A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mardi 11 août 2009

La rançon de Mack - O'Henry (2)



Un soir Mack prend la parole et me demande si j’suis suffisamment versé dans les us et coutumes de l’espèce féminine.
« Oui-da ! que j’fais, d’un certain ton de voix. J’la connais depuis Adèle jusqu’à Zéphirin. La nature et le déguisement des femmes me sont aussi familiers que la topographie de Sing-Sing à un banquier américain natif de Chkipoumof (Bulgarie). Je suis à la page de toutes leurs petites contredanses et ponctuelles contradictions.
- J’vais t’dire, Andy, fait Mack avec une sorte de soupir, j’ai jamais eu le moindre ingrédient d’interpolation avec leurs prédispositions. Peut-être que j’aurais un certain penchant naturel à naviguer dans leurs parages, mais j’n’en ai jamais eu le temps. J’ai commencé à gagner ma vie à quatorze ans ; et il me semble que j’nai jamais eu l’occasion d’équiper mes ratiocinations avec les sentiments généralement exhibés à l’égard du beau sexe.
-Y’a une argumentation opposée, que j’dis, inadéquate aux points de vue. Bien que les femmes varient en rationalis, j’les ai très souvent trouvées visiblement divergentes les unes des autres en matière de contrastes similaires.
- J’ai idée, poursuit Mack, qu’un homme devrait toujours s’les incorporer et cuirasser ses inspirations quant au sexe, lorsqu’il est jeune, et en conséquence prédéterminé. J’ai laissé passer l’occasion ; et maintenant j’estime que j’suis trop vieux pour sauter à travers le curriculum.
-Oh ! j’en sais rien, que j’dis. Peut-être qu’elles ne valent pas un panier de fric, ni les réjouissances confortables qu’on éprouve à s’émanciper de leurs inclinaisons emberlificotrices. Pourtant, je ne regrette pas ma connaissance des femmes. Un homme qui comprend leurs symptômes et appartés sait qu’il doit se tenir sur ses gardes en ce monde. »
Le séjour à Pîna nous plut et se prolongea. Y a des gens qui ne peuvent pas jouir de leur fortune sans fracas, délire et locomotion ; mais Mack et moi on en avait assez des agitations et des lits d’hôtel. La population était cordiale. Ah Sing avait repéré l’espèce de cuisine que réclamait notre idéal gastronomique ; Mack et son Buckle étaient copains comme cochons ; et quant à moi, je commençais à extirper du banjo un ersatz très satisfaisant de « Buffalo Gals, Can’t you come out To-night », ting…ting tiguidi ding… vous savez ?
Un jour je reçus un télégramme de Speight, le directeur d’une mine de New-Mexico dans laquelle j’avais des intérêts. Il me fallut partir ; et je restai deux mois absent. J’avais hâte de revenir à Pîna pour y goûter de nouveau les jouissances de la vie.
Lorsque j’arrivai à la baraque, je faillis m’évanouir. Mack se tenait sur le seuil ; et si jamais les dieux peuvent sangloter, c’était le moment où jamais.
Cet homme était un vrai tableau pour la National Gallery de Pictonag-les-foins. Non, il était pire ; c’était l’authentique chef-d’œuvre pictural acheté par le Département des Beaux-Arts de Washington sur l’intervention d’un sénateur influent.
Il était affligé d’une redingote, de souliers vernis, d’un gilet blanc et d’un chapeau haut de forme, et sa boutonnière arborait un géranium de la taille de la rosette du Mérite Chevaleresque et Révolutionnaire décernée aux généraux et patriotes Boliviens.
Et il se pavanait et se tortillait le museau comme un gosse qui a la colique ou comme un infernal vendeur de grand magasin.
« Hello, Andy ! fait Mack au milieu de ses grimaces. Content de te revoir. Il s’est passé des choses depuis ton départ.
- J’m’en doute, dis-je, rien qu’au spectacle sacrilège qui offense ma rétine. Dieu ne t’a jamais fait comme ça, Mack Lonsbury. Pourquoi déshonores-tu Ses œuvres avec cette espèce de pitrerie présomptueuse ?
-Mais, Andy, qu’il fait, ils m’ont nommé juge de paix en ton absence. »
Je dévisage Mack attentivement. Il a l’air agité et inspiré. Un juge de paix doit normalement offrir un aspect mélancolique et tempéré.

1 commentaire:

anne des ocreries a dit…

Oh my lord ! c'est croustillant et savoureux, ha ha j'adore !