Le sire de Gramouillay était souvent parti, soit à la chasse, soit en guerre contre ses voisins, parfois même et pour de longues semaines à la cour de son suzerain. La dame, solitaire et lassée de ses suivantes, pour la plupart des paysannes assez mal dégrossies, imagina de se faire donner des leçons de guimolle et pour se mieux concentrer, exigea de rester seule avec son page, en ses appartements. Etant donné le jeune âge d’icelui, personne ne s’en formalisa. Or, la châtelaine n’avait pas trente ans et l’adolescent de son côté, ressentait de façon fort pressante, les effets conjugués du printemps et de son imagination enfiévrée au spectacle récent de juments qu’on avait mené à l’étalon dans la cour du manoir. Saillie à laquelle il avait, si l’on ose dire, prêté la main, car, ses nouvelles fonctions n’absorbant pas tout son temps, il avait par goût plus que par obligation, continué à s’occuper des chevaux.
Bref, il arriva ce qu’on peut imaginer : la dame en musique, fit peu de progrès. Guilly en revanche, assimila parfaitement ce qu’elle lui enseigna. Il s’empressa dès lors à transformer ces leçons en travaux pratiques, et des cuisines aux greniers à foin, toute la gent féminine bénéficia de sa science nouvelle. La rumeur informa sa mère qui, affolée de tant de précocité, à son tour alerta le chapelain, lequel confessa son turbulent neveu et ému autant que scandalisé par ce qu’il entendit, lui infligea une pénitence que le garçon accomplit scrupuleusement et à l’issue de laquelle il s’enflamma pour les beaux yeux et le corsage rebondi de la fille de ses seigneurs qui justement faisait ses dévotions à quelques prie-dieu du sien.
Damoiselle Umhilde avait grandi sous la pluie et atteint sans trop de péripéties l’adolescence. Péripéties et incidents risquaient peu de se produire, car la tempête en hiver et le brouillard en été incitaient peu aux sorties et autres aventures au clair de lune auxquelles se livrent ordinairement les jouvencelles. Elle passait le plus clair de son temps au coin du feu entre sa mère et des suivantes qui auraient volontiers randonné plus loin que la salle des dames ; seulement cet endroit était le seul chauffé. Aussi l’horizon d’Umhilde se limitait-il au paysage entrevu par l’étroite meurtrière qui apportait à la salle plus de courants d’air que de lumière. Un paysage gris….
La poule au pot vous attend au jardin mais prenez garde aux sorcières dans les contes
1 commentaire:
quelle belle plume t'es partie pour un livre !
tu le peux.
oui j'ai retrouvées lunettes
c'était des conteuse ami de qui tu sais
je t’embrasse fort
à bientôt
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