A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

dimanche 30 juin 2013

Le Tour de Francebureau/souvenirs/vrac

Qui veut bon navet
Le sème en juillet.



 L’Eglise Catholique, qui pour épaissir sa soupe avait besoin de légumes frais, avait prévu peu de fêtes chômées en juillet afin que ses jardiniers gardent la tête à l’ouvrage.
Mais les hommes aiment les fêtes et si le clergé ne leur en offre pas ils savent en créer. Ainsi le Tour de France qui fait sortir de leurs jardins les plus appliqués bineurs de navets. Depuis 1903, le Tour est la grand’messe des deux roues bien gonflées et des mollets lisses et musclés.
Même les moins concernés par le sport cycliste ont en tête des noms mythiques dont on ne connaît pas forcément la signification :  le Galibier, le Tourmalet, le mont Ventoux, le Maillot Jaune, celui à pois du Meilleur Grimpeur, le Contre la Montre, le Peloton, le Sprint Final, et ces classements biscornus qui font que le premier arrivé n’est jamais le gagnant.
Aussi vénéré que celui des dieux de l’Olympe, il y a le Panthéon des Vainqueurs du Tour. Même si ces dernières années on les soupçonne de forcer un peu sur le nectar et l’ambroisie, ils n’en restent pas moins des êtres de légende : LouisonBobet, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor les joyeux duettistes, Fausto Coppi et sa Dame Blanche (qui était une femme), Eddy Merxk au nom impossible à orthographier correctement, Bernard Hinault, Lens Armstrong ; tous ont gagné et même plusieurs fois le Tour. Sauf Poulidor, mais lui a gagné le cœur de la France.
Même si on n’y comprend rien, on n’oublie jamais quand une fois on l’a vue passer, la caravane aux allures de kermesse dominée par la crinière rousse et les dents blanches de la minuscule Yvette Horner et de son accordéon, juchés sur une camionnette bariolée d’ annonces publicitaires.
Mais qui se souvient de premier vainqueur du Tour de France ? Il se nommait Maurice Garin.  Le « Petit Ramoneur », surnom que lui avait valu son métier, a bouclé la boucle en 94 heures, 32 minutes et avec 2h. 29mn d’avance sur Pothier, le second. Parti de Villeneuve Saint Georges le 1° juillet 1903 à 15h 16, il a parcouru 2248km., perdu deux kilos et demi, et gagné 6000fr. de l’époque.
Si depuis ce temps, il arrive au Tour de France de déborder quelque peu de nos frontières, il se termine toujours à Paris sur les Champs-Elysées : la plus belle avenue du monde, pour les Dieux du Guidon.



samedi 29 juin 2013

La photo du samedi...

Qu'est-ce que c'est ?


D'autres images, d'autres mystères chez AMARTIA

mardi 18 juin 2013

Zarafa , la girafe de Charles X



LA GIRAFE


La foule qui se pressait le long des rues menant au Jardin des Plantes,  était aussi dense que celle des curieux et badauds qui s’était attroupée au long des routes de Marseille à Paris durant tout ce mois de juin 1827.
Quel étrange cortège ces populations venaient-elles admirer ?
Précédée de gendarmes relayés à chaque canton ; suivie de trois vaches laitières assurant les 20 litres de lait indispensables à ses biberons et d’une escouade de valets et palefreniers ; tenue en longe par quatre Nubiens en costume d’apparat ; tout ce monde cornaqué par le conservateur de Jardin des Plantes, Monsieur Geoffroy Saint-Hilaire et ses rhumatismes, s’avançait d’un pas digne et gracieux, Zarafa, jeune girafonne offerte au roi Charles X par Mehemet-Ali, pacha d’Egypte.
Partie d’Afrique sur un navire dans le pont duquel on avait du ménager une ouverture pour le long coup de cette inusitée passagère, elle avait débarqué à Marseille où elle avait hiverné.
Le beau temps revenu, les 800 km de l’itinéraire qu’il lui faudrait parcourir à pied, à raison de 20km par jour, avaient été préparés avec autant de soin que s’il se fut agi du Pacha en personne. Même on lui avait confectionné, en raison des facéties météorologiques de messieurs Médard et Barnabé, un manteau imperméable en toile gommée, avec capuchon.
En son château de Saint-Cloud, le roi piaffait d’impatience et trouvait regrettable  que son bon peuple de Provence, de Bourgogne ou d’Ile de France puisse avant lui admirer « sa » girafe. Il eut aimé suivre Stendhal à la rencontre de l’exotique animal. Mais l’acariâtre duchesse d’Angoulême, gardienne rigoureuse de l’étiquette, lui remontra que : « C’est à la girafe d’être conduite au roi, et non pas au souverain de se précipiter comme le vulgaire au devant du cadeau qu’on lui fait ! ».
Aussi le malheureux souverain dut-il attendre le 9 juillet pour enfin caresser le long cou de la belle voyageuse.

