A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

samedi 27 mars 2010

Le Monde de Claude



Ci-dessous l'éditorial qui parait en première page du Monde daté du 26 mars.

Comme vous le constaterez, cet éditorial est très dur pour le Chef de l'Etat.

Cela fait, eh oui, plus de 50 ans que je lis ce journal, mais je n'ai pas le souvenir d'un édito aussi critique pour n'importe lequel de tous les Chefs d'État qui se sont succédés.
Et, pourtant, nous avons été secoué pendant toutes ces années par des évènements nationaux ou internationaux autrement plus graves.

Et pourtant Le Monde est devenu un journal beaucoup plus "conformiste" de part sa rédaction et de part son lectorat.

Et pourtant la corde casse  . . . .

Posez-vous la question du pourquoi ? Pour moi la réponse est élémentaire

Cet édito va faire couler beaucoup d'encre et jaillir beaucoup de commentaires, mais il restera un moment fort de ce journal.
 

 daté du 26 mars 2010
  EDITORIAL

    Blocage

Où est la ligne ? Où est le cap ? L'intervention télévisée du chef de l'Etat mercredi en fin de matinée - un horaire improbable où les Français sont censés être au travail - n'a pu qu'ajouter au trouble d'un pays qui ne sait plus vraiment quelle inspiration le mène.

Au président volontaire s'est substitué un succédané velléitaire et bien peu présidentiel dans sa manière convenue de vouloir reprendre la main sur les sujets supposés rassurer son électorat infidèle.

Aux convictions ont succédé les incantations. Le verbe tourne à vide.

Il est facile de flatter le monde paysan, hier tant méprisé par M. Sarkozy qui lui a même servi deux fois un discours identique.
Mais se dire prêt à créer la crise en Europe sur les questions agricoles et affirmer dans le même souffle qu'une taxe carbone ne peut voir le jour faute d'une entente européenne, voilà une contradiction qui en dit long sur le flottement du pouvoir.

Comment s'étonner que la moitié des Français se réfugient dans l'abstention devant une parole aussi peu crédible, tellement inefficace ?
Le recul sur la fiscalité verte révèle un grave malaise. Il est des renoncements de sagesse. Celui-ci trahit une faiblesse.

Sacrifier l'avenir silencieux au présent qui gronde (Medef et grandes industries en tête de meute), voilà une décision qui pèsera lourd au moment d'évaluer les " ruptures " voulues par un chef d'Etat dont l'ambition première était de réformer la France, de l'ériger en phare exemplaire.

Le Grenelle de l'environnement témoignait d'un certain courage politique fait d'audace et d'esprit visionnaire. Il transcendait le champ partisan pour rechercher l'intérêt commun d'une humanité soucieuse de son devenir, de son mode et de ses modèles de développement.

La taxe carbone, jurait le chef de l'Etat, serait son abolition de la peine de mort. Pas moins. Renoncement ou reniement ?

Reste le sentiment d'avoir été abusé par un illusionniste qui a cru pouvoir payer les Français avec des mots.

L'an passé, tirant la leçon du scrutin européen qui consacrait l'écologie politique, M. Sarkozy s'y était converti en hâte. La parenthèse est refermée. Le masque tombe. L'acteur, visiblement, ne croyait pas à son texte. Comme il l'a confié il y a peu aux agriculteurs, " ces questions d'environnement, ça commence à bien faire ". Et voilà comment un président, en quelques mots, peut mal faire le bien ou bien faire le mal.

Le sarkozysme apparaît sous son plus mauvais jour : un précipité d'opportunisme et de court-termisme, là où l'action politique se mesure dans la durée, la capacité à écouter les aspirations profondes de la société.

 L'écologie, comme versant d'une nouvelle économie, est un de ces espoirs encore ravivés par le dernier scrutin régional. Le président l'a fauché sans sourciller au nom d'une logique électorale à la petite semaine.

On dira que les jours passent vite sous un quinquennat. Mais, aux Etats-Unis, Barack Obama a su prendre le temps et faire preuve de détermination autant que de calme pour remporter la réforme du système américain de santé.

Ici, l'addition est lourde, ou plutôt la soustraction. Ce qui avait été promis n'a pas été tenu. Pas d'augmentation du pouvoir d'achat - mais aggravation du chômage. Pas de perspectives nouvelles pour les jeunes. Pas de vision, surtout, d'un monde meilleur à construire ensemble.

Et la liste des priorités égrenée hier par le chef de l'Etat - qui dessinait en creux ses échecs - n'était pas seulement un retour à droite, entre la protection de nos campagnes, le couplet sécuritaire sur la violence et le lourd dossier des retraites.

Ce discours à la fois fébrile et atone témoignait d'une vive impuissance doublée d'un certain désarroi perceptible dans la manière heurtée dont le président s'exprimait.

Et tout à coup la méthode Sarkozy, cette agitation permanente, crée un blocage aussi fort que l'immobilisme reproché par lui, et avec quelle dureté parfois, à son prédécesseur.


Eric Fottotino
                                                     

1 commentaire:

anne des ocreries a dit…

vraiment très bon, cet édito, il eût été dommage de ne pas le lire !