A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

jeudi 31 octobre 2013

Extrait du Monde Diplomatique : .....


Faillite de l’Union européenne en Palestine

Quand Paris se couche…

par Alain Gresh, novembre 2013

Depuis longtemps, la chasse aux Bédouins est ouverte, non seulement en Palestine occupée, mais aussi en Israël, où des dizaines de milliers d’entre eux sont arrachés à leurs terres (1).

Vendredi 20 septembre, en Cisjordanie, un convoi humanitaire se dirige vers le village bédouin de Makhoul, détruit par les forces d’occupation israéliennes. Il transporte des tentes pour offrir un toit, même précaire, à la soixantaine d’habitants. Destinés à remplacer celles de la Croix-Rouge, que les Israéliens ont confisquées, ces abris de fortune sont financés par l’Union européenne et par la France. Pour éviter une nouvelle saisie, des diplomates européens et des humanitaires escortent le camion. Très vite, l’armée israélienne le bloque.
Pour protéger la cargaison, des diplomates montent à bord. Parmi eux, Mme Marion Fesneau-Castaing, attachée de coopération au consulat de France à Jérusalem, qui dispose de l’immunité diplomatique. Plusieurs soldats l’attrapent par les bras et les jambes, l’extirpent du véhicule et la jettent à terre. Elle se relève. Interpellée par un militaire qui exige de lui prendre son sac, elle le repousse. Son geste, dans une vidéo éditée par les autorités israéliennes, deviendra un « coup de poing », version que le correspondant du Monde relaiera complaisamment (2).

L’incident offrira à Paris une occasion de montrer sa pusillanimité, et aux médias une diversion permettant de passer sous silence la répression contre le convoi, l’utilisation de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes, les coups et les arrestations, sans parler de la violation par l’occupant des conventions de Genève. Alors que l’Union européenne proteste, le Quai d’Orsay se tait, puis décide… de rapatrier la diplomate.

Israël a pris l’habitude de harceler les diplomates français — de préférence les femmes, d’ailleurs (3) —, sans susciter la moindre mesure de rétorsion sérieuse.
Il s’agit surtout pour Paris de ne pas jeter une ombre, si légère soit-elle, sur le voyage que le président François Hollande effectuera ce mois-ci en Israël,
ni sur les excellentes relations qu’entretient la France avec ce pays qui viole pourtant allègrement le droit international.
Il fut un temps où les puissances coloniales pensaient que ce droit ne pouvait s’appliquer aux peuples « sauvages ». En Palestine, on en est toujours là.

Alain Gresh

(1) Emilie Baujard, «  “Et le phénomène des Bédouins disparaîtra”, Moshe Dayan, 1963  », 20 octobre 2013.
(2) Laurent Zecchini, «  Et du gauche, la diplomate frappe le soldat au menton...  », Le Monde, 23 septembre 2013  ; «  La diplomate boxeuse en poste en Israël sera mutée  », Le Monde, 28 septembre 2013.
(3) «  Tel-Aviv piétine ses alliés  », Le Monde diplomatique, avril 2010.

Commentaire d'Antoinetcla :
"Et pendant c'temps là grand-mère se tape la bonne en lui disant qu'les hommes sont tous menteurs, comment voulez vous  braves gens qu'nos bonnes bonnes gardent l'amour du travail et le sens des valeurs ....."



lundi 28 octobre 2013

La grande solitude des défenseurs des libertés



Article paru dans "Le Monde"  du 08.10.13

Roms, prisons, espionnage sur Internet, droits des étrangers...

Le discours sécuritaire est le seul audible

oux rêveurs », « angéliques », « illégitimes », « droits-de-l'hommistes »... Qu'ils soient défenseur des droits, contrôleur général des lieux de privation de liberté, responsables associatifs, avocats, magistrats, ils ont l'habitude de ces noms d'oiseaux dont on les affuble pour les disqualifier d'emblée, eux ou la cause pour laquelle ils se battent : la protection de libertés fondamentales et de droits universels. Autant de garanties indispensables, en particulier pour les plus démunis, mais qui sont balayées (avec leurs défenseurs) comme quantité négligeable par gros temps populiste, comme celui qui frappe notre continent.

