A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

mercredi 6 février 2013

Ces Messieurs de Saint-Bonnet (1)






Il y avait à Blévy – alors bourg important arrosé par la Blaise – cinq frères de la famille Bonnet de Pronsac.
Comme on disait d’eux familièrement « les cinq Bonnet », ils finirent par être plus connus sous le nom des Messieurs de Saint-Bonnet. Ces gentilshommes dont deux étaient religieux et les trois autres redoutables bretteurs, contribuèrent beaucoup dans les années 1650 – 1660 à animer le pays et alimenter les conversations.
Leur réputation de fines lames faisait venir à eux de plus de vingt lieues à la ronde,des adversaires attirés par le discutable honneur de pouvoir un jour triompher de l’un d’entre eux.
Les duels étaient alors interdits et les contrevenants risquaient la peine de mort, aussi pour ces divertissements, les Saint-Bonnet choisissaient-ils un endroit discret nommé la Bonde, près de la fontaine de Riolet, au-dessus de Baronval, un hameau peu éloigné de Blévy. Ils emmenaient avec eux un maçon du bourg nommé Foucault, qui était aussi violoneux. C’est donc en musique que ces messieurs s’escrimaient, car avant tout ces affrontements étaient un jeu puisqu’il s’agissait de duels « au premier sang ». Le premier blessé s’avouait vaincu et demandait grâce. Après avoir pansé l’égratignure, on s’en retournait au manoir « à tourelles » pour boire et finir joyeusement la fête. Les trois frères étaient toujours vainqueurs et comme ils étaient des hôtes généreux, personne ne songeait à contester leur suprématie.
Il arriva qu’un gentilhomme dont on n’a pas retenu le nom, d’humeur moins accommodante, refusa la règle ordinaire et exigea de poursuivre le combat « à outrance », espérant pour sa gloriole mettre au bout de son épée l’un ou l’autre des Saint-Bonnet.
Mal lui en pris : celui des frères  qu’il avait en face de lui, l’embrocha bel et bien. Il fut chargé comme un sac en travers d’un cheval afin de le ramener au manoir pour le soigner. L’aîné des frères, qui le soutenait, le voyant sur le point de trépasser, tentait de le retenir en vie en lui cornant aux oreilles :
-« Ah ! dis-donc ! Jésus,Maria ! Bougre… ne va pas mourir comme un chien !
Sans tenir compte de cet avis, l’imprudent duelliste rendit le dernier soupir avant qu’on ait pu faire venir le curé.
Ce dernier, comme tout le village terrorisé par les redoutables seigneurs, n’osa pas demander comment une mort subite avait fait une plaie aussi profonde. Il donna sa bénédiction au malheureux, qui fut enseveli en terre chrétienne, assurant aux trois frères une impunité qui leur permit de continuer leurs exploits.

1 commentaire:

croukougnouche a dit…

et bien!!
ce paltoquet suffisant en a eu plus que prévu! comme quoi l'orgueil belliqueux des mâles se retourne ici fort à propos : l'arroseur arrosé version funèbre!