A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mercredi 12 août 2009

La rançon de Mack- O'Henry (3)



Juste à ce moment là passe une jeune femme sur le trottoir ; et je vois Mack qui change de couleur, et s’met la bouche en cul de poule, et qui lève son gibus en souriant et qui s’plie en deux ; et l’autre sourit à son tour, s’incline et s’en va.
« Ton cas, dis-je, est désespéré, si tu as attrapé la féminite à ton âge. Et moi qui te croyais vacciné ! Et des souliers vernis ! Tout ça en deux mois de temps !
- Je vais agglutiner ce soir, dit Mack avec une sorte de minauderie, cette jeune fille dans les sacrés liens du mariage.
- J’ai oublié quelque chose à la poste », dis-je en m’éloignant rapidement.
Cent mètres plus loin je rattrape la jeune créature. Je lève mon chapeau et je me présente. Dix-neuf ans qu’elle paraît, et jeune pour son âge. Elle rougit et me jette un regard glacial, comme si j’étais la neige dans la scène tragique des Deux orphelines.
« Paraît qu’vous allez vous marier ce soir ? que j’dis.
-Exact, qu’elle fait. Vous avez des objections à formuler ?
- Ecoutez, beauté… que j’commence.
-Mon nom est Miss Rebosa Redd, dit-elle d’un air outragé.
-Je l’savais, que j’dis. Eh bien, Rebosa, je suis assez vieux pour avoir du de l’argent à votre père. Et ce vieux ptomaïniaque spécieux, redingoté, nauséeux et gibusé qui se pavane goulûment comme un irrémédiable dindon en souliers vernis, est mon meilleur ami. Pourquoi diable êtes-vous allée l’emmancher dans cette histoire de mariage ?
-Mais, répond Miss Rebosa, c’est la seule chance que j’avais…
-Sans blague ! dis-je en jetant un regard d’admiration apitoyée sur son teint et le style de sa physionomie. Avec cette beauté-là, vous pourriez dégoter n’importe quel mâle. Ecoutez, Rebosa. Le vieux Mack n’est pas l’homme qu’il vous faut. Il avait vingt-deux ans quand vous êtes venue au monde. C’t’espèce de floraison qu’il exhibe ne va pas durer. Il est tout éventé de vieillesse, de ruine et de crépitude. C’est un cas de démon de midi. Le vieux Mack a laissé passer son numéro quand il était jeune ; et maintenant il fait un procès à la nature pour réclamer l’intérêt de la lettre de crédit qu’il a reçue de Cupidon au lieu de se faire payer comptant. Rebosa, tenez-vous à, la perpétration de ce mariage ?
-Mais bien sûr ! dit Rebosa, en accompagnant ces mots d’une oscillation énergique des renoncules de son chapeau. Et il y en a un autre qui y tient aussi, j’vous promets.
-A quelle heure doit se passer le forfait ? demandé-je.
-A six heures, qu’elle dit. »

1 commentaire:

anne des ocreries a dit…

nan, vrai, c'est jubilatoire, une écriture pareille !