Février le treshardy je suis,
Auquel moys la vierge royale
Alla au temple des Juifzs
Faire offrande tresspecial
La Jesuscrist, lumière tresloyale,
Et presenta es bras de Simeon.
Prions sa majesté royale
Qu’elle’garde de France le nom.
Le Khâlendrier des Bergiers -XVI°
siècle
FEVRIER 6 Semaine 1 – jour 1- US ET COUTUMES
Jamais ne passe Février
Sans voir feuiller le groseillier
LA CHANDELEUR
Février avait pour nom Spurkel au temps des
Gaulois. De tous temps, il fut le mois des purifications. On y rencontre
Mardi-Gras et la Chandeleur dont les cierges éloignent l’orage, la mort, les
mauvais sorts en tous genres et les démons de la nuit ; spécialement la
nuit de Carnaval durant laquelle diables et morts masqués se mêlent aux vivants.
Dans le ciel de Février passent les chasses
maudites et c’est le mois idéal pour rencontrer bêtes faramines et
loups-garous.
De même que la fête de Noël a remplacé le culte de
Mithra, la Chandeleur s’est substituée aux Lupercales dédiées à Faunus
Lupercus, dieu de la fécondité et gardien des troupeaux. Un dieu-loup gardien
des troupeaux ? Et pourquoi pas ? La mauvaise réputation du loup est
grandement usurpée. Cependant, il y a un peu de sa faute….
FEVRIER – semaine 1- jour2 -CONTE
A la Chandeleur venue,
Range le rouet, prend la charrue

LA
FAUTE DU LOUP
Un Homme avait un
domaine ; nuit et jour, saison après saison, il en prenait grand soin. Il
veillait à ce que chaque plante, chaque animal ait à sa suffisance et tout
poussait et vivait là en parfaite harmonie. L’Homme avait choisi pour établir
son domaine une contrée au climat privilégié ; le jour, le soleil faisait
mûrir les récoltes et la nuit, quelques averses arrosaient semailles et
plantations. L’eau des rivières était pure, on pouvait y boire à sa soif, s’y
baigner quand il faisait chaud en compagnie de poissons heureux.
L’Homme un jour dans son
domaine, introduisit un Loup et lui dit :
-« Ce domaine est le tien ; tu
peux en user à ta guise. Ici, chaque soir, tu trouveras ta nourriture, et pour
boire les mares et les ruisseaux ne manquent pas. Tu peux aussi, parmi les
faons et les chevreuils prélever les plus faibles, ceux qui ne survivraient pas
au prochain hiver. Mais tu ne dois jamais, tu m’entends bien jamais, touchet à
ce troupeau que tu vois là, dans le champ, près de la maison. C’est la seule
chose qui te soit interdite, et je n’aimerais pas que tu
désobéisses ! »-
Le Loup, pendant tout un printemps explora
les champs et la forêt, les collines et les vallons ; l’été passa
tranquille, puis vint l’automne aux pistes odorantes. Rarement, il goûta au
gibier ; et pourquoi l’aurait-il fait ? il avait bien assez avec ce
que l’Homme lui donnait. De moins en moins il s’éloignait de sa demeure où il
apprécia l’hiver, de se chauffer devant le feu et jouer avec les enfants.
Le Loup semblait heureux, pourtant, quand le
printemps revint, l’homme s’aperçut qu’il manquait d’entrain : son pelage
restait terne, il ne bondissait plus joyeusement pour rapporter les objets
qu’on lui lançait. L’Homme examina soigneusement son compagnon et comme il ne
put déceler aucune maladie, il dut se rendre à l’évidence : le Loup
s’ennuyait !
-« Bien, fit
l’Homme, ce n’est pas grave ; nous allons arranger ça ! »-
Il s’absenta quelque temps et revint avec
sur ses talons une jeune Louve au poil soyeux, aux grands yeux verts, aux crocs
d’ivoire , aux pattes armées de longue griffes luisantes.
-« Loup, voilà ta compagne, dit
l’Homme. Fais lui visiter le domaine, explique-lui que tout est permis, mais
que jamais, au grand jamais, ni elle ni toi ne devez toucher à ce troupeau que
tu vois là, dans le champ, près de la maison. »-
Le Loup emmena sa Louve faire le tour du
domaine, et puis un jour, ils revinrent dans la cour de la maison où ils
s’installèrent dans l’intention de garder et protéger les lieux, voir prévenir
en cas d’intrusion. Comme il ne passait personne, ils avaient out le temps de
courir après les chats, jouant à les faire grimper aux arbres. Ils faisaient
aussi de longues parties avec les enfants de l’homme. Enfin, le Loup surtout,
car la Louve préférait se promener aux alentours.
Un jour qu’en lisière de forêt elle longeait
le champ où broutait le troupeau, elle vit glissant d’un arbre, une curieuse et
longue créature qui se balançait, semblait tomber, se rattrapait par la queue
en d’étranges contorsions annelées. La créature avait aussi de grands yeux
verts qui fascinaient la Louve autant que la bizarre langue fourchue qu’elle
dardait en sifflant dans sa direction.
La Louve s’arrêta, la queue tendue, une
patte avant repliée.
-« Bonjour,
siffla la créature, tu es la nouvelle Louve ? Moi, je suis le
Serpent ! »-
-« Bonjour ! »- répondit la
Louve, interdite devant cette bête étrange qu’elle voyait pour la première
fois.
Le Serpent continuait à se balancer et à se
tortiller :
-« Comment
trouves-tu le Domaine ? Magnifique, n’est-ce pas ? »-
La Louve à qui les contorsions du Serpent
donnaient un peu le tournis, ne sut qu’approuver :
-« Oh, oui ! Magnifique ;
rien ne manque ici ! L’Homme est si généreux ! »-
-« Rien ne vous manque…le Serpent était
sarcastique- Ne le crois-tu pas au contraire quelque peu égoïste ? »-
-« Egoïste, dis-tu ? Mais en
quoi ? »-
-« Eh bien, regarde dans ce champ – et
il se balança dans la direction- regarde ce joli troupeau qu’il garde pour lui
seul et que vous autres Loups ne devez pas toucher ! »-
La Louve regarda le champ, remua doucement
la queue :
-« Oh, ça ne fait rien, nous avons tout
ce qu’il nous faut ; nous n’avons pas besoin de ces bêtes. »-
-« Besoin…non ! Mais… c’est
dommage ! »-
-« Qu’est-ce qui est
dommage ? »-
-« De ne jamais connaître la saveur
délicate d’un jeune agneau de printemps. »-
-« Mais nous avons les faons, les
chevreuils… »-
-« Oui ! Mais c’est du
gibier ; c’est très bon, mais jamais aussi tendre qu’un agneau nourri d’herbe
grasse. »-
-« Ah ! Et comment le
sais-tu ? »-
-« Je le sais… Voilà ! »-
La Louve, irritée par le ton persifleur de
Serpent, lui tourna le dos, retourna dans la cour où elle se roula au soleil
sans plus penser à cette rencontre. Malheureusement, elle aimait trop se
promener pour rester longtemps à la maison, ce qui fait qu’à plusieurs reprises
elle rencontra le Serpent qui chaque fois lui tenait le même discours. Un jour,
elle en parla au Loup ; comme il n’avait aucune envie d’avoir des ennuis
avec l’Homme, il lui recommanda très sévèrement de ne plus parler au Serpent.
Plus facile à dire qu’à faire ; la Louve le trouvait toujours sur son
chemin et elles avait horreur d’être impolie !
Un jour, l’Homme était parti inspecter les
confins du Domaine, le Loup dormait dans la cour, la Louve sortit pour faire un
petit tour ; elle n’alla pas bien loin sans rencontrer le Serpent. Qui
remit sur le tapis l’histoire des moutons et de l’égoïsme de l’Homme :
-« Et pourquoi n’aurais-tu pas droit
toi aussi à un agneau ? Regarde le petit là-bas… il est faible, il ne
passera pas l’hiver. L’Homme vous a permis de manger ceux-là. »-
-« Oui, mais pas ceux de ce
troupeau ! »-
-« L’Homme est loin… il a tant
d’agneaux ! Comment verra-t-il qu’il en manque un ? »-
Depuis des semaines, la Louve s’efforçait de
ne pas écouter le Serpent, mais cette fois la tentation fut trop forte ;
elle sauta dans le champ et en trois bonds attrapa l’agneau qu’elle tua d’un
seul coup de dents, puis elle l’emmena sous un buisson et quand, les yeux clos
de plaisir elle en eut savouré la moitié, elle eut envie de partager le festin
avec son compagnon. Elle courut le chercher et le ramena dans sa cachette. Le
Loup, horrifié, commença par pousser les hauts cris et refusa tout net de
toucher au larcin. Mais la gourmandise sait troubler les plus hautes vertus et
puis, manger l’agneau n’était-il pas la meilleure façon de faire disparaître
les preuves du délit ?
