A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

samedi 24 octobre 2009

LE VAUTOUR DE LA SIERRA - La parole d'honneur du bandit (4)


Il s’aperçut alors qu’il était ligoté sur son cheval et montait ainsi lentement vers les hauteurs de la Sierra, entouré d’une troupe de cavaliers qui répandaient une désagréable odeur d’ail et de vieux cuir.
Allons, pensa sir Gevil, je suis prisonnier. L’hôtelier avait raison.
Et comme il n’y pouvait plus rien, il en prit son parti et ne songea qu’à exprimer ses désirs immédiats :
- Détachez mes bras, dit-il à voix haute, et donnez-moi une cigarette.
- Tiens, dit une voix mâle, il se réveille… Tout à l’heure, mon garçon ; nous arrivons et si tu veux fumer, il faudra y mettre le prix.
Il y eut des rires.
On marcha quelque temps encore ; puis la troupe s’arrêta, détacha son prisonnier et l’enferma dans une petite cabane dissimulée derrière des roches. Les brigands campèrent autour.
A l’aube, ils se levèrent et firent sortir l’Anglais.
Ils le dévisagèrent curieusement, car sir Gevil n’avait pas dit un mot depuis la veille et cela les surprenait. Leurs captifs, d’ordinaire, se répandaient en cris de colère ou en lamentations.
Celui-là restait impassible et son visage de statue demeurait impénétrable.
- Un homme comme ça, n’a rien à perdre. C’est un pauvre diable, certainement ! estima l’un des bandits. La belle besogne que nous avons faite ! Le Quebranta dira que nous volons son pain à chasser ce gibier ! Holà ! qu’on s’en aille. A cheval, vous autres !... Et toi, dit le brigand en posant le canon de son revolver sur le front de Gevil Haye, monte sur ta bête et sois sage, ou sinon je fais sauter ta tête de papier mâché !
Le froid de l’arme ne fit même pas sourciller sir Gevil. L’insulte le laissa indifférent.
Il monta péniblement à cheval, car il n’était pas remis de sa chute et la fraîcheur de la nuit réveillait les fièvres dont il avait autrefois souffert.
Si long et si dur, pourtant, que fut pour lui le trajet qui le séparait de la caverne du Quebranta, il n’eut pas un geste d’impatience, pas une plainte. On l’amena devant le chef, assis à l’entrée de son antre et on le laissa seul avec lui.
Don Quebranta toisa d’un vif regard ce grand homme un peu voûté.
Il se souleva à demi, par politesse, et tendant son bras vers une chaise toute proche, il dit courtoisement :
-Prenez ce siège, senor. Je suis un peu las et souffrant. Excusez-moi de vous recevoir ainsi.
Sir Gevil prit la chaise, ajusta lentement son monocle dans son œil gauche et promena son regard sue la caverne aux parois abruptes où logeait le bandit ; puis il le reporta sur l’homme étrange qui lui parlait. Les yeux du bandit plongèrent dans ceux du captif et le Quebrana sentit qu’avec celui-là, il devrait traiter d’égal à égal.
-J’ai coutume, dit-il, de prélever un droit de passage sur les visiteurs de mon domaine. Vous le saviez, sans doute, senor, en me faisant l’honneur d’y pénétrer. Que puis-je espérer de vous ?
-Rien, répndit sir Gevil. Je suis pauvre et je dois renoncer à vous satisfaire.
- Vous êtes pauvre ? Il est heureux pour vous que je vous croie. Mais les plus pauvres apprennent ici l’art de se procurer des ressources, reprit don Quebranta avec douceur. Je fixerai donc une somme modeste pour vous rendre la liberté. Mais débattons rapidement, s’il vous plaît, cette question méprisable. Il me répugne de m’y attarder. Cela fait, vous deviendrez mon h^te et nous n’en parlerons plus.
Pendant que le bandit parlait, Sir Gevil l’examinait.

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