« Dans cette espèce de maelström, on n'est pas audible », observe Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars). « Il est difficile de sensibiliser les gens, et encore plus de les convaincre », renchérit Patrick Baudouin, avocat et ancien président de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), qui évoque un « rouleau compresseur ». « Les gens se recroquevillent. On a un peu l'impression d'emmerder le monde », résume Antoine Grézaud, directeur de cabinet du défenseur des droits, Dominique Baudis.

L'ampleur de la polémique sur les Roms, et la nature des propos tenus à ce sujet par Manuel Valls, ont surpris, y compris ceux qui croyaient avoir tout entendu. Jugeant « indignes et mensongers » les propos du ministre de l'intérieur, Christine Lazerges, présidente de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, observe qu'ils surviennent dans un « inquiétant climat démagogique » marqué par « la peur de l'autre ». Le débat est « centré sur divers exclus qui pollueraient le «vivre-ensemble», détricoteraient le lien social. On laisse entendre que ceux qui sont au bord du chemin le sont par leur faute », relève l'ancienne députée socialiste.

Les uns et les autres ne mesurent pas seulement les ingrédients mais aussi les causes de ce climat sécuritaire. Certaines sont déjà anciennes : ainsi la lutte contre le terrorisme, qui permet de justifier l'adoption de mesures répressives ou de mécanismes de surveillance. « Après la chute du Mur de Berlin, il y a eu un vrai souffle de liberté, rappelle Me Baudouin. On avait le sentiment d'être entendu et d'être au diapason des opinions publiques. Après les attentats du 11-Septembre, s'est produit un retour de manivelle. Un vent mauvais a commencé de souffler. »

Un vent dont les effets ne se sont pas dissipés. Les révélations sur l'ampleur de l'espionnage électronique auquel s'est livrée l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine « n'ont guère suscité de débat, hormis en Allemagne », relève l'ex-président de la FIDH. « Le citoyen qui ne pense pas être une cible potentielle ne se sent pas concerné », déplore-t-il.

A partir de 2008, la crise est venue ajouter une autre chape de plomb, plus lourde encore, chacun étant incité à subvenir à ses besoins plutôt qu'à ceux des autres. Sénateur UMP du Nord, ancien rapporteur de la loi pénitentiaire de 2009, Jean-René Lecerf se souvient de cette interrogation de syndicalistes : « Pourquoi parler du travail des détenus alors qu'il y a du chômage à l'extérieur des prisons ? »

Un insidieux mécanisme de tri s'est opéré, dont les plus en marge, à commencer par les étrangers, font les frais. « On ne pense l'immigration que de façon négative et répressive. Il est très facile de dire que c'est «l'autre» qui nous pose un problème. Petit à petit, le discours du FN a produit son effet », souligne le président du Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), Stéphane Maugendre, selon lequel le gouvernement actuel agit, en la matière, « dans la lignée du précédent ». A la Fnars, on en perçoit les effets sur les places en hébergement d'urgence. « La crise a réveillé une forme d'égoïsme. Et la solidarité est beaucoup moins forte pour le migrant que pour le SDF », constate M. Gueguen.

Une demande de sécurité tous azimuts est allée croissante, rendant pour le moins difficile l'examen rationnel de tout dispositif touchant au code pénal ou à l'état (désastreux) des prisons. « Quand Christiane Taubira propose simplement de penser que les gens qui entrent en prison vont un jour en sortir, l'idée qui s'impose est qu'elle veut vider les établissements pénitentiaires et ne plus condamner personne. C'est invraisemblable ! », s'exclame le député Dominique Raimbourg, vice-président (PS) de la commission des lois. « Il est toujours plus facile d'essayer de flatter un certain nombre d'instincts que de faire appel à l'intelligence de nos concitoyens », constate en écho M. Lecerf, qui se sait considéré comme un « emmerdeur » au sein de sa famille politique.