Le forfait accompli, les deux complices
rentrèrent à la maison ; ils la trouvèrent bien différente : les
enfants criaient trop fort, les chats avaient le regard fuyant, même le soleil
n’était plus aussi chaud. Ils ne se sentaient bien nulle part ; et quand
l’Homme revint, au lieu de s’élancer vers lui joyeusement, ils rampèrent la
queue entre les pattes. D’abord intrigué, l’Homme ne mit pas longtemps à
comprendre ; contrairement au Serpent il savait compter et comme il lui
manquait un agneau, l’attitude des loups en disait long sur ce qui avait pu lui
arriver.
Déçu, furieux, il se tourna vers les coupables :
-« Pourquoi avoir désobéi ?
Pourquoi m’avoir trompé ? Vous aviez tout ce que vous vouliez…
Pourquoi ? »-
Le Loup tourna le museau vers sa
compagne
–« C’est elle
qui…marmonna-t-il. »-
La Louve regarda vers le Serpent, qui se
balançait autour d’une branche :
-« C’est lui qui… gémit-elle. »-
-« Je ne veux pas le savoir, tonna
l’Homme, vous étiez prévenus ! Vous ne deviez pas toucher au
troupeau ! Plus tard, vous en seriez devenus les gardiens. Je ne veux plus
vous voir ; vous allez filer loin d’ici ! Pour votre peine vous aurez
froid, vous aurez faim, le gibier sera rare. Partout où vous irez, on vous
pourchassera ; on vous interdira d’approcher des maisons, vous ferez peur
aux petits enfants et jusqu’à la fin des temps on racontera des horreurs sur
votre compte ! »-
Le couple s’en fut la queue basse. Depuis,
par les nuits sans lune, le loup hurle
son désespoir d’être banni pour toujours de la maison des hommes.
FEVRIER
-Semaine 1 – jour 3 -PAR ICI LA
BONNE SOUPE
A la Chandeleur verdure,
A Pâques neige forte et dure
LES CRÊPES
C’est la Chandeleur !
Réunissez des œufs, de la
farine, du lait (oui de l’eau si vous n’avez pas de lait), et quelques amis.
Graissez et chauffez un certain nombre de poêles, n’oubliez pas un petit verre
de bon alcool de fruit et… faites des crêpes !
Les crêpes portent
chance ; elles amènent la bonne fortune, chassent la pauvreté pour l’année
entière.
Envoyez votre petite famille à
la messe, et pendant ce temps, faites des crêpes sinon vous serez pauvres toute
l’année ! On l’affirme de Vendée en Bourgogne.
Mais attention : ne
retournez pas vos crêpes à l’aide d’une spatule ! Il faut pour que le
bienfait soit total, les faire sauter en tenant dans la main droite, avec la
queue de la poêle, une pièce d’or. Si vous ne possédez pas de pièce d’or, vous
devrez alors faire sauter sept crêpes à la suite. Si vous ne les rattrapez pas,
aucune importance : la crêpe retombant sur un meuble ou un élément de la
cuisine est un gage de bonheur. En revanche, une crêpe brûlante qui atterrit
sur la tête du chat peut présager un danger imminent. D’autre part, si la crêpe
à l’arrivée plie ou se casse, de graves soucis vous guettent ; pour
preuve : Napoléon à la Chandeleur de 1812 rata sa cinquième crêpe !
Amis Nantais, voue êtes des
goinfres ! Vous voudriez faire croire que partager les crêpes avec les
voisins attirerait la chance hors de votre foyer… En revanche, vous acceptez
d’offrir le lendemain, celles que vous n’avez pas mangées la veille ?
En Angleterre où la gastronomie
est ce qu’elle est, on met une pièce ou une bague dans le bol de pâte. Celui
qui la trouve, s’il n’est pas mort en l’avalant, est assuré de se marier dans
l’année.
Les crêpes de la Chandeleur
sont d’une incontestable utilité ; elles contribuent entre autres à éviter
la nielle du blé, aident tout au long de l’année à faire lever la pâte à pain.
Si vous avez le courage de donner aux poules la première fournée,
reconnaissantes, elles vous couvriront d’œufs.
Toutefois, gardez-en une pour
l’été : vous vous en frotterez le visage pour éviter d’être piqué des
guêpes. Une autre encore, que vous accrocherez à une aubépine : gourmand,
le loup la dévorera et laissera en paix vos moutons.
Habitants de Seine et Oise,
faites des crêpes à la Chandeleur et vous aurez de nombreux dindons.
Poitevins qui semez des fèves,
faites des crêpes pour une bonne récolte.
Et l’on dit qu’en Estonie, pour
que les choux aient de larges feuilles, on fait des crêpes pendant les
semailles ; les enfants nés dans ces choux, auront bien entendu, de
grandes oreilles.
Noctambules attention ! Il
est impératif de pratiquer ces rituels avant vingt heures : au-delà, leurs
effets seront inversés.
FEVRIER -Semaine 1 – jour 4 - MOTS D’AUTEUR
A la Saint-Isidore si le
soleil dore,
Le blé sera haut et chenu,
"Le travail de l'artisan atteint plus facilement à la dignité
que celui de l'artiste. Mais le péché d'orgueil lui est encore plus dangereux.
L'idée de chef-d'oeuvre, ici, c'est celle du tour de force. L'homme est fait de
telle sorte que dès qu'il s'efforce, le difficile finit par remplacer le
beau..."
Henri POURRAT - Vent de Mars
FEVRIER -Semaine 1- Jour 5 - LE PANIER DE LA GLANEUSE
Oignons se plantent même dans
la glace
Le panier est bien difficile à remplir en février. Profites-en glaneuse,
pour débarrasser les arbres de ton domaine de leurs mousses qui sont en réalité
des lichens. Si, quand tu te perds en forêt ces lichens t’aident à retrouver
ton chemin en te montrant le nord, ils ne font aucun bien aux écorces.
Avec prudence, car certains sont toxiques, tu pourras leur trouver un
emploi.
Le chêne, arbre de Zeus, t’offrira « evernia prunastri » qu’on trouve aussi comme
son nom l’indique sur le prunellier et encore d’autres arbres, tel l’érable.
Il est utilisé en parfumerie et savonnerie. En pharmacie , il est réputé expectorant,
tonique et vulnéraire. Réduit en poudre, il peut servir de levain pour le pain.
C’est aussi un colorant qui teint en poupre la laine.
Par prudence glaneuse, contente-toi de son parfum : il rehaussera
à merveille les pots-pourris de cet été dont la senteur commence à s’évaporer.
FEVRIER - Semaine 1 – Jour 6 -L'Âme des Poètes
En février s’il gèle et tonne
C’est la marque d’un bel
automne
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule sait les rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? - Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle
a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul VERLAINE
FEVRIER -Semaine 1 – Jour 7- Y’A UN TRUC
Crapaud qui chante en février
Dit que l'hiver est achevé
Mais… s’ils
sont cernés, sachez qu’avec des compresses de thé tiède, vous retrouverez votre
bonne mine.
Sur des
paupières rouges ou gonflées, posez pendant trente minutes des rondelles de
concombre frais. Un cataplasme de reinette râpée enveloppée de gaze à pansement
est également efficace.
Parachevez
le traitement en appliquant des compresses d’eau de bleuet pour laquelle il
vous faut : 20gr de fleurs de bleuet pour un ¼ de litre d’eau bouillante.
Filtrez et mettez en flacon. L’eau de bleuet s’utilise tiède.
FEVRIER
-Semaine 2 – jour 1 -US
ET COUTUMES
Si le temps change à
la Chandeleur
L’hiver passe ou prend
vigueur
LA
SAINT-VALENTIN
En février, entre les crêpes de la Chandeleur et les beignets de
Mardi-Gras, on fête les amoureux et leur patron Valentin.
Valentin était prêtre en Italie
au 3° siècle de notre ère. L’empereur Claudius le Cruel pour faire honneur à
son nom avait interdit le mariage aux chrétiens. Valentin n’en tint aucun
compte et continua de marier ses ouailles.
Claudius le fit emprisonner et décapiter non sans
l’avoir au préalable convenablement bastonné, le 14 Février 270.
Si l’on ajoute à cette légende que c’est à la
mi-février que commence ce qu’au Moyen-Age on nommait la « pariade des
oiseaux », c’est à dire le temps où ils s’accouplent et commencent à bâtir
leurs nids, on conviendra que le moment est parfait pour célébrer l’Amour.
