
ure
Je suis
avril le plus joly
De tous en honneur et
vaillance ;
Car nous fusmes tous
affranchis
En mon temps par ung
coup de lance ;
Par la sainte digne
souffrance
De Dieu qui le monde
créa.
On en doit avoir
souvenance,
Car en mon temps
resusita.
AVRIL - Semaine 1 – jour 1 Us et Coutumes
Premier
avril, faut que pinson
Puisse boire sur le
buisson
POISSON D’AVRIL
N’omettez pas, le 1°
avril, de répandre du gros sel aux quatre coins de votre domaine, si peu étendu
soit-il, afin d’en éloigner les maléfices. Puis, montrez votre affection à vos
proches en leur faisant des « Poissons d’Avril » : une coutume
qui remonte à l’année1564.
Jusque là, on
célébrait le Nouvel An du 25 mars au I° avril par des fêtes et des échanges de
cadeaux. Charles IX adopte alors le calendrier grégorien qui fixe le nouvel an
au premier janvier. Beaucoup de gens ne s’adaptent pas, aussi pour se moquer d’eux, leur fait-on des farces
et des cadeaux saugrenus. Des poissons par exemple pour les aider à tenir le
jeûne de la Semaine Sainte et parce que
c’est le temps de l’ouverture de la pêche.
Si le temps est
doux, dans les 4 premiers jours du mois, vous risquez la pluie, voire même le
tonnerre. Mais peu importe car ils promettent paix universelle et abondance de
biens. Ils sont également de bon augure pour les vendanges et les moissons.
Sachez aussi qu’au
premier coup de tonnerre, se rouler par terre en disant deux fois « J’en
ai mangé », protège de la foudre pour toute l’année.
Les Francs-Comtois pour
leur part, se roulent sur le ventre pour éviter les coliques.
Si vous voulez vivre longtemps, mariez-vous en avril.
Les Anglais,
pessimistes, considèrent le premier
lundi d’avril comme un jour maléfique ; c’est l’anniversaire de la
naissance de Caïn et de l’assassinat de son frère Abel.
Quant aux marins, ils éviteront de prendre la mer pour les 5 et 6 du mois.
Avril, est consacré
à Vénus ; poètes et amoureux fêtent le printemps et le retour sur terre du
tendre Adonis.
AVRIL - Semaine 1- jour 2 CONTE
Si Mars
a fait l’Avril,
Avril
fera le Mars
Adonis
Au temps où les
dieux parlaient aux mortels, l’épouse du roi Cyniras de Chypre, osa prétendre
que sa fille -sans doute voulait-elle lui trouver un époux- égalait Aphrodite
en beauté.
Celle dont dépend
tout amour sur la terre déteste par-dessus tout, les jeunes filles qui tentent de rivaliser
avec elle. Pour lui apprendre à se tenir à sa place, elle envoya un charme sur
cette jolie Myrrha qui, allez-vous le croire, tomba éperdument amoureuse du
roi, son père.
Amoureuse et
désespérée. Elle savait cet amour impossible, n’en dormait plus, ne mangeait plus.
Elle devint pâle et maigre au point que sa nourrice en fut alarmée. Embrassée,
cajolée, la jeune fille finit par avouer la cause de son tourment. Sans trop
savoir encore comment elle allait s’y prendre, l’imprudente femme lui promit de
l’aider. L’aider à quoi ?
Les nourrices qui
veulent à n’importe quel prix réaliser les voeux de leurs pupilles, sont légions, de même que leurs mauvais
conseils et les drames qui en résultent. Celle-ci ne fit pas exception à la
règle.
La reine, en tant
qu’épouse légitime, participait en ce
temps-là, aux Thesmophories, qui sont des fêtes données en souvenir du deuil de
Déméter. La règle était de jeûner et d’observer une stricte abstinence
sexuelle.
Voilà qui favorisait
le projet de la nourrice. Elle prépara un vin d’herbes aphrodisiaques qu’elle
fit boire à Cyniras, et pour apaiser cette fièvre qu’elle avait provoquée, lui proposa pour remplacer la reine absente,
de faire venir une prostituée sacrée, à la seule condition que le roi ne la
verrait pas.
« Pourquoi, demanda-t-il, elle est donc laide ? »
« Non, mais
elle est vierge, et a fait le vœu de cacher son visage au premier homme à qui elle
se donnerait. »
Le roi accepta et la
nourrice employa tout le jour à préparer Myrrha pour sa nuit d’amour. Bains,
massages, huiles parfumées, vins herbés, la nourrice n’épargna aucun effort et
le soir venu, conduisit jusqu’à la chambre de son père, la jeune fille tremblante
de désir, de crainte car elle était vierge,
et de honte aussi puisqu’elle ne pouvait ignorer l’inceste qu’elle allait
commettre.
Le désir, la crainte et la honte, que voilà un mélange
aphrodisiaque ! Bien plus excitant que n’importe quel vin d’herbes !
Pour respecter le vœu
de la vierge, la chambre n’avait d’autre lumière que les rayons de la lune qui
laissait entrevoir sa silhouette parfaite et la blancheur nacrée de sa peau.
Sa peau que Cyniras
trouva si douce…. La nuit d’amour fut torride, autant que les onze qui
suivirent.
Ses devoirs
religieux accomplis, la reine revint au
palais et toutes choses reprirent leurs places, les vins d’herbes procurant
cette fois un oubli apaisant. Pour quelque temps….
Onze nuits d’amour
avaient porté leur fruit, et l’oubli,
pour Myrrha devint impossible. Elle tenta, mais en vain, de cacher le
pêché qui s’épanouissait dans ses flancs. Aux questions de sa mère, elle opposa
un silence obstiné. Comment dire à la reine le nom du père de son enfant ?
Questionnée à son tour, la nourrice avoua. Sans
doute employa-t-on pour la faire parler des méthodes inapplicables à la fille
du roi. Comment fut-elle punie ? Etranglée ? Jetée du haut d’une
falaise ? On ne sait pas.
Cyniras, révolté,
ulcéré du crime qu’on lui avait fait commettre, poursuit sa fille pour la tuer.
Aphrodite, prévenue,
prend Myrrha sous sa protection, mais trop tard. Le roi est là face à la
coupable, son épée dégainée. Il voit alors avec épouvante et stupeur, les jolis
pieds de sa fille s’enfoncer dans le sol ; sa peau si douce et si blanche
devenir noire, rugueuse et crevassée ; ses bras se dressent, tordus vers
le ciel et ses cheveux hérissés frémissent au vent comme les feuilles de
l’arbre qu’elle est devenue. Cyniras, affolé d’horreur, d’un coup d’épée fend
en deux l’effroyable buisson. Ce n’est pas du sang, mais une sève odorante qui
coule de la blessure, d’où sort en même temps, une enfant. Un bel enfant qui ne
peut encore marcher. Pour le soustraire à la fureur du Roi, Aphrodite s’en
empare, le cache dans un coffre qu’elle emporte tout au fond des Enfers. Et là,
le confie à Perséphone. La souveraine du royaume des morts ne peut résister au désir
de savoir quel trésor lui a confié la plus belle de l’Olympe. Elle ouvre le
coffre et découvre le bébé, qu’elle adopte et élève comme son propre fils. Elle
le nomme Adonis.
L’enfant pousse, considérant
Perséphone comme sa mère. La reine des ténèbres le voit grandir en beauté,
devenir adolescent. Quand il atteint l’âge d’homme, il est devenu si plaisant
que la tendresse maternelle se transforme en une véritable passion amoureuse.
Il n’est pas après tout, le fils de la déesse qui ne tarde pas à en faire son
amant.
Aphrodite, n’avait
pas oublié l’enfant issu de l’arbre parfumé. Estimant que son protégé pouvait désormais sans risque prendre sa place
parmi les hommes, elle descend aux enfers pour le ramener à la lumière. Mais Perséphone n’a aucune envie de perdre son
amoureux ; elle refuse de le laisser partir. Les déesses argumentent, se
disputent se prennent par le chignon et font un tel tapage qu’on doit pour les
calmer faire intervenir le Maitre des Dieux, Zeus en personne. Celui dont dépend
le sort du Monde se moque pas mal de deux femmes qui se disputent un jouvenceau ;
que le jeune homme choisisse celle des deux qu’il préfère.
Pour Adonis, la chose
est simple. Certes il aime tendrement Perséphone, mais Aphrodite est là, devant
lui, aux blonds cheveux répandus sur ses épaules, à la ceinture à demi nouée
laissant entrevoir un corps si désirable que ses rêves ne lui en avaient jamais
montré de pareil. Il s’embrase d’une passion telle qu’il n’a plus d’autre idée
que celle de suivre la déesse dans son palais de Chypre, sans un regard pour Perséphone
éplorée.
Adonis est au
paradis dans les jardins d’Aphrodite. Il passe des nuits voluptueuses en
compagnie de l’amour et de la beauté personnifiés et le jour, il se fait
jardinier pour embellir encore le domaine de celle qu’il aime.
Aphrodite, étant
immortelle, connaît l’avenir et sait qu’un danger menace son jeune amant. Elle
lui recommande de ne jamais sortir du palais, de ne surtout jamais aller à la
chasse. Adonis ne demande qu’à lui obéir. Qui de plus casanier qu’un ami des
jardins pour qui l’aventure, l’émerveillement, se trouve dans chaque massif, au
coin de chaque plate-bande ?
Cependant, Perséphone est furieuse ; elle veut se
venger de celle qui lui a pris tout à la fois son fils et son amour. Elle va trouver Arès, le dieu de la guerre
qui depuis longtemps est l’amant d’Aphrodite. Ares est jaloux, d’autant plus
jaloux que lui-même n’est pas fidèle. Aussi tolère-t- les aventures de son
amante : puisque aussi bien, c’est son rôle dans le monde. Pourtant cette
fois, il ne s’agit pas d’une passade : Aphrodite aime Adonis. Alors au printemps,
quand les dernières neiges attardées sous les branches cèdent la place aux
tapis d’anémones, Arès profitant d’une absence de la déesse, envoie dans les
jardins un sanglier énorme, une brute qui ravage, fleurs et pelouses, qui
saccage les arbustes. Quel jardinier peut tolérer un sanglier dans son
domaine ? Adonis rassemble, tous les jeunes gens, tous les serviteurs et
leur donne des armes. Ils courent tuer le monstre, qui ne se laisse pas
faire ; les flèches ricochent sur sa cuirasse velue, leurs piqûres
l’énervent et le rendent encore plus combatif. Un jeune homme qui s’approche
brandissant une épée est foulé aux pieds, Adonis, courageux, s’élance un
poignard à la main, il frappe le monstre au défaut de l’épaule, mais la bête a
le temps avant de mourir de l’encorner à l’aine. L’artère est tranchée et le
jeune homme s’écroule dans une flaque d’anémones blanches encore. Le sang qui
s’écoule de la blessure les teinte des couleurs que perd Adonis ; il gît exsangue,
dans les fleurs devenues pourpres.