Zarafa fut établie au Jardin des Plantes d’où elle lança toutes sortes de modes plus ou moins saugrenues. On dit même qu’un gardien nonchalant à qui l’on demandait des comptes sur son emploi du temps, répondit qu’il « peignait la Girafe ».  (Et voici qu’on m’informe d’une autre origine de l’expression qu’il n’est pas convenable de rapporter ici !).


L’engouement pour Zarafa dura trois ans : un record pour une mode parisienne ! La popularité de la girafe déclina avec celle de Charles X. Elle survivra pourtant quinze ans au règne de l’avant-dernier roi de France.

lundi 17 juin 2013

Musicomancie posé sur 2021 bureau/souvenirs/vrac


... Vous savez, cet exercice qui consiste à augurer de la journée en fonction de la première musique entendue au réveil.

Eh bien, heureusement qu'il fait soleil aujourd'hui! ou alors l'influence d'hier qui se prolonge? Car le soleil hier, était dans la voix de l'inoubliable, inimitable, incomparable Luis Mariano; alors que ce matin on avait droit à une sinistre prise de tête infligée par un chanteur anglais mélopant des airs scandinaves... enfin, ce n'est peut-être pas ça, mais ça aurait pu!
Comment me direz-vous, peut-on préférer Luis Mariano? Certes, Francis Lopez n'est pas Verdi et la Belle de Cadix plus légère que Traviata. Mais ce qui compte, n'est-ce pas le bonheur? Le sourire épanoui des gens à l'entracte ou à la sortie du Châtelet? Le même d'ailleurs qu'on voit parfois dans  des pubs annonçant André Rieu (qui n'est pas non plus Joshua Bell). Ce qui compte, ce sont les notes qui nous font décoller du quotidien, qui nous donnent envie de danser avec le balais, de chanter en agitant le chiffon à poussière, d'aller vider la poubelle  en songeant à West Side Story.
Alors, Verdi, Mozart, Hoffenbach, Gershwin, Bernstein ou Francis Lopez deviennent égaux dans le bonheur qu'ils nous offrent; et pour les mêmes raisons, Tino Rossi ou Luis Mariano s'alignent sur Alagna (qui d'ailleurs interprète le répertoire de Mariano), ou Nathalie Dessay.
Certes, Andre Rieu ni Francis Lopez ne donnent à penser. Mais vaut-il mieux rire ou penser? Et je dois avouer que j'ai souvent préféré aller écouter Luis Mariano et ses espagnolades, que voir des acteurs sombres et profonds se rouler sur scène en proférant des phrases aussi sinistres qu'engagées et dont la signification hérmètique  (émètique?) a bien du mal à pénétrer mon cerveau populaire.

vendredi 14 juin 2013

mercredi 12 juin 2013

La Terre Sacrée


Le Lakota était empli de compassion et d'amour pour la nature. Il aimait la terre et toutes les choses de la terre, et son attachement grandissait avec l'âge. Les vieillards étaient - littéralement - épris du sol et ne s'asseyaient ni ne se reposaient à même la terre sans le sentiment de s'approcher des forces maternelles. La terre était douce sous la peau et ils aimaient à ôter leurs mocassins et à marcher pieds nus sur la terre sacrée. Leurs tipis s'élevaient sur cette terre dont leurs autels étaient faits. L'oiseau qui volait dans les airs venait s'y reposer et la terre portait, sans défaillance, tout ce qui vivait et poussait. Le sol apaisait, fortifiait, lavait et guérissait. C'est pourquoi les vieux indiens se tenaient à même le sol plutôt que de rester séparés des forces de vie. S'asseoir ou s'allonger ainsi leur permettait de penser plus profondément, de sentir plus vivement; ils contemplaient alors avec une plus grande clarté les mystères de la vie et ils se sentaient plus proches de toutes les forces vivantes qui les entouraient... Ces relations qu'ile entretenaient avec tous les êtres sur la terre, dans le ciel ou au fond des rivières étaient un des traits de leur existence. Ils avaient un sentiment de fraternité envers le monde des oiseaux et des animaux qui leur gardaient leur confiance. La familiarité était si étroite entre certains Lakotas et leurs amis à plumes ou à fourrure, que, tels des frères, ils parlaient le même langage. Le vieux Lakota était un sage. Il savait que le coeur de l'homme éloigné de la nature devient dur; il savait que l'oubli du respect dû à ce qui pousse et à ce qui vit amène également à ne plus respecter l'homme. Aussi maintenait-il les jeunes gens sous la douce influence de la nature.
Chef Luther Standing Bear


dimanche 9 juin 2013

Courrier du Coeur

De Ninon de Lenclos au Marquis de Villarceaux-

A Paris, ce 29 juillet 1650.

