Je fais allumer maint
tison :
Novembre suis qui règne
à plein.
Toute personne de façon
Doit penser d’avoir
pain et vin,
Et doit prier au
souverain
Roy des cieux pour son
saulvement ;
Car en mon temps il est
certain
Que tout meurt naturellement.
LE KHALENDRIER DES BERGIERS
NOVEMBRE - Semaine
1- Jour 1 - US ET COUTUMES
Quelque temps qu’il fasse en Novembre,
Commence le feu dans ta chambre
LA TOUSSAINT
Voici
venir le premier jour de novembre ; il faut faire provision de friandises.
Des bandes d’enfants costumés en créatures infernales vont venir vous couvrir
de malédictions si vous n’emplissez pas leurs sacs de bonbons. On fera semblant
d’avoir peur et on obtempérera.
Quelques
esprits chagrins vont pester contre cette sotte fête récemment importée des
USA. Et alors ? Pas plus que le Père Noël qui… mais ceci est une histoire
pour plus tard.
Oui,
Halloween, son nom l’indique vient d’Amérique. C’est la contraction de
« All Hallow Even », la « Veille de la Toussaint ».
Cette
fête de la Toussaint qu’on a tendance à confondre avec le Jour des Morts qui se
célèbre le lendemain. Il est vrai qu’en cette saison, depuis la nuit des temps,
les frontières qui séparent les deux mondes deviennent plus floues.
Halloween
en fait, n’a fait que retraverser l’Atlantique puisque c’est en l’an 800 de
notre ère que l’église chrétienne a plaqué cette fête des Saints sur la très
ancienne fête celte de Samain.
Samain
était une nuit de sabbat pendant laquelle les sorcières dansaient avec les
démons et faisaient revenir les morts dans le monde des vivants. L’Eglise
trouvant ces réjouissances peu convenables les a remplacées par la très
ennuyeuse Toussaint où les vivants vont attraper la mort dans les cimetières en
couvrant de fleurs les tombes de leurs défunts.
Au
cours des deux derniers siècles, les émigrants qui partaient faire fortune en
Amérique ont emporté cette fête dans leurs maigres bagages. Certains d’entre
eux, fortune faite dans la grande distribution, ont jugé profitable de nous la
retourner.
Et
si au lieu de bouder la coutume ou de faire le jeu des commerçants, on faisait
la fête ; une vraie belle fête d’automne ?
En
commençant au mois de mai par semer quelques graines de citrouille ou de
potiron ; le « Gros Rouge d’Etampes » par exemple, dont quelques
spécimens sont si gros qu’ils font croire au carrosse de Cendrillon. Vous
n’avez pas la place, pas de jardin ou de balcon ami à squatter ? Passez
directement à l’étape suivante : achetez-en un au marché.
Ca
y est ? La grosse boule orange trône sur votre table ? Coupez-la aux
deux tiers dans la largeur, évidez-la, sculptez des yeux et une bouche, placez
dedans une bougie, éteignez lampes et télé : voyez comme sa lumière est
belle. Le potiron n’est pas cher, vous pouvez en préparer plusieurs, poser un
lumignon sur chaque fenêtre. Pensez à en avoir de plus petits dont vous ferez
des lanternes.
Il faudra aussi montrer aux enfants comment réaliser eux-mêmes leurs costumes.
Pas le temps ? Allons donc ! Combien d’heures passez-vous devant la
télé ?.
Le
Grand Soir est venu, les enfants se sont faits horribles, ils ont pris les
lampions, se sont munis d’un grand sac, il ne vous reste qu’à les accompagner
dans les rues, dans les couloirs d’immeubles. Vous craignez l’appréciation de
vos voisins ? Un grand drap, deux trous et qui saura que c’est vous le
fantôme ?
Voilà
une fête qui n’aura pas coûté grand-chose et qui vous aura de plus débarrassé
de quelques chiffons encombrants.
Et
puis vous aurez perpétué les sages coutumes des anciens qui savaient qu’il faut
habiller de lumière les plus longues nuits de l’année.
NOVEMBRE - Semaine 1 –
Jour 2 - CONTE
A la Toussaint si la
belette est blanche,
Emplis deux fois la
remise de branches.
Jack à la lanterne
Il y avait en Irlande autrefois, un sale type nommé
Jack. Il était méchant, brutal, sale, avare, voleur, menteur, ivrogne, fourbe
et s’il vous vient à l’idée d’autres défauts, vous pouvez les ajouter à la
liste : il ne lui en manquait aucun !
Un soir
d’automne, comme il en avait l’habitude, Jack traînait au pub au lieu de rentrer
chez lui. Il avait déjà bu pas mal et n’avait pas l’intention d’en rester là,
seulement il n’avait plus d’argent ou du moins, il n’avait plus l’intention
d’en dépenser. Au fond de la salle, assis dans un coin sombre, un étranger
observait. L’aubergiste n’avait pas plus envie de continuer à servir Jack que
ce dernier d’arrêter de boire. Jack furieux devenait violent et menaçait de
tout casser quand l’inconnu se leva et jeta de la monnaie sur le
comptoir :
-« Allons,
allons, mes amis, ne gâchons pas la soirée pour quelques pièces ! »-
Le ton était
aimable mais la voix grinçante et le personnage qui venait de parler assez
inquiétant ; noir de poil, le teint basané, les yeux étrangement luisants
sous des sourcils épais, son costume de riche étoffe noire et rouge tranchait
sur la pauvreté du lieu. L’aubergiste, qui aurait bien voulu fermer servit bien
à contre cœur, deux verres ; Jack fut le seul à vider le sien. Quand il
eut fini, il en voulut un autre et un autre, et encore un autre ; toujours
l’inconnu payait.
Derrière les
vitres, le jour avait disparu ; il faisait noir dehors.
-« Ne
croyez-vous pas, mon cher Jack, dit l’étranger, qu’il serait temps de rentrer
chez vous ? »-
La voix
pâteuse, Jack réclama encore un verre qui lui fut refusé :
-« Quand
on n’a pas d’argent, mon ami, il faut savoir se modérer. »-
-« Que
le Diable m’emporte, gémit l’ivrogne, pourquoi suis-je si pauvre ? »-
L’étranger
ricana :
-« Il ne
tient qu’à vous… Vous pourriez avoir tout l’argent que vous voulez… Pendant un
an ! »-
-« Un
an ? Tout l’argent que je veux ? Que faut-il faire ? »-
-« Pas
grand’ chose… Simplement signer ce papier… »-
Jack ne
savait pas lire mais il était rusé et pas encore assez saoul pour avoir perdu
la mémoire : un étranger qui propose de l’argent contre une signature… On
lui avait déjà raconté cette histoire ! N’importe, quel que soit cet
étranger, il n’allait pas berner le vieux Jack…
-« Et
avec quoi faut-il signer ? »-
-« Cette
pointe de couteau fera l’affaire. »-
-« Avec
laquelle je prendrai un peu de sang à mon poignet ? »-
-« Tout
juste ! »-
-« Vous
avez dit un an ? »-
-« Allons
Jack, tu m’as reconnu ! Pendant cette année tu auras tout l’argent dont tu
auras besoin ; mais dans un an, jour pour jour… »-
-« Je
devrai vous suivre ? »-
-« C’est
cela même ! »-
Jack s’accorda
une minute de réflexion :
-« D’accord,
dit-il, je signe si vous m’offrez encore un verre. »-
-« C’est
que… je n’ai plus rien sur moi… »-
-« Vous
voulez rire ! Riche comme vous êtes ? Je ne peux pas le
croire ! »-
-« Si
pourtant… » et le Diable retourna ses poches ; il n’imaginait pas
avoir affaire à pareil ivrogne et n’avait pas emporté assez de monnaie.