Aphrodite accourue, le couvre de baisers veut
lui insuffler la vie par sa bouche mais en vain. Elle pleure, la déesse, elle
arrache ses vêtements, ses cheveux ; elle a perdu son amour. Il appartient
désormais à sa rivale, il ne reviendra plus des Enfers.
Elle va crier son
désespoir à Zeus. Qu’on lui rende Adonis, au moins quelques mois dans l’année.
Le Maître des Dieux est ému : tant de larmes, tant de beauté. Et puis, il
a besoin d’Aphrodite, ce grand coureur de jupons ; d’Aphrodite et de son
fils qu’il vaut mieux ne pas mécontenter.
Alors, il
décide : Adonis passera six mois aux enfers et dès le retour du printemps,
reviendra dans les jardins d’Aphrodite.
Voici qu’avril est venu,
la sève monte, les oiseaux chantent le retour d’Adonis, l’innocent dieu des jardins.
AVRIL - Semaine 1 – jour 3 PAR ICI LA BONNE SOUPE
Beau temps de Mars,
Se paie en Avril ou plus tard.
Le chocolat
La fête de Pâques
tombe souvent en Avril. Ce jour là les cloches carillonnent, annonçant leur
retour de Rome où elles avaient passé le carême. Elles rapportent dans leurs
jupes de bronze quantités d’œuf en chocolat, qu’elles sèment au passage dans
les jardins.
Les enfants munis de
paniers, vont dans les massifs et les buissons pour en faire la récolte.
Autrefois, les œufs
étaient de vrais œufs cuits durs et qu’on bariolait de couleurs vives.
Et puis en 1519,
Herman Cortès découvrit le Mexique et… le chocolat.
Mais nos poules
eurent encore longtemps à pondre avant que les confiseurs ne les remplacent.
L’histoire du
chocolat est longue et ancienne, mais avant de la raconter, ayons une pensée
reconnaissante pour Monsieur Van Houten, le génial inventeur du chocolat en
poudre, sans oublier ces autres bienfaiteurs de l’humanité que furent les
suisses Cailler, Suchard, Kohler, Lindt et Tobler ; et aussi les français
Menier et Poulain et tant d’autres par le monde : l’américain Mars,
créateur de la barre qui porte son nom, de même que le hollandais Nuts.
Saluons ces hommes
de génie, qui d’un seul coup de leurs barres magiques effacent, fatigues
chagrins et déprimes. Ils ont fait en sorte de rendre quotidien ce chocolat qui
était connu en Amérique depuis la nuit des temps.
Une légende Maya
raconte que le héros Hununaphu était nourri de chocolat par les dieux.
Il tomba un jour
amoureux d’une fille du peuple souterrain des Xibalba. Leurs seigneurs, qui
désapprouvaient cette union, décapitèrent le malheureux et pendirent sa tête à
un arbre mort.
Il y restait encore
assez de vie pour que voyant celle à qui le héros devait son supplice venir la
contempler, la tête cracha sur elle un sang noir dont elle fut fécondée. Cette
union étrange et tragique engendra le peuple Maya.
Le reste du sang
dégouttant sur le sol se transforma en fruits en forme de calebasses : les
cabosses de cacao.
Depuis, sous le nom
de cacahualt, la boisson des dieux, les mayas offrent du chocolat aux futurs
époux juste avant le mariage. Ils l’utilisent aussi pour purifier le jeunes
enfants et en donnent aux défunts pour accompagner leur voyage dans l’au-delà.
Les Aztèques, vers 1300 av .J.C. associent le chocolat à
Xochiquetzal, déesse de la fécondité.
Dans l’ancien
Mexique les nobles et les guerriers pour combattre la fatigue, boivent le
xocoatl amer et pimentée aromatisé à la vanille et renforcé de piment et de
roucou.
Précieuses dans
toute l’Amérique précolombienne, les fèves de cacao rares et importées des vergers Mayas du
Tabasco et du Soconuzco sont utilisées comme monnaie d’échange.blog 080409
En 1519, Herman
Cortès découvre en même temps que le Mexique, un grand arbre implanté là depuis
près de 3000 ans : le théobroma cacao.
Les Aztèques, Mayas
et Toltèques tirent de ses fèves leur « Boisson des Dieux », amère et
épicée que Moctezuma offre à son futur persécuteur qu’il prend pour un envoyé
du ciel.
Avant ce dernier,
Christophe Colomb à qui les Indiens avaient fait présent de cabosses de cacao,
les avait pris pour des crottes de chèvres et jetées à la mer. On peut savoir
faire tenir un œuf debout et manquer parfois de jugement.
Au Nouveau Monde,
missionnaires et conquistadores consomment du cacahualt adouci par la
découverte du sucre de canne. Mais c’est seulement en 1528 que Cortès fait
découvrir au roi d’Espagne, Charles
Quint le chocolat et les ustensiles nécessaires à sa préparation : la
chocolatière et le moussoir.
Au XVII° siècle, le
chocolat trace sa route en Europe, apprécié de l’aristocratie et du clergé
espagnols d’abord, puis des Flandres et du Pays Bas. Il arrive en France en
1615, par Bayonne, dans les malles de l’Infante Anne d’Autriche qui vient
épouser Louis XIII.
Il prendra ses
habitudes à la cour du Roi Soleil qui épousa lui aussi une infante. On chuchote
que devenue reine, Marie Thérèse buvait tant de chocolat qu’elle accoucha d’un
enfant mort né, complètement noir. Son bouffon africain en fut tout attristé.
On sait par Mme de
Sévigné que la boisson se consomme à cette époque chaude, comme le café. Le
peuple n’y a pas encore accès.
Au XVIII° siècle,
Louis XV découvre les vertus aphrodisiaques du chocolat et en offre à ses
favorites.
A la même époque,
les anglais ont l’idée de le délayer dans du lait.
Enfin, le chocolat
se démocratise et l’on sait qu’en 1814, il était fréquemment consommé en France
en Catalogne et Roussillon.
Dans les Pyrénées
orientales, Jules Paris ouvre la première entreprise, ouvrant la voie à
Johannes Van Houten, suivi par les suisses Cailler, Suchard , Kohler, Lindt et
Tobler.
En 1821, l’anglais
Cadbury fabrique le chocolat noir à croquer.
On commence à
planter des cacaoyers en Afrique et des chocolateries industrielles ouvrent en
France, en Suisse et aux Pays-Bas.
En 1825, Van Houten
parvient à dégraisser le cacao, puis dépose en 1828 le brevet du chocolat en
poudre.
En 1830, c’est
Kohler le suisse qui ajoute au chocolat des noisettes. En 1847, en Angleterre,
Fry commercialise le chocolat en tablettes ; l’année suivante, Victor
Auguste Poulain ouvre à Blois une chocolaterie.
C’est Tobler qui en
1870, met au point le chocolat au lait. Emile Menier à la même époque , fait
baisser le coût de fabrication du chocolat et ouvre à Noisiel en Seine et Marne
une usine moderne assortie d’une cité ouvrière qui sont actuellement classées
monuments historiques.
Le chocolat continue
sa progression :
1879, Rodolphe Lindt
fait du chocolat fondant ; en 1880 Côte d’Or importe en Belgique
l’industrie chocolatière ; en 1901, les secrets de fabrication de Lindt
tombent dans le domaine public ; en 1904, Poulain met son chocolat en
poudre dans la fameuse boîte orange.
En 1914, Banania en
rajoutant de la banane en fait la boisson des poilus et commercialise une
formule et une image publicitaire aujourd’hui discutables.
En 1920 en Hollande,
arrivent les premières petites barres de 30 gr chez Kwatta, pendant que Nuts invente le…Nuts.
Pour n’être pas en
reste aux USA, Mars lance le Milky Way.
Enfin, en 1961, en
France, Nestlé nous offre Nesquick, parfumé à la vanille.
Le chocolat n’a
qu’un défaut, il est dangereux, voire mortel pour les animaux qui l’apprécient
tant qu’ils en perdent tout instinct de survie. Résistez à l’œil suppliant de
votre chien ou mangez votre chocolat en cachette ; c’est pour son bien.
AVRIL- Semaine 1- jour 4 MOTS D’AUTEUR
A la Saint-Vincent s’il fait beau,
Il y aura moins de vin que d
’eau.
Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois
m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et
en moi. En lui surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me
secoue à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un
peu ma peau. Si bien que je n'attend plus à chaque désespoir, ma fin, mais bien
l'aventure, le petit miracle banal qui renoue, chaînon étincelant, le collier
de mes jours.
COLETTE
AVRIL- Semaine 1- jour 5 LA PANIER DE LA
GLANEUSE
Qui
s’ensoleille pour Noël
Pour
Pâques se gèle
L’ORTIE
Quelle glane généreuse ce mois-ci et comme il sera facile de remplir le
panier !
« Elle
brûle et n’est pas du poivre,
Cuit et n’est
pas du feu,
Pique et n’est
pas un serpent.
Qui
est-elle ? »
L’ortie est partout, souvent même où l’on n’en a pas besoin. C’est
pourquoi il est bon de la couper quand elle est jeune ; elle ne pourra pas
monter, grainer et se reproduire à tous vents. Il suffit de ses rhizomes pour
la propager !
L’ortie , on le sait, est excellente contre les rhumatismes, en
décoction elle prévient la chute des cheveux à défaut de les faire repousser,
et nos jardins n’ont qu’à se louer du purin d’orties, malodorant, mais
efficace.
Mais l’ortie a d’autres vertus dont on parle moins mais qu’il est bon
de connaître.
Les vétérinaires d’autrefois frottaient d’orties les parties génitales
des chevaux et des taureaux au moment de la reproduction.
Sans avoir recours à des méthodes aussi radicales, saviez-vous que la
soupe d’orties, au goût plus fin que l’épinard , est aphrodisiaque ??
Pour un dîner en amoureux, outre les chandelles , le parfum et la
lingerie délicate, préparez ce potage.
