir un jour.
Quand vous en
serez au temps des cerises
Vous aurez
aussi des peines d’amour !
J’aimerai
toujours le temps des cerises
C’est de ce
temps là que je garde au cœur
Une plaie
ouverte !
Et Dame Fortune
en m’étant offerte
Ne pourra
jamais fermer ma douleur.
J’aimerai
toujours le temps des cerises
Et le souvenir
que je garde au cœur.
Jean-Baptiste CLEMENT
Semaine 3- JOUR 1 Us et Coutumes
Pluie de Saint Guy,
C’est tout l’an qui rit.
Si Saint Médard est connu pour ses averses, Saint Jean en revanche,
brille par ses feux. Des feux que l’on allume depuis l’aube des temps pour
illuminer la plus courte nuit de l’année.
Les saints chrétiens ont pris la place des divinités païennes et l’Eglise
a tenté de remplacer les joyeuses flambées par la messe, malheureusement pour
elle, Juin est le mois où l’on taille les haies et de tout ce bois coupé, il
faut bien faire quelque chose et qu’en faire sinon un feu ? Il ne restait
plus à notre Sainte Mère qu’à entériner le fait
et de consacrer ces feux à Saint Jean Baptiste dont elle fixa la fête au
24 Juin.
Donc, soyons bons chrétiens, tentons de marier les vieilles coutumes
devenues superstitions, aux nouveaux devoirs censés nous faire gagner le Paradis.
La journée sera longue ; principalement si vous avez la gale, qui se
guérit en se roulant tout nu dans la rosée avant le lever du soleil.
Puis vous rentrerez vous couvrir et munis d’un couteau, d’un panier vous
irez cueillir des simples, les « Herbes de la Saint Jean », qu’on
doit ramasser au moment où la rosée s’évapore. Elles sont nombreuses et
diffèrent selon les régions, on trouve parmi elles, l’achillée, la sauge, le millepertuis, la bourrache, la
mélisse, la grande consoude et bien d’autres.
Quand vous aurez déposé votre récolte dans un endroit chaud, sec et
aéré, il sera temps de revêtir votre plus belle tenue pour aller à la messe où
vous ferez bénir le pain dont vous garderez précieusement quelques morceaux,
car le pain de la Saint Jean jeté dans un brasier arrête les incendies ;
ce qui peut être utile en attendant les pompiers. (C’est le 18 !).
Au sortir de la messe, vous suivrez la procession en chantant les
litanies des saints tandis que le curé en tête du cortège et entouré des
enfants de chœur en surplis, aspergera d’eau bénite tout ce qui passera à
portée de son goupillon.
Après cette matinée bien remplie, vous avez droit à un peu de repos
avant la fête du soir.
De tout temps, on a chanté et dansé le soir de la Saint Jean, aussi les
Temps Modernes ont-ils depuis peu fait subir à la Saint Jean ce qu’elle a fait subirà
la célébration du solstice d’été : elle est devenue Fête de la Musique et
après tout, pourquoi pas ? L’essentiel est de faire la fête.
Dans un grand pré, tout le village aura porté herbes sèches et branches
coupées et bientôt la flambée s’élèvera, joyeuse et pétillante dans la claire
nuit de juin.
Autour du feu on danse, les amoureux sautent à travers en se donnant la
main ; quand la fête touche à sa fin, une brassée d’herbes humides
provoque une fumée à travers laquelle on fait passer bêtes et gens. Médecine
simple, indolore et peu coûteuse qui
assure une bonne santé pour le reste de l’année.
Ne rentrez pas vous
coucher sans emporter un tison que vous déposerez sous votre lit : il vous
préservera de la foudre et des puces.
SEMAINE 3- JOUR 2 -CONTE
Si le jour de Saint Fargeau
La lune se fait dans l’eau
Le reste du mois est beau.
Orphée.
Ecoutez…. un enfant chante… ; un enfant chante et ses nourrices,
attentives, l’écoutent ; un enfant chante et les serviteurs, charmés,
cessent leurs allées et venues ; un enfant chante et sa mère, qui compose
un discours, lève la tête et écoute ; un enfant chante et les animaux
familiers, les autres aussi, approchent ; les souris montrent le nez au
bord de leur trou, les araignées descendent le long du fil ; et voici la
basse-cour, les vaches, les chèvres, les cochons, les ânes… De plus loin arrive
autour de la demeure, la sauvagine, les
renards, les biches, les ours, les loups, les lions ; tous font cercle
autour de l’enfant… jusqu’aux arbres qui secouent leurs racines et
tendent vers lui leurs branches et vers lui les montagnes voisines laissent
rouler leurs rochers.
Son père, Olagre, roi de Thrace qui ne l’aime pas beaucoup car il n’est
pas certain que cet enfant soit son fils, Olagre lui sourit. Et le grand
Apollon depuis l’Olympe, se penche sur cet enfant qu’il a comblé de dons :
le talent, la beauté, la sagesse, la lyre aussi, la lyre à sept cordes qui
accompagne le chant du garçon. Il se nomme Orphée.
Orphée grandit enseigné par les Muses et c’est en leur honneur qu’un
jour il ajoutera deux cordes à sa lyre . Il grandit et le temps venu, avec
sa lyre pour seul bagage, il s’en fut par le monde pour découvrir d’autres
pays, d’autres histoires, d’autres musiques. Il s’en alla dit-on jusqu’en
Egypte ; il rencontra là-bas les prêtres d’Osiris. Encore plus loin, on
lui apprit que certains peuples n’avaient qu’un seul dieu ; d’autres
encore haïssaient la violence, les sacrifices sanglants, refusaient de se
nourrir de chair.
