L'avis de la kiosquière
Les exhibitionnistes et autres frotteurs du métro, ce sont en fait de
pauvres malades, comme me l’avait fort bien expliqué la kiosquière du Pont de
Sèvres à qui j’avais certain matin, confié mes émotions.
Car il y a des satyres matinaux.
J’étais encore adolescente, disons quinze ou seize ans. Depuis le Pont de
Sèvres, terminus de la ligne 9 du métro parisien jusque St Philippe du Roule ma
destination, il y a environ trois quarts d’heure de trajet.
Quand on part du terminus, il y a forcément des places assises et du temps
pour la lecture. Aussi j’achetais un magazine chaque matin ; ça crée des
liens. Et donc la brave dame remarquant mon agitation s’enquit de son origine.
Renseignée, elle me dit benoîtement : « Ah ! Il est
revenu ? mais n’ayez pas peur, il n’est pas méchant. Il montre ; il
ne touche pas ! C’est un pauvre malade vous savez. »
Rassurée, j’ai poursuivi ma journée et les jours suivants, ma foi, quand je
voyais de loin la silhouette du « pauvre malade », je fixais mes chaussures.
Si bien qu’il n’est resté pour moi qu’une silhouette informe et grisâtre qui
n’a jamais forcé la porte de mes rêves.
Ma mère un jour, comme la plupart du temps assistée de ses copines
« Haute-Couture » dans la bonne marche de mon éducation m’a demandé à
quoi il ressemblait. « Oh ! Je n’ai pas vu sa tête ! »
répondit l’innocente, sous les éclats de rire de ces dames distinguées.
Beaucoup, beaucoup plus tard, j’ai le souvenir d’un autre dîner d’après
Yoga dans un bistrot chinois à l’enseigne de « Chez Gérard ». Dîner
entre filles auquel participait Virginie notre professeur. Comment les
histoires d’exhibitionnistes étaient-elles venues s’installer entre nos bols et
nos baguettes, allez-savoir. A mon tour j’ai raconté mes aventures
métropolitaines et devant leur nombre, j’ai vite été déclarée gagnante toutes
catégories. Il est vrai que les autres n’avaient aucune chance : elles ne
demeuraient pas près du terminus d’une ligne de métro !
Nos éclats de rire ont attiré l’attention des « jeunes cadres »
de la table voisine qui visiblement auraient bien aimé partager notre joie de
vivre. Tant d’années après, entre filles, on en rit encore.
Sans doute amies qui portez haut le droit des femmes à n’être pas
importunées, cette légèreté vous indisposera. C’est pourtant elle, cette
légèreté qui m’a permis, qui me permet encore de considérer ces épisodes comme
des mésaventures et non des agressions.
Le rire ! ce grand thérapeute…
Ma grand-mère la modiste, quand je vivais de ces drames enfantins ou
adolescents qui font douter de la nécessité de vivre, me disait en
consolation : « Puisque un jour, bientôt, cette histoire te fera
rire, commence donc par en rire tout de suite ». Un conseil que je n’ai
jamais regretté de suivre.
Mais alors, vont me rétorquer les Justicières, tous ces agresseurs
resteront impunis ? Ils courront toujours continuant leurs méfaits ?
Certes c’est un risque, mais on sait bien qu’une fois la peine purgée,
l’amende payée, rien ne les empêchera de recommencer puisque le forfait est
inscrit dans leur nature dévoyée. On sait qu’il n’est pas de cas unique et que
si on en écarte un il en surgit d’autres.
Je connais bien le métro parisien ; l’exhibitionniste du Pont de
Sèvres a encore des collègues sur toutes les lignes. Et puisqu’il est bien
difficile de modifier leur comportement, modifions le nôtre et celui de nos
filles. Apprenons à ne pas faire un drame de ce qui finalement ne porte pas
atteinte à notre intégrité physique et pour ne pas attenter à notre intégrité
morale, ne culpabilisons pas. Après tout, celui (ou celle) qui m’a tiré mon
porte-monnaie dans un bus m’a causé plus d’embarras que le « pauvre
malade » du Pont de Sèvres.
Jeunes filles, jeunes femmes, quand ces choses vous arrivent, parlez-en,
parlez-nous. On a toutes en mémoire un ou plusieurs épisodes semblables.
Apprenez avec nous à en rire.
Après… le viol, les coups ce sont d’autres problèmes beaucoup plus graves
et qu’il faut aborder autrement, mais ne mélangeons pas tout.
3 commentaires:
J'aime ton billet ! Je me souviens d'un exhibitionniste aussi qui laissait apparaître son "objet" dans les trous d'un mur du parc du lycée... exclusivement dans la partie réservée aux filles, cela va de soit :-) On en riait...
GROS BECS Pomme
Euh, tite fôte... cela va de soi !!!
Quand j'étais adolescent et prenais mon métro pour aller et revenir de mes cours d'Electronique à la Porte Saint-Ouen, j’avoue que, dans le métro bondé du soir, je préférais quand même être collé contre une fille, jeune de préférence, que contre un mec....
Claude
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