Mettez deux pommes de terre à cuire dans ½ litre d’eau salée ;
quand elles sont tendres , ajoutez deux poignées de jeunes pousses d’orties.
Laissez bouillir pas plus de deux minutes, salez, poivrez, épicez à votre goût
(une pointe de gingembre ?).
Servez avec des croûtons aillés… pas trop… et pensez à retirer le germe
de l’ail. Il faut prévoir la suite de la soirée…
Evitez de donner cette soupe le soir aux enfants et aux personnes
âgées : elle provoque des insomnies.
Catherine Sforza, qui vécût au XV° siècle, insatiable amoureuse , recommande d’utiliser
les semences :
« On peut prendre de
la graine d’ortie pulvérisée et mélangée à du poivre et du miel ; bue dans
du vin, elle excite grandement la verge, au point d’éveiller aussitôt la luxure
délectable aux femmes. »
AVRIL - Semaine 1 – jour 6 LA MUSE S’AMUSE
Avril
pluvieux, Mai venteux
Rendent
le paysan heureux
AMOUR
LOINTAIN
Quand
le ruisseau de la fontaine
S'éclaircit
et la marjolaine
Au
joyeux soleil du printemps
Et
que du rossignol le chant
S'élève
et module et s'affine
Sur
la branche de l'aubépine,
Il
faut que j'entonne le mien.
Amour
de la terre lointaine
Pour
vous tout mon corps est dolent,
Car
ne fut plus gente chrétienne.
Heureux
pour qui elle est parlant.
De
désir mon coeur est tiré
Vers
cette dame qu'entre tous j'aime.
Pour
elle ai toujours soupiré,
Mais
ne veux pas que l'on me plaigne,
Car
de la douleur naît la joie.
Lorsque
les jours sont longs en mai,
Le
doux chant des oiseaux me plaît
Et
quand peu à peu il s'éteint
D'un
amour lointain me souvient.
Je
marche alors tête baissée
Et
non plus que saison glacée
Me
plaît alors le chant d'oiseau
Ou
le gazouillis du ruisseau.
Je
le tiendrai pour vrai Seigneur
Par
qui verrai l'amour lointain,
Mais
malgré l'espoir de tel heur
J'ai
mal, car il est trop lointain.
Ah!
que ne suis-je pèlerin
Là-bas
pour porter le bourdon
Et
recevoir le meilleur don
D'être
contemplé par ses yeux.
Jamais
d'amour ne jouirai
Sinon
de cet amour lointain,
Car
femme ne connais meilleure
Ni
plus gracieuse en cette heure
De
nulle part, ni près ni loin.
Pour
elle et pour lui rendre soin
Je
consens à être captif
Là-bas
au pays sarrasin.
Il
dit vrai celui qui m'appelle
Le
désireux d'amour lointain,
Car
nulle autre joie ne révèle
Que
jouir de l'amour lointain,
Mais
tous mes voeux sont inutiles
Et
je suis voué à ce sort
D'aimer
toujours sans être aimé.
Jaufré
RUDEL
AVRIL - Semaine 1 – jour 7 Y’A UN TRUC
L’hiver
n’est achevé
LES ŒUFS DE PAQUES
Rien de plus amusant
que de cacher des oeufs dans la jardin, de donner aux enfants un panier et de
les envoyer les dénicher.
Point n’est besoin
que tous les œuf soient en chocolat ; on peut aussi en faire cuire durs et
les décorer.
Pour ce faire il
faut ajouter à l’eau de cuisson pendant 10mn :
Des violettes
séchées pour la couleur violette,
Du bleu de lessive
pour …le bleu
Du brou de noix pour
le brun,
De l’écorce de
pommier pour le jaune,
Des épinards pressés
pour le vert,
Et des betteraves
pour le rouge
Pour avoir des œufs
multicolores, il faut utiliser des caches et faire plusieurs cuissons. Pour
avoir des rayures, il faut entortiller un fil. Si vous manquez de temps, vous
pouvez aussi ajouter des décalcomanies et vernir.
Enfin si avoir un
œuf d’autruche vous tente, essayez cette méthode :
Faites tremper un
œuf frais pendant quatre jours dans du vinaigre ; ensuite, lavez à l’eau
claire et laissez tremper pendant une nuit entière dans une bassine d’eau. Le
lendemain, l’eau aura pénétré la coquille rendue élastique par le vinaigre. Il
ne vous restera plus qu’à décorer votre œuf géant.
Joyeuse
Pâques !
AVRIL - Semaine 2 –jour 1 US ET COUTUMES
Avril
fait la fleur,
Mai en a l’honneur
PAQUES
Lors vient
avril si tresbeau jour
Que toute chose
s’esjouyt ;
L’herbe croist et
l’arbre florit,
Les oyseaulx reprennent
leurs chantz,
Et ainsi a vingt et
quatre ans
Devient l’homme fort
vertueulx,
Joly, gentil et
amoureux,
Et
se change en maint estat gay.
Oui, mais…si la lune rousse tombe le 10 avril, c’est un désastre pour
vignerons et jardiniers.
Car avril n’est pas
toujours aussi joli : Edouard III d’Angleterre, qui fut (entre autre), cause de la guerre de
Cent ans, l’expérimenta à ses dépens. Le 14 avril 1360 lendemain de Pâques, il
essuie devant Paris brume, froid et grêle, entraînant la mort de nombreux
chevaliers.
C’est en 1722, que
le hollandais Roggewen qui naviguait dans le Pacifique, vit surgir quelque part
entre l’Amérique et l’Australie, un grand bloc de lave surmonté d’un volcan.
Depuis les falaises, d’étranges géants de pierre aux larges oreilles fixaient
de leurs yeux morts, le navire irrésistiblement attiré vers cette côte aride.
C’était le jour de Pâques dont on donna le nom à l’île qui depuis n’en finit
plus de dévoiler ses mystères.
AVRIL - Semaine 2 – jour 2 CONTE
Quand Avril est
froid et pluvieux
Les moissons
n’en vont que mieux
La fille du pasteur.
Vincent était maître
d’école et il était boiteux. Il n’aimait pas à raconter pourquoi et l’on ne
connaissait pas non plus la raison pour laquelle il ne s’était jamais marié.
Il avait pris sa
retraite dans ce chalet de petite montagne en compagnie de ses chats, de sa
chienne et de quelques chevaux âgés à qui il offrait une retraite heureuse dans
un pré qu’il avait derrière chez lui.
Passant là par un
après-midi d’été, je lui demandai mon chemin que j’avais perdu et un seau d’eau
pour mon cheval. Il me l’offrit bien volontiers. Il me demanda si moi aussi
j’avais soif, et nous avons trinqué à l’eau de sa fontaine. Il me remit dans la
bonne direction et ajouta :
-« Puisque vous
connaissez l’endroit, revenez de temps en temps, ça distraira mes vieux
bourrins !
J’usai de la
permission tout d’abord avec discrétion, puis la complicité s’installant, plus
régulièrement. Au fil du temps et par fragments, il me raconta son histoire.
Il sortait juste de
l’Ecole Normale et venait d’obtenir son premier poste quand il hérita le chalet
de l’oncle qui l’avait élevé. Comme il avait perdu ses parents pendant la
Grande Guerre, il se retrouvait seul au monde. C’est pendant les vacances de
Pâques qu’il prit possession de son bien. Les lieux étaient encore tels qu’il
les avait quittés pour aller finir ses études. Les souvenirs qu’il en avait
étaient heureux et il ne voulait rien changer. Il avait donc du temps pour
faire de longues marches dans la campagne environnante qu’il pensait bien
connaître.
Au matin de Pâques,
un carillon sonnant à toute volée le surprit. Il ne connaissait pas d’église
dont le clocher eut pu se faire entendre d’aussi loin. La chercher devenait un
but de promenade. Il enfila ses bottes, prit son sac et son bâton et partit en
direction de cet office imprévu.
Il coupa à travers
bois et se trouva bientôt sur un chemin dont il n’avait pas gardé le
souvenir ; il serpentait à flanc de coteau en descendant doucement vers un
vallon au fond duquel se dressait une chapelle aux murs de bois. Venant de la
colline qui lui faisait face, Vincent vit s’avancer un groupe de personnes en
habits de fête. Ils se rendaient manifestement à l’office. Le maître d’école
les suivit dans l’oratoire. En chaire, un vieux pasteur lut des textes, puis
prêcha. Vincent ne reconnut ni la Bible, ni les Evangiles et nota que,
curieusement, le nom de Dieu ni celui du Christ n’étaient jamais prononcés.
Aucune bénédiction ne clôtura la cérémonie.
Après le départ
silencieux des participants, une jeune fille qu’il avait remarqué pour sa grâce
et son allure restait assise dans les bancs pendant que l’officiant était à la
sacristie. La fille du pasteur ? Vincent s’attarda ; le vieil homme
l’aperçut, le salua aimablement et lui présenta celle qui effectivement était
sa fille. Un foulard cachait ses cheveux, elle sourit, leva sur le jeune homme
des yeux brillants, couleur de pierre précieuse, et l’invita à les suivre dans
leur maison qui se trouvait derrière la chapelle et dont Vincent ne se souvenait pas
Le pasteur prit une
tasse de thé et monta se reposer, laissant les deux jeunes gens en tête à tête.
Sans rien lui révéler la concernant, pas même son nom, elle connut bientôt tout
du jeune homme, totalement sous le charme des yeux turquoises.
-« Mon père se
fait vieux, dit-elle soudain, il laisserait volontiers sa place à celui qui
voudrait m’épouser. Ce pourrait être vous ?
Surpris par la
franchise de la proposition, ému par la beauté de la jeune fille mais cependant
troublé par son sourire un tant soit peu carnassier, Vincent ne sut que
répondre.
Il éprouvait une
violente envie d’accepter mais sa raison au fond de lui le retenait.
Il ferma les yeux, soupira très fort en
demandant un temps de réflexion. Les yeux turquoise pétillèrent, la bouche si
rouge découvrit un sourire plein de dents blanches et robustes.
-« Je vous
attend l’année prochaine, pour l’office de Pâques et de tout mon cœur, j’espère
que vous direz oui.
Puis elle
l’accompagna jusqu’au sentier. Arrivé en haut de la côte, Vincent se
retourna : la brume cachait à présent le fond du vallon et il ne vit plus
ni chapelle ni maison.
De toute l’année,
quand il revint au chalet, il n’entendit plus de cloches, ni ne retrouva le
chemin qui menait à la chapelle. Il finit par se dire qu’il avait rêvé, puis
n’y pensa plus.
