A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mercredi 12 janvier 2011

Est-il encore permis de pleurer?? bureau/souvenirs/vrac


Le chagrin est-il un scandale? Pourquoi ne peut-on plus pleurer tranquille??
Imaginez un couple d'amoureux, du genre de ces oiseaux qu'on nomme "inséparables". Ils vieillissent heureux, généreux, soucieux des autres et gais... on marchait avec eux le long des chemins de campagne et le soir, à la fin des dîners, ils chantaient... en duo: "La Fille du Métro", Nini Peau d'Chien", Le Fils-Père, et on riait et on reprenait en choeur....  
Et puis...                                                                                    Afficher l'image en taille réelle

Celui qu'on n'attendait pas: le vilain crabe et un mauvais en plus, celui qui bouffe le pancréas.
Il a tenu deux ans vaillamment, remplissant jusqu'au bout son rôle d'animateur et d'organisateur. Au dernier dîner,  ils ont chanté encore, un peu moins longtemps mais toujours soucieux de nous faire rire.
Lors de la promenade suivante, vers 14heures, il a encore soufflé le rassemblement dans son indispensable corne... mais à l'arrivée, au goûter, il n'était plus là; fatigué nous a-t-on dit.
On ne l'a plus revu; encore une promenade où l'on a eu de ses nouvelles: elles n'étaient pas bonnes...
A celle d'après, elle est venue seule, juste pour l'arrivée mais il a fallu la raccompagner avant le goûter... elle n'a pas pu...
Au dîner de clôture de la saison, elle était là: elle a chanté... seule...
Et depuis, elle erre dans sa jolie maison... elle nourrit ses dix chats... sur la grande table il y a encore les dossiers, les stylos, les lunettes et une veste en tricot sur le dossier de la chaise...
Chaque jour, elle est un peu plus voûtée, le pas toujours plus incertain. Elle l'attend sans espoir. Elle s'endort et s'éveille seule, dans les bras de personne. Et il lui arrive de tomber...
Et c'est grave, parce qu'elle veut rester dans cette maison où ils ont été si heureux... Ah, oui! Je ne vous ai pas dit: ces amoureux avaient 80 ans passés! Alors, une vieille dame seule, qui ne tient pas debout, les mieux intentionnés voudront la mettre en sécurité... là où des chats, dix surtout, n'ont pas droit de cité. Et si on la prive de ses chats, que va-t-il lui rester?
Mais pourquoi ces chutes? 
Parce qu'elle pleurait trop; alors on lui a donné des anti-dépresseurs. Elle pleure certes moins, mais elle est hébétée... Et puis, et puis... ils aimaient bien nos amoureux, un petit verre de champagne ou d'autre chose entre eux ou entre amis...
Et des amis, elle en a; car on l'entoure et nous sommes nombreux et tout le monde ne carbure pas au thé gingembre. Attention! il n'y a pas de poivrots, ici, personne ne ferait jamais virer l'alcootest! Mais voilà! Tout le monde veut réconforter Suzy et les anti-dépresseurs font mauvais ménages avec les réconforts en bouteille.
Aussi Suzy  fait des chutes!
Pourquoi ne laisse-t-on pas pleurer tranquille une amoureuse éplorée de 83 ans? L'amitié et un verre de champagne ne tariront pas ses larmes, mais les anti-dépresseurs ne les tarissent pas non plus!
Pourquoi, pourquoi masquer le chagrin sous des molécules chimiques? Ce qui lui est arrivé est grave; il est juste qu'elle pleure! Et je voudrais moi, que ses larmes sortent à profusion comme le pus d'un abcès et qu'il en sorte tant qu'elles finissent par se tarir et que la plaie enfin se referme laissant la place à une cicatrice parfois douloureuse. Car elle sera à jamais inconsolable, il faut le savoir; mais il faut l'aider à vivre sa peine puisqu'elle est vivante, et ne pas en faire pour éviter que son chagrin ne nous dérange, une sorte de zombie égarée dans sa peine...
Souffrir une bonne fois pour mieux repartir, blessée, amputée, mais vivante...

4 commentaires:

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Beau témoignage d'amitié. Preuve encore une fois, que la pharmacopée ne peut pas tout contre les maux. Il semble que notre façon de soigner se déshumanise chaque jour. Cette pauvre dame n'a pas choisi son camp, mais la vieillesse est-elle bien comprise par ceux qui la prennent en charge. Certains soignants subissent des pressions et exécutent parfois des désirs venant de l'entourage. La paix à tout prix passe souvent par des médicaments. On parle de camisole chimique et ceux qui l'ordonnent restent sourds à ces propos.Ponce-Pilate a fait des émules et il est tellement plus facile parfois de fermer les yeux sur les résultats. Je souhaite à cette dame, une vieillesse heureuse, chez elle, le plus longtemps possible, mais libérée de ces carcans chimiques, parmi ses amis et ses chats.

Roger

Marité a dit…

J'ai pleuré hier toute la journée... Pour un oui, un non, chez le Docteur, à qui je disais ma crainte de vilaine maladie qui me tient depuis mon retour des States. J'en avais besoin... étant très souvent celle à qui l'on vient confier sa peine et qui console. C'était un jour positif. L'histoire de ta Suzy est très belle Pomme, je l'ai beaucoup aimée.
Bisous.

P a dit…

C'est hélas, une histoire vraie et qui se passe en ce moment.
Oui, Marité il y ceux qui pleurent et ceux qui consolent et ceux qui consolent n'ont jamais le droit de pleurer, sauf quand on paye pour ça...
D'un autre côté, ça aide à se tenir droites... j'ai lu que tu as aimé la "Grosse Pomme" et je te souhaite que la vilaine maladie ne soit qu'une crainte non fondée.
Je t'embrasse...
Pomme

beatrice De a dit…

Ma grand mère qui est morte à 104 ans, approximativement, car sa date de naissance était très approximative. Dans le temps on était moins pointilleux pour ces choses-là. Mais a un age très avancé, disait * je ne veux pas de médicaments, ils font des expériences sur les vieilles personnes.

C'est vrai en sommes, pourquoi lui impose-t-on des médicaments chimiques à cette dame. Elle doit revendiquer le droit de pleurer. un droit fondamental pour se relaxer.

La semaine passée, suis allée en Alsace pour le dernier hommage à une orpailleuse que j'aimais bien.
3h 30 allé, 3 h.30 retour. Qui aurait pensé revenir dans cette petite chapelle d'Exincourt, seulement deux ans après la mort de son mari. Tous les deux mort de ce vilain crabe.
Oui, on a le droit de pleurer.




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