A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mercredi 25 janvier 2012

LIRE ET RELIRE bureau/souvenirs/vrac


Parce que ma grand-mère, du temps qu’elle était « première » au Caprice, la maison de mode très chic de Nancy, eut l’occasion de chapeauter, (on disait coiffer à l’époque où les coiffeurs n’avaient pas la suprématie qu’ils ont acquis depuis que les modistes ont disparu.) Madame Riquetti de Mirabeau. On prisait beaucoup dans les ateliers familiaux les romans de Gyp, nom de plume de l’aristocratique cliente.
Romans légers, comme par exemple « L’ Amoureux de Line ». On y rencontre des filles du monde qui parlent un improbable argot .Elle y épingle mondaines et mondains tel le vicomte de Querqueville qui, « passe pour être l’homme le plus chic de la saison. Il a trente-cinq ans ; un col qui l’oblige à tourner tout son corps quand il veut regarder à droite ou à gauche ; des bottines en bec d’aigle et une jaquette en carapace de scarabée… »
Et pour le même prix, elle administre à ses lectrices (Gyp avait peu de lecteurs), des leçons de bienséance du genre de celle-ci :
« ….Je me sens commun, gauche, mal élevé…
-Vous n’êtes pas du tout mal élevé…
- Pas mal élevé à proprement parler, si vous voulez… mais je ne sais pas me présenter, m’exprimer… Je ne sais pas ce qui se fait ou ne se fait pas, et je n’ai personne pour me donner des conseils…
- Voulez-vous me permettre de vous en donner un, de conseil ?...
- Oh ! oui !... je vous en prie ?...
- Eh bien, ne m’appelez pas « Monsieur le Comte », ni moi ni personne… Il ne faut jamais donner les titres en parlant… sauf à un Prince ou à un Duc… quand c’est « des vrais »…
‘ Ah !... moi qui croyais que ça se faisait toujours !...
- Ca se fait dans les romans écrits par des gens qui n’ont jamais vécu dans le monde… mais ça ne se fait pas dans la vie, du moins d’égal à égal…
- Mais je ne suis pas votre égal !...
-Je vous demande pardon… Je ne vous rappellerai pas que quatre-vingt-neuf a fait tous les hommes égaux ?...-
Gyp ici se souvient de son illustre aïeul, l’ »Orateur du Peuple », la « Torche de Provence », le révolutionnaire et libertin Mirabeau.
 Pourtant l’aristocrate reprend : Ce cliché ridicule ne met personne dedans…Je vous dirai simplement que je suis votre égal… et réciproquement… de ce fait même du terrain sur lequel nous nous rencontrons… Si l’on vous entendait donner un titre en parlant à moi ou à n’importe qui, on en pourrait augurer que vous avez été domestique…
- Oh !... –fait monsieur Moufflu consterné (Car Moufflu le roturier est amoureux d’une jeune aristocrate ; il faut qu’il connaisse les bonnes manières, car puisqu’il est riche, on va le laisser courtiser la demoiselle ; et puisqu’elle est pauvre, il pourra même l’épouser.)- si je me doutais de ça, par exemple !... Je croyais, au contraire, que dans le monde on tenait énormément à s’entendre donner son titre ;
- Dans le monde frelaté ou parvenu, oui… c’est possible !...Les gens qui ont payé des titres très cher désirent en profiter le plus possible et y tiennent en proportion de ce qu’ils leur ont coûté… Mais, dans le vrai monde, on ne vit pas l’oreille braquée sur les titres authentiques auxquels on est accoutumé…On ne s’appelle jamais monsieur le comte, ni monsieur le marquis… Et une femme ne dit pas non plus  « le baron »ni « le comte » en parlant de son mari, comme ça se fait couramment dans les romans…
Maintenant que nous sommes éduqués, nous allons comme Moufflu, pouvoir faire notre chemin dans le « vrai » monde.
Dieu, que la lecture est une belle chose et comme elle forme et améliore l’être humain !…
Les jeunes modistes, avec Gyp, pouvaient envisager d’évoluer un jour parmi les aristocrates, sans faire le moindre faux pas, formées par leur métier à l’élégance et par leurs lectures aux bonnes manières. Il y en a qui l’ont fait… Coco Chanel avait-elle lu Gyp ???

3 commentaires:

croukougnouche a dit…

oh! mais c'est bien tentant, cette découverte!
Gyp, ça me disais vaguement quelque chose, mais jamais lu..
Merci !

Sébastien Haton a dit…

De très loin, cela me fait penser avec un roman que j'adorais, entre convention et bousculade des convenances : "ces dames aux chapeaux verts" de Germaine Acremant ;)
s.h.

P a dit…

Oui, Seb, c'est de la même époque, mais Gyp était pluS...moins...dans le moule que Ackrement... Il y avait aussi Rachilde qui faisait carrément scandale.
Agnès, il y a toute une littérature démodée dont je le régalais quand l'étais gosse qui parfois refait surface au gré des brocantes... j'en ai d'autres sur les étagères...
P