A Pâques de l’année
suivante, Vincent retenu en ville n’arriva au chalet qu’au milieu de l’après
midi. Le toit avait subi de gros dégâts qu’il entreprit de réparer sur le
champ. Arrivé en haut de l’échelle, il vit s’avancer sur le sentier inconnu la
belle aux yeux verts. Elle ne portait plus le foulard qui lui couvrait les
cheveux ; le soleil couchant incendiait ses boucles brunes ; elle
était encore plus belle que… mais oui, il croyait l’avoir oublié mais il
réalisait soudain, que toutes les nuits
de toute cette année il avait rêvé qu’il la tenait dans ses bras et
maintenant, elle était là, si proche, si réelle, il allait pouvoir enfin
la toucher, l’embrasser. Il sauta de l’échelle sans lâcher une hachette qu’il
avait à la main. Il s’approcha, les bras
tendus mais la fille recula :
-« Je vous ai
attendu Vincent, vous n’étiez pas à l’office ce matin. Il me faut maintenant
votre réponse : voulez-vous m’épouser et prendre la place de mon
père ?
Vincent a le
vertige ; il est au bord d’un gouffre. Son cœur, ses sens, la meilleure partie de lui-même désire cette
fille si belle, si tentante. Mais sa raison l’interpelle, lui dit qu’il ne faut
pas. Alors il parlemente, ils doivent mieux se connaître, attendre encore,
quelques mois, quelques semaines…
Les boucles fauves
s’agitent, les yeux turquoise s’embrument. Vincent est incapable de folie, mais
il la désire tant, pour lui prendre les mains il lâche son outil. La fille
recule et disparaît ; Vincent tombe à genoux… sur la hachette. Sa jambe
droite blessée va le rendre boiteux pour toujours, son cœur meurtri sera à
jamais incapable d’aimer une autre que la fille aux yeux verts.
Il m’a confié que chaque fois qu’il était sur le
point de tomber amoureux et d’oublier ce dimanche de Pâques, la nuit même, la
fille du pasteur venait partager ses rêves.
AVRIL - Semaine 2 – jour
3 LE JARDIN EXTRAORDINAIRE
Si le chêne est vert
avant le frêne, sec été il te promet.
Mais si le frêne est
vert avant le chêne, bien mouillé sera l’été.
L’oseille
L’oseille sauvage,
pousse au printemps dans les pâturages, au bord des chemins et dans les
prairies humides. En été ses fleurs sont des panicules flamboyantes qui donnent
aux prairies un reflet rouge.
Au jardin, l’oseille
se multiplie facilement ; on peut en faire des bordures. Consommer les
feuilles encore jeunes crues mélangées à la salade. La soupe à l’oseille n’est
plus à vanter.
Plus vous couperez
les feuilles, plus vos bordures seront drues.
Si vous avez juste
un balcon, faites vous ce que les anciens appelaient un « Jardin
d’Adonis »
Qu’est-ce qu’un
« Jardin d’Adonis »? C’est un jardin en pot que les Romains offraient
au dieu pour célébrer le jour de son retour et de son union avec la déesse.
Prenez un joli pot
de terre ou de céramique ou même une caisse en bois que vous peindrez de votre
couleur préférée. Remplissez-là de terreau et à la lune montante, semez-y
quelques graines : pois de senteur ou volubilis qui encadreront votre
fenêtre et puis offrez-vous quelques aromatiques : persil, bien entendu,
estragon, basilic, coriandre etc… Ajoutez un ou deux géraniums odorants pour le
parfum.
Quelques minutes par
jour d’entretien et d’arrosage suffisent ; fermez les yeux, la campagne
est chez vous.
AVRIL - SEMAINE 2 – jour 4 QUELLE HISTOIRE
En Avril nuées
En Mai rosées.
JEHANNE
Imaginons un instant qu’un adolescent de sexe indéterminé insiste pour
être reçu à l’Elysée ; des messages intergalactiques lui seraient
parvenus, lui enjoignant de communiquer au président en exercice les moyens
efficaces de résoudre la crise financière, les problèmes d’emploi, la violence
des banlieues et le réchauffement climatique.
Parviendrait-il à son but ?
Certainement pas !
Il serait sans doute reconduit à sa famille avec mission pour celle-ci
de la garder soigneusement au calme en vérifiant bien les substances qu’il
roule dans ses pétards.
Réjouissons-nous ! C’est que la France est beaucoup moins malade
qu’au XV° siècle.
En ce temps-là, une jeune campagnarde répondant à des
« voix », est parvenue – non sans insistance, il est vrai- jusqu’au
roi de France ; elle se nommait Jeanne, elle n’avait pas vingt ans, aucune
expérience du métier des armes.
Pourtant, le 29 avril 1429, avec l’armée royale rassemblée autour de sa
bannière déployée représentant le Christ environné de fleurs de lys, et
précédée du clergé chantant le Veni Créator, elle escorte un convoi de vivres
destiné a ravitailler Orléans .
A la barbe des « godons » qui assiègent la ville depuis
octobre de l’année précédente, elle franchit les lignes de défense et s’en va
prier à la cathédrale.
Le 8 mai, le siège est levé.
Christine de Pisan, réfugiée dans un couvent de Poissy pour fuir les
massacres qui ensanglantent Paris qu’elle aimait tant et aussi pour n’avoir pas
à choisir entre la France à laquelle elle est toujours restée fidèle et le duc
de Bourgogne à qui elle doit sa notoriété, pourra juste avant sa mort écrire
ses derniers vers à la gloire de celle qui rassemble ce qu’elle a toujours chanté : la valeur
des femmes et la chevalerie :
Ditié de Jeanne d’Arc
Moi,
Christine, qui ai pleuré
Onze
ans en abbaye fermée,…
…Maintenant
pour la première fois je me prends à rire.
L’an
mil quatre cent vingt et neuf
Reprit
à luire le soleil ….
…Toi,
Jehanne, à bonne heure née,
Béni
soit qui te créa !
Pucelle
de Dieu envoyée
En
qui l’Esprit Saint rayonna
Sa
grande grâce ; et qui eus et as
Toute
largesse en son haut don,
Jamais
quête ne refusas…
….Oh !
Comme alors cela bien parut
Quand
le siège était à Orléans,
Où
en premier lieu sa force apparut !
Jamais
miracle, ainsi que je pense
Ne
fut plus clair ; car Dieu aux siens
Vint
tellement en aide, que les ennemis
Ne
se défendirent pas plus que chiens morts.
Là
furent pris ou à mort mis.
Hé !
Quel honneur au féminin
Sexe !
Que Dieu l’aime il parait bien,
Quand
tout ce grand peuple misérable comme chien
Par
qui tout le royaume était déserté
Par
une femme est ressuscité et a recouvré ses forces
Ce
que hommes n’eussent pas fait,
Et
les traîtres ont été traités selon leur mérite,
A
peine auparavant l’auraient-ils cru.
Une
fillette de seize ans
(N’est-ce
pas chose hors nature ?)
A
qui armes ne sont pesant.
Mais
il semble que son éducation
Ait
été faite à cela, tant elle y est forte et dure ;
Et
devant elle vont fuyant
Les
ennemis que nul n’y dure
Elle
fait ce maints yeux voyant.
Et
d’eux va France désencombrant
Et
recouvrant châteaux et villes
Jamais
force ne fut si grand
Et
de nos gens preux et habiles
Elle
est principal capitaine ;
Telle
force n’eut Hector ni Achille
Mais
tout ce fait Dieu, qui la mène.
Christine eût la
grâce de mourir avant de connaître le sort funeste réservé à son héroïne, par
celui contre qui elle-même eût à lutter : l’évêque de Beauvais, Pierre
Cauchon.
AVRIL - Semaine 2 –
jour 5 LE BESTIAIRE ENCHANTE
Bourgeons de Saint-Valérien
Le fruit n’est pas loin
Le Minotaure- Plaidoyer pour un monstre.
Le Minotaure a-t-il
sa place dans un bestiaire ? Le poser là revient à lui refuser sa part
d’humanité.
Pourtant le
Minotaure est un monstre ; il n’a d’humain que sa partie inférieure. Il
est cruel, violent, bestial, et se repaît de chair humaine. Et encore, il mange peu : sept jeunes
gens et sept jeunes filles tous les neuf ans. En comptant bien, ce n’est pas
grand-chose. Mais qui en a décidé ainsi ? Qui donc a songé que son autre
moitié est d’un herbivore ?
Comment enfermé
(avec sa mère) dans un antre souterrain dont nul n’aurait espoir de sortir sans
un effort d’imagination, sans une malice, une ruse dont se trouve forcément
incapable un être que personne n’a pris la peine d’éduquer, comment cet être ne
deviendrait-il pas fou furieux, ne serait-il pas poussé à toutes les
violences ? Un être enfin qui ignore la faute qui le fait prisonnier.
Mais la faute
est-elle la sienne ? Non, le Minotaure est innocent. Sa mère a commis
l’acte monstrueux qui lui a donné naissance.
Mais sa mère
est-elle la seule coupable ? Non, le coupable vit au grand jour, respecté,
honoré. Il est le ROI. Le roi Minos, le
fils d’Europe et de Zeus, le puissant
souverain de Crête.
Remontons à
l’origine des faits. Le roi reçut de Poséidon, lors de son avènement, un
merveilleux taureau blanc qui devait être sacrifié au dieu.
Devant la splendeur
de l’animal, Minos pensa qu’il serait mieux utilisé à l’amélioration de son
propre cheptel. Il offrit au dieu de la mer son plus beau taureau et envoya le
blanc dans ses pâtures.
Poséidon offensé,
aurait pu d’un seul coup de trident provoquer un raz de marée ou envoyer un
monstre marin qui aurait détruit Cnossos et la Crête. Il préféra, pour une
fois, attendre son heure.
Qui ne tarda pas.
La reine Pasiphaé
passant dans les prairies admirait les troupeaux de son époux et tout
particulièrement l’ardeur avec laquelle le taureau blanc s’employait à
améliorer la race bovine crêtoise. Elle en était toute rêveuse.
Voyant cela Poséidon
(les dieux voient tout !) se dit qu’il tenait sa revanche. Il envoya
chercher son neveu Cupidon. Le garnement ailé n’eut pas besoin de longues
explications. Il prit deux flèches d’or : une pour Pasiphaé, l’autre pour
le taureau.