Sur sa route, il rencontra Jason ; Jason qui armait un navire pour
aller en Colchide s’emparer de la Toison d’Or. Il avait avec lui les plus
fameux héros de la Grèce ; ils étaient cinquante, les Argonautes. On ne
peut pas les citer tous mais parmi eux se trouvait le formidable Hercule, et
Palamède et les jumeaux divins Castor et Pollux et Atalante l’amazone, la
chasseresse, la seule femme de l’équipage.
Qu’avaient donc à faire ces guerriers, d’un poète, d’un musicien qui n’avait
pour toute arme que sa lyre ? Quelle était sur le navire Argos, la place
d’Orphée ? Sur ce navire Argos qui justement, refusait de prendre la mer.
Le bois dont il était fait, voyez-vous, regrettait sa forêt. Cinquante héros en
vain conjuguaient leurs efforts, le navire refusait de bouger.
Orphée prit sa lyre et depuis une falaise qui regardait Argos, il
entonna un chant. Les arbres alors acceptant le sacrifice, les voiles
frémirent, les cordages tremblèrent, la nef glissa sur la mer ; les
cinquante n’eurent que le temps de sauter dans des chaloupes, de nager, pour
regagner le bord ; avec eux embarqua Orphée. C’est lui aussi qui, dans le
danger pressant rythma la cadence et fit accélérer les rameurs ; lui qui
en Colchide, endormit le dragon qui gardait la Toison ; son chant encore,
fit taire les Sirènes dont la voix entraîne les matelots au fond des eaux, et
de tout l’équipage, un seul homme disparut.
Un jour, lassé des aventures, Orphée rentra dans son pays et retourna
chanter dans la campagne. Les Dryades, des feuilles de chêne ornant leurs
cheveux, venaient danser près de lui. L’une d’elles, Eurydice lui plut ;
elle aussi l’aimait, ils s’épousèrent. Mais un autre homme aimait la
nymphe : Aristée le berger. Partout il la poursuivait ; et c’est en
s’enfuyant qu’un mauvais jour, Eurydice ne vit pas un serpent qui dormait dans
l’herbe ; un morsure au mollet l’envoya aux Enfers.
Orphée en fut au désespoir. Comment vivre sans Eurydice ?
Le poète alors résolut de tenter ce qu’aucun mortel n’avait encore osé :s’en
aller chez Hadès, réclamer son épouse. Armé de sa lyre, il fit route vers
l’Averne. Les pierres noires qui ferment l’entrée du gouffre s’écartèrent aux
premières notes. Orphée chanta pour Charon qui le prit sur sa barque et les
damnés furent pour un temps délivrés de leur supplice ; Tantale en oublie
la soif et la faim, les Danaïdes posent leur seau et pour un moment, la roue
d’Ixion cesse de tourner. L’affreux Cerbère, mâté vient poser ses trois têtes
sur les deux genoux du chanteur.
Et le voilà devant le sombre, le terrible Hadès : que vient-il
faire ici, lui, le vivant, comment a-t-il osé ?
Alors il chante, Orphée, il chante sa passion pour Eurydice, qu’il n’a
pas eu le temps d’aimer ; en musique, il pleure, il supplie qu’on lui
rende son épouse.
Impossible, répond le Maître des Enfers.
Orphée reprend sa lyre et chante encore cet amour trop bref, la
jeunesse de son épouse ; qu’on la lui rende le temps de vieillir ensemble.
Proserpine est émue : elle sait ce qu’est l’amour, elle, la fille
des moissons qui a accepté de passer la moitié de l’année sous terre pour vivre
avec Hadès. Elle plaide, elle intercède et le dieu sombre s’attendrit ;
lui aussi a du lutter pour conquérir la fille de Cérès. Ils s’aiment, les deux
infernaux. Et tout l’Enfer s’émeut ; les Eumènides même, les implacables
Eumènides ont les yeux humides.
Il a gagné, Orphée ; Hadès cède. Eurydice reverra le soleil et le
ciel et la nuit étoilée, mais à une condition : sur le chemin qui mène à
la lumière, et il est long, Orphée ne devra ni parler à son épouse, ni se
retourner pour la regarder.
Comme c’est simple ! Il s’en retourne le poète, suivi de son
amour. Et il chante pour Cerbère et il chante pour Charon et les damnés sont
encore un instant soulagés. Les amants remontent vers le jour, mais un doute
saisit Orphée : il sait que les dieux aiment à se jouer des mortels.
Comment savoir si Eurydice est bien derrière lui ? Oh, comme il voudrait
s’en assurer, lui parler, la regarder… Mais il résiste ; il craint trop de
la perdre.
Et puis voici le jour, l’entrée de la caverne, le soleil, il est
dehors… Eurydice est sauvée… il peut enfin se retourner… Mais la nymphe n’a pas
encore franchi le seuil… elle tend les bras vers lui, l’appelle… Hélas ! sa voix se perd
dans la brume où Orphée voit s’effacer la silhouette de son amour… Il court
vers elle mais les lourdes pierres se referment ; il s’use les mains à
cogner, à frapper ; il prend sa lyre mais cette fois sa musique est sans
effet. Effondré devant l’entrée des Enfers, Orphée pleure.
Il va pleurer encore, sept ans, sept mois et sept jours au bord du
fleuve Strymon ; les femmes de Thrace en vain, tentent de le
consoler : Orphée ne peut aimer qu’Eurydice. En attendant de la rejoindre,
aucune autre ne pourra l’approcher. C’est dans la solitude glacée du mont
Rhodope qu’il va trouver refuge, entouré d’animaux et de jeunes garçons, seul
humains qu’il laisse approcher. Il leur
apprend la musique, la poésie et leur transmet les enseignements qu’il a reçu
au cours de ses voyages. Son chant est devenu si triste qu’il fait pleurer
dit-on les tigres et les lions ; les montagnes en ruissellent de sources.
