
Pendant l’échauffourée, Monsieur de Saint-Bonnet l’aîné se trouvait à
Maillebois. Un gentilhomme de ses amis vint l’avertir qu’un de ses frères était
tombé au gué des Graviers et que l’autre était en fuite. Il sauta à cheval et,
suivi de son valet Lachapelle, partit au galop en direction de
Blévy. Avant
d’arriver à son manoir, il se retourna et vit six cavaliers lancés à sa
poursuite ; il obliqua et prit la fuite en direction de Chateauneuf, sans
parvenir à semer ses poursuivants. Arrivé près d’Hauterive, il ordonna à son
valet de faire volte-face.
Les assaillants, se virent face à deux hommes résolus et armés de
mousquets. Ils connaissaient l’adresse et la bravoure proverbiales de
Saint-Bonnet, aussi jugèrent-ils plus prudent de faire demi-tour et de les
laisser gagner la forêt.

Cependant les conjurés constataient que leur
projet d’assassiner les trois frères ne se déroulait pas comme prévu. Deux
restaient qui allaient certainement chercher à venger la Hillière, celui qui
était tombé au gué des Graviers. Ils les savaient trop forts et trop adroits
pour espérer les vaincre s’ils n’étaient pas en nombre, aussi résolurent-ils de
ne les affronter que groupés.
Pourtant, une dizaine de jours plus tard,
l’un d’entre eux, un fils de Monsieur de
La Chaussée, eut affaire au Rouvray. Les Saint- Bonnet qui le guettaient, le
poursuivirent et lui donnèrent bien de l’épouvante. Il avait un bon cheval,
aussi parvint-il à s’enfuir et à sauver sa vie. Mais l’aventure servit de leçon
aux autres qui plus que jamais se jurèrent de ne pas se séparer.
Monsieur de Saint-Bonnet, son frère Pronsac
et le chevalier de la Noë, pour leur part se préparaient à tenir bon,
retranchés dans leur maison de Blévy.
Montreuil, qui était cornette dans un régiment
de cavalerie, partit un vendredi chercher du renfort dans la garnison proche,
pour venir soutenir les assiégeants. Voyant arriver la troupe, les gentilshommes des alentours surgirent en
nombre et de tous côtés. Ils étaient bien trois cent pour assiéger huit hommes,
maîtres et valets confondus, retranchés dans la maison Saint-Bonnet.

Saint-Bonnet l’aîné, qui avait plus d’esprit
et de conduite que les autres, avait pu sortir
discrètement et gagner Manou, près de Belhomert où il avait pour ami
Monsieur de Majenville, vice-bailly de Chartres. Il espérait avec son aide,
faire lever le siège de sa maison et délivrer son frère et le chevalier de la
Noë.
Saint-Bonnet et Majenville réunirent près de deux cents hommes. Ils se
mettaient en route pour Blévy, quand un ordre intervint interdisant au
vice-bailly de se mêler de cette affaire qui empêchait la levée des deniers du
Roi. La troupe dut se disperser. Il faut dire que Saint-Bonnet, avait mal
choisi son allié ; Majenville entamait un période de disgrâce qui le
conduirait moins d’un an plus tard à de graves accusations, dont celle de faire
de la fausse monnaie… mais ceci est une autre histoire.
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