Voilà la reine
embrasée d’un amour impossible pour un animal qui la regardait
langoureusement ; que pouvait-il faire d’autre ? La race crêtoise
en fut encore améliorée.
Mais Pasiphaé, la
pauvre ne pouvait que languir et soupirer dans son palais.
Il y avait à
Cnossos, un homme au génie exceptionnel, un architecte, un inventeur qui tirait
tant de ses mains que de sa tête, des merveilles. Il était devenu l’ami des
souverains.
La reine, en proie à
sa passion dévorante ne pût s’empêcher de la confier à l’ingénieux Dédale.
Et ce dernier, comme
bien des inventeurs que la morale n’étouffe pas pourvu qu’ils puissent
inventer, conçut sur le champ la machine qui mettrait fin aux tourments de sa
souveraine.
Il fabriqua une
vache en bois, creuse en dedans, montée sur roues et qu’il recouvrit d’une peau
de bovin. Pasiphaé se glissa dans la machine qui fut poussée au milieu du
troupeau. La décence et le manque d’informations fiables nous imposent de jeter
un voile discret sur les détails de cette union.
Pasiphaé apaisée,
retourna à ses devoirs de souveraine et d’épouse et le taureau à ses vaches.
Minos, qui
étrangement avait ignoré toute cette aventure, en fut fatalement informé
quelques mois plus tard. Fou de rage et de honte, oublieux de sa propre
histoire, il fit imaginer et construire
par Dédale, le Labyrinthe, souterraine et inextricable prison, où il enferma la
mère et l’enfant.
Le Minotaure depuis
se languit quand il ne rugit pas et attend tous les neuf ans les quatorze
jeunes gens qu’Athènes envoie pour le nourrir. On dit qu’il ne les dévore pas
tous….
AVRIL - Semaine
2- jour 6 LIRE ET RELIRE
Gelée de Saint-Fructueux
Rend le vigneron malheureux.
Madame d’Aulnoy
C’est entre 1692 et 1695 ,
quelques années avant les Contes de ma
Mère l’Oye, que fut publié en France le premier « conte de
fées ». L’Ile de la Félicité,
était inséré dans Hypolite, comte de
Douglas, un roman de Madame
d’Aulnoy.
Tout autant que romancière ou
conteuse, Marie-Catherine le Jumel de Barneville, baronne d’Aulnoy, fut une
aventurière ; sa vie fut un véritable roman de cape et d’épée.
Elle a vu le jour en Normandie, à
Barneville, le village dont elle porte le nom, vers 1650. Elle a seize ans quand on la marie à un valet de
pied du duc de Vendôme, François de la Motte, qui a trente ans de plus qu’elle.
Il lui fait cinq enfants, ce qui lui donne tout le temps de le détester et de
prendre un amant. L’époux incommode est soupçonné de malversations et contraint
de s’expatrier. Marie-Catherine en profite pour le faire accuser du crime
encore plus grave de lèse-majesté par son amant et un autre complice. De la
Motte est traîné en justice, mais finalement relaxé et ce sont les trois
calomniateurs qui sont condamnés à avoir la tête tranchée. Pendant qu’on
arrête les deux hommes, Marie-Catherine parvient à s’échapper par un escalier
dérobé. Elle se réfugie dans une église voisine et passe la nuit sous un
catafalque qui reposait là. Elle demeure introuvable le temps que cessent les
recherches et se réfugie en Angleterre. De là, elle passe en Espagne où,
désireuse de rentrer en grâce, elle accepte de rendre au Royaume de France
quelques discrets services.
Enfin, elle peut revenir à Paris,
mais incorrigible, elle a de nouveau des fréquentations douteuses et prend pour
amie une femme qui sera décapitée pour avoir tué son époux, ce qui n’arrange
pas sa réputation.
Elle a pourtant d’autres amies,
des conteuses, telles Madame de Murat ou Mademoiselle L’Héritier. Car tout au
long de ses aventures, Marie-Catherine n’a jamais cessé d’écrire, des relations
de voyage, des mémoires et ce roman dans lequel elle insère un conte. Car en ce
temps la mode du conte fait fureur ; dans les salons littéraires, les
« ruelles » comme on les nommait alors, il est de bon ton de faire
venir au grand jour, les histoires racontées dans les campagnes que les
nourrices racontaient aux petits enfants.
C’est en 1697 et 1698, que Madame
d’Aulnoy publie les contes qui l’ont rendue célèbre, dont le fameux Oiseau Bleu. Enfin assagie, elle vit
dans sa maison de la rue Saint-Benoît où elle meurt le 14 janvier 1705.
Ses histoires sont pleins d’heureuses
trouvailles de langage et souvent plus sensuelles que celles de Perrault. La
cruauté y est parfois difficile à soutenir, ainsi dans ce passage de La Chatte Blanche :
« Les larmes vinrent deux ou trois fois aux yeux du jeune prince,
de la seule pensée qu’il fallait couper la tête à sa petite Chatonne qui était
si jolie et si gracieuse. Il dit encore tout ce qu’il put imaginer de plus
tendre pour qu’elle l’en dispensât, elle répondait opiniâtrement qu’elle
voulait mourir de sa main ; et que c’était l’unique moyen d’empêcher que
ses frères n’eussent la couronne ; en un mot, elle le pressa avec tant
d’ardeur, qu’il tira son épée en tremblant, et d’une main mal assurée, il coupa
la tête et la queue de sa bonne amie la Chatte….
AVRIL - Semaine 2 – jour 7 ON CONNAIT LA CHANSON
A la Saint-Benoît
De chanter le coucou a droit…
A moins qu’il ne soit mort de froid.
CHANSON
DE PAQUES
Quand nous somm’s à
Pâques,
Nous somm’s au
printemps ;
Les vignes sont belles
Les blés vont grainant.
Mariez-vous, filles,
N’attendez plus tant.
Les vignes sont belles
,
Les blés vont grainant.
Et la violette fleurit
dans les champs.
Mariez-vous filles….
Et la
violette
Fleurit dans les
champs.
L’fils du roi y passe,
En remplit ses gants.
Mariez-vous filles…
L’fils du roi y passe,
En remplit ses gants,
Les porte à sa mie,
Sa mie à Rouen.
Mariez-vous filles…
Les porte à sa mie,
Sa mie à Rouen.
- Tenez, ô ma mie,
Tenez v’la des
gants !
Mariez-vous filles…
Tenez, ô ma mie,
Tenez v’la des
gants !
Il faudra les mettre
Deux ou trois fois
l’an.
Mariez-vous, filles….
Il faudra les mettre,
Deux ou trois fois
l’an :
Une fois à Pâques,
L’autre à la
Saint-Jean.
Mariez vous filles…
Une fois à Pâques,
L’autre à la
Saint-Jean,
Le jour de nos noces,
Le plus beau de l’an.
Mariez-vous, filles,
N’attendez plus tant.
AVRIL - Semaine
3 – jour 1 US ET COUTUMES
Georget, Marquet et Colinet
Sont très méchants garçonnets
TRAVAUX DE PRINTEMPS
Le 18 Avril 1904,
sort le premier numéro de L’Humanité fondé par Jean Jaurès.
Beaucoup plus tôt et
presque à la même date, le 19 avril, les romains offraient à Cérès du pain et
des œufs.
S’il vous reste du
pain rassis, vous pouvez le donner aux oiseaux ; mais vous pouvez aussi
l’emballer une heure dans un torchon humide puis le passer au four. Il sera tout
croustillant.
C’est généralement à
cette période que le soleil entrant par les fenêtres éclaire ce qui ce voit
moins en hiver et nous pousse aux grands nettoyages de printemps.
Les bouteilles et
flacons ayant contenu de l’huile ou des liquides gras, retrouveront leur lustre
si vous les emplissez d’eau et de marc de café et les secouez énergiquement.
Pour le marbre, il
faut le frotter avec du savon noir, bien rincer, passer au vinaigre de vin très
fort ; enduire ensuite d’encaustique ou d’huile de lin.
On fête Saint
Georges le 23 avril.
Prononcer le nom du saint nous fait penser
qu’il est temps de semer l’orge.
Dans le Maine, trop
de vent ce jour là peut empêcher le saint de monter dans les arbres qui, du coup, ne donneront pas de fruits.
Si vous vous trouvez
en Angleterre, allez passer la nuit du 24 aux 25 sous le porche d’une église.
Vous y verrez défiler les spectres des
paroissiens qui vont mourir dans l’année.
Et voici Saint
Marc qui protège les récoltes des gelées tardives. Les Bretons pensent que
s’il pleut le jour de sa fête, les pommiers ne donneront pas. Pour éviter ce
désastre on fait de grandes processions.
Il est toutefois
recommandé de rentrer tôt ; ceux qui se trouveraient dehors à la nuit
tombée risqueraient de disparaître à jamais.
La nuit du 30 avril
au premier mai est celle du grand sabbat des sorcières : la nuit de
Walpurgis.
Chez les Celtes on
célébrait la fête de Belten.
Les Alsaciens se
contentent de faire bénir le sel qu’ils distribuent au bétail en partance pour
les pâtures.
AVRIL-Semaine 3 – jour2
CONTE
Europe
Europe était fille d’Agénor, roi de
Phénicie, un pays qui se trouvait à peu près où se trouve actuellement le
Liban.
Un beau matin du mois de mai, Europe s’en
fut la plage avec ses compagnes Elle
avait la nuit fait un rêve : deux géantes se la disputaient ; elle
allait de l’une à l’autre, tiraillée comme un pauvre petit oiseau que
s’arracheraient deux vautours. L’une n’avait pas de nom et voulait prendre la
jeune fille ; c’était disait-elle,
un cadeau que Jupiter lui offrait. L’autre se nommait Asie et voulait la
garder, se prévalant de lui avoir donné
le jour.
Ce rêve la troublait encore ; un bain
dans la mer dissiperait, pensait-elle, cette fâcheuse impression. Et voilà
les charmantes en tenue légère,
courant, riant, cueillant des fleurs en
chemin dont elles font des bouquets, des couronnes et des guirlandes. Arrivées
sur la grève, elles se déshabillent et seulement vêtues de quelques fleurs,
entrent dans l’eau, s’éclaboussent, nagent, jouent, heureuses de s’ébattre sous
le soleil ; Europe ne pense plus à son rêve.
Au-dessus d’elles, Jupiter, mollement bercé
par Zéphyr, somnole sur un nuage. Cupidon qui passait par là, toujours en quête
d’un bon tour à jouer, voit tout le parti qu’il peut tirer de la situation.