Mais une compagne d’Eurydice, Aglaonice, haïssait Orphée qui lui avait
pris son amie et l’avait laissée mourir. Pis encore, Orphée l’avait repoussée.
Aglaonice servait Dyonisos ; un soir d’orgie, ivre de vin et d’autres
substances, suivie d’une horde de Bacchantes vêtues de peaux de renards et
couronnées de pampres, elle voulut se joindre aux jeunes gens. Orphée les
renvoya ; alors la horde furieuse, mit l’assemblée en fuite, se jeta sur
Orphée, lui arracha sa lyre. Le poète , radieux, sut qu’il allait mourir ;
enfin il allait rejoindre sa bien-aimée.
C’est en chantant son nom qu’il se laissa mettre en pièces. Sa tête
arrachée roula dans le fleuve et ses lèvres mortes hurlaient encore le nom
d’Eurydice ; sa lyre bientôt le rejoignit . Emportées par les flots, elles
voguèrent de vague en vague jusqu’à l’île de Lesbos où les poètes lui élevèrent
un tombeau.
Les Muses en larmes, rassemblèrent les membres épars et les
ensevelirent au pied du mont Olympe où depuis le chant du rossignol est bien
plus beau qu’ailleurs.
Apollon prit la lyre et l’envoya rejoindre les étoiles.
SEMAINE 3-JOUR 3 -C’EST BON
SIGNE
Pluie de Saint Ferréol,
Ne rend pas meilleur l’auriol.
LE CANCER-
Carcinos, l’écrevisse géante, fut élevée par Héra dans les marais de
Lerne, dans le sombre dessein d’entraver Hercule dans sa lutte contre l’Hydre
aux têtes innombrables. Le héros, mordu au talon, de ce même pied réduisit en
bouillie le malfaisant crustacé et poursuivit son combat.
Il ne restait plus à la déesse qu’à placer Carcinos dans le ciel avec
les autres signes du Zodiaque. L’écrevisse est désormais le Cancer.
Quand, le 21 juin, se montre le signe dans le ciel astral, imaginez le
désarroi de la chroniqueuse astrologique n’ayant jamais eu le moindre Cancer
domestique à observer.
Que penser d’un signe sous lequel peuvent naître des êtres aussi
dissemblables que Jean Cocteau et Benito Mussolini ?
Qu’il est comme l’eau, son élément, insaisissable et fluctuant.
L’eau du Cancer, signe cardinal, est celle des lacs, des rivières et
des fleuves.
Les signes de feu le regardent avec stupeur et appréhension. Le Lion
garde sa superbe ; car seul, son feu puissant peut réchauffer sans danger
l’eau du Cancer.
La flamme impétueuse du Bélier, provoquera bouillonnements et
débordements qui l’étoufferont.
Et si les douces braises du
Sagittaire sont avivées par un ascendant aérien, elles pourront le faire
tendrement frémir.
Les signes d’air ne peuvent qu’agiter les roseaux qui bordent ses
rives.
Toute cette eau est en revanche bénéfique aux signes de terre.
Elle reconstituera en s’infiltrant les nappes phréatiques de l’hivernal
Capricorne, fécondera le Taureau fertile et les moissons finies, elle irriguera
la Vierge terre asséchée.
On dit que les enfants nés en juin sont intelligents mais faibles et
versatiles. Ils deviendront romanciers, marins, antiquaires, historiens, ou
décorateurs
Nés un 29 juin, ils auront le don de guérir piqûres et morsures de
bêtes par simple contact de la main. Une main redoutée des crapauds,
qu’elle aurait aussi le pouvoir de
dessécher
SEMAINE 3 -JOUR 4 - LUSTUKRU
Pluie de Saint Léonce
Pour trente jours s’annonce.
LA BOUFFARDE
Savez-vous pourquoi on a donné le nom de "bouffarde" à
la pipe, fidèle amie de l'homme?
Un caporal de la Grande Armée se
nommait Bouffard. A la bataille de Friedland, il eut les deux bras emportés. Le
lendemain, un de ses camarades trouva sur le champ de bataille un bras détaché
du tronc et qui était affreusement raidi.
"Je le reconnais, s'écria-t-il,
c'est le bras de Bouffard; la main tient encore sa pipe, si bien
culottée!"
Cette pipe, qui devint la propriété de
la compagnie, fut baptisée "bouffarde".
Et l'histoire ne dit pas ce qu'il
advint du malheureux Bouffard, privé de bras et de pipe...
SEMAINE 3- JOUR 5- COURRIER DU CŒUR
Saint Gervais quand il est beau
Tire Saint Médard de l’eau
Lettre
d’amour de Voltaire à Madame Denis – Décembre 1745
» Je vous embrasse mille fois. Mon âme embrasse la vôtre, mon vit et mon
coeur sont amoureux de vous. J’embrasse votre gentil cul et toute votre
adorable personne »
SEMAINE 3 -JOUR 6 -AH !
LA MODE DE CHEZ NOUS
Pluie d’orage à la Saint Silvère,
C’est beaucoup de vin dans le verre.
Mannequins
Deux hommes, cinq hommes, dix,
vingt hommes… Je renonce à les compter. Ils viennent à cette solennité de la
couture, plus empressés qu’à une
générale du boulevard. Ils font professions d’ « adorer » ces
défilés de robes, de jolies filles, de tissus que leur métrage, de plus en plus
réduit, contraint à une magnificence sans cesse croissante. Ils confessent bien
haut leur goût pour ces solennités vestimentaires que tout couturier coté
organise avec un faste théâtral et religieux. Monsieur accompagne Madame aux « présentations »,
et Madame hoche le menton d’un air entendu : « Oui, oui, c’est pour
regarder de près les mannequins ! » En quoi elle se trompe souvent.