FEVRIER
- Semaine 2-jour 2 -CONTE
Tonnerre de février
Emplit le grenier
PHILEMON et BAUCIS-
Il y avait en Phrygie un
lac ; au bord de ce lac, un temple et devant le temple, de chaque côté de
la façade, deux grands arbres : un chêne et un tilleul dont les branches
se mêlaient. Leurs feuilles semblaient se caresser au vent du soir.
On racontait qu’au fond du lac se
trouvait un village et que le temple avait jadis été une toute petite maison, pauvre parmi les
plus pauvres. Un couple d’amoureux vivaitlà : un homme et une femme qui
s’aimaient depuis l’adolescence et cela faisait… bien des décennies. Ils ne se
voyaient pas vieillir et leur amour leur tenait lieu de fortune car ils étaient
très pauvres.
Deux voyageurs épuisés se
présentèrent un soir devant leur porte. Deux voyageurs ? Deux vagabonds
plutôt. Les cheveux sales, la barbe broussailleuse, des tuniques en lambeaux et
pour souliers la poussière du chemin ; ils avaient soif, ils avaient faim.
L’homme, qui se nommait Philémon leur souhaita la bienvenue, mais
ajouta qu’ils n’étaient pas là dans la bonne maison : « Nous
sommes pauvres, si pauvres, nous avons si peu à offrir. Allez plutôt au
village, vous y trouverez des gens fortunés qui sauront vous héberger.
-Nous en venons, dit le plus
grand des vagabonds, celui qui semblait être l’aîné. Nous en venons et ces
méchantes gens nous ont chassés.
Pendant ce temps, silencieuse,
Baucis, l’épouse de Philémon, avait rempli d’eau des bassines et venait avec
des linges laver les pieds douloureux des visiteurs. Ensuite elle leur offrit
des tuniques ravaudées mais propres.
-« Nous n’avons , continua
le vieil homme, que quelques fruits et les fromages de notre chèvre, mais si ce
mince repas vous suffit, nous le partagerons avec vous bien volontiers. Femme,
va à la source et rapporte nous un pot d’eau fraîche.
Mais quand Baucis versa l’eau
dans les gobelets en terre, elle se transforma en un vin doré tel que jamais
ces deux pauvres gens n’en avaient bu de pareil.
Avec effroi, ils levèrent les
yeux sur leurs hôtes et reconnurent les dieux : Zeus en majesté et Hermès
dans tout l’éclat de sa jeunesse étaient à leur table.
-« Suivez-nous, dit Zeus en
relevant les paysans prosternés, car nous devons châtier ces mauvaises gens qui
font fi des lois sacrées de l’hospitalité ! »
Philémon et Baucis, appuyés sur
leurs cannes, suivirent péniblement les dieux jusqu’au sommet d’une colline
proche, et, se retournant, ils virent le village englouti par les flots. Seule
leur maison, au bord de ce nouveau lac avait été épargnée. Mais elle
grandissait et ses murs de boue séchée devenaient de marbre ; devant
l’entrée se dressaient des colonnes encadrant un portique et le toit de chaume
se couvrait d’or. A la place de leur masure se dressait désormais un temple et
les dieux firent des deux vieux ses gardiens.
-« Pour nous avoir accueilli
quand tout le village nous rejetait, dit Zeus, je vous accorde un vœu. Formulez
votre souhait le plus cher, et par le Styx, quel qu’il soit, il vous sera
accordé. »
Philémon et Baucis se tenaient
par la main : « Nous ne désirons qu’une chose dit l’épouse, n’être
jamais séparés.
-Et, ajouta le mari, ma plus
grande douleur serait de devoir assister aux funérailles de celle que j’aime
tant.
- Pour moi, reprit Baucis, je ne
pourrais supporter de devoir fermer les yeux de mon compagnon. Accordez-nous,
quand nos jours seront révolus, de pouvoir partir ensemble, le même jour, à la
même heure. »
A peine le vœu avait-il été
formulé, que dans un éblouissement, les dieux s’effacèrent.
Il restait à Philémon et Baucis,
miraculeusement régénérés, de longues années de bonheur. Ils gardaient le
temple et vivaient des offrandes de ceux qui venaient y prier, mais surtout de
l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre.
Et puis enfin, ils arrivèrent au
bout de leurs ans et là, sur les marches du temple, la main dans la main et se
regardant tendrement, ils sentirent leurs pieds s’enfoncer dans la terre ;
leurs corps grandissaient, s’élançait vers le ciel tandis que leurs bras se
tendaient et se multipliaient ; et ces branches se couvraient de leurs
cheveux devenus des feuilles.
Un chêne et un tilleul se
dressaient à la place où s’étaient aimés Philémon et Baucis.
FEVRIER - Semaine 2 - jour 3- LE
JARDIN EXTRAORDINAIRE
L’hiver s’achemine
Ou touche à sa fin
LE PERCE-NEIGE
La neige, mécontente de la blancheur dont elle
avait été vêtue, s’en plaignit à son Inventeur. Le Grand Artisan était fort occupé
à fignoler sa Création et trouvait la neige assez belle telle qu’il l’avait
conçue.
Mais la neige continuait à se plaindre et à voleter
en flocons qui se posaient sur le nez, les yeux, la bouche du Divin Travailleur. Lassé de
chasser l’importune, il lui dit :
-« Va donc vers les fleurs leur demander un
peu de leur couleur ; je t’accorderai de garder la teinte de celle qui
acceptera de t’en donner. »
La neige alla trouver la Rose qui se pare de tant
de nuances pensant qu’elle serait généreuse, mais la Rose refusa. Le
Coquelicot, le Lilas, la Violette, ne voulurent pas non plus partager ; le
Bleuet ne se donna même pas la peine de répondre ; le narcisse détourna sa
corolle.
Quand elle eut essuyé les refus de toutes les
fleurs, la neige aperçut sous un grand sapin, écartant à grand-peine les
feuilles d’un lierre, de minuscules clochettes blanches qui s’agitaient en
murmurant :
-« Nous, on veut bien…nous, on veut
bien ! »
Alors la neige émue, accepta de garder la couleur
de la seule fleur qui avait accepté le partage.
Voilà pourquoi depuis, elle se fait douce et tendre
pour laisser passer les clochettes de la fleur des derniers jours
d’hiver : le perce-neige.
C’est un petit bulbe de bonne compagnie que vous
aurez planté à l’automne, dans la pelouse ou sous les arbres. Il se propage
assez rapidement et permet d’attendre le relais des jonquilles et des
primevères.
Il n’est pas incommode dans la pelouse, puisqu’il
est défleuri dès que les premières tontes deviennent nécessaires.
« Violette de la Chandeleur
Perce, perce, perce-neige,
Annonces-tu la Chandeleur,
Le soleil et son cortège
De chansons, de fruits, de fleurs ?
Perce, perce, perce-neige
A la Chandeleur. »
Robert DESNOS
FEVRIER - Semaine 2 – jour 4 -QUELLE HISTOIRE !
Mieux vaut loup dans le troupeau
Que mois de février trop beau
A PROPOS DE
LA BÊTE
Charles Perrault a écrit « Le Petit Chaperon Rouge
en 1697 ; moins d’un siècle plus tard, La réalité surpasse en horreur la
fiction.
La « Bête » qui sévit en Gévaudan ne se
contente pas de dévorer une petite fille et sa grand-mère ; les morts se
comptent par centaines et ne parlons pas des blessés ! Ses ravages se
poursuivront pendant trois ans. Contre le monstre, Le roi Louis XV enverra ses
dragons et son Grand Lieutenant des Chasses qui tuera un grand loup ; ce
qui n’empêchera pas la bête de continuer à sévir, jusqu’à ce qu’un paysan
l’abatte un jour d’une seule balle.
La Bête du Gévaudan était-elle un loup ?
Certainement pas !
Aucun des témoignages recueillis sur place ne parle de
loup. Les paysans et bergers du Massif Central savaient pour le fréquenter
quotidiennement que le loup est craintif et n’attaque pas l’homme. S’il a
devant lui un troupeau de moutons, ce n’est pas le berger ou la bergère si
tendre fut-elle que le loup choisira. Encore moins une vieille bergère coriace
mais pourvue d’yeux qui savent voir et d’une langue qui peut raconter .
Mais alors, qu’était la Bête du Gévaudan ?