Avec une forte inquiétude, les uns et les autres constatent à quel point le discours populiste se propage sur l'échiquier politique et dans les médias. « Nous, on n'a pas changé. Mais maintenant, compte tenu de la droitisation générale du discours, on est presque classé à l'extrême gauche », note Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature. Porter un discours dénué de pédagogie est « un calcul à très court terme », met en garde Mme Lazerges, qui souligne que « les Français sont plus intelligents que les politiques le croient ». « Cette régression dans la parole des politiques joue très négativement sur leur image, déjà détériorée », insiste-t-elle.

Pour Patrice Spinosi, « le pouvoir politique aurait dû éduquer l'opinion, en lui expliquant par exemple les règles du procès équitable, ou le fait que la prison n'est pas la solution la plus efficace ». Avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, Me Spinosi a fait condamner la France une dizaine de fois devant la Cour européenne des droits de l'homme, obtenant ainsi des « victoires au forceps » en matière de droit pénitentiaire, de droit des étrangers ou encore de procédure pénale. « Alors que le législateur peut être paralysé par une certaine opinion publique, ces actions devant les juridictions européennes s'imposent à lui », souligne l'avocat, qui y voit « le moyen le plus radical d'obtenir un résultat ». Désormais le seul, peut-être.

Jean-Baptiste de Montvalon


dimanche 27 octobre 2013

Editorial dominical bureau/souvenirs/vrac


Illustration : Egon SCHIELE - Nu aux chaussettes vertes


J'en ai marre des chaussettes! Elles sont sournoises et indisciplinées; elles se payent ma tête.
Prétendent ne pouvoir aller que par paire, alors que dès qu'on oublie de les surveiller, l'une n'a de cesse de laisser tomber l'autre pour aller vivre sa vie Dieu sait où!
Ainsi de deux prétendument excellentes chaussettes de fine laine bleu marine, sans marque d'usure au talon, tenant encore fort bien au mollet et qui ramassées par deux sur le fil de séchage, se sont trouvées séparées à l'heure du rangement. Je ne cherche pas à savoir laquelle est responsable de cet égarement et je garde soigneusement celle que j'ai en main en une place où je suis certaine de la retrouver. Et je pars à la recherche de l'autre qui sans doute aidée par Mr Merlin S'mouche, chat de profession, reste parfaitement introuvable.
Deux jours plus tard, profitant d'un moment où je suis fort occupée à autre chose, elle me nargue avachie, passablement souillée, sur le sol au milieu de la pièce. Je la ramasse et la pose en évidence sur mon bureau; subjuguée, elle y reste et quand vient l'heure de m'occuper de son cas, je le remonte à l'étage où près du tiroir à chaussettes, en principe  l'attend sa jumelle. En principe... parce que la dite jumelle s'est évanouie quelque part. Et depuis, aucun avis de recherche ne m'a à ce jour remise sur sa trace...
Oui, vraiment, j'en ai marre des chaussettes et de leurs facéties!

Où s’en va la chaussette
Abandonnant sa sœur ?
Et pourquoi la tartine
Beurrée s’écrase-t-elle
Sur le mauvais côté ?
Où se cachent les clefs
Quand on a besoin d’elles ?
Objets inanimés
Votre âme est diabolique,
Vous nous faites enrager  

samedi 26 octobre 2013

Dernière rose

Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise....

Théodore Agrippa d'Aubigné




jeudi 24 octobre 2013

Echauffourée sanglante en Thimerais: l’église de Blévy profanée !