Car Monsieur est capable de deux ou
trois sentiments purs, au nombre desquels est l’amour des couleurs, du mouvement,
de la forme, et surtout de la nouveauté. Il y a beau temps que l’homme a perdu,
chez le couturier, son embarras de grand garçon qu’on surprend à jouer aux
billes, sa gaucherie de naufragé que la tempête a jeté dans l’Ile des Femmes.
Seul l’homme goûte aux défilés de modèles un plaisir complet, qui n’est pas
gâté par la convoitise. Pendant que sa compagne, secrètement frénétique,
renonce, le cœur en lambeaux, à une petite « création » de six mille
francs, l’homme s’épanouit, se renseigne, note la taille basse de chez X…, le
drapé de chez Z…, comme il retient les caractéristiques d’une école de
peinture. Mieux que la femme, l’homme goûte un ensemble. Mieux que la femme il
fait, en toute innocence, la part du mannequin. Tandis que la spectatrice, enfiévrée,
se rémète tout bas : « c’est celle-là, celle-là, cette robe-là, que
je veux », le sage spectateur admire, hors d’un fourreau de bronze plus
révélateur qu’un maillot, les cheveux de cuivre, la blancheur laiteuse du
mannequin roux. Il sait que la tunique couleur d’absinthe et de clair de lune
ne saurait quitter, sans déchoir, la jeune fille blonde parée d’une dignité de
lévrier, coiffée d’une longue chevelure que le fer ni les ciseaux n’ont jamais
offensée. Il comprend enfin qu’une grave mission est dévolue à celle que sa
femme nomme, entre ses dents, « cette engeance », et lui fera-t-on un crime, s’il a envie de la
robe, de vouloir parfois l’emporter
telle que le couturier l’a conçue, c’est à dire sur les épaules de la
rayonnante jeune femme dont il n’entend jamais la voix ?
Bref, l’homme se sent désormais
chez lui, partout où s’élabore et s’exhibe le luxe féminin, et le plus récent
snobisme l’y met à l’aise, car il rencontre,
aux défilés de la couture, le peintre consacré par la mode, la femme du
monde et son romancier, le parlementaire et son Egérie. De l’un à l’autre
groupe, le mannequin glisse comme une longue navette étincelante, et jette les
rets. Collaboratrice inquiétante, c’est au mannequin qu ‘aboutit un
faisceau d’efforts dont personne ne méconnaît plus l’importance. Le public
estime à sa valeur la tâche du tisseur, du modéliste, du coupeur, de la
vendeuse, celle du couturier qui les dirige : arrivé au mannequin, il se
réserve, rêve, admire ou suspecte. Parmi les formes modernisées de la plus
luxueuse industrie, le mannequin, vestige d’une barbarie voluptueuse, est comme
un eproie chargée de butin. Elle est la conquête des regards sans frein, le
vivant appât, la passive réalisation d’une idée. Sa profession ambiguë lui
confère l’ambiguïté. Déjà son sexe, verbalement, est incertain. On dit
« ce mannequin est charmante » et son travesti consiste à simuler
l’oisiveté. Une mission démoralisante la tient à égale distance du patron et
des ouvrières normales. N’y a-t-il pas là de justifier, excuser l’étrange
humeur et le caprice du mannequin ? Aucun autre métier féminin ne contient
d’aussi puissants facteurs de désintégration morale que celui-là, qui impose à
une fille pauvre et belle les signes extérieurs de la richesse.
« Patience, me dit-on, tout
cela va changer ; l’évolution du mannequin est en route… nous, couturiers,
nous ferons du mannequin une collaboratrice fidèle, honorablement appointée,
exacte, qui pourra vivre régulièrement de sa beauté et de sa grâce… »
Messieurs de la Couture, je
voudrais vous croire. Mais vous n’y êtes point encore, ou je me trompe. Vous
appointerez, c’est entendu, et jusqu’à quarante mille francs l’année,
paraît-il, l’épaule fringante, le noble col, la royale démarche de celles qui,
avant toutes les autres créatures féminines, exaltent les œuvres de votre
génie ? D’accord. Vous aspirez à donner au mannequin non seulement des
honoraires suffisants, mais encore votre estime et la confiance que mérite, par
exemple, votre première vendeuse. Vous ne voulez plus voir, chez vous, votre
Diane élégante et plate défaillir et bâiller, après quels laisser-courre
nocturnes. C’est d’un honnête homme, et d’un cœur pitoyable. Mais la beauté est
une chose, et le fonctionnarisme une autre. La beauté s’accommode d’être
admirée et vous l’armez pour qu’on l’admire davantage. En appareil de guerre et
d’amour, vous dites à la Beauté : « Ceci est ton domaine, tu n’iras
pas plus loin. Dispose de ce salon, de cette galerie, pour ta promenade de
fauve. Va, reviens, retourne-t-en, reviens encore. Demi-nue, tu ne connaîtras
pas le froid, sauf à l’heure où, retirée des regards, tu te sentiras loin d’eux
frissonnante. Prends garde que nous te voulons, cette année, dépourvue d’une
chair douillette, et dure comme une championne. Mais tu ne peux te livrer à
aucun sport, donc mange le moins possible et ne t’amuse pas à acheter des
marrons grillés, au coin de la rue… »
Chimériques ! vous voulez
que, prisonnières de votre luxe, abreuvées de café, privées de l’occupation
manuelle qui rège le battement du cœur et rythme la pensée, vos mannequins à la
beauté agressive se fassent des âmes de comptables ! Vous n’êtes point au
bout de vos peines. Mais votre effort est un louable effort. En attendant que
le succès le couronne, en attendant que l’appât du gain, le goût de la
tranquillité et de l’indépendance forment pour vous de belles jeunes femmes au
front paisible et à l’âme sans désirs, gardez, recrutez le mannequin et son
caprice. Vous lui passerez encore, pendant un temps que nul ne peut fixer, sa
neurasthénie, ses bâillements nerveux, sa crise de larmes, sa langueur
imprévue, son illumination passagère qui la signale aux hommages, sa
désinvolture à fouler aux pieds, comme un sol natal, un luxe incomparable, -
vous lui passerez tout ce que vous tolérez, ce que vous respectez chez son
frère supérieur, l’artiste.