-« Tant
pis, ricana Jack, si je ne bois pas je ne signe pas ! »-
-« C’est
bon, signe ! »-
Et le Diable
lui fit servir encore un verre. Terrorisé, l’aubergiste ne se demanda même pas
comment il allait être payé ; pendant qu’il verse, Jack se pique le
poignet et fait une croix sur le parchemin. Dans le même temps, le Diable saute
sur le comptoir et se transforme en pièces de monnaie ; plus rapide encore,
Jack les rafle et les fourre dans son sac dont la fermeture est en forme de
croix.
Voilà le
Diable prisonnier qui s’agite et se débat comme lui-même ; le sac saute et
fait des bonds ; Jack rigole et siffle son verre pendant que Satan étouffe
et implore pour qu’on le sorte de là. Le rusé se frotte les mains :
-Je vous
ouvre si vous me donnez un an de plus. »-
Bien obligé,
le Diable consent et, à peine hors du sac, disparaît au grand soulagement de
l’aubergiste qui met Jack à la porte. Après une soirée comme celle là, le
pauvre homme a besoin de repos !
La nuit est
tout à fait tombée, le vent souffle et pour trouver le chemin de sa maison dans
le noir, Jack allume une bougie qu’il place dans une rave creuse qui lui sert
de lanterne.
Bien entendu,
pendant deux années, Jack mène sa vie de mauvais sujet. Un soir d’automne, il se rend au pub comme il
en a l’habitude, mais devant la porte,
le Diable qui ne se soucie pas de lui payer encore un verre, lui barre
le passage :
-« Allons
Jack, c’est l’heure ! »-
-« Déjà,
fait-il l’air résigné, c’est bon ! Allons. »-
Et voilà Jack
et le Diable sur la route qui mène en enfer. Ils passent devant un
pommier ; quelques pommes sont restées, tout en haut de l’arbre. Jack
soupire :
-« J’aimais
tellement les pommes ; ça m’aurait fait plaisir d’en manger une
dernière. »-
-« Si tu
veux », dit le Diable, bon prince.
Et Jack se
met à sauter pour attraper les pommes qui sont trop hautes. Le Diable ne se
plaît pas trop sur terre ; il est pressé de regagner l’enfer, il
s’impatiente :
-« C’est
bientôt fini, cette comédie ? »-
-« Elles
sont trop hautes ; vous voyez bien que je n’y arrive pas ! Vous
feriez mieux de m’aider. »-
Alors le
Diable lévite jusqu’aux plus hautes branches, tend la main vers une pomme…
Pendant ce temps, Jack a sorti son couteau et sur le tronc, il trace une grande
croix.
Le Diable
hurle ; le voilà prisonnier dans les branches du pommier ! Alors
commence une nouvelle négociation et le Diable achète sa liberté au prix de dix
ans de vie supplémentaire pour Jack.
Qui,
incorrigible, recommence à rôder, à mentir, à voler, à boire, à boire
surtout : à boire comme un trou. Il n’était plus tout jeune, Jack, quand
il a rencontré le Diable. La vie déréglée, les excès de boisson l’avaient
usé ; avant que les dix ans soient écoulés, un soir d’hiver qu’il avait
encore trop bu, il tomba dans un fossé. Sa lanterne roula et s’éteignit de
sorte que personne ne le remarqua. Il gela fort cette nuit là et Jack en
mourut.
Sa vilaine
âme monta jusqu’à Saint Pierre qui le renvoya en enfer. Mais une fois là, le
Diable voyant le bonhomme arriver bien avant l’échéance du contrat crut à une
nouvelle ruse et refusa tout net de le laisser entrer. Jack remonta au paradis
plaider sa cause mais Saint Pierre sévère, le renvoya :
-« Mon
pauvre ami, puisque même Satan ne veut pas de toi, tu n’as plus qu’à retourner
sur terre pour y attendre le jugement dernier ; ce jour là, on
reverra ton cas. »-
Tout penaud,
Jack retourne sur terre ; passant devant la porte de l’Enfer, il demande
qu’au moins on lui donne une braise pour rallumer sa lanterne. Le Diable lui
aurait donné n’importe quoi pour le voir s’en aller ; une braise, ce
n’était pas grand’ chose !
Depuis, sa
lanterne à la main, Jack arpente les routes la nuit, entre octobre et novembre,
ne sachant pas où s’arrêter.
Pendant les
grandes famines, quand les Irlandais partirent en masse vers l’Amérique, Jack
avec eux monta sur un bateau. En
débarquant, il perdit sa lanterne qui tomba à la mer. Il erra pendant longtemps
dans les rues sans lumière, puis un jour, il vit sur un marché, de gros fruits
oranges, bien plus beaux que les raves de son pays natal. Il vola une
citrouille, la creusa ; dans une église, il piqua un cierge et c’est avec
cette nouvelle lanterne qu’il est revenu chez nous.
Dans la
dernière nuit d’octobre si quelqu’un frappe à votre porte, s’il porte une
lanterne faite dans une citrouille, n’hésitez pas : donnez- lui des
bonbons ! Sinon, il pourrait bien vous jeter un sort…
NOVEMBRE
– Semaine 1- Jour 3- PAR ICI LA BONNE SOUPE
Le jour des Morts ne remue pas la terre,
Si tu ne veux sortir les ossements de tes pères.
LA SOUPE AU POTIRON-
Vous
avez évidé citrouilles et potirons ; j’espère bien que vous n’avez pas
jeté la pulpe ! Sinon, vous ne goûterez pas cette réconfortante soupe d’automne.
Cette
pulpe coupée en morceau, jetez-la dans un bouillon frémissant ; ajoutez
des châtaignes, un oignon que vous aurez piqué de trois ou quatre clous de
girofle, un sérieux morceau de gingembre émincé, une gousse d’ail – il en faut
pendant les nuits de novembre où les vampires circulent- ne ménagez pas cannelle et muscade. Un peu de
fleur de sel sera bienvenu ; le poivre n’est pas utile, puisque le
gingembre assure le piquant.
Laissez
frémir ; quand le parfum a envahi toute la maison, c’est cuit. On général,
on sait que c’est cuit quand ça sent bon et ceci est valable pour à peu près
toutes les recettes.
Et
puisque c’est cuit, vous moulinez le tout en ajoutant deux bonnes cuillers de
crème fraîche ou deux petits suisses.
Avec
un peu d’adresse, vous aurez transformé une citrouille en soupière. Il ne reste
plus qu’à tendre vos bols (avez-vous remarqué comme la soupe est meilleure dans
un bol ?), vous armer d’une cuiller et vous installer confortablement pour
écouter la très étrange histoire de Jack à la lanterne.
NOVEMBRE 6 Semaine 1 – Jour 4 MOTS D’AUTEURS
A la Saint-Hubert,
Les oies sauvages fuient
l’hiver.
C’est une absolue
perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être.
MONTAIGNE
NOVEMBRE - Semaine 1- Jour 5 – LE
PANIER DE LA GLANEUSE
Renard
qui dort la matinée
N’a
jamais la langue emplumée
Pour des nèfles ou pour des prunes ?
Maigre salaire alors, que la glane de novembre ? Vaut-elle le
temps qu’on passe à la ramasser ?
Le néflier est un sauvage qui ne se laisse ni tailler ni traiter (même
si la nèfle est parfois qualifiée de « cul de singe »). Il était
pourtant commun autrefois, livré à son élégante anarchie dans les jardins
des maisons coloniales d’Algérie.
