A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mardi 31 janvier 2012

Ah! la mode de chez nous...

.... Elle (Coco Chanel) haïssait tout ce qui, en limitant les femmes au rôle de femme-objet, leur avait si longtemps interdit de vivre au rythme du sexe fort. Rompre ces entraves aura été son souci majeur et son désir permanent. Il fallait absolument qu'une jupe, qu'une veste suivent et, si possible, favorisent les gestes de al vie moderne: marcher, courir, s'asseoir rapidement. Elle condamnait sans appel et avec  une verve féroce tout ce qui lui paraissait répondre à une esthétique d'un autre temps. Qu'un couturier ait recours à un baleinage, des corsets, des dessous, et elle explosait: "Cet homme était-il fou? Se moquait-il des femmes? Comment, vêtues de ce machin,  pourraient-elles aller, venir, vivre quoi..." Vivre... C'est de cette exigence-là qu'est né le style Chanel, ce style qui était sa seule fierté/ "Je n'aime pas que l'on parle de la mode Chanel, disait-elle. Chanel, c'est d'abord un style. or la mode se démode. Le style jamais."

Edmonde CHARLES - ROUX - Le temps Chanel

dimanche 29 janvier 2012

Dernière minute...et pour Agnès en particulier...

... ce qui arrive quand j'essaye de dessiner un chat blanc...

Et ... heureusement qu'elle a les yeux verts!!!

mercredi 25 janvier 2012

LIRE ET RELIRE bureau/souvenirs/vrac


Parce que ma grand-mère, du temps qu’elle était « première » au Caprice, la maison de mode très chic de Nancy, eut l’occasion de chapeauter, (on disait coiffer à l’époque où les coiffeurs n’avaient pas la suprématie qu’ils ont acquis depuis que les modistes ont disparu.) Madame Riquetti de Mirabeau. On prisait beaucoup dans les ateliers familiaux les romans de Gyp, nom de plume de l’aristocratique cliente.
Romans légers, comme par exemple « L’ Amoureux de Line ». On y rencontre des filles du monde qui parlent un improbable argot .Elle y épingle mondaines et mondains tel le vicomte de Querqueville qui, « passe pour être l’homme le plus chic de la saison. Il a trente-cinq ans ; un col qui l’oblige à tourner tout son corps quand il veut regarder à droite ou à gauche ; des bottines en bec d’aigle et une jaquette en carapace de scarabée… »
Et pour le même prix, elle administre à ses lectrices (Gyp avait peu de lecteurs), des leçons de bienséance du genre de celle-ci :
« ….Je me sens commun, gauche, mal élevé…
-Vous n’êtes pas du tout mal élevé…
- Pas mal élevé à proprement parler, si vous voulez… mais je ne sais pas me présenter, m’exprimer… Je ne sais pas ce qui se fait ou ne se fait pas, et je n’ai personne pour me donner des conseils…
- Voulez-vous me permettre de vous en donner un, de conseil ?...
- Oh ! oui !... je vous en prie ?...
- Eh bien, ne m’appelez pas « Monsieur le Comte », ni moi ni personne… Il ne faut jamais donner les titres en parlant… sauf à un Prince ou à un Duc… quand c’est « des vrais »…
‘ Ah !... moi qui croyais que ça se faisait toujours !...
- Ca se fait dans les romans écrits par des gens qui n’ont jamais vécu dans le monde… mais ça ne se fait pas dans la vie, du moins d’égal à égal…
- Mais je ne suis pas votre égal !...
-Je vous demande pardon… Je ne vous rappellerai pas que quatre-vingt-neuf a fait tous les hommes égaux ?...-
Gyp ici se souvient de son illustre aïeul, l’ »Orateur du Peuple », la « Torche de Provence », le révolutionnaire et libertin Mirabeau.
 Pourtant l’aristocrate reprend : Ce cliché ridicule ne met personne dedans…Je vous dirai simplement que je suis votre égal… et réciproquement… de ce fait même du terrain sur lequel nous nous rencontrons… Si l’on vous entendait donner un titre en parlant à moi ou à n’importe qui, on en pourrait augurer que vous avez été domestique…
- Oh !... –fait monsieur Moufflu consterné (Car Moufflu le roturier est amoureux d’une jeune aristocrate ; il faut qu’il connaisse les bonnes manières, car puisqu’il est riche, on va le laisser courtiser la demoiselle ; et puisqu’elle est pauvre, il pourra même l’épouser.)- si je me doutais de ça, par exemple !... Je croyais, au contraire, que dans le monde on tenait énormément à s’entendre donner son titre ;
- Dans le monde frelaté ou parvenu, oui… c’est possible !...Les gens qui ont payé des titres très cher désirent en profiter le plus possible et y tiennent en proportion de ce qu’ils leur ont coûté… Mais, dans le vrai monde, on ne vit pas l’oreille braquée sur les titres authentiques auxquels on est accoutumé…On ne s’appelle jamais monsieur le comte, ni monsieur le marquis… Et une femme ne dit pas non plus  « le baron »ni « le comte » en parlant de son mari, comme ça se fait couramment dans les romans…
Maintenant que nous sommes éduqués, nous allons comme Moufflu, pouvoir faire notre chemin dans le « vrai » monde.
Dieu, que la lecture est une belle chose et comme elle forme et améliore l’être humain !…
Les jeunes modistes, avec Gyp, pouvaient envisager d’évoluer un jour parmi les aristocrates, sans faire le moindre faux pas, formées par leur métier à l’élégance et par leurs lectures aux bonnes manières. Il y en a qui l’ont fait… Coco Chanel avait-elle lu Gyp ???