La famille Saint-Bonnet décimée, on pouvait espérer voir revenir des jours plus tranquilles à Blévy et ses alentours. Pas pour bien longtemps : moins de dix ans plus tard, quelques hobereaux locaux allaient faire parler d’eux. C’est que monsieur de Baronval et monsieur de la Noue étaient en désaccord sur la position de leurs places respectives dans l’église de Blévy.
Guillaume de Colas, sieur de Baronval avait son banc dans la nef, proche de l’autel de la Vierge, c’est-à-dire devant celui de monsieur de la Noue. Ce qu’il estimait légitime puisque la famille de la Noue avait de tout temps été protestante. On était encore loin de la révocation de l’Edit de Nantes, cependant ses membres, humant le sens du vent, avaient estimé que le moment était venu de complaire au roi et de changer la façon de dire sa prière. Ils étaient donc catholique de fraîche date, ce qui aux yeux de Baronval justifiait sa préséance.
Mais Charles de Paris, sieur de  la Noue était écuyer du Roi, position qui selon lui obligeait Baronval à lui céder le pas. En conséquence, il fit placer son banc dans le chœur. Le curé, terrorisé, humilié, parfois battu, menacé de mort ou même pire, depuis beau temps ne se mêlait plus des affaires de ces bons seigneurs ; il les laissait démêler entre eux l’écheveau embrouillé de leurs prérogatives.  Il se contenta d’avertir Antoine Leclerc de Lesville, qui en qualité de marquis de Maillebois,  était seigneur de Blévy ; Antoine Leclerc fit déplacer près du portail le banc de monsieur de la Noue.
La Noue offensé, fit construire une balustrade entourant l’autel de la Vierge et fit placer son banc à l’intérieur. Ce qui de fait, fit reculer celui de Baronval derrière le sien. Voilà donc nos gentilshommes bien montés l’un contre l’autre et pas seulement pour cette histoire de bancs ; il s’agissait aussi de savoir lequel des deux devait avoir l’honneur d’offrir le pain et aussi l’eau bénits.  Pendant un certain temps, ils se contentèrent de s’éviter, d’échanger des mots bientôt remplacés par des injures ; puis la Noue décida d’en finir et de frapper un grand coup.
Un beau jour d’automne, c’était un dimanche 20 octobre de 1669, La Noue invita une dizaine de gentilshommes de ses amis ; il y avait là entre autres, monsieur des Routis, les deux messieurs de Saint-Arnoult, les sieurs de la Ferrette, Mr le baron de Favières, Mr de Bois-Rouvray, Mr de Régusson, Henri de Fayel, seigneur de Marigny (qui est proche de Prudemanche)  et Mr de la Lucazière qui, sans doute parce que son domaine était le plus proche arriva sur les lieux quand tout était terminé. La Noue leur donna à dîner, puis les emmena à la messe. Une étrange messe pour laquelle si l’on oublia bien de prier Dieu on n’omit pas de  s’armer de pistolets, d’épées et aussi de fusils. La compagnie était installée dans l’église quand arriva Baronval  bien loin d’imaginer ce qui l’attendait. Le fils de Mr de Caupray, un de ses amis qui était venu la veille le visiter l’accompagnait et aussi Florient Galliot, seigneur de La Houssaye. Tant de gentilshommes armés assemblés dans l’église ne laissèrent pas de surprendre Baronval. Surprise dont il n’eût pas le temps de se remettre : La Noue et ses amis le prirent à parti verbalement et vertement pour commencer. Méfiant, au lieu d’aller à son banc qui était proche de celui de la Noue,  Baronval alla d’abord près de la chaire et tenta de sortir. La Noue voyant que son ennemi allait lui échapper n’attendit pas qu’il fût à la porte pour le coucher en joue et tirer. Et bien qu’ils fussent à dix contre trois hommes surpris, les autres tirèrent à leur tour. Le vacarme était indescriptible ! Les pauvres fidèles qui étaient venus paisiblement écouter la messe ce matin-là, tentaient de fuir ou de se protéger comme ils pouvaient. Baronval avait des amis qui prirent son parti, d’autres assistants prirent celui de La Noue. L’église était devenue champ de bataille  d’où les fidèles non concernés s’échappaient en hurlant.
