A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mardi 17 septembre 2013

Quelle histoire!bureau/souvenirs/vrac

Monsieur de Saint Lambert

Du temps que j'étais écolière à Nancy, on remontait du "Point Central" à Laxou par le 3, tramway de son état, qui s'arrêtait à mi-parcours à la station Saint Lambert. Arrêt fixe et non facultatif comme d'autres. Facultatif... mot magique qui longtemps garda pour moi son mystère jusqu'à ce qu'un jour, je finisse par en découvrir le sens. Comme quoi, on peut enrichir son vocabulaire rien qu'en prenant le tramway...
 Le Saint Lambert en question, n'était pas cet évêque de Maestricht, protecteur de la ville de Liège et qui vécut aux environs des années 650 à 705, mais un monsieur de Saint Lambert qui causa un grand chagrin à Voltaire. C'était au temps du bon roi Stanislas.
Jean François de Saint Lambert, poète lorrain né à Nancy, bien que taciturne et un rien misanthrope, était adoré des femmes. Alors qu'il était grand-maître de la garde-robe du roi Stanislas, il fut aimé de la marquise de Boufflers, dont l'avenue si difficile à monter en vélo débouche précisément au carrefour Saint Lambert. La marquise qui était la maîtresse en titre du souverain, était frivole. Alors que le beau Jean-François était à la guerre, elle lui trouva un suppléant.
Afin de lui rendre la monnaie au plus juste, Saint Lambert entreprit avec succès de séduire Emilie du Châtelet qui venait d'arriver à la cour de Lunéville en compagnie de Voltaire dont elle partageait la vie. L'espiègle Madame de Boufflers qui n'aimait rien tant que le bonheur de ses semblables, favorisa ce qui n'était alors qu'une amourette vouée à exciter sa jalousie mais qui avec le temps devint une véritable passion.
Arrivés là, j'espère lecteurs,que vous suivez le fil de ces chassés-croisés qui sont assez embrouillés. Reprenons!
La belle Emilie, excessive autant qu'une adolescente qu'elle n'était plus, se laissait aller à des extravagances telles que glisser des billets doux entre les cordes de la harpe de madame de Boufflers afin que Saint Lambert les y découvrit. Voltaire en vrai philosophe, fermait les yeux sur ces gamineries et ne tenait en rien rigueur à Saint Lambert d'offrir à madamr du Châtelet des distractions qui n'étaient plus guère les siennes. Hélas, ce qui devait arriver ne manqua pas de se produire: Saint Lambert engrossa Emilie. Elle avqait près de quarante ans et rendit l'âme après avoir mis au monde une petite fille qui ne tarda pas à la suivre.
"Eh! qu'aviez-vous besoin, lui reprocha Voltaire au désespoir, qu'aviez-vous besoin de lui faire un enfant?"
Pourtant, il estimait Saint Lambert en tant que poète et sa rancune ne dura pas. Il soutint son rival lorsqu'il se présenta à l'Académie Française.
Après la mort d'Emilie, Saint Lambert s'engagea dans l'armée Française, fit la campagne de Hanovre en 1757 et obtint le grade de colonel. En 1758, handicapé, il se consacra à la poésie, prit le titre de marquis et fréquenta les encyclopédistes. Il eut avec Sophie d'Houdetot, une liaison qui dura près de 50 ans. Pendant la Révolution, il se retira à Eaubonne en sa compagnie. Il mourut là, en 1803, mélancolique, gourmand, un peu gâteux et âgé de 87 ans.

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