Il
y a peu, je disais mon ras-le-bol du comportement des chaussettes. Après une
longue traque, ce matin enfin j’en ai « eu » une paire !
Voici
l’affaire :
J’avais
une excellente paire de chaussettes presque neuves, sans usure au talon et
d’une parfaite adhérence au mollet, de laine fine assez pour tenir chaud sans
encombrer le soulier et de couleur bleu marine. La chaussette bleu marine est
relativement rare car deux préjugés empêchent sa prolifération :1/ le bleu
marine est une couleur d’été et 2/ la chaussette de laine se porte en
hiver ; raisons pour laquelle l’industriel avisé n’en fabrique pas puisque
d’ailleurs le commerçant sensé n’en achèterait pas assuré qu’il est qu’aucun
consommateur n’en a besoin. Mais il est des aventuriers dans les trois groupes
humains, qui bravent les préjugés et la malignité de la chaussette, puisque les
chaussettes noires et bleu marine n’ont qu’une seule préoccupation : se
mélanger de façon telle qu’on ne sait plus qui est qui et qu’on finit par les
séparer en tentant de les apparier ; la chaussette est maligne !
Trêve
de philosophie, poursuivons notre enquête.
Puisqu’il
faut laver les chaussettes, il faut les faire sécher et nous voyons sur le fil
sécher la paire de chaussettes, fixée avec une seule pince à linge pour
prévenir toute tentative d’évasion. Une fois sèches les chaussettes qui
finissent toujours par sécher quand bien même n’aurions-nous aucune prétention
au titre d’archiduchesse n’ont qu’une idée en … pied, une fois délivrées de la
pince à linge : se séparer pendant le trajet entre le fil et le tiroir.
Ainsi
tandis que l’une arrive à destination, on retrouve l’autre traînant dans le
jardin et quand cette dernière aborde le tiroir, sa sœur a disparu ! Sœur
qui se montre inopinément dans une autre pièce le jour suivant et qu’on tente
de rapprocher de l’autre qui s’est évanouie. Où donc ? Comment
savoir ? Il reste alors à appliquer les enseignements de sagaces policiers
bien connus : de l’ordre et de la méthode : ranger la chaussette
unique que l’on tient à la place où normalement repose une paire ; se
souvenir de cette place ; chanter en vers et en prose l’indignité des
chaussettes et attendre.
On
finit par comprendre la stratégie pernicieuse de la chaussette : nous
avons rangé une chaussette unique et
laissé couler les heures et les jours. Au bout d’un certain temps, puisque nos
deux pieds nous restent, on cherche à cette dépareillée une autre
utilité : chiffon à poussière, à cirage (la chaussette de laine apporte au
soulier un lustre incomparable). On peut aussi la bourrer de chiffons (ou d’autres
chaussettes), lui faire des cheveux de
laine et des yeux de boutons, lui ajouter des oreilles et la voilà
doudou ; glisser dedans la main pour la faire marionnette. Vous avez
maintenant compris que la chaussette se rend solitaire dans l’espoir d’un
destin meilleur que l’obscurité de la chaussure. Ce qui n’arrange rien
puisqu’en utilisant au mieux la chaussette unique, le problème va devenir
récurrent et d’autres chaussettes solitaires hanteront vos tiroirs. Pour quelle
raison me demanderez-vous ?
Et
voici la clé de l’énigme : vous avez un matin besoin d’un collant. La vie
rustique n’en impose guère l’usage aussi n’ouvrez-vous que rarement leur
tiroir. Mais ce matin ou vous leur rendez visite, vous apercevez, lovée entre
bas et collants, une chaussette : bleu marine et de laine fine ! Pas
de chance pour elle, je venais de vois sa sœur deux tiroirs plus haut. Je les
ai comparées et les deux faisaient bien la paire.
Ce
qui m’amène à vous exposer la stratégie de la chaussette quand on n’intervient
pas à temps : une chaussette isolée se cache en une place où elle n’a rien
à faire et que vous inspectez rarement tandis que l’autre vous nargue avec
insistance jusqu’à ce que vous statuiez sur son sort. La chaussette restante,
peut rester tapie dans son repaire
attendant l’oubli de la première affaire, le moment où vous allez la
considérer elle aussi, comme chaussette unique à qui procurer une situation
stable.
3 commentaires:
J'ai un principe : rechercher d'abord la chose perdue là où je suis sûre, mais sûre et certaine de ne pas l'avoir mise là... et en principe c'est bon, je l'y retrouve. Enfin en principe, sinon je demande à St Antoine ! :)
Quand je demeurais à Paris, je prenais souvent le métro à la station Gambetta, et, souvent je voyageais avec un dénommé Claude Moine.
Ce genre de mésaventure m'inquiète toujours car elle me laisse penser qu'Alzheimer me guette :-)
GROS BECS
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