Monsieur de Baronval, touché à l’estomac, par le chevalier de Saint-Arnoult tomba raide mort près des fonts baptismaux. La Houssaye , s’empara de ses deux pistolets et fit feu sur les assaillants, aidé de Mathurin Allais, meunier du moulin des Pré, lui aussi armé. Que pouvaient faire les partisans de Baronval surpris sans armes pour la plupart ceux bien équipés du parti de la Noue ? Le pauvre La Houssaye abattu, fut encore criblé de balles après son trépas. La chronique ne dit pas comment le meunier s’en est tiré, mais on sait que les vaincus n’ont pas épargné leurs assaillants : La Noue fut touché à la poitrine et finit huit jours plus tard par mourir de sa blessure ; Henri de Fayel, lui aussi blessé près de la balustrade du chœur en tentant de faire sortir madame de La Noue enceinte, et que la frayeur allait faire accoucher prématurément, mourut le lendemain ; Bois-Rouvray ne mourut pas mais fut touché dans ses œuvres vives de telle sorte qu’il lui devint impossible de continuer d’assurer sa descendance.
On trasporta le corps de Baronval dans la salle d’audience de Maillebois où il fut autopsié pour découvrir qu’un coup d’épée dans le foie lui avait été funeste. Antoine Leclerc de Lesville le fit inhumer dans l’église devant l’autel du Rosaire.
Cependant les vainqueurs n’eurent guère loisir de savourer leur victoire : la justice avait son mot à dire. Assignés à comparaître sous trois jours au tribunal d’Orléans, les rescapés avaient pris la fuite. On envoya des archers à leur recherche dans toute la région. Un commissaire fut nommé, Mr Martin qui mena l’enquête à Blévy et prit la déposition de tous les habitants qui étaient venus écouter la messe ce dimanche-là. Il avait amené avec lui un des grands vicaires de Chartres. En effet, par ces meurtres, l’église avait été profanée et depuis, il fallait dire la messe à la chapelle Saint-Claude située un peu plus loin sur la route de Mainterne ce qui pour la plupart des fidèles faisait tout de même 500m de plus à parcourir ! La situation ne pouvait donc durer et l’église fut bénie à nouveau. L’enquête terminée, le commissaire Martin condamna les morts à être traînés sur une claie puis pendus par les pieds. L’exécution eut lieu en effigie ; on n’allait pas remuer la terre où reposaient les condamnés pour les en tirer , d’autant plus que le temps ayant fait son œuvre, on aurait pu en perdre des morceaux avant de parvenir au gibet.
Quant aux vivants, certains eurent à payer un forte amende ; les autres, seize nobles et deux de leurs valets dont on n’avait pas retrouvé trace, par jugement rendu le 16 janvier 1670, furent déclarés criminels de lèse-majesté divine et humaine, dûment atteints et convaincus d’assemblées illicites, de combats prémédités, de sacrilèges et profanations commis dans l’église de Blévy ; eux aussi pendus en effigie et déchus des privilèges de noblesse et déclarés ignobles et roturiers et leurs fiefs saisis. La veuve du Seigneur de Marigny, Marguerite de Gaillardbois dont la famille possédait Marcouville, parvint à faire lever le séquestre et à rétablir la presque intégralité de son domaine auquel il manquait une ferme de Laons qu’il avait fallu vendre pour payer l’amende.