Nous ne disposons que d ‘hypothèses ; l’une des
plus vraisemblables est celle que propose Michel Louis dans son livre - La
Bête du Gévaudan ou l’innocence des loups- : un ou plusieurs grands
chiens, des molosses dressés à tuer et protégés d’une cuirasse en peau de
sanglier, ce qui explique leur résistance aux balles. Ces chiens ou bâtards de
chien et de louve sont menés par le garde-chasse d’un aristocrate dévoyé. Ce
garde-chasse étant lui-même fils d’un homme réputé sorcier et meneur de loups.
Celui même qui, en 1767, après trois années de traque infructueuse menée par
les meilleurs chasseurs du royaume, tua le fauve d’un unique coup de fusil.
FEVRIER - Semaine 2 – jour 5 LE BESTIAIRE
ENCHANTE
Pommes et cidre à la folie

METHODE POUR DEMASQUER UN LOUP-GAROU
Le Loup-Garou est un homme ou une femme
ordinaire qui se change en loup les nuits de pleine lune, principalement en
février.
Comment savoir si vous avez un loup-garou
dans votre entourage ?
C’est très simple !
Si l’une ou l’un de vos proches s’absente
sans explication par une nuit de pleine lune (surtout en février), suivez-le.
A peine dehors, vous perdrez rapidement sa
trace et vous mettrez à sa recherche. Vous avancerez dans la nuit. Là, deux
hypothèses : ou vous verrez un loup attaquer un promeneur innocent
(innocent….qu’est-ce qu’il faisait dehors à une heure pareille ? surtout
en février !), ou bien vous-même serez attaqué par un loup (ou une louve).
Dans un cas comme dans l’autre, vous
lutterez bravement et sortant de votre poche le coutelas que vous ne manquez
jamais d’emporter quand vous sortez le soir (surtout les nuits de pleine lune,
surtout en février), vous lui couperez une patte, peu importe laquelle ;
le loup s’enfuira en hurlant. Réconforté
par cet exploit, vous rentrerez chez vous bombant le torse..
Vous constaterez avec soulagement que celui
ou celle de vos proches que vous soupçonniez (certains adolescents ont souvent
un comportement étrange), dort dans son lit paisiblement. Ouf ! cette
sortie nocturne ne l’avait mené qu’au fond du jardin pour faire pipi.
Vous retournerez vous coucher en vous
promettant de porter le lendemain la patte de loup chez un taxidermiste pour la
faire monter en porte-clé commémoratif.
Mais attention ! Si le lendemain matin
votre proche marche à cloche-pied ou malmène la vaisselle du petit-déjeuner en
n’utilisant qu’une seule main…..
Vous n’êtes pas au bout de vos peines !
FEVRIER -Semaine 2 – Jour 6 LIRE
ET RELIRE
De
Sainte-Béatrice la nuée
Assure six
semaines mouillées
MARIE DE FRANCE
Que sait-on de
Marie sinon qu’elle était de France et qu’au XII° siècle, elle a composé ces
« Lais » qui sont venus jusqu’à nous ?
C’est
probablement à la Cour d’Angleterre où elle a passé un certain temps qu’on l’a
nommée « de France » pour la distinguer peut-être d’autres Marie. Qui
était-elle ? était-elle brune ou blonde, était-elle jolie ? a-t-elle
aimé ? On ne peut qu’en rêver en lisant ses poèmes, ces Lais qui sont en
fait de petits romans versifiés.
Contemporaine
de Chrétien de Troyes et des troubadours occitans elle a fait de ses Lais des
hymnes à l’amour ; à l’amour courtois : celui qui était en usage à la
cour du roi Arthur. Les histoires que raconte Marie sont puisées dans la
« Matière de Bretagne » et les anciennes légendes galloises qui lui
ont été transmises oralement. Le merveilleux y est omniprésent car ce sont bien
des contes dont on retrouvera la trame dans des légendes ou des histoires
racontées par des auteurs plus récents.
« Les
deux amants » fait penser à Peau d’Âne ; « Le Frêne » est
une cousine de la Grisélidis de Perrault ; L’Oiseau Bleu de Mme d’Aulnoy
est un écho de « Yonec » ; Eliduc, c’est la Belle au Bois
Dormant et Bisclavret une histoire de loup-garou comme il en courait naguère
dans les campagnes. On retrouve des versions de l’arbre et de la fée à la fontaine
de « Lanval » dans toute l’Eurasie et jusqu’au Japon.
L’univers de
ces lais comme celui des contes merveilleux se situe au-delà d’une rivière,
d’une forêt, d’une mer ; on y parvient par d’étranges moyens tels que le
navire fantôme de Guigemar ou la cavalcade aérienne de Lanval.
On y rencontre
des fées qui parfois aiment des mortels, d’autres fois se métamorphosent en
divers animaux . On y suggère même que certains héros de légendes auraient
eux-mêmes raconté les histoires. Ainsi ce serait Tristan, le Tristan aimé
d’Yseult, parce qu’il était barde, qui aurait composé ce délicieux « Lai
du Chévrefeuille » :
« Et de ces deux il fut ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier s’attachait :
Quand il s’est enlacé et pris
Et tout autour du fût s’est mis,
Ensemble peuvent bien durer.
Qui plus tard les veut détacher,
Le coudrier tue vivement
Et chèvrefeuille mêmement.
« Belle amie, ainsi est de nous :
Ni vous sans moi, ni moi sans
vous ! »…
FEVRIER - Semaine 2 – jour 7 ON CONNAIT LA CHANSON
A la Saint-Valentin
La rose gèle avant le matin
BELLE QUI TIENT MA VIE
(Pavane
utilisée au XIX° siècle par Léo DELIBES dans la scène de bal du Roi s’amuse)
Belle qui tient ma vie
Captive dans tes yeux
Qui m’as l’âme ravie
D’un souris gracieux,
Viens tôt me secourir
Ou me faudra mourir.
Pourquoi fuis-tu mignarde
Si je suis près de toi ;
Quand tes yeux je regarde
Je me perds dedans moi,
Car tes perfections
Changent mes actions.
Tes beautés et ta grâce
Et tes divins propos
Ont échauffé la glace
Qui me gelait les os ;
Ils ont rempli mon cœur
D’une amoureuse ardeur.
Approche donc ma belle
Approche-toi mon bien
Ne me sois plus rebelle
Puisque mon cœur est tien.
Pour mon mal apaiser
Donne-moi un baiser.
FEVRIER - Semaine 3 – jour 1 US ET COUTUMES
Février entre tous les mois
Le plus court et le moins
courtois
LES
JOURS DE LA VIEILLE
Pourquoi février est-il si court ? les explications varient selon
les contrées.
Les Normands racontent que Février était un joueur enragé. Il jouait
toujours et toujours perdait. Tant et si bien qu’il finit par perdre tout ce
qu’il possédait. Ce qui ne l’empêcha pas d’engager un jour, une partie de
dominos contre Janvier et Mars, que bien entendu, il perdit.
Or, comme il n’avait plus rien à offrir, il donna ce qui lui restait :
un jour à Mars et un autre à Février.
Les Kabyles parlent d’une femme qui, lors d’un mois de janvier
particulièrement rude, s’enferma avec ses chèvres en attendant les beaux jours.
Quand, le mois fini, le soleil consentit à se montrer, elle sortit et fit
à Janvier, la malpolie, j’ose à peine
vous dire quoi, elle lui fit, oui… un « doigt d’honneur » !
Janvier furieux, alla quérir chez Février un jour de plus pour châtier
l’insolente. Alors il déchaîna les éléments : tonnerre, éclairs, pluie,
grêle, vent, neige et verglas. La vieille n’eut pas le temps de s’abriter et
mourut de froid avec ses chèvres.
Les trois derniers jours de février sont d’ailleurs nommés les
« Jours de la Vieille » car les Romains chassaient ces jours-là, une
divinité néfaste du nom d’Anna Perenna.
FEVRIER - Semaine 3 – Jour 2
CONTE
A la Saint-Mathias le corbeau s’en va
Passent six semaines, coucou reviendra.
LE
POISSON D’OR
Au bord d’un lac
d’argent, un jeune homme et sa sœur auraient pu vivre heureux. Ils avaient un jardin ;
quand la pêche était bonne, ils allaient à la ville en vendre le surplus ;
ils ne manquaient de rien.
Pourtant, insatisfaite, la fille tarabustait le malheureux pêcheur dont
le plus grand plaisir était de composer des vers que sur sa flûte, il mettait
en musique. Hélas pour lui, sa sœur n’aimait pas les chansons . Elle
préférait les sous !
-« Paresseux, bon à rien ! Mets donc la barque à l’eau, va
chercher du poisson, demain c’est le marché ! »-
Mais le jeune poète se serait bien passé d’attenter à la vie des
habitants des eaux. Il aimait la nature et se satisfaisait d’un peu de pain, de
fruits, et de quelques fromages.