COLETTE :
De « Le Voyage Egoïste »
-1925
SEMAINE 3- JOUR 7- LES METIERS
Pleurs de femmes et pluies d’été
Gros ruisseaux n’ont jamais fait.
Le Calligraphe
Avez-vous essayé de prendre la plume pour écrire? Je veux dire, la
plume du porte-plume trempé dans l'encre?
Même pour ceux qui se souviennnent de la "sergent-major"
trempée dans l'encre violette; cette encre que le chouchou de la maîtresse
allait chercher dans le placard en bois et qu'il distribuait dans les encriers
de porcelaine blanche fichés dans un trou du pupitre, en haut, à droite. Cette
encre qui tachait l'intérieur du majeur entre phalangine et phalanginette.
Ecrire à la plume, n'est pas si facile! Stylos à bille et autres
feutres ont eu raison de l'art des pleins et dés déliés.
Cet art qui fut majeur: la Calligraphie. Sans les moines copistes qui
la pratiquèrent, on se demande si Homère serait parvenu jusqu'à nous. On dit
encore de nos jours en parlant d'une oeuvre longue et minitieuse: c'est un
"travail de bénédictin".
C'est au XVI° siècle, en Italie qu'on trouve les premiers artistes
calligraphes à Rome, Venise, Naples, Bologne et Florence. On peut citer parmi
les plus renommés: Johannes Palatino; un moine: Vespasianus et aussi Crescius
et Curione.
L'espagnol Morante eut l'idée de joindre au texte des dessins
décoratifs d'oiseaux, d'animaux, d'insectes, voire d'êtres humains ou
imaginaires.
En France, Louis XIII et Louis XIV, grands protecteurs des arts,
n'oublièrent pas la calligraphie. Il y eut sous leur règne Moreau et Barbedor
secrétaire de la Chambre du Roy.
Les maîtres allemands Moeller et Albrecht s'éloignèrent des modèles de
l'école italienne.
En revanche, le hollandais Van des Steen fit la synthèse des maîtres
italiens et français: c'est lui qui, le premier, traça d'un seul trait de
plume, fleurs, anges et animaux bizarres sur une Bible enluminée de sa main et
qui est conservée au musée de sa ville natale: La Haye. Elle compte six mille
compositions et dessins décoratifs exécutés en encres de différentes couleurs.
Il y consacra toute sa vie.
Et n'oublions pas, pour conclure, l'anglais Basles qui se donna le
titre de "Restaurateur de la Belle Ecriture en Grande-Bretagne"
PP
SEMAINE 4 -JOUR 1- US ET
COUTUMES-
Qui pêche en juin
Pêche fretin.
LES NOMBRES : le 6
Est- ce parce que les Anciens avaient consacré à Vénus-Aphrodite,
déesse de l’amour physique, le nombre six, qu’il est devenu dans l’Apocalypse
le chiffre du péché ?
Pourtant le six, nombre parfait puisqu’il est égal à la somme de ses
parties, est celui du jour où Dieu décida de créer l’Homme. Sans doute est-ce
la raison pour laquelle il n’a pas su garder sa place au Paradis Terrestre…
L’influence néfaste du six se retrouve tout au long de
l’Histoire :
Tarquin, sixième roi de Rome fut une brute, et ne parlons pas de Néron,
sixième empereur, meurtrier, incendiaire, persécuteur des chrétiens qu’il
faisait accuser de ses crimes. Décrété ennemi public, il dût prendre la fuite.
Le grand Schisme d’Occident eût pour origine la violence du pape Urbain
VI dont les cardinaux annulèrent l’élection pour le remplacer par Clément VII.
Un siècle plus tard, la conduite d’un autre pape, Alexandre VI fut cause de
scandale ; quant à Pie VI qui occupa le Saint-Siège entre 1775 et 1799, il
perdit le pouvoir temporel.
Alexandre, premier duc de Florence, mourut en 1536, le 6° jour du mois,
à la 6° heure de la nuit, pendant la 6° année de son règne.
Les six frères cygnes ont coûté bien des larmes à leur petite sœur.
Ce six est décidément peu sympathique, il est temps de passer au sept.
SEMAINE 4-JOUR 2- CONTE
Les deux Saint Jean partagent l’an
Un jour bien court, l’autre bien long
Florine et Rosario
(d’après Catherine Bernard)
La reine d’un de ces royaumes qu’on cherche en vain sur les cartes, ne
se consolait pas de la perte d’un époux tendrement aimé. Il avait été emporté
très vite, aussi n’avait-elle connu du
mariage que le temps heureux de la lune de miel. Elle désirait pour la fille unique qui lui était restée un bonheur
semblable à celui qu’elle avait connu. Florine était ravissante et point
sotte ; ce souhait d’une mère aimante devait donc être réalisé sans
problème.
Hélas ! Une fée malencontreuse avait dès le berceau voué la
princesse à « n’aimer que celui qu’elle ne pourrait voir et à se méfier de
l’amant qui serait près d’elle. »
Quand Florine fut en âge de choisir un époux, le mauvais présage était
plus ou moins oublié. La reine fit faire un portrait de la princesse et
l’envoya à la cour des rois ses voisins. Puis elle invita tous les célibataires
à de grandes fêtes. Pendant un mois, ce ne furent que bals, dîners, concerts,
feux d’artifices et tournois ; tous les chevaliers rivalisèrent de
prouesses pour les beaux yeux de Florine.