On grava la sentence sur une plaque de cuivre qui fut scellée dans l’église, sur le mur de la nef entre la chapelle de la Vierge et le Parquet de la Charité. Ne l’y cherchez pas, la Révolution l’a emportée.

illustration: l'église de Blévy par Utrillo


dimanche 20 octobre 2013

L'information prime tout

Dernière minute

La reine Christine vient d'ouvrir un compte twitter.
Son @ est cOckrent.

Traduction pour les non anglophones : location de bites

samedi 19 octobre 2013

La Photo du Samedi

Vu du Pont de Bois


vendredi 18 octobre 2013

Mots d'Auteurs

VERMEER

Un écrivain véritable ne trouve pas ses mots. Alors il les cherche. Et il trouve mieux.
VALERY

mardi 15 octobre 2013

Mots d'auteurs

Fossettes, roseurs, blondeurs, rondeurs, longues robes de tulle, de dentelle blanche, de broderie anglaise, ceintures de moire, fleurs piquées dans les chevaux, dans les corsages... les notes pures de leurs rires cristallins s'égrènent... Elles s'amusent... Vous les entendez?

Nathalie SARRAUTE (1900-1999), Vous les entendez?

samedi 12 octobre 2013

Octobre ,..







vendredi 11 octobre 2013

Claude et L'excellent billet d'Alain Rémond l'autre matin dans La Croix

Le biLLet

Les céphalophores

ALAiN RéMOND

Saint Denis, que nous fêtons aujourd’hui, est célèbre pour une particularité, disons, particulière : la céphalophorie.

Ce n’est ni une maladie, ni une aptitude à résoudre des problèmes compliqués, ni un don pour ceci ou cela.

La céphalophorie, c’est l’art de porter sa tête, comme si de rien n’était, après avoir été décapité.
Saint Denis marcha ainsi six kilomètres vers le nord, sa tête sous le bras, traversant Montmartre par ce qui deviendra la rue des Martyrs, donna sa tête à une femme pieuse nommée Catulla, puis s’écroula.

Il n’est pas le seul à avoir réussi cet exploit. On compte en France de nombreux saints (ou saintes) céphalophores, comme Quitterie, Principin, Tréphine, Aphrodise ou Ferjeux.

Cette coutume semble s’être perdue au fil des siècles. Il est extrêmement rare, aujourd’hui, de voir quelqu’un marcher dans la rue sa tête sous le bras.

En revanche, on voit de plus en plus de gens déambuler en portant ce qui s’appelle, justement, un portable, qui semble leur tenir lieu de tête, à tel point que, s’ils le perdent, ils perdent la tête.

Ce sont les céphalophores modernes.
​ 

mardi 8 octobre 2013

Rêves et mythes


Il n’est pas nécessaire d’insister sur l’impact des rêves dans l’Histoire et dans les mythes. On connaît le rêve oublié de Nabuchodonosor et le rôle d’interprète que joua le prophète Daniel.
Rappelons aussi, à l’origine de la guerre de Troie, le rêve de la reine Hécube, épouse de Priam, roi de la cité troyenne. Nombreux sont également les songes ou les visions au cours desquelles les dieux apparaissent, porteurs d’un message plus ou moins sibyllin et dont l’interprétation nécessite la sagesse d’un mage.
Ainsi Balthazar, lors d’un festin de victoire vit apparaître une main qui écrivait sur un mur. Ce fut Daniel qui donna l’interprétation qui subjugua le dernier roi de Babylone.
Ce qui est intéressant dans cet épisode mythique, c’est le rôle d’une part de l’image et non d’un rêve, de l’écriture d’autre part. Ce qui confère à l’interprétation une fonction de traduction.
Voici le récit biblique du Livre de Daniel :
«Le roi Balthazar donna un grand festin pour ses seigneurs, qui étaient au nombre de mille, et devant ces mille il but du vin. Ayant goûté le vin, Balthazar ordonna d'apporter les vases d'or et d'argent que son père Nabuchodonosor avait pris au sanctuaire de Jérusalem, pour y faire boire le roi, ses seigneurs, ses concubines et ses chanteuses. On apporta donc les vases d'or et d'argent pris au sanctuaire du Temple de Dieu à Jérusalem, et y burent le roi et ses seigneurs, ses concubines et ses chanteuses. Ils burent du vin et firent louange aux dieux d'or et d'argent, de bronze et de fer, de bois et de pierre. Soudain apparurent des doigts de main humaine qui se mirent à écrire, derrière le lampadaire, sur le plâtre du mur du palais royal, et le roi vit la paume de la main qui écrivait.»
Le roi, fit venir Daniel qui lui dit :
«L'écriture tracée, c'est : Mené, Teqel et Parsîn. Voici l'interprétation de ces mots : Mené : Dieu a mesuré ton royaume et l'a livré; Teqel : tu as été pesé dans la balance et ton poids se trouve en défaut; Parsîn : ton royaume a été divisé et donné aux Mèdes et aux Perses." Alors Balthazar ordonna de revêtir Daniel de pourpre, de lui mettre au cou une chaîne d'or et de proclamer qu'il gouvernerait en troisième dans le royaume. Cette nuit-là, le roi chaldéen Balthazar fut assassiné.»
Les commentaires que nous pouvons faire des rêves et récits de visions doivent être assujettis à une minutieuse étude du contexte historique dans lesquels ceux-ci prennent forme. Tout comme l’anthropologue ne conclut quoi que ce soit sur la découverte d’un site sans soumettre les résultats des ses trouvailles à de nombreuses expertises, géologiques, historiques, ethniques, etc. l’historien ne peut rien conclure d’un récit de rêve s’il n’a pas une solide connaissance du contexte culturel, économique, historique, géographique voire linguistique dans lequel le récit s’enracine.
Et c’est à partir de ces premiers éléments d’investigation que l’on peut avancer une interprétation psychologique sensée et cette dernière n’aura rien d’un discours métaphysique.
Pour leurs études sur les rêves Emma Jung et Marie Louise Von Franz se sont transformées en véritables linguistes et historiennes. (1)