Un jour, las des reproches, il s’en fut sur le lac. Le ciel était
limpide, un vent léger soufflait ; notre ami hésitait à lancer son filet.
Il mit sa flûte en bouche et lança quelques trilles.
Du milieu des roseaux, il vit soudain paraître un merveilleux poisson,
bleu turquoise et doré qui sauta dans la barque et la fit vaciller.
Le pêcheur étourdi, rétablit l’équilibre. Cependant la surprise l’avait
rendu muet. Le poisson en revanche, était plutôt disert :
-« Pêcheur mon bon ami, que j’aime ta musique !Vois-tu, mieux
qu’un filet, elle me fait prisonnier. Tu peux me relâcher, ou me joindre à ta
pêche et me vendre au marché, je suis à ta merci ! »-
Sans proférer un mot tant il était surpris, le musicien rendit à son
monde liquide le merveilleux poisson. Avant de disparaître, il fit encore un
bond et reprit la parole :
-« Je suis fils de Neptune et j’ai de grands pouvoirs. Tu m’as
laissé la vie , sois-en remercié : voici selon l’usage, trois vœux à
formuler. Prends ton temps ,réfléchis, puis viens au bord du lac, joue un air
sur ta flûte et je t’exaucerai. »-
Ne croyant pas ses yeux, soupçonnant ses oreilles, le musicien-pêcheur
retourne à sa chaumière. Acariâtre, revêche, sa sœur l’y attendait :
-« Quoi ! Tes paniers sont vides ! Qu’as-tu fait de ta
pêche ? Nous n’aurons rien à vendre, comment allons-nous
vivre ? »-
-« Ah ! ma sœur, quel mystère ! Dans mes filets s’est
pris un poisson qui parlait… Un fils du dieu des eaux… »-
-« Alors, qu’en as-tu fait ? »-
-« Mais… je l’ai relâché ! »-
-« Relâché ! Pauvre fou ! Un poisson qui parlait… Mais
c’était la fortune ! Tu l’as laissée passer… mon dieu que tu es
sot ! »-
-« Ma sœur, ce n’est pas grave ; le lait de notre vache et
les fruits du jardin seront bien suffisants pour passer la semaine. Et
bientôt… »-
-« Tu iras à la pêche et tu ne prendras rien ! A jouer de la
flûte et parler aux poissons, que crois-tu donc gagner ? Regarde où nous
vivons : une pauvre cabane, aux murs tout délabrés ! Moi, je veux un
palais… »-
Et la fille continue à crier, à se plaindre. Le malheureux
garçon ; courbé sous les reproches se sauve au bord du lac , trouver un
peu de paix. Il adorait sa sœur et
aurait bien voulu réaliser ses rêves, mais il ne savait pas comment faire
fortune ; il avait oublié les vœux du poisson d’or.
Assis au bord de l’eau, tout rêveur il compose une nouvelle chanson.
Attiré par la flûte, le poisson fait surface, voit le pêcheur bien triste :
-« Mon ami, mon ami, pourquoi cet air navré ? Quel que soit
ton souci, je peux te l’enlever ; tu n’as qu’à demander… »-
-« Ma sœur veut un palais… »-
-« Un palais ? C’est facile ! Rentre vite chez toi, ta
sœur sera contente. »-
Notre ami s’en retourne et tout éberlué, aux abords de chez lui ne
reconnaît plus rien : disparue la chaumière, parti le jardinet ; à la
place un grand parc où se dresse gracieux, un palais à colonnes de marbre blanc
et rose. Intimidé il entre : des meubles précieux, de la vaisselle d’or,
aux murs des œuvres d’art, des coffres entr’ouverts laissent voir des
merveilles ; partout des serviteurs s’agitent en tous sens… et au milieu
sa sœur, furieuse échevelée qui rage et qui tempête :
-« A quoi bon un palais quand on n’a pas d’argent ? Il me
faut des toilettes, des habits de satin et aussi des bijoux. Je n’ai jamais
goûté ni foie gras ni caviar, il m’en faut désormais… et je veux du
champagne ! »
-« Ma sœur, que d’exigences ! »-
-« Le poisson t’as promis ! Retourne au bord de
l’eau ! »-§§§§§
Le lac était d’ardoise et les nuages, bas ; quelques gouttes
tombaient.. La flûte en un murmure fit venir le poisson :
-« Que veux-tu mon ami ? »-
-« Pour moi, je ne veux rien ! Mais ma sœur… »-
-« Oui, je sais. Retourne en ton palais, elle a ce qu’elle
désire. »-
Pendant quelques semaines, elle parut heureuse : elle goûtait du
meilleur, essayait des toilettes, commandait aux valets et giflait des
servantes. Puis elle devint morose, plus rien ne l’amusait, pas même changer de
robes.
Quand une fille s’ennuie au milieu des plaisirs, c’est à n’en pas
douter qu’il lui faut un mari. Mais où l’aller chercher?
Pour contenter sa sœur et trouver l’oiseau rare qui la supporterait,
notre jeune poète organise un grand bal. Tous les célibataires de cent lieues à
la ronde firent danser la belle. Belle, me direz-vous ? Mais oui, elle
l’était ; son fichu caractère seul était responsable de la laide apparence
qu’on lui voyait souvent. Comme on la disait riche, vivant dans un palais, les
demandes en mariage ne lui manquèrent pas. Elle était difficile ; aucun
des prétendants ne put lui convenir :
-« Celui-ci est trop sot, celui-ci n’est pas beau, celui-là n’est
pas riche, cet autre est bien trop vieux ; en voici un trop grand et un
autre trop gros ; beaucoup sont trop petits, ou maigres, ou
bigleux… »
Que sais-je ?… Ils furent tous éconduits….
Les musiciens partis, les lampions éteints, dans ses appartements la
peste réfléchit…
-« Je sais ce qu’il me faut ! Faites venir mon
frère ! »-
Le pauvre, d’un pas lent, traverse le palais.
-« Que veut-elle à présent ? Il ne reste qu’un
souhait… »-
Oh ! comme il regrettait sa barque et son filet !
-« Mon frère, j’en suis certaine, il me faut un mari ; comme
tu l’as pu voir, aucun de nos voisins ne peut me convenir. Je voudrais pour époux
ton ami le poisson. »-
-« Tu veux le Poisson d’Or ? Ma sœur, c’est impossible !
Il est fils de Neptune, tu es fille de pêcheur ! Peut-être est-il un
dieu ? »-
-« Eh bien ! s’il est un dieu, je serai
immortelle ! »-
-« Pauvre sœur tu es folle ! Ce palais t’a grisée ! Fais
comme tu l’entends, mais il n’est pas question que je formule un vœu si
contraire au bon sens. »-
-« Quoi ? Comment ? Tu refuses ? »-
-« Oui ma sœur, je refuse ! »-
-« Gardes, qu’on le saisisse ! Confisquez-lui sa flûte !
Je ne te la rendrai que contre la promesse de demander pour moi la main du
Poisson d’Or. »-
Effondré, il retourne en ses
appartements. Un musicien sans flûte est comme pain sans beurre ; au bout
de quelques jours, il finit par céder.
Le ciel était de plomb ; un vent mauvais soufflait. Il monta dans
sa barque, environné d’éclairs. Il n’osait pas chanter ; il n’en eut pas
besoin. Au milieu des roseaux, le
poisson l’attendait :
-« Il te reste un seul vœu ; ne le gaspille
pas ! »-
-« Ah ! Je n’ose vous dire ce que ma sœur demande… Elle vous
veut pour époux ! »-
-« Elle a bien de l’audace ! J’épouserai ta sœur si toi-même
consent à t’unir pour la vie à cette jeune grenouille. Tu n’es pas obligé, mais
c’est la condition. Va le dire à ta sœur avant de me répondre. »-
Celle-ci trouva normal le marché proposé. Le frère hésite un peu. Elle
élève la voix :
-« Si tu tiens à ta flûte, épouse la grenouille ! »-
Au fond, se disait-il, vaut-il pas mieux avoir un batracien pour femme
que pour sœur un chameau ?
On célébra les noces.
-« Tu peux ,dit le poisson, embrasser la mariée. »-
Vous l’avez deviné : c’était une princesse. La sœur, émerveillée,
saute sur le poisson, l’embrasse goulûment, certaine de le voir se changer en
jeune homme.
Elle est changée en carpe !
Et, comme chacun sait, les carpes sont muettes ; on ne l’entendit
plus !
FEVRIER - Semaine 3 –Jour 3 C’EST BON SIGNE
Vigne taillée en février
De raisin remplit le panier
LE
POISSON
Le 21 du mois, Ventôse
s’engouffre dans Février. Il fait signe aux Poissons de venir le
rejoindre : ces deux poissons que Jupiter mit au rang des constellations
pour avoir aidé Vénus et Cupidon à échapper au monstrueux Typhon.