Ses fruits ne sont ni sucrés ni parfumés sont plutôt âcres sauf quand
ils sont devenus mous. Aussi Glaneuse,
ne les ramasse que les premières gelées passées ; tu les laisseras alors blettir
en silo. Creuse dans la terre un trou que tu tapisseras de feuilles
sèches ; tu y déposeras les nèfles pendant quinze jours au bout desquels
elles devraient fondre sous la langue. Ce
n’est donc pas de ces fruits qu’on croque sur l’arbre, comme la cerise, ou
l’abricot mais comme eux, la nèfle est
excellente en confiture ; tu en feras des compotes raffinées ou un ratafia
original.
Quant à la prunelle, certes « pour des prunes » ne vaut pas
grand-chose, mais on tient à la « prunelle de ses yeux ».
Comme les nèfles, tu cueilleras les petites boules noires du prunellier
après les premières gelées de novembre.
Elles sont âpres et astringentes, mais
aussi toniques. Tu les mangeras cuites,
en liqueur, en sirop, en marmelade.
Pour la liqueur, procure-toi : un litre d’eau de vie, que tu verseras
sur 250gr de prunelles séchées, dénoyautées et broyées. Laisse-les macérer un
mois et demi. Puis, remue, passe. Fais un sirop avec 750gr de sucre et un peu
d’eau. Ajoute le sirop à la macération ; met en bouteilles et attend un
mois avant de goûter.
Randonneurs à pied ou à cheval, si vous avez une petite soif et que
vous êtes loin d’un point d’eau, cherchez des prunelles et sucez-les ;
surtout ne croquez pas ! au bout d’un moment, le peau se fendra et vous
serez désaltérés par la chair tiède et délivrée d’acidité.
Il est aussi un dénommé
Prunelle que les lecteurs de Spirou connaissent bien ; avec sa pipe et sa
barbe en collier il est le supérieur hiérarchique et le mentor souvent au bord
de la déprime de l’ingérable Gaston Lagaffe.
NOVEMBRE -Semaine 1- Jour 6 LA MUSE
S’AMUSE
Le froid sévit les trois
quarts de l’année
Si le vent souffle à la
Toussaint sonnée
Chanson de Barberine
Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire
Si loin d'ici?
Voyez-vous pas que la nuit est profonde
Et que le monde
N'est que souci?
Vous qui croyez qu'une amour délaissée
De la pensée
S'enfuit ainsi,
Hélas! hélas! chercheurs de renommée,
Votre fumée
S'envole aussi.
Beau chevalier qui partez pour la guerre,
Qu'allez-vous faire
Si loin de nous?
J'en vais pleurer, moi qui me laissais
dire
Que mon sourire
Etait si doux.
MUSSET
NOVEMBRE- Semaine 1
– Jour 7 - Y’A un TRUC
Quand novembre est venu
C’est mauvais mois pour
les brebis tondues
S’il est un moment sympathique le matin à la
campagne, c’est bien celui du « p’tit café » qu’on offre au visiteur
inattendu… sur la belle table qui embaume la cire dont vous venez de la nourrir
et sur laquelle, oh, désastre ! le
« p’tit café » va laisser quelques souvenirs.
Pas de panique : passez sur les taches de
l’eau oxygénée à 12 volumes coupée d’eau du robinet ; puis frottez au papier
de verre 00 dans le sens du bois. Laissez sécher et rincez…
Pensez à offrir le prochain « p’tit
café », sur un plateau facile à laver…
PP
NOVEMBRE - Semaine 2- Jour 1 – US ET COUTUMES
Si
l’hiver va droit son chemin,
Vous
l’aurez à la Saint-Martin
L’Eté Indien
A la 11° heure du 11° jour du 11° mois de 1918 ; après 1562 jours de
guerre, l’Allemagne capitule en forêt de Compiègne, au carrefour de Rethondes.
François Cavanna
dans son almanach de 1985 nous apprend que la veille, « à 22h 45,
Kaiser Guillaume II comprit soudain toute l’atrocité de la guerre après s’être
assis par inadvertance sur la chaise où il avait posé son casque à
pointe…. ».
Les combats cessent,
mais la paix ne sera signée qu’en juin 1919 à Versailles.
Un imprimeur de
Rennes, François Simon, avait dès 1916 avancé l’idée du « Soldat
Inconnu ». Le 11 novembre 1920, Auguste Thoin, orphelin de guerre et
survivant su 234° RI est choisi pour désigner le corps d’un soldat non
identifié qui sera inhumé solennellement sous l’Arc de Triomphe de la place de
l’Etoile à Paris. Trois ans plus tard, le ministre de la Guerre, ex sergent
Maginot, y fait jaillir la flamme qui perpétuera le souvenir d’un million et
demi de poilus morts pour la France, soit 20% de la population active
masculine.
Pour que fanfares,
porteurs de gerbes et de drapeaux, sans oublier les lecteurs de discours et
ceux qui les écoutent, n’aillent pas prendre froid et rejoindre prématurément
nos glorieux disparus, le temps est généralement clément à cette époque ;
c’est « l’été de la Saint-Martin ».
C’est parce qu’un
jour d’automne, Martin qui n’était encore que soldat Romain, a donné la moitié
de son manteau à un homme nu, que le Christ (c’était lui, vous l’avez
reconnu !) fit sortir le soleil de la brume afin que le généreux Martin ne
s’enrhume pas.
Depuis, chaque
année, un retour de soleil et de douceur avant la mi-novembre, est dédié au
futur évêque de Tours.
On dit aussi de ces
quelques jours de soleil qu’ils sont « l’été Indien », parce qu’à
l’automne 1625, dans le Massachussetts, deux indiens accusés d’avoir violé une
jeune fille, furent massacrés par les colons. La tribu vengea ses deux
guerriers selon la coutume indienne qui
veut que pour honorer la vaillance de son ennemi, on le fasse mourir le plus
lentement possible, dans des souffrances à la mesure de son courage.
Quand le carnage fut
découvert, le sol et les arbres étaient de la même couleur écarlate tant le
sang des victimes semblait avoir éclaboussé jusqu’aux plus hautes branches.
Depuis, dans le nord
de l’Amérique, on nomme « été
indien » la période où les forêts d’érables prennent la couleur du sang.
NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 2- CONTE
S’il pleut au jour des
Saintes Reliques
Et vente à décorner les
biques
Souvent le grand
Saint-Martin
Pour trois jours sèche
le chemin.
La Légende du Chrysanthème
Il y avait au Japon, un jardinier amoureux.
Sa belle était coquette, elle avait de nombreux soupirants et il redoutait
de la perdre. Souvent dans le jardin,
tout en soignant ses fleurs, il interrogeait le ciel :
« Combien
de temps ma bien-aimée me sera-t-elle fidèle ? pourrai-je la garder
toujours ? »
Bien sur, le ciel ne lui répondait pas et quand il
voyait sa fiancée si belle souriant à tous ceux qui la courtisaient son pauvre
coeur était malade. Comment lui, modeste homme de la terre pouvait-il espérer
garder pour lui seul cette fleur ravissante dont la vue charmait les princes.
La jeune fille entourée de ses admirateurs ne
semblait pourtant voir que lui ; pour lui ses yeux étaient plus doux, son
sourire plus tendre, pour lui elle chantait ses plus belles chansons.
« Oui, mais pour combien de temps se demandait
le jardinier ? Elle est si belle, je suis si pauvre, si modeste. Un jour
c’est certain, un de ces princes va me la prendre. »
Pour
l’instant la belle lui gardait sa préférence.
« Combien de temps ? Combien de
temps ? demandait-il aux fleurs. Combien de temps », demandait-il aux
arbres ?