jeudi 19 janvier 2012

Vu de la passerelle

Jadis, et sans remonter aux Calendes Grecques, disons dans les années 60 pour être plus précis, la navigation en haute mer se pratiquait au moyen de cet instrument devenu historique: le sextant!
A partir de quelques étoiles les marins connaissaient leur position sur la mer à 2 miles près environ, soit approximativement 5km pour un terrien.
Forts de cette incertitude, les navigateurs se gardaient bien d'aller caresser de trop près les Açores, Madère et autres obstacles sur la route des Antilles. A proximité des côtes, les phares et balises permettaient une navigation un peu plus précise, mais sans plus! Donc, un seul mot d'ordre: Prudence, moins on est près des côtes, mieux on se porte.
De nos jours, le sextant relégué dans un tiroir, les satellites et autres GPS nous donnent une précision de la position du navire à quelques mètres près! d'où la tentation, surtout quand on veut faire un peu d'esbroufe vis à vis des passagers, de venir faire du "rase cailloux", en se fiant à cette technologie. Un paquebot de 230m de long et haut de 15 étages ne se conduit pas comme une Twingo et la mer garde tous ses droits, nos marins modernes seraient bienvenus de ne pas l'oublier.

Cap'tain Popeye

mardi 10 janvier 2012

Joyeux baby-boomer's bureau/souvenirs/vrac




Depuis qu’ils sont en retraite, on ne sait plus que faire pour les distraire.
Récemment, d’ingénieux tours opérators, ont inventé pour eux des vacances d’un genre inédit, sur un de ces monuments maritimes dont on peine à imaginer la taille, tant qu’on ne s’est pas trouvé au pied de l’un d’eux.
Le premier que j’ai vu était à quai à Malte, sur le front de mer où j’allais chaque jour déjeuner au soleil. J’ai cru tout d’abord qu’on avait construit dans la nuit une « barre » de douze étages… ou , comme ce n’était guère possible, que je m’étais trompée de port. Malte est assez biscornu comme endroit et moi-même distraite dans des proportions semblables.
Mais non, c’était bien un paquebot, déversant et aspirant des rangées de touristes qui, vus du haut des remparts, singeaient assez bien des fourmis… Bref…
PP

C’est bien sur une de ces horreurs flottantes qu’on  embarque parfois, pour une « croisière musicale », tout une fourmilière de sexagénaires retraités, de yéyés bedonnants, d’ex fans des sixties à lunettes et permanentes frisottées. Délirants de bonheurs, ils vont passer huit jours en mer « en compagnie » des « idoles » de leur jeunesse.
Et l’aspect de ces « idoles », cramponnées à leur heure de gloire, les défroques de leurs vingt ans tendues ou flottant –c’est selon- sur des corps usagés ; teints, tirés, retendus, botoxés, les bouches gonflées au collagène ouvertes en sourires révélateurs du grand art de leur dentiste, sont encore plus consternant que celui de leur public.
Quand on fait partie de cette génération, on ne peut que trembler… à l’idée de leur ressembler peu ou prou.