Bien des petits poissons
nés dans cette période sont devenus grands : citons au hasard Copernic,
Chopin, Michel-Ange, Einstein, Victor Hugo et Charles Quint.
Couronné de jaspe,
d’aigues-marines et de tourmalines, le poisson aime à régner : sur sa
famille, sur ses amis et sur la maison douze du zodiaque où résident les
difficultés. Afin de les éviter, le poisson accoutumé à l’eau s’abstiendra
d’alcool qui ne lui vaut rien.
Altruiste et généreux,
revêtu d’écailles d’or, il n’hésitera pas à répandre ses bienfaits sur le
pêcheur musicien.
FEVRIER - Semaine 3 – jour 4 LUSTUKRU !
Gelée du jour Sainte-Honorine
Rend toute la vallée chagrine
Les grands froids:
"En 1571, la neige couvrit la terre
en Languedoc, en Dauphiné et en Provence pendant 60 jours de suite. Il tomba
une si grande quantité de neige à Carcassonne qu'elle fit crouler plusieurs
maisons par sa pesanteur, et que plusieurs habitants y périrent sans pouvoir
recevoir de secours.
En 1683, la Tamise, à Londres, fut si
fortement gelée qu'on y érigea des cabanes et des loges; on y tint une foire
qui dura deux semaines; les voitures la traversèrent et la sillonnèrent dans
tous les sens comme sur la terre ferme; on y donna un combat de taureaux, une
chasse aux renards, et sur la glace on fit rôtir un boeuf entier.
En 1740, il y eut un grand hiver à
Saint-Pétersbourg. L'impératrice de Russie fit construire un palais avec des
blocs de glace don,t quelques-uns avaient jusqu'à 16m. de longueur sur 6m. de
hauteur. On y donna des fêtes pendant plusieurs semaines. Le froid était vif au
dehors, mais à l'intérieur des calorifères maintenaient une température
agréable.
Enfin, en 1879, on constata sur plusieurs
points de la France, une température de -30°. A Vichy, les grosses voitures de
roulage circulèrent sur l'Allier comme sur une route. A Mayence, les diverses
corporations d'ouvriers installèrent des ateliers sur le Rhin.
NOS LOISIRS - 24 février 1907
FEVRIER - Semaine 3- jour 5- COURRIER
DE CŒUR
Quand février commence en lion,
Il finit en mouton
De
Ninon de Lenclos au marquis de Villarceaux-
Paris 29 août 1650,
Au contraire, mon cher
marquis, vous devez être enchanté que ma coquetterie soit devenue
générale ; ce sont les préférences qui séduisent.
Je veux que l’on me trouve
aimable, mais je ne veux pas que l’on m’aime ; je penserais toujours à ce
que j’aurais fait pour y réussir. Les hommes diraient que je ne vous aime
pas ; vous les prendriez à la lettre et, quand je tournerais toutes les
têtes, vous jouiriez, je crois, médiocrement de mes succès…
Soyez donc tranquille ;
votre encens est le seul qui me plaise ; à peine l’ai-je respiré qu’il ma
enivrée ; tout autre serait un supplice pour moi ; je ne sais s’il me
porterait à la tête, mais, à coup sûr, il n’irait jamais jusqu’à mon cœur.
… Au reste, pour répondre à ce
que vous me mandez, je vous dirai que les femmes ont aussi des sens et un
amour-propre ; quoiqu’elles doivent en mettre à être sages, souvent celui
de plaire l’emporte, et leur extrême coquetterie rend le danger à peu près
égal.
Croyez que les hommes
pourraient résister à leurs sens s’ils le voulaient ; la seule chose que
je leur permette de plus qu’à nous, c’est un peu de libertinage, quand ils
n’ont point d’engagement….
FEVRIER - Semaine 3-
Jour 6 AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS
Il est trop tard à la Saint-Pépin
Pour planter les arbres à pépins
Les industries françaises sont des industries de luxe.
Plus vous vous élevez vers un travail raffiné, plus vous vous approchez de la
production française. Ainsi, la laine, la soie, les peaux ; ainsi, encore, la
papeterie, les savons, les huiles, les meubles, et, peu à peu, en raffinant
toujours, l’article de Paris, la parfumerie, la bijouterie ; enfin, au-dessus
de tout, comme un privilège et un monopole incontesté, cette reine des
industries, celle qui exige le plus d’adresse, de goût et d’élégance – la
nouveauté, la Mode.
La Mode règne à Paris ; de là, elle jette, sur le
monde, un flot de rubans, de plumes, de galons, de blondes, de froufrous et de
chichis, en un mot, des riens harmonieux qui, forment l’indispensable auréole
de la Beauté. Mode, reine de Paris et petite reine de France, tant que tu
n’auras pas, dans une minute de caprice ou de négligence, brisé ton sceptre, la
France restera debout, sur sa bonne terre fertile, ayant mis cette aigrette
fragile et glorieuse à son bonnet !
Guillaume
Hanoteaux -La Fleur des Histoires Françaises Hachette 1911
FEVRIER - Semaine 3 - JOUR 7 LES METIERS
S’il neige à la Saint-Pierre
La vigne est réduite du tiers
PARURIER-FLEURISTE
On l’appelait « La Dame aux Camélias ». Marie Duplessis dans
la vie, Marguerite Gautier dans le roman, Traviata à l’opéra, portait tout au long
de l’année, un bouquet de ces fleurs dont la couleur variait du blanc au rouge
en fonction de son humeur, ou disait-on de sa disponibilité. Il est
vraisemblable qu’à certaines saisons elle ait du avoir recours aux fleurs
artificielles.
Le camélia se copie fort bien en soie ou en satin et les
paruriers-fleuristes si nombreux au dix-neuvième siècle étaient et sont
toujours gens fort habiles. C’était d’ailleurs le métier d’une autre héroïne
d’opéra, la tendre Mimi de La Bohème.
Le camélia frais ou artificiel ornait plus couramment et solitaire, les
boutonnières des messieurs. Bien des décennies plus tard, Gabrielle Chanel, qui
n’hésita jamais à détourner le vêtement masculin pour notre plus grand confort,
en fit la fleur fétiche de ses collections.
Juste après la dernière guerre, Christian Dior prit lui, le muguet pour
emblème puisque la tradition veut qu’il ait offert, pour le lancement de son
parfum à senteur de muguet Diorissimo, un brin porte-bonheur à chaque
cliente . Depuis le muguet a figuré sur nombre de produits porteurs de la
griffe. Il fallait bien qu’à certaines saisons, le muguet fût artificiel.
Par ailleurs, depuis la Haute Egypte en passant par Rome et notre
Moyen-Age, les femmes et parfois des hommes ont aimé orner de fleurs leurs
chapeaux.
Nombre de portraits de Marie-Antoinette la représentent portant les
créations fleuries de sa modiste, Rose Bertin. La Comtesse de Ségur qui inventa
Madame de Fleurville ornait de roses ses chapeaux.
Les couturiers comme les modistes ont toujours eu recours aux
paruriers-fleuristes dont les ateliers pour la plupart, dans les années 1950-
1960, étaient établis entre l’Opéra et la Bourse dans le quartier du Quatre
Septembre, qui par le Passage Choiseul descend jusqu’au Palais Royal.
Souvent situés en entresol, les ouvrières fleuristes étaient assises de
part et d’autre de longues tables éclairées chichement par le fenêtres et plus
largement par la lumière électrique et jonchées de pétales multicolore faites
de soie, de satin, de velours, d’organdi. Il fallait trois années
d’apprentissage pour former celle qui à la place la plus lumineuse les
assemblait en roses, pivoines, coquelicots, orchidées. Les doigts agiles ne
dispensaient pas de bonnes connaissances en botanique, chaque fleur étant montrés à différentes étapes
de sa vie, chaque tige , chaque feuille correspondant à son espèce. Seuls les
parfums de muguet, rose ou violette étaient supplantés par les puissantes
odeurs de colle, d’apprêt, ou de térébenthine.
On chantait beaucoup dans ces ateliers, on y travaillait encore
plus ; il n’était pas rare que pour un grand mariage ou un défilé de
Haute-Couture les ouvrières passent la nuit pour assurer la livraison du
lendemain.
Quand ma mère ou ma grand-mère, modistes, m’emmenaient chez ces
fournisseurs, la petite fille
émerveillée que j’étais repartait rarement sans une rose ou un bouquet de
violette offert par la maison.