« Combien de temps, Rosée du matin ?
Combien de temps, Ombres du soir ? »
Ni l’herbe ni les fleurs, ni les arbres, ni les escargots,
ni les coccinelles, ni les vers de terre, ni les légumes, ni les
hérissons, jamais aucun des hôtes du
jardin ne lui répondait.
Un jour qu’avec angoisse il interrogeait des
marguerites, une larme tomba sur une des fleurs et un génie sortit d’une corolle,
tout habillé de jaune avec un large col blanc.
« Pourquoi ces larmes gentil jardinier ?
Qui d’entre nous t’a fait du chagrin ? »
« Personne, jamais personne dans ce jardin ne
m’a fait de peine ; c’est vous au contraire qui me consolez ; »
« Pourquoi, gentil jardinier, as-tu besoin
d’être consolé ? »
« C’est ma fiancée, Génie des
Marguerites ; elle est si belle et moi je suis si pauvre ! Un pauvre
petit rien du tout et je voudrais tant qu’elle m’aime toujours ! »
« Toujours, je ne sais pas, dit le génie en
montrant une fleur. Mais je te promets
l’amour de ta fiancée pour autant d’années que cette corolle a de
pétales. »
Le jardinier cueillit la fleur, compta les pétales,
hocha la tête. Alors il prit à son revers une longue épingle et effilocha la
corolle. Elle eut bientôt tant de
pétales qu’il devint impossible de les
compter.
NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 3 LE JARDIN EXTRAORDINAIRE
A la Saint-Mathurin
Sème ton lin
LE CHRYSANTHEME

Hé oui, comme vient de vous le
dire le conte, le chrysanthème n’est autre que la marguerite que l’on effeuille
pour savoir si on est aimé : un peu… beaucoup… passionnément.
Voilà une fleur hélas plus
souvent associée à la décoration des tombes qu’aux émois amoureux.
Dès la fin d’octobre on voit partout les
grosses boules aux tons d’automne qui fleuriront les cimetières et l’on
n’imagine pas d’autre forme au chrysanthème. C’est mal connaître l’infinie
variété de ses formes et de ses couleurs.
La famille du chrysanthème
(asteracées/composées) comprend à l’origine au moins 20 espèces annuelles et
autant de vivaces. Les annuelles
viennent du bassin méditerranéen où elles poussent en sol sec ; les
vivaces sont originaires des régions arctiques, du nord et du centre de la
Russie, de Chine et du Japon où il est une fleur sacrée. Etre décoré de l’Ordre
du Chrysanthème représente un grand honneur pour un japonais.
Les horticulteurs en ont
désormais crée tant de variétés qu’on les identifie par un système basé sur la
floraison ; on peut même en faire des bonsaïs.
.Le Chrysanthème n’est pas
difficile : une bonne terre de jardin, quelques arrosages et vous serez
fleuri jusqu’aux premières gelées. N’hésitez pas à pincer les jeunes pousses
pour les rendre touffues et obtenir de grosses boules ; ou alors placez
les pots en hauteur et laissez-les cascader.
Rentrer les chrysanthèmes en pot
quand ils sont défleuris ; ils passeront l’hiver à l’abri du gel et vous
pourrez les bouturer et les repiquer en pleine terre au printemps prochain.
NOVEMBRE - SEMAINE 2 – Jour 4 QUELLE
HISTOIRE
En Novembre s’il a tonné
L’hiver est avalé
LE 18 BRUMAIRE
Il n’a pas encore trente
ans ; auréolé de la gloire de ses victoires d’Italie, nimbé de l’aventure
Egyptienne, moins glorieuse mais qui néanmoins fait rêver la France et cocu
autant qu’on peut l’être, le général Bonaparte, fait route de Fréjus à Paris
sous les acclamations de la foule.
Dix ans déjà ! Dix ans que
les privilèges ont été abolis. Les Français sont libres et républicains mais ces dix années ont été aussi un
temps de désorganisations, de troubles, d’incertitudes politiques. La Terreur
et ses exactions sanglantes n’ont pas
quitté les mémoires. Les Français en ont assez, ils sont fatigués et ne font
plus confiance au Directoire qui les gouverne. Trop de riches trop riches
côtoient trop de misère. Les guerres extérieures pèsent lourdement sur les
finances nationales et en corollaire sur celles des français. Pourtant c’est le
plus guerrier de tous qui enthousiasme la nation : ce général Bonaparte,
dont les campagnes coûtent au peuple tant d’impôts. Fort de cette popularité,
il veut aller plus loin, plus haut.
C’est par le coup d’Etat des 18
et 19 brumaire an VIII (9/10 novembre 1799)qu’il va s’emparer du pouvoir.
La situation politique le
favorise ; des Néo-Jacobins votent des lois qui remettent en vigueur
certaines mesures révolutionnaires prises en 1793 ; les modérés, les catholiques, les hommes d’affaires
s’inquiètent. La Constitution de l’an III ne leur convient plus mais selon la loi, il faudrait
attendre neuf ans pour la modifier. Deux Directeurs révisionnistes, Sieyès
et Roger Ducos, sont incités à fomenter
un coup d’état . Ainsi, le Directoire renversé, on pourra transformer la
Constitution et établir un pouvoir fort qui éliminera les Néo-Jacobins. Mais un
coup d’état ne se fait pas sans l’armée. Il faut un général pour conduire la
manœuvre. Les généraux ne manquent pas, mais lequel acceptera de tirer les
marrons du feu pour les futurs dirigeants ?
Bonaparte en qui l’on voit l’homme capable de rétablir la paix hors des
frontières et l’ordre dans la nation est à ce moment sollicité par tous les
partis. Ce jeune chat maigre et ambitieux est
aussi habile tacticien en politique que sur un champ de bataille. Il
pardonne à la coupable Joséphine qui dans son salon de la rue Chantereine à l’art
de recevoir et beaucoup de relations. Ainsi c’est sous couvert de mondanités
que se prépare le complot. Bonaparte écoute, observe, ne prend tout d’abord
aucun parti. Puis il finit par se lier
avec Sieyès qui ne voit en lui que l’instrument dont il a besoin pour
contraindre les Directeurs à démissionner.
Une fois le pouvoir vacant, c’est à lui Sieyès entouré de Roger Ducos et
de Bonaparte, qu’il sera confié. La complicité d’un des Directeurs, Barras,
sera achetée ; le Conseil des Cinq-cents n’est pas sûr mais Lucien Bonaparte, le frère du général en est
le président ; Talleyrand, ministre des Affaires Etrangères, et Fouché,
ministre de la Police, font aussi partie du complot. Des financiers qu’un impôt sur la richesse
a irrités financent l’opération.
Tout commence bien !
Le 18 Brumaire au matin, le
Conseil des Anciens majoritairement acquis aux conjurés, décide qu’en raison de menées anarchistes et
par mesure de sécurité, le Corps Législatif ira provisoirement siéger à Saint
Cloud, sous la protection de Bonaparte nommé commandant en chef des troupes de
Paris. Sieyès, Roger Ducos et Barras démissionnent ; Gohier et Moulin, les
deux autres directeurs sont mis sous bonne garde : il n’y a plus de
pouvoir exécutif.
Le lendemain 19 Brumaire, ça se
gâte !