Savoir vieillir, puisqu’on ne peut faire autrement…
Vieillir, oui, mais pas décrépir et si l’on ne peut empêcher l’extérieur de se modifier, garder du moins à l’intérieur une part d’allégresse, d’ "envie d’avoir envie " comme le chante un autre botoxé célèbre, mais qui lui, n'a pas la sagesse de se mettre en retrait.
Non, la vieillesse n’est pas forcément le naufrage que déplorait François Giroud. C’est une autre façon de naviguer ; disons, sur une péniche au fil des canaux, plutôt que sur un catamaran dans les quarantièmes rugissants. La jeunesse nous a bourlingué à travers tant de tempêtes qu’on peut trouver de la douceur à la saison de l’embellie.
Les orages amoureux s’éloignent, voici le temps des tendres amitiés.
Vieillir, c' est peut-être trouver enfin l’être qu’on a cherché tout au long du chemin : soi-même.

vendredi 6 janvier 2012

ALAIN-FOURNIER bureau/souvenirs/vrac

A s'occuper d'une bibliothèque, on finirait presque par ne plus "choisir" ses lectures.
Le foisonnement de ce qui tombe dans la main - nouveautés, demandes de lecteurs, dons(devrait-on parfois dire, débarras?) de livres- donne le tournis. Alors on s'attarde, au hasard, sur un titre qui est là, qui s'impose, qui refuse d'aller rejoindre la pile des non-lus.
C'est ainsi qu'un "ALAIN-FOURNIER", fort bien écrit - forcément, par Jacques LACARRIERE!-, m'a suivi partout, s'est quasiment ouvert devant moi, aussi ai-je fini par le lire. Il raconte les maisons et les villages où vécût Henri Fournier qui signa le "Grand Meaulnes" :  Alain-Fournier.
Il est paru en 1991 dans la collection "Maisons d'écrivains" , chez Christian Pirot.
Du coup, j'avais dans l'idée pour vous donner envie de le relire, de vous citer quelques passages du "Grand Meaulnes".
C'est là que mes ennuis ont commencé; on pourrait les intituler: "Des réactions en chaîne imprévisibles de la culture."
Longtemps, dans mon ignorance, j'avais logé Alain-Fournier quelque part entre Flaubert et Maurice Genevoix. Cette compagnie n'avait rien de vexant pour lui et les trois avaient sans doute des choses à se dire. Je songe bien souvent à l'ennui que doivent ressentir les écrivains sur les rayons des bibliothèques attendant souvent de longues années qu'on se décide à les consulter. C'est pourquoi j'aime à penser qu'ils conversent entre eux pendant ce temps.
Hors un jour, à ma courte honte, j'ai appris que sa place se trouvait plutôt du côté de Marcel Aymé dont la compagnie ne pouvait lui déplaire.
Mais ( et ici les ennuis commencent), les fictions sont rangées chez moi, comme il convient, par ordre alphabétique d'auteur. La bibliothèque est établie dans un ancien grenier qui laisse voir toute la charpente et les rayons du haut culminent aux environs de trois mètres.
Méthodique, j'ai mis les A en premier, tout en haut; j'aurais pu faire l'inverse et les mettre en bas, mais dans ce cas, c'est Zola qui aurait été difficile à atteindre. (Isoler Zola?)
Bref, j'ai commencé en haut et par les A, pour l'amour desquels je me suis équipée d'un très joli escabeau qu'il serait plus juste de qualifier de "vieux" que d'"ancien". En fonction de quoi il a laissé tomber de son pied un petit élément qui le rend boiteux quand on l'utilise. J'ai donc voulu, pour atteindre Alain-Fournier en toute sécurité, replacer la planchette dissidente. Mais hélas! le clou ne tient plus et je ne trouve pas la colle à bois.
Rien ne serait arrivé si j'étais restée ignorante; chez moi la lettre F se trouve à portée de main.
Grâce au ciel, "Le Grand Meaulne" est loin d'être une lecture hors de saison , surtout en temps de confinement! 
Un temps qui vous prive de votre libraire familier ou d'une bibliothèque.
Pourtant avant de commander en ligne, regardez bien chez vous. Il vous attend peut-être sur un rayon?