FEVRIER - Semaine 4 – jour 1 US ET
COUTUMES
La neige qui tombe en Février,
La poule l’emporte avec le pied.
LE NOMBRE DEUX
Le deux exprime l’ambivalence, l’opposition qui
n’est pas obligatoirement négative. Les opposés sont souvent
complémentaires : masculin, féminin ; jour et nuit ; gauche et
droite ; yin et Yang… etc…
Dans les contes les héros vont souvent par
deux : frère et sœur comme Hansel et Gretel ou la bonne fée qui répare les
maléfices de la sorcière.
Le plus ancien conte connu est celui des
« Deux Frères ».
FEVRIER - Semaine 4
– jour 2 CONTE
A la Sainte-Honorine,
Bourgeonne l’aubépine
Neptune
Neptune est un violent, il est imprévisible. Son calme est redoutable
qui préside aux tempêtes.
Saturne, père indigne, dévorait ses enfants. Cybèle pour les sauver,
faisait ce qu’elle pouvait : elle donna pour Neptune un poulain nouveau-né
et cacha le bébé dans un coin d’écurie ; il fallait l’éloigner.
On choisit pour nourrices les étranges Telchines, chiennes pour la tête
et poissons pour les mains. L’enfant apprit chez elle à déclencher la pluie, à
provoquer la grêle et quand il en eut l’âge, Helia la plus belle, lui montra
c’est utile, comme on fait les enfants.
Neptune ayant grandi, s’en fut vers son destin, armé d’un beau trident,
cadeau de ses nourrices.
Les enfants de Saturne, l’oracle l’avait dit, ont détrôné leur père.
Ils prirent son empire et se le partagèrent. Neptune eut pour sa part les mers
et les rivières, les océans, les sources, tout ce qui bouge et vit dans le
monde liquide. Jupiter son cadet, avait pris le pouvoir ; il gouvernait le
monde, il régnait sur les dieux…. C’était insupportable ! Neptune l’ombrageux
se mit à conspirer.
L’Olympe révolté ligota Jupiter. Briarée aux cent bras, averti par
Thétis, libéra le captif qui pour avoir la paix, exila en Phrygie Neptune et
Apollon.
Pour fortifier sa ville, le roi Laomédon voulait une muraille. Contre
un prix raisonnable, les deux conspirateurs offrirent leurs services. Les
remparts achevés, le roi nia sa dette, arguant que Jupiter pour punir les
rebelles, les avait fait esclaves à son service à lui, le souverain de Troie.
Furieux le dieu de seaux lança sur la cité quelques monstres marins, la peste
et des tempêtes. Bien plus tard, quand les Grecs firent la guerre aux Troyens,
il fut de leur côté.
Il fallait une terre à l’ombrageux Neptune qui trouvait trop humide la
partie du monde qu’il avait obtenue. Une ville était vacante ; Minerve la
voulait, il la voulut aussi. Les dieux trouvèrent sage de la donner à qui
ferait au genre humain le don le plus utile. Neptune, sûr de lui, d’un seul
coup de trident fit jaillir un cheval ; mais Minerve la sage, fit pousser l’olivier.
Grand débat sur l’Olympe : les dieux sont pour Neptune, les
déesses pour Minerve. Il y en avait une de plus que de dieux : Minerve
remporta la ville qu’on nomme Athènes.
Neptune fou de rage, frappe de son trident, remue tout l’océan, des
vagues gigantesques submergent la cité. On dut pour l’apaiser ôter le droit de
vote aux femmes du pays ; les hommes qui portaient le même nom que leur
mère durent y renoncer.
Il revendique alors Trézène sur laquelle Minerve avait des vues ;
le tribunal des dieux attribue à chacun la moitié de la ville ; personne
n’est content !
Alors, à Jupiter, il demande Egine, et puis à Dionysos la ville de
Naxos ; il se bat contre Hélios pour obtenir Corinthe. Les dieux doivent
trancher : l’Acropole à Neptune et l’isthme pour Hélios. Furieux, il veut
reprendre à Junon l’Argolide. Ebranleur de ces terres qu’il ne possède pas,
Neptune se bagarre, provoque des tempêtes, envoie partout ses monstres. Hommes
et immortels redoutent ses colères, se plaignent à Jupiter. Sommé de
comparaître au tribunal des dieux, il les prétend partiaux et ne se montre pas.
Jupiter désespère de calmer le furieux. Il fait appel aux fleuves
Inachos, Céphise et aussi Astérion. Les trois fleuves prudents, avant de
décider, interdisent à Neptune quel que soit le verdict, d’inonder la région.
Neptune fait serment ; les fleuves se prononcent en faveur de Junon.
S’estimant bafoué, le dieu veut sa revanche : il assèche les
fleuves !
Plus une goutte d’eau dans toute l’Argolide.
Le nymphe Amymoné, qui avait besoin d’eau, observait un grand cerf. Le
superbe animal entre dans la forêt ; Amymoné le suit, pensant trouver la
source où le dix-cors s’abreuve. Attentive à la trace, elle ne remarque pas un
satyre endormi à l’ombre des buissons. La nymphe le bouscule. Réveillé en sursaut,
le satyre voit la belle, la poursuit ; elle se sauve. Bien vite il la
rattrape, tente de la violer. Affolée, aux abois, la nymphe à son secours
appelle tous les dieux et Neptune l’entend. Le dieu sans hésiter, à grands
coups de trident chasse le chévrepied, mais l’autre, agile, esquive et se sauve
en courant. Amymoné respire ; mais il est plus facile d’éviter un satyre
que le bouillant Neptune. Tenant à sa vertu la belle se dérobe. Pour gagner ses
faveurs, tous les moyens sont bons, y compris rendre l’eau au pays desséché. En
manquant le satyre, le trident s’est planté dans une énorme roche. Neptune le
retire et des trois trous jaillissent trois sources bondissantes : les
trois sources de Lerne aux eaux intarissables, même au fort de l’été.
L’amour ne faisait pas oublier à Neptune ses revendications. Il voulait
une terre.
On avait oublié un continent lointain, situé au-delà du monde que
bornait les colonnes d’Hercule. Un des dieux s’en souvint ; lequel importe
peu…
Un continent entier… Loin, très loin de l’Olympe… Il pourrait bien
là-bas, faire trembler la terre, déchaîner les tempêtes ou engendrer des
monstres : le monde Hellène allait connaître un peu de calme !
Un seul couple vivait sur cette terre immense : deux mortels et
leur fille. Cette fille était belle et Neptune l’aima. Clito était son nom. Il
construisit pour elle en haut d’une colline un merveilleux palais d’ivoire et
d’orichalque et lui fit des enfants : cinq couples de jumeaux, cinq
garçons et cinq filles. Le plus âgé de tous fut dénommé Atlas.
Pour ses enfants Neptune fit un état modèle, régit par des lois
justes ; un pays digne enfin, d’hommes issus d’un dieu.
Ni Clito ni la Nymphe Amymoné la douce n’étaient filles des eaux ;
il fallait à Neptune une épouse aquatique. Parmi les Néréides, il remarqua
Thétis. Mais le fils qu’elle aurait surpasserait son père : l’oracle
l’avait dit. Elle ne pouvait donc épouser qu’un mortel. L’Ebranleur de la Terre
vit danser sur les eaux la gracieuse Amphitrite.
Amphitrite était vierge et avait fait serment de le rester toujours.
Mais que peut une nymphe face aux ardeurs d’un dieu ! L’Ebranleur de la
Terre ébranla sa vertu. Pour mieux garder sa foi, elle court se réfugier très
loin dans les montagnes. Mais les dieux peuvent tout, y compris envoyer un dauphin
dans l’alpage. C’est ce que fit Neptune. Le dauphin éloquent, persuada la belle
de devenir l’épouse du frère de Jupiter. Neptune reconnaissant envoya le
dauphin au milieu des étoiles : on peut toujours l’y voir.
On célébra les noces au milieu de tonnerre des vagues et des éclairs et
depuis lors chacune de leur union provoque ouragan ou tempête.
Au fond de l’Océan, il bâtit un palais de nacre et de corail, perles et
coquillages, aux vastes écuries. Là, blancs comme l’écume, ses coursiers aux
crins d’or et aux sabots d’airain attendent de tirer le char du dieu des mers
quand il va sur les flots entouré de sa cour : le Vieillard de la mer,
Nérée et ses Naïades ; Protée le facétieux qui garde ses troupeaus de
phoques et d’otaries ; Eole et les Sirènes, le monstrueux Charybde et
l’horrible Scylla ; Glaucos, dieu des pêcheurs qui lui ressemble tant, ses
enfants les Tritons et combien d’autres monstres…
Les deux époux s’aimaient d’une passion profonde, mais Neptune était
beau et grand et imposant ; ses cheveux couleur d’algue rejoignaient une
barbe ondulée comme la mer. Il n’avait aucun mal à attirer les belles et elles
ne manquaient pas. Il n’était pas pour rien le frère de Jupiter ; il avait
comme lui des amours innombrables et n’hésitait jamais à changer d’apparence
s’il en était besoin, avec des résultats pour le moins étonnants.
