Les rêves et les images intérieures occupent une place primordiale dans l’Histoire et dans le monde depuis probablement la naissance de cette tranche-ci d’humanité.
Cependant leur existence pose toujours problème, la science a, certes, démontré que l’homme rêvait — on le sait depuis près de 100 000 ans — mais n’a rien apporté de neuf quant au contenu du rêve.
Freud a voulu donner une approche scientifique du rêve en fondant des interprétations sur une grille contenue dans la théorie psychanalytique.
Jung, de son côté, tenta une autre approche, par une contribution qu’il voulut moins réductrice en diversifiant les polarités de la libido et en attribuant aux rêves un rôle jusque-là ignoré. Le rêve aurait pour fonction d’établir une communication entre la conscience et l’inconscient et pour but, le rétablissement d’un équilibre dynamique de l’un à l’autre. Ce dernier ayant pour finalité de rendre plus fluide l’immersion du conscient dans la réalité. C’est supposer que conscient et inconscient aient l’un et l’autre un projet.
En France, la polémique, née au lendemain de la rupture de ces deux géants de la psychanalyse, sévit toujours entre les deux écoles issues de ces pères fondateurs.
Du côté de la neurologie et de la physiologie, rien de neuf n’a été apporté de particulier depuis les années 70, avec la découverte des phases du sommeil. On exploite au maximum les découvertes de M. Jouvet à des fins médicales, mais la recherche fondamentale stagne par manque de moyens mais, probablement aussi, par manque d’intérêt pour les rêves. On sait que l’on rêve, scientifiquement parlant, mais nul ne sait ce dont le chat, le singe ou l’homme rêvent, ni pourquoi tel rêve survient plutôt que tel autre. Or c’est ce qui fascine le plus et c’est aussi ce qui a laissé des traces dans l’Histoire. Cela les neurologues et autres physiologistes semblent ignorer.
Force nous est de revenir à l’empirisme de la pratique quotidienne, nous basant sur une écoute attentive du langage du rêve qui faciliterait une meilleure dialectique conscient/inconscient. C’est l’essentiel de la pratique psychothérapeutique ou psychanalytique.
Cela suppose d’emblée l’existence de deux zones, au moins, de la psyché humaine : l’inconscient, le conscient et qu’il existe des communications permanentes entre ces couches de la psyché humaine.
Outre les rêves, les échanges entre la conscience et d’autres zones de la psyché, surviennent — apparaissent à la conscience — des images ou visions dont la trame est plus ou moins élaborée, à des moments particuliers que la physiologie a également très peu étudiées. Suivant les écoles, les modes et la culture, on les nomme fantasmes, fantaisies, images, visions, hallucinations...
Parler de fantasme, en français, c’est laisser supposer qu’il s’agit d’une production tout à fait trompeuse, mensongère, fruit de l’imagination, en somme quelque chose qui n’a ni consistance ni intérêt sinon comme production névrotique. C’est dire que ces productions de l’imaginaire ne suscitent que suspicion et méfiance.
Pourtant la « réalité » de ces images jalonne l’Histoire et, parfois, la forge. Si l’on parle de vision, Dieu n’est pas loin.
On admet pourtant que ces productions sont aussi en relation avec le processus créatif.
Hors du processus névrotique, ces images intérieures seraient donc tout à fait exceptionnelles, survenant à des moments exceptionnels chez des êtres d’exception ou dont la fonction culturelle est spécifiques — artistes, inventeurs...
On comprend que le rêve, cantonné à la vie nocturne, puisse faire l’objet d’une attention pour les spécialistes du cerveau. Au moins entre le jour et la nuit, la veille et le sommeil, la frontière est très nette.
On étudie les abysses de l’océan, on explore les recoins les plus inattendus de la planète, on peut accorder quelque attention à la vie nocturne ou une à activité psychique durant le sommeil, même si les termes activité et sommeil paraissent antinomiques.
De là à passer un seuil et supposer l’existence d’une activité parallèle à celle de la conscience, il y a un abîme. Pour Michel Jouvet, d’un point de vue purement physiologique ce ne sont pas les mêmes zones qui sont concernées par l’activité diurne et l’activité nocturne. On peut donc supposer sans trop de risques qu’il en est de même en ce qui concernent les fantaisies de la psyché.
Fantasme que tout cela ! Illumination de mystique ! C’est l’opinion qui domine.
Forçant un peu l’attention du lecteur, on finira par lui faire accroire l’existence de quelques visions passagères et fugaces qui traversent la conscience. Et l’on admettra aussi bien que cela concerne les sens de la vue. Nous l’avons compris, fantasme, vision, image, pour peu que l’on en admette l’existence, se présentent sous forme visuelle.
Rien n’est moins sûr ! L’expérience nous amènerait à penser que les cinq sens sont concernés. Dans ce cas, pouvons-nous parler d’images ? Bien sûr, car il s’agirait de représentations, de fantaisies et ces particularités du processus psychique peuvent tout aussi bien affecter la vue que le toucher, l’olfaction ou l’ouïe, le goût pourquoi pas.
De nombreux témoignages vont dans ce sens et il suffit parfois de faire une enquête sommaire autour de soi pour constater que la vie psychique peut, en effet, revêtir bien des aspects.
Illel Kieser El Baz - Psychothérapeute, Psychologue clinicien - Toulouse
1 commentaire:
Intéressant.....
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