Un seul des princes du voisinage ne parut pas à ces fêtes. On lui avait
pourtant envoyé comme aux autres, invitations et portrait. Seulement, le roi
son père, avait connu deux unions malheureuses : la première à cause des
infidélités d’une épouse dont seule la mort le délivra. La seconde, parce que
la nouvelle reine épouvantablement jalouse, le faisait surveiller jour et nuit
et lui faisait des scènes effroyables. Soit par chance, soit pour d’autres
raisons, elle aussi mourut jeune. Mais le roi, désormais persuadé que les
femmes et le mariage étaient les ennemis du bonheur, résolut d’épargner ces
chagrins à son fils unique.
Il le fit élever à l’écart, hors de la présence de toute femme ;
des professeurs étaient chargés de l’instruire en évitant toutes matières où il
était question de femmes et d’amour. Le jeune prince grandit ainsi, fort
heureux, partageant son temps entre la philosophie, les mathématiques et les
exercices physiques.
Et pourtant… les fées ou le hasard, allez savoir, placèrent sous ses
pas, un jour qu’il se promenait dans les jardins, le portrait de Florine. Il
n’avait jamais vu, soit vifs, soit en image, que des visages masculins. Il
ignorait jusqu’à l’existence des femmes ; jugez de sa stupeur et de son
ravissement quand il eut sous les yeux la plus belle jeune fille qui fut à des
lieues à la ronde.
Il comprit alors qu’on lui avait caché bien des choses et voulant
parfaire son éducation, il résolut de sortir de ce château qu’il envisageait
désormais comme une prison. Il parvint à s’évader ; pourtant il parcourut
bien peu de chemin avant de rencontrer la fée, soucieuse de veiller à
l’accomplissement de son sortilège.
Pendant ce temps, Florine dansait à tous les bals, présidait tous les
tournois, ne manquait aucune fête, les princes et les rois lui faisaient la
cour, mais elle ne parvenait à en choisir aucun. Elle les trouvait tous en tout
points parfaits et se disait : « Pourquoi celui-ci plutôt que
celui-là ? » Tous méritaient sa main, aucun ne méritait de souffrir.
La reine voyant que d’autres unions se nouaient entre princes éconduits et
demoiselles de la cour, mit fin aux festivités pendant qu’il restait encore
quelques héritiers disponibles.
Florine, fatiguée de la cour et de ses contraintes, demanda la
permission de se retirer dans une maison de campagne où elle avait un joli
jardin. Elle avait toujours préféré ses massifs de fleurs et ses parterres de
roses aux obligations d’une princesse héritière. La reine, pensant qu’un peu de
solitude et d’ennui la ramèneraient à de meilleurs sentiments envers ses
prétendants, la laissa partir.
A peine arrivée, Florine fit le tour de son domaine et s’attarda dans
la roseraie où elle aimait prendre soin de ses arbustes et aussi leur parler.
Elle se penchait sur chaque rosier, lisant le nom écrit au pied de chacun, la date où il avait
été planté, les soins particuliers dont il avait besoin. L’un d’eux ne portait
aucune indication ; elle ne se souvenait pas l’avoir jamais vu. Il était
cependant plus vert et plus fleuri que les autres et bien qu’il n’y eut pas de
vent, ses branches se ployaient, ses feuilles s’agitaient, ses fleurs
frémissaient et embaumaient à son approche. Elle s’éloigna, revint, et chaque
fois qu’elle approchait, le rosier s’agitait de plus belle ; une des roses
se tendit vers elle ; elle la cueillit, mais se piqua si fort que la
douleur l’empêcha de dormir. Elle pensa toute la nuit au rosier et se leva de
bon matin pour aller le revoir. L’arbuste se mit de nouveau à danser devant
elle, à embaumer tant, qu’elle oublia la piqûre et se pencha pour tenter de
retrouver son nom dont elle ne pouvait se souvenir. Une longue branche
l’agrippa et s’entortilla si bien dans ses jupons qu’elle n’aurait pu s’en
détacher sans déchirer ses dentelles.
« Mais vas-tu me lâcher ? » lui dit-elle gentiment. A sa
grande surprise, le rosier soupira.
« C’est le vent, se dit-elle ; je parle à mes rosiers, c’est
vrai, mais je ne les ai jamais entendu me répondre ! »
« Parce que je ne suis pas un rosier, princesse ! Je suis
puni pour avoir voulu connaître ce que je devais ignorer .Seul un amour
sincère pourrait me délivrer et je crains de devoir toujours rester dans cet
état ! »
Florine, qui jusque là, séduite par les grâces du rosier , avait pris
soin de lui plus que du reste du parterre, fut effrayée. Comment croire à ce
sortilège ? Elle ne pourrait se confier à personne et si l’on rapportait
la chose à sa mère, celle-ci l’obligerait à rentrer à la cour et elle devrait
encore rencontrer différents prétendants dont elle n’avait que faire. Elle
résolut de s’éloigner du rosier et de se consacrer au reste du jardin. Mais le
rosier de loin la voyait et soupirait de plus belle. Florine l’entendait. Elle
s’aperçut un jour qu’il dépérissait. Elle le fit alors transporter dans une
gloriette, recouverte de roses grimpantes et de clématites, où près d’une
fontaine se trouvait un banc de marbre. Elle vint là s’asseoir tous les jours
et prit l’habitude d’écouter l’arbuste et de se confier à lui. Quand elle était
sur le point de partir, il lui offrait les plus belle de ses roses et chaque
soir, dans sa chambre un bouquet odorant l’aidait à s’endormir.