Bonaparte, au Conseil des
Cinq-Cents est accueilli aux cris de : « Hors la loi ! A
bas le dictateur ! » On tente de le frapper ; bousculé, il perd
contenance, tente un discours mais ne trouve plus ses mots. C’est qu’il risque
sa tête ! Lui et lui seul ! Le vote qui va le mettre hors la loi, est
celui-là même qui a perdu Robespierre. Son frère Lucien heureusement, garde son
sang froid ; il abandonne la présidence ce qui retarde le vote et sort
haranguer les soldats de la garde du Corps Législatif. Ce sont de vieux
républicains qui ne savent pas encore à qui ils doivent fidélité ; mais
quand Lucien leur assure que les opposants sont des traîtres à la solde de
l’Angleterre, qu’ils ont tenté de poignarder leur général, leurs doutes sont
levés. Murat prend le commandement au cri de « Grenadiers, en
avant ! ». Au rythme des tambours, la troupe s’avance baïonnette au
canon, envahit l’Orangerie et disperse
les députés qui, toges romaines relevées, sans plus de dignité s’enfuient peu
glorieusement par les fenêtres.
Le soir même, le Directoire est
dissous et le pouvoir exécutif confié à trois Consuls : Sieyès, Roger
Ducos et Bonaparte.
Bonaparte qui a certes tiré les
marrons du feu mais compte bien les garder pour lui car, rejetant la plupart des projets de Sieyès, il
dicte lui-même la Constitution de l’an VIII qui reste, en apparence,
républicaine : suffrage universel
pour des listes de notables et
partage du pouvoir entre les Consuls et les trois assemblées
(Tribunat, Corps législatif et Sénat).
Bientôt Bonaparte écarte
Sieyès ; il est Premier Consul et c’est lui qui choisit les deux
autres : Cambacéres, un régicide et Lebrun, royaliste, montrant par ce
nouveau mode de gouvernement inspiré de la Rome Antique, qu’il entend réconcilier la Révolution et
l’Ancien Régime
Cependant, si on y regarde bien,
on peut voir là, l’émergence de la
dictature du Premier Consul, à qui revient l’initiative des lois, la nomination
aux postes de la République et la direction de la diplomatie.
Au soir du 19 Brumaire, personne ne le sait
encore, la Révolution Française a pris fin et la France a trouvé un
maître : le Général Bonaparte . Il a 29 ans !
NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 5 – LE
BESTIAIRE ENCHANTE
En novembre,
Fou engendre,
En août gît sa femme.
LA LICORNE
Ambroise Paré, médecin et
Athanase Kircher jésuite, ont l’un et l’autre affirmé que les licornes
n’existaient pas, pour la simple raison qu’ils n’en ont jamais vu.
C’est qu’il est très difficile,
voire même impossible, d’apercevoir une licorne, animal farouche entre tous qui
ne se laisse approcher que par des vierges au cœur pur.
C’est pourquoi la jeune Alice,
mais elle n’était pas alors de ce côté-ci du miroir, a pu en approcher une. Mais, me direz-vous, Alice n’existe
pas non plus ! Qui donc existe, et qui n’existe pas ???
« Voyez-vous, j’ai
toujours cru que la Licorne était un monstre fabuleux, et je n’en avais encore
jamais rencontré de vivante.
-Eh bien ! maintenant que
nous nous sommes vues l’une
l’autre, dit la Licorne, vous croirez en moi, et je croirai en vous. D’accord ?
-Oui, si vous voulez, dit
Alice… » (Lewis Caroll.)
Aussi, si votre corps est vierge et votre âme innocente et le second
point me semble de beaucoup le plus important, allez tout au fond des forêts où
la Licorne, éprise de liberté –elle peut mourir si on l’en prive- où la Licorne
donc, a trouvé refuge.
Là, dans une clairière, assise sur un tronc moussu, attendez en
silence… attendez la Licorne.
Vous la verrez gracieuse, aux yeux de biche, de la taille d’un poney à
la robe immaculée ; elle porte barbiche soyeuse et bouclée et au milieu du
front une longue corne torsadée.
Ne bougez, pas surtout… ne dites rien… d’abord prudente, bientôt
joyeuse et bondissante, elle se couchera à vos pieds, posera sa tête sur vos
genoux et se laissera caresser. Dans cet élan de tendresse et de confiance, il
peut lui arriver de s’assoupir et c’est à vous alors de rester vigilante :
c’est le moment que choisissent les chasseurs pour prendre et tuer la Licorne
sans défense. Car le gracieux animal est chassé pour les nombreuses vertus de
sa corne aux pouvoirs magiques, dont on dit qu’elle révèle le poison, rend
limpide les eaux souillées des ruisseaux et des mares, qu’elle rend sobre
l’ivrogne, et sage le fou ou que réduite en poudre elle est aphrodisiaque.
Cruauté bien inutile puisque tout comme la ramure des cerfs, la corne tombe et
repousse et qu’il peut arriver d’en trouver une cachée sous les feuilles
mortes.
Veillez donc sur la Licorne endormie, et réveillez là quand vous
apercevrez le chasseur. Vous pourrez voir alors le doux animal se changer en
fauve, vous verrez fumer ses naseaux et ses yeux lancer des éclairs. La Licorne
est combative et peut se montrer sauvage ; de sa corne acérée, elle peut
embrocher le chasseur ou même la jeune fille aux laides pensées qui l’aura attirée
dans ce piège ;
Certains chasseurs, pour prendre la Licorne, se placent devant un
arbre, se laissent charger, pensant esquiver à le dernière seconde d’un pas de
côté. La corne alors, fichée dans le tronc, la bête serait à leur merci. La
méthode est risquée, car la Licorne est habile et le plus souvent, Dieu merci
c’est le chasseur qui est embroché et livré à la fureur de son gibier.
Il existe sans doute encore bien des Licornes au fond des forêts.
N’allez pas les chercher…
Par un beau jour d’été, allongez-vous dans une clairière, écoutez les
oiseaux chanter, regardez voler les nuages, laissez danser les feuilles au vent
léger et il se peut, si votre cœur est pur, que dans un rayon de soleil, une
Licorne vienne à vous et se laisse caresser.
N’essayez pas de l’attraper, ne tentez pas de l’apprivoiser…
souvenez-vous… elle meurt si on la prive de liberté
NOVEMBRE - Semaine 2 – Jour 6 – LIRE et Relire
A Sainte-Philomène,
Misère dans les garennes.
LES MILLE ET UNE NUITS
Le sultan Shahriar, intransigeant
sur le chapitre de la fidélité – celle de ses épouses ; la sienne, c’est
une autre histoire - avait imaginé pour leur éviter tout risque de tentation de
les faire mettre à mort au lendemain de la première nuit de noces.
De cette manière, il vint un jour
à bout de toute femme épousable dans son royaume. Il ne restait que les deux
filles d’un de ses ministres : Shéhérazade et sa sœur, Dinarzade. Leur
père épouvanté, imagina de leur faire prendre la fuite, mais Shéhérazade
refusa. Il était temps dit-elle de faire cesser un massacre qui finirait par
priver d’enfants le royaume. Elle se sentait capable de se faire aimer du
sultan et de le captiver assez pour lui faire oublier sa haine des femmes.
Au soir de ses noces, après avoir
imaginons-le, fait en sorte de procurer à son époux une bienheureuse lassitude,
alors qu’il était dans un demi-sommeil, elle commença une histoire ; un
conte, si merveilleux, si captivant et si long aussi, que l’aube venue,
Shahriar qui voulait en connaître la fin, fit reporter au lendemain le supplice
prévu.
La nuit suivante, le conte était
achevé bien avant l’aube et Shéhérazade en commença un autre et ainsi de suite
pendant mille et une nuits, à l’issue desquelles le sultan amoureux renonça à
faire exécuter la belle et habile conteuse.