Sans plus réfléchir, il bande son arc et décoche à Jupiter une flèche d’or.
Eveillé en sursaut, le roi des Dieux ouvre un œil, pile sur les naïades.
Charmant tableau que ces jeunes filles ! Surtout l’une d’elles :
longue, fine, blonde, une peau dorée, parfaite ; elle lui rappelle un
amour d’autrefois, la jeune Io qu’il dut changer en vache pour la soustraire à
la jalousie de Junon.
Rien d’étonnant puisque Europe est une arrière petite-fille de Io. Cette
ressemblance ajoutée aux effets de la flèche rend aussitôt Jupiter fou d’amour.
Comment faire ? On n’est plus au temps de Io. Désormais les jeunes filles
ont de la religion, surtout une fille de roi !
Jupiter fait venir Mercure et lui demande de
pousser le troupeau d’Agénor jusqu’à la grève et là, parmi les bœufs, en
souvenir de Io peut-être, Jupiter
devient taureau ; un superbe taureau blanc, aux cornes d’or pâle en forme
de croissants de lune ; une bande de poils noirs sépare les deux cornes.
Europe et ses compagnes qui se séchaient sur
le sable voient ce taureau qui les regarde d’un œil amical ; il est si
beau, son poil semble si doux, elles iraient bien le caresser, mais dame !
Un taureau, ça peut être dangereux ! Les jeunes filles hésitent.
Europe est fille de roi, donc elle est la
plus brave. Elle approche le taureau, craintivement d’abord, elle lui flatte
les naseaux et comme il se laisse faire et semble y prendre plaisir, elle
s’enhardit, lui caresse l’encolure et tente de lui passer autour du cou la
guirlande de fleurs rouges qui orne ses cheveux. Mais il est grand, ce
taureau ! Elle a beau se hausser sur la pointe des pieds, elle n’y arrive
pas. Alors le taureau fléchit les genoux, se couche à terre et Europe
l’imprudente, ose monter sur son dos.
D’un énergique coup de rein, le taureau se
redresse et part au galop. Europe n’a que le temps de le prendre par les cornes
pour ne pas tomber. Le taureau file vers la mer ; Europe, échevelée,
terrifiée, crie, appelle au secours. Mais le palais est loin et ses compagnes
sont plus affolées qu’elle encore. Maintenant le taureau entre dans la
mer ; Europe se voit noyée, mais non, il galope sur les vagues et poursuit
sa course folle vers le large.
Longtemps le taureau a couru sur les flots,
longtemps Europe a crié, pleuré ; elle est à bout de forces quand la bête
aborde un rivage. Il s’arrête enfin dans une prairie ombragée de platanes sous
lesquels il dépose doucement sa captive et là, redevient Jupiter. Ses
intentions évidentes achèvent d’épouvanter la jeune vierge ; mais que
faire contre la volonté du roi des dieux ?
Heureusement pour Europe, Jupiter sait s’y
prendre avec les jeunes filles ! Au matin, les amants échangeront les deux
moitiés d’une feuille de platane en gage de fidélité éternelle. Fidélité qui
durera le temps qu’Europe mette au monde trois fils.
Jupiter aime les enfants et ne se lasse
jamais d’en avoir de nouveaux ; le premier fut nommé Minos et comme il
devait un jour régner sur cette île, Europe reçut en présent le Talos, un géant
de bronze, forgé par Vulcain et chargé d’empêcher les ennemis d’aborder.
Pour le second, Radamanthe, elle eut un
chien au flair infaillible, aucun gibier ne pouvait lui échapper et pour le
troisième, Sarpédon, un épieu qui ne manquait jamais son but.
Ensuite, eh bien, ma foi, la magie des
flèches d’or n’a qu’un temps et Jupiter d’autres mortelles à trousser. L’île au
platane qui abrita ses amours avec Europe était la Crête, Astérion en était le
roi ; Jupiter lui confia Europe ; il épousa et adopta ses trois fils.
L’aîné, Minos, lui succéda et c’est une autre belle histoire.
On a donné le nom d’Europe à cette partie du
monde dont la Crête fait partie, où la vierge venue d’Asie Mineure, portée par
Jupiter, avait fondé sa famille.
AVRIL -Semaine 3 – jour 3 -C’EST BON SIGNE
Le jour de la Sainte-Prudence
S’il vente fort, le mouton danse

LE TAUREAU
Devinette :
Trouver le point
commun entre Karl Marx, Sigmund Freud, Jean Gabin, Balzac et El Cordobès.
Allez, je vous aide : El Cordobès…. La corrida… les taureaux…
Les cinq sont nés
sous le signe du Taureau. (avec, pour Freud un ascendant Scorpion).
Ce qui signifie, si on se fie à l’astrologie, que nous avons affaire à
cinq personnages ambitieux… pourquoi pas ?
A cinq hommes pleins d’audace… Cordobès, sans
aucun doute.
Cinq individus
coléreux… Gabin , sur l’écran, a piqué de mémorables rognes !
Que les cinq ont été
de joyeux fêtards…. Marx et Freud, on imagine mal… ;
Et que dit encore le
grimoire des natifs du Taureau ?
Qu’ils sont
gourmands, qu’ils aiment les cadeaux, qu’ils seraient volontiers
méprisants ; qu’ils font des pèlerinages et n’hésitent pas à changer de
famille, qu’ils épousent des femmes riches, sont ingrats et oublient de
remercier qui les oblige.
Le grimoire dit
encore qu’ils sont vindicatifs, ont des peines de cœur et se font mordre par
les chiens. Ils doivent vers l’âge de 23 ans se méfier des vipères et autres
animaux venimeux.
Ils auront ensuite
une dizaine d’années de vie tranquille, puis risqueront la noyade ou la
maladie. S’ils en réchappent, leur espérance de vie est de 75 ans « et
trois mois ».
Voilà pour les
garçons !
Quand aux filles….
Elles sont
affectueuses, travailleuses mais prétentieuses et souvent en butte aux
calomnies.
Après avoir hérité
de leurs parents, elles réussiront leur vie tout en ayant plusieurs maris et de
nombreux enfants.
Leur santé fragile
leur permettra toutefois d’atteindre l’âge de 76 ans.
Il leur est
conseillé de se couvrir de bijoux.
Ah, que l’astrologie
est une belle science, et divertissante ! Et que le Taureau est un excellent
signe !
Puisqu’à la moitié
de son parcours, Avril prend le nom très justifié de Floréal, comme le fit la
jeune Europe , éleveurs, matadors, conjoints, conjointes , ornez de fleurs
votre taureau préféré.
AVRIL - Semaine
3 – jour 2 -LUSTUKRU !
Quand Saint-Marc n’est pas beau
Pas de fruits à noyau.
Quelques décès occasionnés par la variole
noire ont jeté l'épouvante en France, et particulièrement dans la région
parisienne. La plupart des journaux et des revues ont engagé leurs lecteurs à
se faire vacciner; rien qu'à Paris, soixante-quinze mille personnes, chaque
jour, assiégeaient les cabinets de médecins et les instituts de vaccine.
Quinze jours plus tard, les mêmes journaux
et revues, dans un admirable esprit d'impartialité, informaient le public vacciné
que la vaccination peut donner: la lèpre, l'érysipèle, la syphilis, la
tuberculose, la fièvre typhoïde, la fièvre aphteuse, l'herpès tonsurant, la
morve et plusieurs autres maladies; car le vaccin humain est infiniment
suspect, et la génisse, même de saine apparence, peut nourrir des germes
d'infection qu'on connaîtrait seulement après avoir fait son autopsie.
La vérité, c'est que nous vivions
perpétuellement au milieu des microbes meurtriers et des risques d'accident,
sans compter l'âge qui nous mine un peu chaque jour.
Souvent la peur d'un mal nous conduit dans
un pire.
Ne nous frappons pas: c'est la meilleure
vaccine contre toutes les épidémies. Nous mourrons le jour où nous devrons
mourir; vivons jusque là sans trembler.
NOS LOISIRS - 24 avril 1907
AVRIL _ Semaine
3 – jour 5 COURRIER DU CŒUR
Pluies d’Avril
Remplissent caves et barils.
De
Chateaubriand à Juliette Récamier
Rome, mercredi saint, 15 avril 1829
Je sors de la chapelle Sixtine, après
avoir assisté à Ténèbres et entendu chanter le Miserere. Je me souvenais que
vous m'aviez parlé de cette cérémonie et j'en étais, à cause de cela, cent fois
plus touché.
Le jour s'affaiblissait, les
ombres envahissaient lentement les fresques de la chapelle et l'on n'apercavait
que quelques grands traits du pinceau de Michel-Ange. Les cierges, tout à tour
éteints, laissaient échapper de leur lumière étouffée une légère fumée blanche,
image assez naturelle de la vie que l'écriture compare à une petite vapeur. les
cardinaux étaient à genoux, le nouveau pape prosterné au même autel où quelques
jours avant j'avais vu son prédécesseur; l'admirable prière de pénitence et de
miséricorde, qui avait succédé aux lamentations du prophète, s'élevait par
intervalles dans le silence de la nuit. On se snetait accablé sous le grand mystère d'un Dieu
mourant pour effacer les crimes des hommes. La catholique héritière sur ses
sept collines était là avec tous ses souvenirs, mais au lieu de ces pontifes
puissants, de ces cardinaux qui disputaient la préséance aux monarques, un
pauvre vieux pape paralytique, sans famille et sans appui, des princes de
l'église sans éclat annonçaient la find'un puissance qui civilisa le monde
moderne. Les chefs-d'oeuvre des arts disparaissaient avec elle, s'effaçaient
sur les murs et sur les voûtes du Vatican, palais à demi abandonné. Des
étrangers curieux, séparés de l'unité de l'Eglise, assistaient en passant à la
cérémonie et remplaçaient la communauté des fidèles. Une double tristesse
s'emparait du coeur. Rome chrétienne en commémorant l'agonie du Christ avait
l'air de célébrer la sienne, de redire pour la nouvelle Jérusalem les paroles
que Jérôme adressait à l'ancienne. C'est une belle chose que Rome pour tout
oublier, mépriser tout et mourir.
CHATEAUBRIAND
AVRIL - Semaine
3 – jour 6 –AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS
Fleurs d’Avril
Ne tiennent qu’à un fil.
MADAME VIGEE-LEBRUN
… Le vêtement doit s’effacer
devant la beauté, il doit la servir et non en triompher. Elle-même
(Vigée-Lebrun) ne porte plus que des robes blanches de mousseline et de linon.