Florine, heureuse, ne voyait pas passer les jours. A plusieurs reprises, elle avait reçu de sa
mère des messages la priant de revenir à la cour ; la princesse n’en avait
tenu aucun compte. Ce fut un ordre, que la reine impatientée lui manda :
Florine devait rentrer le jour même. Chagrinée, elle fit le tour de son jardin
et s’assit longuement près du rosier à qui elle fit des adieux touchants ;
elle versa même quelques larmes qui glissèrent sur les feuilles et jusque dans
le cœur des roses. Un frémissement intense s’empara de l’arbuste qui disparut
pour laisser agenouillé près d’elle, le plus charmant des princes.
Florine rougit, pâlit, frémit, se sentit faible et sur le point de
perdre l’esprit ; mais son éducation était sans faille : elle parvint
à se dominer et c’est d’un ton presque naturel qu’elle invita le prince à
l’accompagner à la cour.
La reine, bien heureuse de voir sa fille accompagnée d’un fiancé de son
goût, ne prêta aucune attention à l’histoire du rosier ; il lui suffisait
de savoir que le prince était de bonne naissance et l’unique héritier d’un
royaume voisin. On les fiança.
Le prince qui avant d’être rosier avait toujours vécu dans la solitude
eut un peu de mal à se plier aux usages d’une cour assez mondaine. Il lui arriva de regretter la tonnelle ou
chaque jour il avait Florine pour lui seul. Il avait hâte d’être enfin marié
pour retourner avec sa nouvelle épouse dans la calme maison de campagne.
La princesse pour sa part, était tourmentée de scrupules : elle
pensait à la fée et au sortilège dont elle ne connaissait plus les termes
exacts ; elle se souvenait juste qu’une menace planait sur cet amour.
« Au fait, se disait-elle, mon prince n’avait jamais vu de femme
avant de m’aimer ; si par hasard une autre venait à le séduire, je ne
pourrais le supporter. Il faut le mettre à l’épreuve. »
Elle fit venir sa mère et son futur époux pour les informer de son
désir de retarder le mariage.
« Je veux, dit-elle au prince, m’assurer de votre fidélité. Partez
courir le monde. Quand vous aurez bien
voyagé, si vous m’aimez encore, alors je serai à vous pour toujours. »
En entendant ces mots, le prince crut mourir de chagrin. Il ne protesta pas, mais tomba malade, et
c’est atteint d’une violente fièvre qu’il embarqua sur le navire qui devait l’emmener
par le monde. Il ne savait pas jusqu’alors ce que signifiait l’absence. Ce fut
pour lui la plus cruelle des tortures. Pour Florine aussi, à cette différence
qu’elle-même avait choisi son mal.
Le navire voguait, la fièvre du prince augmentait ; il fallut
aborder dans la première île qu’on aperçut, dans l’espoir d’y trouver un
médecin qui pourrait le soulager.
Il se trouva que cette île était enchantée. Sa reine en était La
Jeunesse, une beauté adolescente qui cherchait un époux qui lui convint. Comme
elle le souhaitait d’âge et de goûts assortis aux siens, elle n’en trouvait
point. Sur cette île entièrement dédiée aux jeux, aux plaisirs et à la beauté,
il n’y avait jamais eu de médecin, personne n’étant jamais malade.
On conduisit le malheureux prince au palais de La Jeunesse où la
curiosité fut grande de voir un homme de cet âge et dans un tel état. Les
habitants de l’île, elfes et nymphes aux allures d’adolescents, accoururent à
lui, lui offrant fleurs, fruits et friandises,
le poussant à ce joindre à leurs ébats. Toute cette gaieté et l’air
enchanté du domaine ne tardèrent pas à lui rendre la santé et le charme que la
tristesse lui avait fait perdre. Dès qu’on le jugea présentable, on le
conduisit au palais de la jeune reine. Le chemin qui y menait était bordé de
toutes les fleurs du printemps : des lilas embaumaient, des pivoines
semaient leurs pétales sous ses pas. Le trône était couvert de jasmin et la
souveraine, d’une beauté adolescente, jouait avec des jeunes gens qui
paraissaient comme elle n’avoir pas plus de quatorze ou quinze ans. On se
jetait des fleurs, on lançait des balles et des volants. La reine se leva pour
jouer avec les autres ; ses longs cheveux se dénouèrent et le haut de sa
robe glissa, laissant apercevoir une poitrine naissante. Le prince Rosier en
eut quelques distractions ; il pensa moins à Florine.
Il avait alors vingt-quatre ans ; dix de plus que n’en paraissait
la reine qui se mit à penser que le mariage avec un homme mûr pouvait n’être
pas une si mauvaise chose. Elle se mit en devoir de le séduire et fit taire
quelques impertinentes demoiselles d’honneur qui demandaient au prince des
nouvelles des siècles passés. Le prince tout d’abord ne sembla pas remarquer
les attentions dont il était l’objet. Il n’avait pas l’usage des femmes, il
aimait Florine…mais la jeune reine redoubla de séductions et lui promit avec le
mariage, la jeunesse éternelle. Il commençait à se laisser séduire, l’image de
Florine devenait chaque jour plus lointaine.
De son côté, la princesse, à peine le prince Rosier fut-il hors de sa
vue, se mit à souffrir horriblement de
son absence. Elle tenta de se raisonner : elle avait voulu mettre son
amour à l’épreuve, il fallait donc la subir. Les semaines passaient lui donnant
de plus en plus de tourments. Elle se mit à craindre pour la vie de son
fiancé ; la jalousie vint s’ajouter à l’inquiétude. Elle n’y tint plus et
envoya à sa recherche avec un message d’amour et de regrets pour l’avoir
éloigné et lui demandant de revenir au plus vite .