Et nous devrions tous, conteurs
et conteuses, conter à la manière de Shéhérazade, conter comme si notre vie en
dépendait et pas seulement la nôtre. Car la sultane, certes devait sauver sa
tête, mais celle aussi de Dinarzade sa sœur , celle de toutes les femmes et
sauver aussi le royaume menacé de ruine par la dangereuse lubie de son
souverain. Oui, c’est ainsi qu’il faut conter ; dans cette urgence, au
bord de ce péril dont seul le conte peut nous tirer et nous hériterons alors du
talent de Shéhérazade la plus grande conteuse de tous les temps.
Oh, mais… me direz-vous,
Shéhérazade n’a pas existé, Shéhérazade est elle-même un personnage de conte.
Qu’en savez-vous ? Qu’en
savons-nous.
Quand au début du XVIII° siècle ,
Antoine Galland rapporte d’Orient les Contes de Mille et une Nuits, il ne le
dit pas, mais ces contes merveilleux, ne les tient-il pas de la sultane
elle-même, une sultane cachée par le
moucharabieh et dont il n’a entendu que la voix mélodieuse.
Il ne le dit pas… aussi , nous
pouvons l’imaginer….
NOVEMBRE – Semaine 2 – Jour 7 – ON CONNAIT LA
CHANSON
Saint-Léopold voit
La première neige du
mois.
COMPLAINTE DU PETIT
CHEVAL
Le p’tit ch’val dans le mauvais temps
Qu’il avait donc du courage
C’était un petit cheval blanc
Tous derrière, tous derrière,
C’était un petit cheval blanc
Tous derrière et lui devant.
Il n’y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage !
Il n’y avait jamais de printemps
Ni derrière, ni derrière,
Il n’y avait jamais de printemps
Ni derrière ni devant !
Mais toujours il était content
Menant les gars du village
A travers la pluie noire des champs
Tous derrière…
Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage
C’est alors qu’il était content
Tous derrière…
Mais un jour dans le mauvais temps
Un jour qu’il était si sage
Il est mort par un éclair blanc
Tous derrière…
Il est mort sans voir le beau temps
Qu’il avait donc du courage
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière…
NOVEMBRE – Semaine 3- Jour 1- US ET COUTUMES
En Novembre il faut
semer
Quand le décours est
arrivé.
Le Percheron
l vient du fond des âges, il se
nomme Balius et c’est un cheval en or. On l’a vu mais en est-on bien sur, avec
Charles Martel, galoper sus au Sarrazin à
la bataille de Poitiers. Costaud il porta, destrier à la guerre, palefroi
à la parade, les chevaliers et leurs armures. Endurant, il les mena, croisés,
jusqu’à Jérusalem ; il fut séduit là par les fines juments orientales.
De Terre
Sainte, le comte Rotrou et Balius
revinrent, ramenant avec eux les étalons
qui engendrèrent les beaux chevaux de Mondoubleau. Roger de Belesme
ensuite, introduisit la race Arabe dans ses écuries. En 1226, la famille de
Rotrou éteinte, le Perche revint à la couronne de France. Habitants et chevaux
connaissent un siècle de paix.
Mais en 1337 débute
la Guerre de Cent Ans ; le Perche devient enjeu stratégique que se
disputent France et Angleterre. En 1424, la désastreuse bataille de Verneuil
est fatale à la noblesse française et à ses chevaux. Le Perche passe à
l’Angleterre ; pas pour longtemps.
L’Anglais
enfui, la paix revenue, Balius lentement assurera sa descendance, obscure, dans
les manoirs du Perche. La Fronde le renverra au combat.
Et puis Balius
définitivement cheval agricole, remplacera très progressivement le bœuf pour
les travaux des champs. Sa race connaîtra des fortunes diverses jusqu’aux
guerres Napoléoniennes. L’Empereur y engloutira autant de chevaux que d’hommes
et Balius tirera ses canons jusqu’à Moscou.
Fin de
l’épopée ! On sait combien le cheval percheron est fort, endurant ;
il « trotte vite et tire lourd ». Tout naturellement la Poste, aux
voitures pesantes, mais dont le service doit être rapide, à recours à lui.
Parallèlement l’agriculture se développe ; trop demandée, la race se
fragilise.
La création de
comices agricoles et l’invention de la prairie artificielle vont y remédier,
assurant une meilleure nourriture et une sélection plus rigoureuse .
En 1820, au
château de Couesme arrivent les célèbres étalons arabes Godolphin et Gallipoly.
De leurs œuvres naîtra en 1824 à Mauves sur Huisnes, Jean le Blanc, considéré
comme le fondateur de la race actuelle.
En 1850, la
compagnie des omnibus de Paris encourage le développement du type
« postier ». Le type « Gros trait » pour sa part, sera seul
capable de tirer dans le sable et la boue les lourds chariots de la Conquête de
l’Ouest Américain. Success et French Emperor seront les deux premiers étalons à
suivre Mark W. Durham dans l’Illinois.
Grâce aux
omnibus et aux Américains, le dix-neuvième siècle sera l’âge d’or du cheval
percheron. Hélas, la race encore une fois victime de son succès, va s’altérer.
C’est le 23
juin 1883 que Louis Périot fonde la Société Hippique Percheronne de France.
Charles Aveline de son côté, ouvre le Stud-Book Percheron. La race est enfin
fixée !
14-18 :
le grand massacre ! L’armée a besoin de chevaux et les exportations sont
suspendues ; elle ne reprendront qu’en 1922. Jusqu’à la guerre suivante,
la dernière au moins pour les chevaux, la vente et l’élevage se maintiennent.
Mais après la Libération, l’agriculture se mécanise en France comme à
l’étranger. L’élevage décline et notre bon Balius survit, c’est paradoxal et
bien triste, comme cheval de boucherie. Le modèle alors n’a plus aucune
importance ; seule la viande compte et l’on voit des percherons peser plus
d’une tonne sur la bascule. Obésité qui provoque encore actuellement des
problèmes lors du poulinage.
En 1980, le
marché de la viande s’effondre et pour sauver la race, les Haras Nationaux et
la SHPF, mettent en 1983 le percheron à l’attelage de loisir et de sport. Les
éleveurs sont sceptiques ; leurs chevaux engraissés au pré, ne sont plus
ni dressés ni ferrés. Trop lourds, trop gras, ils manquent d’allure ; dans
les concours ils se traînent, la tête entre les genoux. Que va devenir Balius ?
Dans le Perche, une dizaine seulement d’exploitations agricoles utilisent
encore l’attelage. Mais nous avons pu voir au cours des siècles l
’extraordinaire faculté d’adaptation de notre cheval d’or.
Il perd deux à
trois cent kilos et arrive à convaincre ses éleveurs que l’attelage est
l’avenir du cheval percheron. Il faut une nouvelle fois adapter le modèle aux
besoins et en 1992, Success et French Emperor me voici, débarque des
Etats-Unis, Silver Shadow-Cheik . Plus grand, plus léger, aux allures
enlevées, au port de tête fier, l’étalon américain va contribuer à faire
retrouver le Percheron du début du siècle.
Après avoir
séduit les Japonais, notre Balius mènera en France une campagne de charme. Le
Percheron est un cheval calme, à sang-froid ; il est docile, facile à dresser ;
quelques semaines suffisent pour lui apprendre à tirer en toute sécurité une
carriole sur les routes de campagne. Avec un peu plus de temps, il sera capable
de faire face à toutes les situations ;
Outre les
concours d’attelage, il anime les fêtes locales, les démonstrations de travail
à l’ancienne, et il figure souvent dans les mariages. A Chartres, Alençon,
Bellême, Nogent le Rotrou, c’est lui qui tire la voiture de la visite guidée de
la ville. De la même façon, on peut en sa compagnie découvrir les environs de
Haras du Pin.