Elle ne se pare que pour ses séances à Versailles, étiquette oblige, sinon le
naturel est de loin ce qu’elle préfère. Elle arrange ses cheveux elle-même. Le
plus souvent elle se « tortille » un fichu sur la tête. Ses portraits
en témoignent. Elle laisse son corps libre de toute entrave, sa coiffure sans
apprêt, son visage sans maquillage excessif à une époque où la mode se veut
encore sophistiquée. Il y a peu, les coiffures montaient si haut qu’elles
ressemblaient à des œuvres d’art ou a des échafaudages.
Dès le début du règne, Rose
Bertin, marchande de mode, introduite auprès de Marie-Antoinette par la
duchesse de Chartres, entraîne la reine à de folles dépenses de toilettes.
Toute la Cour suit les nouvelles modes lancées par la souveraine.
Et Mercier de commenter :
« Il n’y a pas longtemps que les hautes coiffures, les plumes, les
panaches étaient sur toutes les têtes des femmes. Et au spectacle une rangée de
femmes, placées à l’orchestre, bouchant la vue à tout un parterre… » Il se
plaint : « Si les femmes pouvaient quitter ce choquant enduit de
blanc et de rouge trop prononcé, elles auraient détruit le mauvais goût de
leurs mères. »
Mercier a été entendu. Rose
Bertin a fait la mode, Elisabeth Vigée-Le Brun va la défaire ! Prônant la
simplicité, elle libère le corps des femmes et les habille de robes légères.
Elle dénoue les cheveux et les laisse à leur couleur naturelle, elle débarrasse
le visage et les joues de leurs fards. Les gestes, les attitudes de ses modèles ne sont plus
raides et compassés mais romantiques et déliés jusqu’à paraître lascifs. Ce
naturel, signe que les temps changent, plaira aux femmes, étonnera les hommes,
quitte à faire crier les laides ou les vieilles.
Cette mode partie de Paris
fera le tour du monde.
Inès de Kertanguy
– Madame Vigée Le Brun
AVRIL - Semaine
3 – jour 7- LES METIERS
Avril a trente jours
Mais s’il en avait trente et un
Nul ne serait chagrin.
Les bijoux fantaisie-
Il y avait
dans un immeuble du quai Malaquais, au troisième étage au fond de la cour, un atelier
extraordinaire. Là, sur de longues tables, étaient entassés en vrac, des bijoux
d’or et d’argent, des perles, des pierres de toutes couleurs ; des trésors
de pirates ; des coffres issus de contes orientaux. Les bienveillants
dragons qui gardaient ces trésors en offraient toujours quelques parcelles à
une petite fille éblouie, autorisée pour quelques instants à se parer de ces
merveilles.
Le lieu était
aussi magique que ce que l’on y voyait : de hauts meubles de bois sombre,
des plafonds caissons décorés de fleurs et d’animaux et j’ai su depuis qu’il
abrita les amours neuves de Georges Sand et de Musset. On y fabriquait des bijoux pour le théâtre.
Du « toc » estiment certains méprisants.
Evidemment,
rien à voir avec les précieux bijoux exposés sagement dans les vitrine blindées
des joailliers de la place Vendôme. Ces derniers ont eux, de la
« valeur ».
Et les
autres ?
Quelle est la
vraie valeur d’un bijou ?son pouvoir embellisseur, sa valeur émotionnelle
de souvenir ? ou sa contrepartie en monnaie ? à quoi servent des
merveilles enfermées dans des coffres alors que leurs propriétaires, redoutant
le vol, portent la plupart du temps leurs copies… en « toc »,
justement ?
Et au fait…
qui porta le premier bijou ? Le chasseur qui fit de la griffe ou la dent du
fauve terrassé, un talisman, une mémorisation de son courage ? ou sa
compagne qui assembla des graines ou des coquillages sans autre souci que celui
de se faire plus belle ? qui en premier les échangea pour en faire un gage
d’amour ?
Et puis les
hommes firent les bijoux en or. C’est beau, l’or ! ça brille et aussi il
se laisse travailler facilement, il ne s’altère pas et … comme il est rare, il ajoute une valeur à la
parure. On ne tarda pas à ajouter les pierres précieuses : le diamant, le
rubis, l’émeraude et le saphir ; et les semi-précieuses aux couleurs
innombrables. Et les perles, le corail, l’écaille, l’ivoire, les coquillages
taillés en camées. Tout cela valait fort cher. Aussi très vite, les plus
modestes apprirent à colorer le verre, à donner de l’éclat à des métaux plus
« vils » que l’or et l’argent. Désormais, plus besoin de fortune pour
se parer. On fit des lois : interdiction pour le bon peuple de rivaliser
avec la noblesse et de porter riches étoffes et bijoux précieux. Ce bon peuple
porta des copies et ses femmes n’en furent pas moins belles.
Toutefois la
joaillerie continuait de mépriser son imitation, quand au XIX° siècle, le
verrier Lalique (entre autres) inventa le bijou « artistique » dont
la valeur n’avait rien à voir avec les matériaux dont il était composé. Seule
sa beauté lui donnait un prix.
Enfin, dans
la première moitié du XX° siècle, deux femmes de génie : Coco Chanel et
Elsa Schiaparelli conseillèrent aux femmes,
enchantées de l’idée, de mélanger le « toc » et le
« vrai ». Plus moyen de s’y retrouver !
Si… quand
même… Si vous rencontrez une moderne Castafiore, parée comme un arbre de Noël,
vous pouvez présumer que de tous ses joyaux, les vrais ne sont pas les plus
gros.
AVRIL - Semaine
4 – jour 1 -US ET COUTUMES
Lune rousse
Vide bourse
Les nombres
Partout dans le monde, le quatre est chargé de symboles. Dans la
réalité, les mythes, les légendes, les contes ou les religions beaucoup de
choses vont par quatre.
Après avoir écouté l’histoire des quatre fils Aymon ou des quatre
musiciens de Brême, les enfants jouaient aux quatre coins.
L’année est divisée en quatre saisons ; il y a quatre points
cardinaux.
Quatre évangélistes ont composé le Nouveau Testament, dans lequel
quatre cavaliers annoncent l’Apocalypse.
Les anciens faisaient couler quatre fleuves aux Enfers :
l’Achéron, le Cocyte, le Phlégéton et le Styx garant des serments des dieux.
Et gardez précieusement le brin de trèfle, si par chance il possède
quatre feuilles.
.
.
AVRIL -Semaine 4- jour 2- CONTE
Caprice d’Avril fait tomber les fleurs
Et trembler les laboureurs
out le monde avait peur du dragon Verluzern.
Il était très grand, il était très gros, il était tout vert, il faisait du
bruit, il sentait mauvais. Il cassait tout sur son passage et quand il ouvrait
la bouche, le feu qui en sortait grillait tout ce qu’il approchait. C’est
pourquoi Verluzern était tout seul et Verluzern était bien malheureux.
Pourtant il n’était pas
méchant, ni dangereux puisqu’il ne mangeait que des charognes et des
détritus ; on pourrait même dire qu’il était utile. Seulement les gens ne
le savaient pas, aussi quand il approchait du village, le grand bruit de ses
énormes pas et l’insoutenable fumet qu’il dégageait faisait fuir les habitants.
Alors, rentré dans sa caverne, Verluzern pleurait. Il pleurait de grosses
larmes vertes qui roulaient sue ses joues rugueuses.
Au village, vivait une jeune
fille qu’on nommait Pomdavrille ; elle était jolie, elle était gaie, et
surtout elle n’avait peur de rien. On lui disait fais attention à ci, prend
garde à ça ; elle s’en fichait bien ! Comme aucune mésaventure ne lui
était encore arrivée, elle n’avait aucune raison d’être prudente. Elle aimait
se promener dans les bois et ses parents lui recommandaient : « Ne vas
pas trop loin, Pomdavrille ! prend garde au dragon ! ».
Pomdavrille n’avait pas plus peur du dragon que du reste.
Un jour, à la recherche de
mûres ou de champignons, elle s’enfonça dans la forêt où elle fit tant de tours
et de détours qu’elle finit par ne plus savoir où elle se trouvait. A la nuit
tombante, elle arriva au bord d’un étang qu ‘elle ne connaissait pas. Elle
réalisa qu’elle était bel et bien perdue. Croyez-vous qu’elle fut
effrayée ? Ce serait mal la connaître. Elle était juste contrariée à cause
de ses parents qui, ne la voyant pas rentrer allaient s’inquiéter. Dans la
pénombre, elle distingua l’entrée d’une caverne ; elle décida d’y aller
dormir. L’horrible puanteur qui régnait à l’intérieur la fit tout d’abord
reculer. Oui, mais il commençait à pleuvoir et le froid tombait avec la nuit.
Tout compte fait, il valait mieux la caverne ! Cependant cette odeur… Mais
oui, se dit-elle, le dragon ! C’était le dragon qui sentait si fort !
Le choix était simple : passer la nuit dehors sous la pluie ou bien dans
la caverne avec le monstre ! Pourtant ce monstre, à sa connaissance
n’avait encore tué personne et puis, et puis, elle verrait bien. (blog 290409)
Bravement, le cœur battant un
peu tout de même, elle entra… L’odeur !!! Quarante mille charognes ne
sentiraient pas si fort maugréa-t-elle. Tant pis, elle était au sec, il faisait
tiède et des feuilles mortes rendaient le sol confortable. Elle en assembla un
petit tas puis ressortit pour ramasser du bois. Heureusement, elle n’avait pas
trop faim car toute la journée, elle s’était gavée de mûres et de noisettes.
Quand elle eut terminé d’assembler les branches, elle se trouva satisfaite de
son campement à un détail près : comment allumer sa flambée ? Elle
n’avait pas de briquet et les allumettes étaient loin d’être inventées.
Inventoriant ses connaissances, elle prit deux cailloux qu’elle cogna l’un
contre l’autre ; en vain ! Elle ne réussit pas à produire la moindre
étincelle. Alors elle essaya un autre truc dont elle avait entendu parler :
les deux morceaux de bois. Elle frotta, frotta, frotta, à attraper des ampoules
aux deux mains… Pas la moindre fumée ne s’en échappa. « Tant pis, se
résigna-t-elle, je me passerai de feu. ». Alors elle sentit passer sue
elle un souffle fétide mais tiède ; tiède et de plus en plus chaud… une
flamme jaillit qui fit prendre son bois. A la lueur du feu qui s’élevait joyeux
dans la caverne, elle le vit : tout gros, tout vert, tout moche et qui
sentait pas bon… Verluzern, en son énorme personne !