Il était temps ; le prince commençait à succomber aux charmes de
La Jeunesse . Cependant, il avait tant vécu à l’écart du monde et de ses
usages, qu’il se crut obligé d’être fidèle. Il eut de la peine cependant à
quitter l’île enchantée et ne mit aucune précipitation à rejoindre sa première
fiancée. Mais quand il lui revint que La Jeunesse, furieuse de le voir partir
promettait à qui le lui livrerait mort ou vif, tous les avantages qu’elle lui
avait offert, il fut guéri de cette amourette et s’en fut au plus vite
retrouver Florine.
La princesse toute heureuse de son retour ne s’inquiéta pas de savoir
s’il avait ou non été fidèle. On les maria. Puis, comme son père était mort, le
prince devenu roi, dût rentrer dans ses
terres où il emmena son épouse.
Ils furent quelques temps heureux, mais Florine eut le tort de lui
faire raconter son séjour dans l’île et le roi le tort encore plus grand de lui
avouer le penchant qu’il avait eu pour La Jeunesse. Elle lui fit une scène
affreuse et lui interdit ses appartements. Et comme en dépit de ses demandes de
pardon, elle persistait à le tenir à l’écart, il tenta de guérir sa tristesse
auprès de dames de la cour. Florine l’apprit ; elle le fit surveiller.
Elle n’ouvrait plus la bouche que pour lui faire des reproches.
Le roi, aussi peu fait pour être roi que pour être mari, supplia la fée
de lui rendre son état de rosier. Ce qu’elle fit. Tout heureux, il redevint le
plus vert et le plus odorant des arbustes.
Florine pour sa part ne pouvait plus supporter le parfum de ces fleurs
qui lui donnaient le regret de son amour perdu.
Semaine 4 Jour 3 RIMES SANS RAISON
Si Saint Jean fait la pissette
Aux coudriers, pas de noisettes.
Les Mots qui
font peur-
La cigarette fait un tabac
Plaisir d’amour donne le sida !
Le nucléaire, me fout en l’air
La pollution, c’est du béton ;
Au coin du bois guette Alzheimer
Et sous un pont l’inondation.
La génétique me donne des tics
Et l’audimat, quel acrobate
Vend des floppées de
médicaments.
Trop énergique, l’antibiotique
Prenons l’avion pour des pays
Sans communisme, sans
intégrisme.!
Quelle drôle de tête fait la
planète
Trop réchauffée pour de
l’argent.
Puberté, insécurité.
Mort aux dandys du pacifisme
Vive les lions de la corruption
Quand viendra le temps de
vieillir
Avortera notre sagesse.
Puis sur la route un accident
Et pour moi-même un chrysanthème
:
PP
Semaine 4 Jour 4
DE TOUT UN PEU
Pluie de saint Jean
Pluie pour longtemps.
LE BAC
Quand le 21 du mois, Juin devient Messidor,
commencent les moissons.
Moissons de céréales, en commençant par l’escourgeon et aussi moisson
de prix et de diplômes pour écoliers et étudiants.
C’est un décret impérial de 1808 qui fait du baccalauréat le
couronnement de l’enseignement secondaire et le premier grade universitaire.
Bien que souvent et vigoureusement attaqué, le bac a la vie dure. Déjà
au début du siècle dernier, des chroniqueurs s’élevaient contre « l’excès
de travail imposé par le baccalauréat à de malheureux élèves qui ne peuvent
ainsi goûter aux plaisirs de leur âge.. ».
Et de génération en génération, les adolescents qui se rêvent
acrobates, clowns ou montreurs de puces savantes, se voient interdire l’accès
immédiat à ces séduisantes carrières, par la phrase parentale :
« Passe ton bac d’abord ! »
Les mêmes parents qui au même âge se sont vu interdire etc…etc…
Semaine 4 Jour 5 C’EST POUR RIRE
A la Saint Thibaut,
Sème tes raves, arrache tes aulx.
Détail peu connu des entomologistes: l'éléphant, maintenu dans une
tabatière, possède la propriété de communiquer au tabac à priser un parfum
extrêmement délicat, fort recherché des amateurs."
Alphonse ALLAIS
Semaine
4 Jour 6 CE SOIR JE SERAI lA PLUS BELLE
En juin et août,
Ni huîtres ni choux.
SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT
Le
soleil, c’est mauvais pour la peau, mais c’est bon pour le moral !
Alors,
comment de faire dorer sans se retrouver plus craquelée que terre de jardin au
Sahel ?
C’est
simple. D’abord, suivre les conseils d’usage : progressivement, pas trop
longtemps, jamais au milieu de la journée et s’enduire abondamment de crème
solaire à indice fort.
Et de plus,
commencer dès maintenant (mieux encore, tout au long de l’année) à offrir à
votre peau de bonnes doses de béta-carotène.
Où en trouver ? C’est facile, les fruits et légumes qui
en contiennent le plus, annoncent la couleur : ils sont rouges ou orangés.
Remplissez vos paniers et vos assiettes de carottes, de tomates, de mangues,
d’oranges, de pastèques, de melons, de fraises et de tous les fruits rouges en
général.
Mais ne craignez pas que le vert produise l’effet
inverse ; les épinards, le persil, les brocolis, le cresson, la laitue
sont aussi bourrés de béta-carotène.
Ajoutez à cela de la vitamine E, que vous trouverez dans le germe de blé, les
amandes, le chou rouge et le raisin.
Et aussi, buvez beaucoup…. d’eau !
Semaine 4 Jour 7 LE PARTRIOLE
Le sixièm’ mois de l’année
Que donnerai-je à ma mie ?
Six lièvr’ aux champs,
Cinq lapins grattant la terre,
Quatre canards volant en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole,
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole,
Qui vole dans ce bois !