1. Consulter la série d’ouvrages de l’une et l’autre sur l’interprétation des contes de fées et sur les légendes germano-celtiques.

Illel Kieser El Baz,
Psychothérapeute, Psychologue clinicien


Toulouse, France

lundi 7 octobre 2013

Les bagnoles à papa-2021 bureau/souvenirs/vrac

Inspiré par un post de Manouche

Quelques années après la Libération, la voiture désirable était la « Traction avant Citroën ». Si désirable qu’il fallait plusieurs mois, parfois une année pour l’obtenir, et mon père comme tant d’autres, voulait sa « Traction ». Il l’attendait d’autant plus impatiemment que cet homme sans bagnole était quasiment cul-de-jatte. Or, sa Simca 8 venait de périr au contact brutal d’un poids lourd de dix tonnes.
Le compagnon de ma grand-mère, -s’y était-il pris à temps, avait-il choisi une autre marque ou un autre modèle ?-  toujours est-il qu’il conduisait une voiture neuve, aussi a-t-il refilé à son gendre la C4 qu’il n’utilisait plus.
Ah ! je voudrais être poète pour composer un hymne à la C4, le carrosse des fées de mon enfance ! Si facile à dessiner déjà, sur un cahier quadrillé. Avec tant de place à l’arrière qu’on y pouvait jouer aux petits chevaux, au Nain Jaune… jouer quoi ; et ceci grâce aux deux strapontins qui faisaient face à la banquette ; avec le marchepied extérieur sur lequel on pouvait monter en marche tels les gangsters de nos bandes dessinées. Ah, oui ! c’était une voiture bien faite pour des enfants souvent accompagnés de chiens et de chats. Elle était de couleur vert sapin et si haute qu’on dominait la circulation dans les rues encombrées de Paris.
Haute, verte et confortable, mais… démodée et mon père mourait de honte au volant de son carrosse. Quand enfin est arrivée la « Traction », la C4 a disparu et depuis, chaque fois que je vois une sortie de vieux tacots, je la cherche avec l’espoir qu’elle n’a pas fini à la casse, mais qu’elle coule des jours tranquilles dans un garage où un amateur la bichonne avec soin.
Donc la Traction est arrivée, la première d’une longue série. Je me souviens de son numéro d’immatriculation : 2004 BW 75. Pour l’inaugurer, mon père nous a fait faire l’aller-retour d’usage sur l’autoroute de l’Ouest qui s’arrêtait alors, me semble-t-il,  à Orgeval. Etait-ce le regret de la C4, c’est à ce moment-là que j’ai pris en grippe l’odeur de la voiture neuve. Et on en avait souvent, des neuves, car mon père en cassait beaucoup. Il conduisait bien, pourtant et quand survenait l’accident plus ou moins grave, il n’était jamais dans son tort. Mais voilà, quand on est trop certain de son bon droit, il arrive que le résultat soit le même que lorsqu’on est en faute. Ainsi de l’accident qui détruisit la Simca 8 : nous partions en vacances et, traversant au petit matin la place du Châtelet, le poids lourd a refusé la priorité. La sagesse eut été de le laisser passer, mais mon père n’était pas sage et il ne s’est pas arrêté. Les vacances à peine commencées, se sont terminées au proche Hôtel-Dieu.

