Visite
les ruches à la Saint Daniel,
Mais
garde-toi d’ôter le miel.
Au matin du 23 Décembre 1588 ,
Henri de Guise le Balafré pouvait-il se douter qu’il ne verrait pas Noël ?
Et pourquoi le personnage le plus
populaire du Royaume, le chef de la Ligue, celui dont les Parisiens avaient
fait leur « roi », devait-il disparaître ?
Eh bien, en raison même de sa
popularité ! Il faisait de l’ombre au Roi ! En cette année 1588 , la
Guerre des Trois Henri faisait rage.
Il y avait d’abord, le roi de
France, Henri III très injustement impopulaire aux yeux de ses contemporains
comme de la postérité. On ne voyait, on n’a voulu voir en lui, que le prince
efféminé, fardé, frisé, pommadé, passant son temps la « bille à
Boquet »* à la main, entouré de ses Mignons .
Ces fameux « mignons »
étaient en fait une garde rapprochée de 45 redoutables spadassins exécuteurs
des hautes et basses œuvres de la couronne. Et si le roi préférait leur
compagnie à celle des femmes, il n’en était pas moins marié à Louise de
Vaudémont qui multipliait les pèlerinages supposés mettre fin à sa stérilité.
Donc le roi n’avait pas d’héritier et la fatalité ou le manque d’hygiène ayant
fait disparaître son dernier frère, Henri de Bourbon, roi de Navarre et époux
de Marguerite sœur du roi, était passé du rang de 24° à celui d’héritier direct
de trône de France. Henri de Navarre était alors le chef du parti protestant et
comme tel en guerre contre le roi de France.
Henri III , loin d’être le
monarque faible et influençable que nous montre l’histoire, avait hérité de sa
mère Catherine de Médicis le sens de la politique et de la diplomatie. Les
Guerres de religion ensanglantaient la France depuis plus de vingt ans ;
on en était à la huitième et l’on peut mettre au crédit du roi d’avoir souhaité
y mettre un terme et de vouloir rétablir la paix. Bref, il fut soupçonné de
faiblesse envers les protestants, ce qui augmenta encore la popularité du
troisième Henri : le duc de Guise, chef de la Ligue, le parti Catholique
qui avait réussi à investir Paris et à en chasser le roi qui dut trouver refuge
à Chartres.
Afin de mettre un peu d’ordre
dans cet imbroglio, les Etats Généraux
furent convoqués à Blois. Là encore, le Balafré se rendit plus visible et plus influent que le véritable souverain.
Henri III , formé aux méthodes politiques italiennes mises en vigueur par sa
mère, décida que le moment était venu d’en finir.
En ce matin de décembre, il fit
convoquer le duc dans son cabinet particulier. Le bel Henri, vêtu de satin gris
et picorant des fruits secs dans un drageoir qu’il portait à la main, traversa
sans méfiance la chambre du roi. Avant d’être rendu à la porte du cabinet, il
fut assailli par une demi-douzaine d’hommes armés, qui le lardèrent de coups de
poignard. Telle était sa force et son énergie, qu’en se débattant, il promenait
ses agresseurs de part et d’autre de la chambre. Enfin , il s’effondra au pied
du lit royal en murmurant : »Miséricorde ! »
Enfin le roi entra, et poussant
du pied son rival comme il avait vu ce dernier le faire à l’amiral de Coligny
le jour de la Saint Barthélémy : il prononça (ou pas ) la célèbre
phrase : « Qu’il est grand ! Il est encore plus grand mort que
vivant ! »
*Du nom de l’ébéniste Boquet,
inventeur de l’objet.
2 commentaires:
Merci de votre article sur un Roi effectivement injustement traité par l'Histoire, qui fut un grand Roi épris de paix et visionnaire sur bon nombre de points. Sa réhabilitation est urgente ! Cependant, il y a une grande différence entre les "45", effectivement la garde rapprochée d'Henri III et les "Mignons" qui étaient des nobles qu'Henri nommait à des postes stratégiques pour contrer les appétits politiques de certaines familles, dont les Guise. Les plus célèbres furent les Duc d'Epernon et de Joyeuse, appelés "Archi-Mignons". Mais rien à voir avec une quelconque garde rapprochée (grossière erreur de la "Princesse de Montpensier", si vous avez vu le film de B. Tavernier). :)
PS: effectivement, Henri n'a pas prononcé cette fameuse phrase devant le corps de Guise... méfions-nous des propagandes...
Bonjour Anne,
Bien que passionnée d'histoire je ne suis pas historienne et je n'ai pas encore pu voir la Princesse de Montpensier. Dans nos campagnes les films passent à la vitesse de l'éclair et les routes ne permettent pas d'aller à Paris.
Mes sources sont en général de vieux Mallet Isaac et bien souvent Alexandre Dumas dont les enfants qu'il a fait à l'Histoire ne sont pas aussi bâtards qu'on le prétend. Pour cette époque, c'est La Dame de Montsoreau ; Bussy d'Amboise y est loin d'être indifférent aux dames et c'est là que j'ai commencé à voir autrement Henri III et ses "mignons".
Cordialement
Pomme
PS Epernon n'était pas un tendre et son épée redoutable
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