Un beau jour, il s’éprend
follement, car Neptune ne fait rien à demi, d’une princesse Thrace nommée
Théophané. C’était une beauté courtisée par les princes des états voisins. La
voulant pour lui seul, le dieu des eaux l’enlève et sitôt la transporte dans
l’île mystérieuse qui a nom Crumissa. Les habitants de l’île, voyant Théophané,
la trouvent à leur goût et lui font des avances. Voilà Neptune jaloux : il
la change en brebis. Les îliens alors deviennent des moutons. Il ne lui restait
plus qu’à se faire bélier et il n’y manqua pas. Satisfait de son œuvre, il
s’unit à la belle et lui fait un enfant : le célèbre bélier volant dont la
toison est de l’or le plus pur.
Neptune se croyait l’inventeur du cheval ; il avait oublié le
poulain que Saturne, croyant manger son fils, avait ingurgité. Il se pensait
aussi créateur de la bride, mais Minerve avant lui avait eu cette idée. Les
courses et la vitesse, en revanche, c’était lui !
Quand Cérès éplorée cherchait partout sa fille, Neptune fou d’amour la
suivait pas à pas. Ayant d’autres soucis, la déesse gênée se changea en jument.
Puis ele galopa jusque dans l’Arcadie où elle se cacha dans le troupeau
d’Oncos, un des fils d’Apollon. Pas fou et obstiné, Neptune en étalon se
change, la rejoint et sans lui demander son opinion, la viole. La fureur de
Cérès fut telle que le fruit de cette union forcée fut un cheval sauvage, le
farouche Actéon.
Sur ces amours sans nombre, la sagace Amphitrite savait fermer les
yeux, mais il lui arrivait parfois de se venger : ainsi quand son époux,
de la belle Scylla fit un jour son amante, elle chercha l’étang où se baignait
la nymphe ; elle y jeta des herbes magiques, empoisonnées. Scylla se
retrouva de douze pattes et de six têtes hurlantes redoutées des marins.
Les enfants de Neptune sont bien souvent des monstres : Harpyes
épouvantables au visage de femme ; elles ont des oreilles d’ours, des
ailes de chauve-souris et des corps de vautour ; aux pieds, aux mains des
griffes elles sont sales et infectent tous les êtres qu’elle touchent. On se
souvient aussi du cyclope Polyphème, du géant Chrysaor ou du cheval Pégase… et
bien d’autres encore…
Les Atlantes en revanche, étaient de beaux enfants dont Neptune était
fier. Mais au fil des années, leurs descendants perdirent de leur nature
divine. Ils devinrent trop humains et Neptune déçu, à grands coups de trident
détruisit son empire. Atlantide et Atlantes sombrèrent dans les flots.
Pourtant il a gardé non loin de l’Equateur son palais sous-marin. C’est
là qu’il apparaît, sur le pont des bateaux, imposant et barbu, une couronne
d’algue sur ses cheveux d’écume. Armé de son trident, il préside aux épreuves
imposées aux marins qui pour la première fois doivent passer « La Ligne ».
FEVRIER - Semaine
4 – Jour 3 RIMES SANS RAISON
Soleil le dernier jour
de février
Met
des fleurs au pommier
C’est un conte absurde
Sans raison ni rime
Car,
Si raison
Rime avec maison
Et si rime
Se marie à frime ,
Absurde ne rime à rien
Si un conte noir
Rime avec grimoire
Un conte à rebours
Vaut bien le détour
Absurde ne rime à rien
Si dans un trou noir
Je me laisse choir
Si dans le velours
Meurent mes amours
Absurde ne rime à rien
C’est un conte idiot
Que conte un poivrot
Il cherche sa tête
Dans les chansonnettes
Absurde ne rime à rien
Au fond d’un bistrot
Il manque de l’eau
Y’a trop de mégots
Et pas d’allumettes
Absurde ne rime à rien
Car l’ami Pierrot
Est un vieux poivrot
Qui vit son histoire
Au bord d’un comptoir
Absurde ne rime à rien
Au fil de la plume
Poivrot dans la lune
Pierrot dans la brume
Chacun sans chacune
Absurde ne rime à rien !
FEVRIER - Semaine 4 – jour4- DE TOUT UN PEU
Février chaud par
aventure,
A Pâques remet sa
froidure
UN SAINT BIEN SIMPLE
Si l'on s'en tient au latin: blaesus, Blaise est
bègue; si l'on écoute les Grecs (blaisos), il marche les pieds en dehors comme
sont réputés marcher les garçons de café, mais aussi les Petits Rats de
l'Opéra.
Il
aurait pu aussi être un domestique originaire de Blois. Mais chez les Celtes, le
nom du loup était ar bleizh. Le loup qui était le compagnon de l'enchanteur
Merlin, lequel faisait écrire par son secrétaire Blaise les hauts faits
d'Arthur et de ses chevaliers.
A Milly la Forêt, Jean Cocteau a
décoré une chapelle consacrée à saint Blaise guérisseur et botaniste; Musset
lui a fait une chanson.
A Saint-Blaise, à la Zueccca,
Vous étiez, vous étiez bien aise
A Saint-Blaise, à la Zuecca,
Nous étions bien là.
Mais de vous en souvenir
Prendrez-vous la peine ?
Mais de vous en souvenir
Et d’y revenir ?
A Saint-Blaise, à la Zuecca,
Dans les près fleuris cueillir la verveine,
A Saint-Blaise, à la Zuecca,
Vivre et mourir là !
MUSSET
Semaine 4 – jour
5 C’ EST POUR RIRE
L’année
bissextile , soyez fin,
Semez du
chanvre au lieu de lin.
LES BONNES MANIERES A LA GUERRE
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Quand un Inférieur croise un Supérieur,
l’Inférieur doit saluer le Supérieur.
Cette charmante coutume s’appelle le
salut. Pour saluer, l’Inférieur porte sa main droite là, en mettant ses
doigts comme ça. Quand un Supérieur entre dans la chambre d’un Inférieur, ce
dernier doit saluer en bombant le torse. S’il n’a plus de torse, comme cela
arrive à la guerre, il doit bomber les genoux, ou n’importe quoi de bombable.
C’est la position du garde-à-vous. Dans le garde-à-vous, on doit mettre le
petit doigt sur la couture du pantalon, et les pieds comme ça.
Attention : avant de saluer un
Supérieur, il faut être sûr que c’est un supérieur. Un supérieur est un
Gradé. Un Gradé se reconnaît au nombre de ses *burettes. Plus le gradé a de
barrettes, plus le salut doit être servile.
Le salut est très joli. L’Inférieur doit y
mettre beaucoup de respect pour le Supérieur, sauf en cas d’attaque
thermonucléaire, où le salut pourra être effectué un peu plus vite.
Après le salut, il arrive que le Supérieur
s’adresse à l’Inférieur. Celui-ci doit alors répondre
en tournant humblement son béret entre ses
doigts gourds.
A un général, on dit « mon
général »
A un colonel, on dit « mon
colonel »
A un adjudant, on dit « mon
adjudant »
A un deuxième classe, on dit « ta
gueule », à condition d’être adjudant.
Pierre
DESPROGES
*Attention, typo : je dis
« barrettes ».
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Semaine 4 –Jour 6 CE SOIR JE SERAI LA PLUS BELLE
VINAIGRE DE SAUGE ET DE
ROMARIN
Comment se sentir belle sans être certaine qu’on
embaume ?
Ce « sent bon » convient à toute la
famille, hommes et femmes, garçons et filles. Employé en friction, il tonifie
désinfecte et adoucit la peau. Il peut même servir de lotion après rasage.
Il vous faut :
2 tasses de vinaigre de cidre,
15 gr de feuilles de sauge,
15 gr de feuilles de romarin.
Mettez les feuilles de sauge et de romarin dans un
pot de verre ; versez dessus le vinaigre de cidre et mélangez avec une
cuiller en bois.
Laissez macérer deux semaines. Filtrez et versez
dans un flacon.
Semaine 4- Jour 7 LE PARTRIOLE
Le second mois de l’année
Que donnerais-je à ma mie ?
Deux tourterelles,
Un partriole,
Qui va, qui vient, qui vole,
Un partriole,
Qui vole dans ce bois.