Vous me direz, Pomdavrille n’avait
peur de rien, mais là… Ce dragon grand… grand comme… si elle avait connu les
éléphants, elle aurait dit plusieurs. Mais d’éléphants elle n’avait jamais
entendu parler. Il était gros, mais gros, presque autant que l’église du
village. Et il sentait mauvais, mauvais, plus encore que la décharge du
village. Il ne bougeait pas, il la regardait… elle leva les yeux et rencontra
les siens : deux énormes yeux jaunes, globuleux, aussi laids que le reste
de l’animal, mais pas méchants du tout. Normal, se dit Pomdavrille, s’il était
hostile, il n’aurait pas allumé mon feu.
Elle lui sourit ; le
dragon baissa la tête vers elle. Le geste lui rappelait son chien, quand il
cherchait une caresse entre les deux oreilles. Tout de même, caresser cette
grosse horreur entre ses deux oreilles pointues, c’était trop lui
demander ; Pomdavrille recula. Alors elle vit dans les gros yeux jaunes,
deux larmes vertes. La petite avait bon cœur ; elle fut désolée d’avoir
peiné ce pauvre dragon qui semblait si fort en peine d’affection. Elle perçut
une voix lamentable : « Personne ne m’aime ! »
Elle l’aurait juré, elle
n’avait rien entendu et d’ailleurs qui aurait parlé ? Il n’y avait dans
cette grotte qu’elle-même et le dragon. Puis, de nouveau :
« Je
suis si malheureux… ! »
Ce n’était pas une voix :
c’était une pensée qui pénétrait son cerveau. Verluzern était télépathe. C’est
une chose qui arrive souvent aux dragons et autres créatures extraordinaires et
que Pomdavrille ne pouvait savoir. Comme elle n’était pas sotte et tout à fait
curieuse, elle comprit que le dragon désirait communiquer ; elle eut envie
d’essayer :
« Pourquoi
es-tu si malheureux ? pensa-t-elle très fort. »
« Parce que tout le monde
a peur de moi ! »
Ca marchait elle pouvait
capter les pensées du dragon tout comme lui, les siennes. Elle essaya encore
une fois :
« Moi, je n’ai pas
peur. »
« C’est
vrai ? »
« Mais oui, je n’ai pas
peur de toi. »
« Pourtant tu as reculé
tout à l’heure. » (blog 30 04 09)
Pomdavrille était gênée ;
on lui avait tant et tant recommandé de ne jamais faire de remarques
désobligeantes ! Sa pensée l’était et elle ne savait pas la dissimuler. Au
fond, c’était plus simple, le dragon comprendrait tout seul qu’il n’était pas
question de crainte mais d’une répulsion qu’il ne tenait qu’à lui de faire disparaître.
En effet, Verluzern semblait
honteux ; s’il n’avait pas été si vert, on l’aurait vu rougir. Il était
touchant ce gros dragon malheureux ! La jeune fille se concentra :
« Ecoute Verluzern, les
gens ont peur des dragons depuis toujours et toi, vraiment !… Tu t’es
regardé ? Tu es tout sale, tu sens mauvais et puis tu es maladroit ;
tu casses tout sur ton passage. Si tu voulais faire un effort, on pourrait
essayer de les faire changer d’avis. Tu sais quoi ? On va dormir parce que
là, je suis fatiguée et demain avant de partir, je t’expliquerai. »
Verluzern tout heureux d’avoir
trouvé quelqu’un pour s’occuper de lui, passa la nuit à veiller sur sa nouvelle
amie. Au petit jour, il sortit pour trouver un peu de nourriture pour
Pomdavrille. Depuis le temps qu’il hantait leurs décharges, il avait une idée
de ce que mangeait les humains. Il trouva des noisettes, quelques mûres et des
œufs de canard sauvage.
En s’éveillant, Pomdavrille
trouva ces présents près du feu ranimé ; elle eut une pensée pour
Verluzern :
-« Ce
qu’il est gentil ! Il faut tâcher de l’aider… »
L’énorme bête fit son entrée
et, aussi délicatement qu’elle le put, s’installa près du feu ; la jeune
fille le questionna sur sa vie, son âge, ses habitudes. Eh bien, Verluzern
comme bon nombre de ses congénères gardait un trésor ; il était là, au
fond de la caverne, dans un coffre. Depuis combien de temps ? Il avait
oublié… tout comme son âge ; tout cela était si vieux !
Il se souvenait qu’un
enchanteur poursuivi par des moines, lui avait confié le coffre ; c’était
semblait-il son bien le plus précieux, mais Verluzern en ignorait le contenu.
-« Allons
vois ce que c’est ; il ne t’es pas interdit de l’ouvrir ? »
-« Non… Je ne crois
pas. »
La serrure rouillée ne résista
pas longtemps ; dans le coffre il y avait… des petits morceaux de
grimoire, illisibles, tout rongés, déchiquetées et une famille de souris qui,
par un petit trou grignoté dans les planches du fond était venue loger là.
-« Eh bien, constata
Pomdavrille, tu n’as plus grand chose à garder dorénavant ! »
-« Ben, qu’est-ce que je
vais faire alors ? - Verluzern était déconcerté.
-« J’ai une idée !
Mais d’abord, tu dois aller à l’étang pour te décrasser ; les pieds, les
dents, les oreilles, entre les écailles, partout ! Tu m’entends Verluzern,
partout ! »
-« Ah non, pas l’étang surtout ! Un moine
un jour, a noyé un de mes cousins ! »
-« Sur la rive tu ne
risques rien ; de toutes façons, tu es bien plus costaud que moi ; et
puis, si tu veux qu’on t’aime, il faut que tu sentes bon. »
Verluzern avait compris qu’il
n’était pas le plus fort et c’est pour cette raison qu’il finit par obéir.
Quelle panique au village
quand Pomdavrille rentra suivie du dragon ! Son père qui la croyait
perdue, aidé de tous les hommes valides, partait justement à sa recherche ;
armés de fourches et de bâtons, menaçants, les villageois firent face au
monstre tandis que femmes et enfants galopaient en tous sens en quête d’un
abri. La jeune fille eut bien du mal à les apaiser et à se faire
entendre ; Verluzern menacé, ne savait pas s’il devait prendre ses grosses
pattes à son grand cou ou bien cracher du feu pour se défendre.
Le calme rétabli, Pomdavrille
put exposer son projet. Elle démontra que Verluzern était inoffensif, que
d’autre part il se nourrissait de rebuts et de charognes et que si le village
voulait bien l’adopter, il deviendrait alors le plus propre de la province.
Ainsi fut fait et les
villageois furent désormais préservés des épidémies qui ravageaient
périodiquement le pays. Verluzern enfin heureux, survécut plusieurs siècles à
Pomdavrille. Quand il mourut, car les dragons meurent aussi, pour le remplacer,
les hommes durent inventer les incinérateurs et le tri sélectif.
AVRIL - Semaine 4 – jour3 -RIMES SANS RAISON
Avril plaît aux hommes,
Mai plaît aux bêtes
Questionnement
Où s’en va la chaussette
Abandonnant sa sœur ?
Et pourquoi la tartine
Beurrée s’écrase-t-elle
Sur le mauvais côté ?
Où se cachent les clefs
Quand on a besoin d’elles ?
Objets inanimés
Votre âme est diabolique,
Vous nous faites enrager
AVRIL - Semaine 4 –
jour 4 -DE TOUT UN PEU
Il n’est si gentil mois d’avril
Qui n’ait son chapeau de grésil
MANDRIN
Mandrin était-il le brigand que nous raconte
la légende, ou bien un redresseur de torts ? un chevalier errant
protecteur du pauvre peuple en lutte contre les oppresseurs ou le lois
iniques ?
Un bandit d’honneur qui volait les riches pour
mieux donner aux pauvres ?
Le fait est que Mandrin s’en prenait surtout
aux fermiers généraux, collecteurs d’impôts aux méthodes souvent discutables.
Populaire dans tout le Dauphiné, après avoir
donné bien du fil à retordre à la maréchaussée, il fut pris et exécuté mais
restera longtemps comme un héros dans la mémoire des gens de la Province.
Certains fermiers généraux pour être placés du
bon côté de la loi, n’étaient pas pour autant plus honnêtes que le célèbre
bandit.
AVRIL - Semaine 4 – jour 5 - C’ EST POUR RIRE !
La pluie le jour de Saint Robert
De bon vin remplira ton verre.
"Sur le plan de l'amour lesbien,
l'Histoire des Croisades ne dit pas si la femme de Godefroi de Bouillon,
surnommée Godchau de Bouillonne, en raison de son tempérament bouillonnant,
utilisait, solidement et fidèlement fixé à sa ceinture de chasteté, un
instrument phallique dont la première syllabe du nom correspond à celle du prénom
de son féal époux. Les deux autres étant celles d'un petit broc connu sous le
nom de pichet, avec un M à la place du P, pour saphostiquer ses dames d'atour
en l'absence de son seigneur et maître, motivée par sa présence en Terre Sainte
pour y combattre les infidèles."
Pierre DAC
AVRIL - Semaine 4 – jour 6 -CE SOIR JE SERAI LA PLUS BELLE
Saint Eutrope mouillé,
Cerises estropiées.
DENTIFRICE A L’ARGILE ET AU
CLOU DE GIROFLE
Les dents jaunes et noires, c’est bon pour les pianos !
Nous autres voulons des dents resplendissantes et une haleine de
Zéphyr. Et pour cela rien de tel que le clou de girofle, un des meilleurs
antiseptiques dont nous gratifie la nature et qui de plus, soulage les maux de
dents.
Pour en faire un dentifrice, il vous faut :
4 clous de girofle et 1 cuiller à soupe d’argile verte en poudre.
Pilonnez les clous de girofle et mélangez-les à l’argile. Mettez le
tout dans un petit pot.
Pour vous brosser les dents, prenez un peu de cette poudre dont avec un
peu d’eau, vous ferez une pâte épaisse.
Ensuite, avec la brosse, utilisez comme n’importe quel dentifrice.
L’argile verte blanchit les dents et donne une bonne haleine.
AVRIL - Semaine 4 – jour 7 -LE PARTRIOLE
Le quatrièm’ mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Quatre canards volant en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole,
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole,
Qui vole dans ce bois.