Mieux, à
l’exemple de l’Allemagne, Saint Pierre sur Dives dans le Calvados emploie
Uranie, 10 ans : quatre matinées par semaine, elle contribue à la propreté
de la ville en aidant au ramassage des divers papiers et sacs en plastique
égarés dans les rues. Amie des enfants et du Père Noël, elle participe aux
fêtes de fin d’année. Uranie coûte à la municipalité moins de dix mille francs
par an.
Autre utilité
du Percheron : le débardage en forêt. Activité disparue dans les années
50, elle revient en 1996. Les avantages du cheval par rapport au tracteur dont
les roues creusent de profondes ornières et déstabilisent les jeunes plants,
sont de un à dix ; car le cheval laisse le sol intact et cause peu de dommages à la forêt.
Malgré un léger surcoût temporaire, mais assurant une rentabilité à long terme,
l’attelage reste une solution pour la sauvegarde de notre environnement.
NOVEMBRE – Semaine 3 – Jour 2 – CONTE
Entre la Toussaint et
Noël
Ne peut trop pleuvoir ni
venter.
-PEGASE-
« Quand il fut au pays
où le Xanthe a son cours,
Le roi lui enjoignit de tuer la Chimère.
….
Puis la cité natale réclama son concours,
Car Pégase s’abreuvait à la source Pirène.
Bellérophon le prit, le brida, le dompta.
PINDARE
Cela paraît tout simple ! Un cheval boit, le cavalier s’approche,
lui passe la bride… Pourtant il fallait un cavalier de la trempe de Bellérophon
pour dompter Pégase, le cheval ailé, le cheval divin dont le vol nous dit-on
est semblable à celui de l’âme immortelle… Mais, commençons par le
commencement.
Quand un roi vous invite à dîner, que faut-il apporter en cadeau ?
Le héros Persée sen alla, lui, couper la tête de Méduse.
Du corps sans vie de la Gorgone,
laissé sur le lieu du combat, jaillit un flot de sang. Une écume blanche s’y formait qui semblait vouloir vivre ;
elle se contorsionnait, se soulevait en vagues, en courbes qui peu à peu
prenaient forme d’encolure, de croupe, de crins et de crinières et vous auriez
vu, peu à peu se lever, se former, vigoureux, gracieux, un jeune animal joyeux,
prêt à bondir et s’envoler car c’était un cheval et il avait des ailes. Du sang
de Méduse, fécondée par Poséidon, Pégase, le cheval ailé vient de naître.
Infatigable à la course, il passe dans l’air comme une rafale de vent.
Il prit son vol jusqu’à l’Olympe et galopa joyeux de l’Hélicon
au Parnasse ; sous ses sabots jaillirent des sources et quand il déployait
ses ailes et montait dans les airs le bruit de son galop ressemblait au
tonnerre. Après avoir tout le jour caracolé sur terre et dans les cieux, Pégase
alla dormir dans sa belle écurie de Corinthe. Non loin se trouvait la fontaine
Pirène , à l’onde intarissable.. . Pégase y pouvait boire à longs traits. Dans
le même temps, Bellérophon gravissait la montagne qui domine Corinthe .
C’était jeune homme beau, brave,
loyal, intelligent, et pudique à l’extrême. Pour être tout à fait chevalier, Il
lui manquait un cheval. Près de la source il vit Pégase, et n’imagina
pas avoir d’autre monture. Il tend la main vers lui, mais Pégase
indompté , en coursier ombrageux, couche les deux oreilles, montre sa
croupe à l’homme, botte des deux sabots, avant de s’envoler.
Bellérophon déçu, et ne sachant comment apprivoiser Pégase s’en va
voir Polyidès un célèbre devin qui
lui conseille d’aller au le temple
d’Athéna implorer la déesse. Fatigué, le jeune homme s’endormit au milieu des
prières. C’est alors qu’Athéna lui apparut en songe, tenant en main un
« frein », un mors magique auquel le cheval divin ne pourrait
résister.
Et merveille, en ouvrant les yeux,
le chevalier vit le mors près de lui et c’est désormais monté sur le cheval
Pégase, qu’il va pouvoir courir d’étranges aventures. La plus terrible fut
d’affronter la Chimère, un être
terrifiant : lion devant, dragon derrière, au milieu chèvre. De son mufle
infernal s’échappe un souffle effroyable,
un feu dont l’ardeur consume tout
et qu’on ne peut éteindre. Son haleine insoutenable tue le bétail à distance et
dessèche les moissons.
C’est une créature immense,
puissante, au pied rapide. Elle est dotée des trois têtes qui correspondent aux
trois parties de son corps et conjugue à
elle seule la force des trois animaux dont elle est faite.
Ella possède le courage du lion,
la malice et l’agilité de la chèvre, la force et la cruauté du dragon.
Aucune flèche ne peut pénétrer
les écailles qui couvrent son corps.
Seul le cheval volant pouvait permettre à Bellérophon de triompher du
monstre.
Pégase enfin dompté, le chevalier
le monte et l’équipage s’envole bien au-dessus de la bête qui crache en vain
ses flammes. Armé d’un arc, il tourne , tourne et crible de flèches le corps
indestructible. Bientôt il n’a plus que sa lance et un morceau de plomb qu’il
fiche à son extrémité. Il vise la gueule béante et d’un jet adroit l’envoie
dans les flammes.
L’haleine incandescente fit
fondre le plomb qui coula dans le
gosier du monstre et lui brûla les tripes.
Cette belle victoire n’était que
le prélude à bien d’autres aventures dont toujours Pégase et son chevalier
sortirent victorieux.
Plus tard grisé par ses succès,
Bellérophon s’imagina pouvoir atteindre l’Olympe en chevauchant Pégase et
s’attira la colère des dieux. désarçonné
par sa monture qu’un taon envoyé par Zeus avait piqué tomba du ciel sur terre
où il périt fracassé.
Pégase alors prit un repos bien
mérité dans les écuries de Zeus, n’ayant plus d’autre travail que d’apporter au
dieu , quand il en a besoin, la foudre et le tonnerre.
On peut le voir encore au
ciel, sous forme de constellation, et
l’entendre galoper chaque fois qu’il y a de l’orage.
NOVEMBRE – Semaine 3- Jour 3- C’EST BON SIGNE-
Telle Toussaint, tel
Noël
Pâques au pareil.
Le Sagittaire
Le 21 novembre, Brumaire s’éclaircit, refroidit et se change en Frimaire…
c’est au pays des Cheyennes,la Lune des Feuilles Mortes sur lesquelles dans les
chemins forestiers galope le Sagittaire.
Le Sagittaire quand il est cheval est
généreux comme un pur-sang. Il est comme lui ombrageux et ne peut être monté
par un médiocre cavalier puisqu’on sait que si le cheval bronche, c’est que les
ordres sont imprécis. Et voyez la difficulté pour le Sagittaire qui est à la
fois cheval et cavalier. Le cheval ne se trompe pas ; le Sagittaire non plus.
Il a horreur de se tromper. D’ailleurs, il ne se trompe jamais, et si par grand
hasard cela lui advient ne le lui faites pas remarquer : le Sagittaire est
un archer, il possède des flèches, il sait viser juste et provoquer de
douloureuses blessures.
Aussi, quand erre le Sagittaire, apprenez
à vous taire…
Le Sagittaire est épris de justice et de vérité,
n’essayez jamais de tromper un Sagittaire ; il en serait au désespoir, car
il devrait vous punir et son bon naturel y répugne. Il s’y résoud pourtant,
pour votre plus grand bien.
