A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mardi 18 juin 2013

Zarafa , la girafe de Charles X



LA GIRAFE


La foule qui se pressait le long des rues menant au Jardin des Plantes,  était aussi dense que celle des curieux et badauds qui s’était attroupée au long des routes de Marseille à Paris durant tout ce mois de juin 1827.
Quel étrange cortège ces populations venaient-elles admirer ?
Précédée de gendarmes relayés à chaque canton ; suivie de trois vaches laitières assurant les 20 litres de lait indispensables à ses biberons et d’une escouade de valets et palefreniers ; tenue en longe par quatre Nubiens en costume d’apparat ; tout ce monde cornaqué par le conservateur de Jardin des Plantes, Monsieur Geoffroy Saint-Hilaire et ses rhumatismes, s’avançait d’un pas digne et gracieux, Zarafa, jeune girafonne offerte au roi Charles X par Mehemet-Ali, pacha d’Egypte.
Partie d’Afrique sur un navire dans le pont duquel on avait du ménager une ouverture pour le long coup de cette inusitée passagère, elle avait débarqué à Marseille où elle avait hiverné.
Le beau temps revenu, les 800 km de l’itinéraire qu’il lui faudrait parcourir à pied, à raison de 20km par jour, avaient été préparés avec autant de soin que s’il se fut agi du Pacha en personne. Même on lui avait confectionné, en raison des facéties météorologiques de messieurs Médard et Barnabé, un manteau imperméable en toile gommée, avec capuchon.
En son château de Saint-Cloud, le roi piaffait d’impatience et trouvait regrettable  que son bon peuple de Provence, de Bourgogne ou d’Ile de France puisse avant lui admirer « sa » girafe. Il eut aimé suivre Stendhal à la rencontre de l’exotique animal. Mais l’acariâtre duchesse d’Angoulême, gardienne rigoureuse de l’étiquette, lui remontra que : « C’est à la girafe d’être conduite au roi, et non pas au souverain de se précipiter comme le vulgaire au devant du cadeau qu’on lui fait ! ».
Aussi le malheureux souverain dut-il attendre le 9 juillet pour enfin caresser le long cou de la belle voyageuse.

Zarafa fut établie au Jardin des Plantes d’où elle lança toutes sortes de modes plus ou moins saugrenues. On dit même qu’un gardien nonchalant à qui l’on demandait des comptes sur son emploi du temps, répondit qu’il « peignait la Girafe ».  (Et voici qu’on m’informe d’une autre origine de l’expression qu’il n’est pas convenable de rapporter ici !).


L’engouement pour Zarafa dura trois ans : un record pour une mode parisienne ! La popularité de la girafe déclina avec celle de Charles X. Elle survivra pourtant quinze ans au règne de l’avant-dernier roi de France.

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