Une autre fois pourtant, il lui arriva de plier en deux un bec de gaz et perdant le contrôle, d’emboutir toutes les voitures en stationnement de la rue, du côté droit comme du côté gauche. Certes, il n’avait pas bu que de l’eau gazeuse, cette fin de nuit-là, mais c’était en compagnie d’un de ses amis commissaire de police qu’il raccompagnait chez lui… Cette voiture-là, je m’en souviens, bien qu’elle ait duré moins d’une semaine, était une Panhard gris/bleu pastel, aux sièges de cuir gris… elle aussi sentait la voiture neuve… elle n’a pas eu le temps de vieillir.

samedi 5 octobre 2013

vendredi 4 octobre 2013

La retraite-



La guerre allait finir mais dans le village proche de Nancy où la famille était réfugiée, on ne s’en apercevait pas vraiment. Il faut dire qu’on y courait probablement plus de risques qu’en ville puisque la Seille, la rivière qui le traverse marque depuis 1870 la frontière entre Lorraine allemande et Lorraine française et qu’à chaque guerre, la ligne de front se situe dans les parages. Mais à Nancy on crevait de faim tandis qu’à Brin (sur Seille), les combats n’empêchaient pas les poules de pondre, ni les vaches de donner du lait, ni les pommes de terre de pousser dans les champs.
Les rumeurs pourtant allaient bon train ; le bruit du débarquement de Normandie était parvenu jusque-là, mais on en parlait peu ; ceux qui écoutaient Londres ne s’en vantaient pas. En revanche on entendait partout raconter que l’armée allemande, en se repliant pratiquait la politique de la terre brûlée, faisait sauter les ponts et incendiait les villages qu’ils traversaient.
Notre maison était la dernière du village. Il faisait nuit et la famille, c’est-à-dire cinq femmes réparties sur quatre générations dont un bébé (moi) et un seul homme, mon père, était attablée devant des assiettes peu garnies de ce que les poules et le jardin avaient bien voulu offrir. Le couvre-feu imposait des volets clos et des rideaux tirés ; une bougie donnait une faible lumière.
Soudain dehors, bruit de bottes et un ordre bref :  « Halt ! »
Silence… puis on entend les bottes entourer la maison. Quelqu’un a soufflé la bougie. Derrière la maison était un bûcher recouvert de tôles ondulée et sur les tôles des fagots. Les bottes se sont arrêtées devant le bûcher et on a entendu un liquide arroser les fagots. Et dans cette famille peu croyante, on a vu ma grand-mère , esprit fort s’il en fut et chef incontesté de la tribu, on l’a vue tomber à genoux , faire le signe de croix, joindre les mains et prier…
Enfin les bottes se sont rassemblées et sont reparties en bon ordre.
Mon père est sorti le premier avec dans chaque main une de ces grandes cruches en zinc avec lesquelles on allait chercher de l’eau au puits ou à la fontaine. Surpris de ne voir ni sentir aucune fumée, il s’est avancé dans le noir… Et c’est après avoir glissé pour tomber dans un bourbier malodorant qu’il a compris qu’il ne s’agissait que d’une halte indispensable à la bonne marche des troupes en retraite.