Dans les friches industrielles et
le long des voies de chemin de fer à Moscou, vivent des bandes de chiens
errants qui cherchent leur pitance dans les décharges et les ordures ménagères.
Des observateurs ont constaté qu’au
fil du temps et des générations, ils perdent peu à peu les caractéristiques que
la sélection humaine leur a imposée. Leur pelage perd ses taches et ses
couleurs pour devenir uniformément brun ou gris voire fauve, leurs yeux
s’allongent en amande et ils ressemblent de plus en plus à leur ancêtre le
loup.
De plus, comme chiens et loups ont
un patrimoine génétique commun, ils peuvent se reproduire entre eux, ce qui
engendre des « chiens-loups ». Ce n’est pas nouveau ; qui a lu
Jack London se souvient de Croc-Blanc, fils d’une louve et d’un chien de
traîneau (ou l’inverse, je ne sais plus).
Ces chiens métis sont dangereux car
contrairement au loup, ils ne craignent pas l’homme auquel ils sont habitués.
Un loup préférera toujours chercher sa subsistance dans la faune sauvage plutôt
que de s’aventurer près de nous et de nos chiens qu’il craint et qui le
détestent.
Pourquoi je vous raconte tout
ça ?
A cause des problèmes que pose le
retour du loup aux éleveurs de moutons. On ne peut que comprendre leur désarroi
et leur colère à la vue de leurs moutons égorgés.
D’un autre côté, nous autres qui
nous réjouissons de voir que la nature ne se laisse pas faire et qu’elle remet
à sa place ce qu’on supprime trop radicalement, sommes heureux du retour d’un
prédateur qui a son utilité. Sans rappeler les épidémies qu’il a évitées jadis
en nettoyant les champs de bataille, il est gardien de la bonne santé des
hardes de cervidés, des chevreuils en prélevant les moins armés pour la vie. Il
régule aussi la prolifération de divers rongeurs. Les si gracieux lapins sont
pour nos jardins un fléau que je ne crains pas de comparer au loup dans les
parcs à moutons.
Et si le vrai coupable n’était pas
le loup mais bien plutôt ces métis, ces « chiens-loup » qui ne
peuvent pas quitter radicalement les facilités auxquelles l’homme les a
habitués ?
Eleveurs, vous allez vous
écrier : Voyons ! nous surveillons nos chiens !
Ce dont nous ne doutons pas ! Cependant les refuges de la SPA regorgent de
chiens abandonnés et qui, livrés à eux-mêmes n’arrivent pas tous dans ces
refuges. Nous autres qui soignons, aimons et surveillons nos chiens ne sommes
jamais à l’abri d’une fugue dès lors que la nature parle trop fort. Ceux qui me
connaissent savent que je veille mais je me souviens avoir couru et appelé des
heures entières des épagneules King Charles. Vous me direz qu’il faudra du
temps et de sérieux croisements pour qu’un King Charles puisse être pris pour
un loup !
Deux border- collies vivent
ici ; des chiens particulièrement obéissants et attachés à la maison. Pourtant
la plus jeune des deux a fait un jour une fugue assez longue pour que je juge
utile d’avertir la gendarmerie. A mon retour, la vagabonde était tranquillement
couchée devant la porte. Elle était en chaleurs, et s’il y avait eu un loup
dans les parages, elle aurait eu largement le temps de se faire engrosser et
j’aurais été bien avancée avec des chiots « si mignons » mais
potentiellement dangereux.
J’ai aussi le souvenir d’avoir été
suivie en plein Paris, rue François 1°, dans le 8° arrondissement, par un
griffon korthal épuisé, demi mort de faim et de soif, aux coussinets en sang.
Grâce au tatouage, on a pu retrouver à Rueil Malmaison, sa famille qui le
cherchait depuis 48 heures. Lui aussi aurait pu engendrer des métis…
Heureusement les loups (enfin ceux dont il est question ici) sont encore loin
de Paris.
Ces exemples pour montrer que la
surveillance des chiens n’est pas toujours évidente.
Aussi il me semble qu’avant de
statuer sur le devenir du loup dans notre pays, il faudrait peut-être se poser
la question du chien retourné à l’état sauvage.
Et si c’était lui le vrai
coupable ?
1 commentaire:
"Les loups son entrés dan Paris" la chanson n'est pas d'actualité, quoique...
Merci pour ton commentaire sur la réintroduction des ours.
Cordialement.
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