Que vous avez raison, mon cher Villarceaux, de croire que mon coeur est aussi déraisonnable que le vôtre! Quand on aime autrement, on n'aime point; une âme tendre suit quelquefois la raison, mais de si mauvaise grâce que l'amour n'a rien à dire; toutes les imprudences qui ne le seront que pour moi, je les ferai toujours sans hésiter; quant à celles qui pourraient vous nuire, j'espère que je pourrai m'arrêter.
Vous ne vous êtes pas trompé, cette nouvelle séparation me coûte bien plus que l'autre; c'est peut-être parce que je vous aime mille fois davantage.
Quoique mon sentiment soit bien justifié par la raison, ce n'est pas elle qui l'a dirigé; sa marche est trop lente; il a pris naissance et s'est développé avant que j'aie eu le temps de le définir et de m'en rendre compte.
Ah! je me suis bien trompée quand j'ai cru que votre absence n'était pas la seule cause de la langueur; je sens qu'elle est bien augmentée par la certitude de ce nouveau délai de quinze jours. Je ne pourrai me rétablir qu'à votre retour; votre vue peut tout pour moi, votre gaieté rappellera la mienne. Depuis longtemps le rire n'est plus sur mes lèvres, ou, s'il s'y peint, la joie est bien loin de mon coeur. On me demande ce que j'ai; peut-on le demander? Il n'est pas ici, il restera quinze jours de plus; qu'on ne m'en parle pas, c'est tout ce que je demande.

vendredi 7 juin 2013

mardi 4 juin 2013

L'âme des poètes

C'est la chanson d'un troubadour.
Qui était-il? On ne sait pas. 
Célèbre comme Bernard de Ventadour, Bertrand de Bornes ou Foulques de Marseille? Ou baladin illettré aux doigts habités de musique, au coeur débordant d'amour et de poésie? Ou bien encore un amoureux à l'érotisme délicat qui couvre de fleurs le jardin secret de sa belle dame?
Resté anonyme, sa chanson est une des rares à avoir voyagé du Moyen-Age jusqu'à nous.

L'amour de moy s'y est enclose
Dedans un joli jardinet
Ou croît la rose et le muguet
Et aussi fait la passerose.

Ce jardin est bel et plaisant
Il est garni de toutes fleurs
On y prend son ébattement
Autant la nuit comme le jour.

Hélas! il n'est si douce chose
Que ce doux rossignolet
Qui chante au soir au matinet
Quand il est las, il se repose.

L'amour de moy s'y est enclose.

ANONYME - XVI°siècle

dimanche 2 juin 2013

Le Bal des Ardents


28 janvier 1393 …L’hôtel de la Reine Blanche, charmante résidence de campagne, située sur les bords de la Bièvre,  était ce soir-là, toute illuminée, bruissante de musique et de danse.  On y célébrait les noces de Catherine, demoiselle d’honneur de la reine Ysabeau, comme elle d’origine allemande. La jeune femme avait perdu son premier mari. Il s’agissait donc d’un remariage et l’usage voulait qu’en ce cas on fasse aux époux un « charivari »au cours duquel toutes farces et plaisanteries étaient permises.
Le roi Charles VI et cinq de ses favoris eurent l’idée pour la circonstance de se costumer en hommes sauvages et, grimés et masqués à grand renfort d’étoupe et de plumes assemblées et collées avec de la poix, ils  se mêlèrent  incognito aux danseurs.
Le duc d’Orléans, frère du roi et sa suite, porteurs de torches, arrivent au bal ;  sous prétexte de démasquer les sauvages, ils s’approchent ;  une étincelle jaillit qui enflamme un des hommes relié aux cinq autres par des chaînes.
La jeune duchesse de Berry, ne perd pas son sang-froid, enroule le roi dans son manteau et lui sauve la vie. Quatre hommes périssent dans les flammes. Seul, le Sire de Nantouillet parvient à se libérer et se jette dans une cuve d’eau destinée à la vaisselle.
Plus personne jamais n’eut envie de retourner danser dans l’hôtel de la reine Blanche ; la demeure fut abandonnée, puis détruite en 1404.
C’est une autre résidence édifiée sur le même emplacement au début du XVI° siècle, dont on voit actuellement les vestiges au 17 de la Rue des Gobelins