Car tel Chiron le Centaure qui éduqua le
jeune Achille, Jason et tant d’autres héros, le Sagittaire à vocation
d’enseignant. Pour être aimé du Sagittaire apprenez surtout à en savoir moins
que lui.
Tel une bûche
à-demi consumée ,le Sagittaire apprécie qu’on lui gratte le ventre. Son feu
mourant renaît alors de cendres encore ardentes. Il est le feu qui couve…
Il considère avec
circonspection les autre signes de feu : le Lion incendiaire l’effraye et le Bélier
l’agace dont le feu a parfois du mal à partir, surtout si on l’allume avec du
bois vert ; il fume. Le Sagittaire tousse et se frotte les yeux, il s’énerve :
une seule de ses braises, il le sait,
ferait s’élever la flamme. Mais le Bélier s'efforce et la fumée l'aveugle, il
ne voit pas briller les braises du Sagittaire. Le Sagittaire garde pour lui
ses braises qui font à petit feu mijoter les eaux dormantes du Cancer, ou
celles plus profondes du Scorpion. Qu’il prenne garde au Scorpion , il arrive à
son eau bouillante de déborder du chaudron, les braises alors gémissent et
s’éteignent. Quand au Poisson ma foi… le Sagittaire plus que pêcheur est un chasseur.
Les braises du
Sagittaire pour rester rougeoyantes ont besoin d’air. S’il redoute le grand
vent du Verseau, le vent léger des Gémeaux ou la douce brise de la Balance
sauront ranimer sa flamme.
Les signes de
terre, qui sont tous un peu jardiniers voient avec circonspection les sabots du
fougueux Sagittaire fouler leurs pelouses et bouleverser leurs allées.
Le Taureau
laboureur acceptera peut-être son aide pour tirer la charrue, mais la terre
d’automne est collante et le Centaure devra alors être doté des pieds larges et
sûrs du placide Percheron.
Un Sagittaire
allié à la Vierge préférera toujours le classique et bien ordonné jardin à la
française aux fantasques mixed-borders des parc anglais. Mais parfois la Vierge
est folle et oublie de tailler avec rigueur ses bordures de buis ; elle
agace le Sagittaire qui ne comprend rien à ce désordre.
Capricorne et
Sagittaire s’observent. Le Sagittaire est perplexe : le Capricorne est une
chèvre et qui peut se vanter d’avoir éduqué une chèvre ?
NOVEMBRE – Semaine 3- Jour 4 – LUSTUKRU
Au jour de Saint-Montan,
L’olive de l’arbre
descend.
PHYSIONOMIE
D’après un savant observateur, le forme du nez serait un
indice du caractère. Jugez plutôt.
Le nez aquilin, en bec d’aigle, dénote la force et le
courage.
Le nez évasé et plissé du bout !!!!??? signifie
l’ironie et l’hilarité.
Le nez mince, sec, difforme : la peur ou la lâcheté.
La narine étroite, nacrée, diaphane, dénonce la
volupté ;

et large, elle indique l’énergie et l’amour du travail.
Quand le nez s’attache au front par une ligne nettement
courbe, son propriétaire est presque toujours un excentrique et quelque peu
prédisposé à la folie.
Enfin, celui qui voit son appendice nasal orné
d’excroissances a un caractère irritable.
Sept bonnes raisons de porter la burquah…
NOVEMBRE – Semaine 3 – Jour 5 – COURRIER DU CŒUR
Quand il gèle en
novembre,
Adieu l’herbe tendre
COURRIER DU CŒUR
Vous voulez donc, répliqua Cnydon, qu'on
vous aime sans espérance?
- Je veux qu'on espère être aimé, répliqua
Sapho, mais je ne veux pas qu'on espère rien davantage.
- Mais encore, reprit Cnydon, dites-moi un
peu plus précisément comment vous voulez qu'on vous aime et comment vous
entendez aimer?
- J'entends, dit-elle, qu'on m'aime
ardemment, qu'on n'aime que moi, et qu'on m'aime avec respect. Je veux même que
cet amour soit un amour tendre et sensible, qui se fasse de grands plaisirs de
fort petites choses, qui ait la solidité de l'amitié et soit fondé sur l'estime
et l'inclination. Je veux que cet amant soit fidèle et sincère; qu'il n'ait ni
confident ni confidente de sa passion, et qu'il renferme si bien dans son coeur
tous les sentiments de son amour que je puisse me vanter d'être seule à les
savoir. Je veux aussi qu'il me dise tous ses secrets, qu'il partage toutes mes
douleurs, que ma conversation et ma vue fassent toute sa félicité, que mon
abscence l'afflige sensiblement, qu'il ne me dise jamais rien qui puisse me
rendre son amour suspecte de faiblesse et qu'il me dise toujours ce qu'il faut
pour me pesuader qu'elle est ardente et qu'elle sera durable. Enfin, ma chère
Cnydon, je veux un amant, sans vouloir un mari. Et je veux un amant qui, se
contentant de la possession de mon coeur, m'aime jusques à la mort. Car si je
n'en trouve de cette sorte, je n'en veux point."
Madeleine de SCUDERY
NOVEMBRE – Semaine 3 - Jour 6-
Saint Félix et la
Présentation
Amènent le froid pour de
bon.
AH ! LA MODE DE CHEZ NOUS-
… Puis il y a le Bureau de la Mode,
Les Petites Mains du Baron de Meyer…
Si un vêtement coûte moins de $485,
Il est bon à donner aux Belges.
Elles regardent tout ce que vous portez
Avec un sourire tolérant, puis finissent
par lâcher :
« Sears et Roebuck font un
merveilleux boulot, non ? »
Elles collectionnent les Elégantes les
plus en vue
Habillées en mariées, à genoux devant
les autels du fric,
Et torchent des essais sur l’Art d’être
Elégante
Avec un Budget Limité…
Le fond du ciel est leur limite.
Dorothy
PARKER
NOVEMBRE – Semaine 3 – Jour 7 – QUEL METIER !
Pour la Sainte-Cécile,
Chaque fève en fait mille.
MODISTE
Il y avait à Paris, rue St Florentin, un fournisseur d’articles
pour modistes.
Pas de fleurs, de plumes de
passementeries ou de voilettes, juste les éléments techniques qui servaient à
construire l’ossature des chapeaux : de la sparterie, du laiton, de la
singalette, des colles des apprêts aux fortes odeurs étourdissantes ; et
des outils : des coqs, des fers électrique ou en fonte, des pinceaux, des
ciseaux, des pinces ; des moules en bois et dans des placards vitrés ,s’alignaient
les poupées, fantômes de têtes tendues de toile bise, deux amandes noires, sans
pupilles indiquaient la place des yeux.
C’était un entresol assez mal
éclairé, aux longs comptoirs de bois polis, aux tiroirs mystérieux. L’endroit,
pour une petite fille, était inquiétant , bien qu’humanisé par un personnel
chaleureux, familier.
Le plus effrayant était une
affiche punaisée sur la porte de sortie ; on ne pouvait pas la rater.
Imprimée dans un dégradé de tons
sinistres : gris, prune, pourpre, violet. Le haut en était déchiré par un
éclair d’un jaune hépatique ; dans le bas, en diagonale, une pauvre fille
échevelée tentait de retenir un encombrant carton à chapeaux, son sac et ses
jupes affolés par un grand vent d’orage. Ses yeux agrandis d’effroi, sa bouche
ouverte semblaient demander pardon.
Et traversant ce cataclysme, il y
avait écrit en grosses lettres hérissées et aussi hépatiques que
l’éclair :
HONTE A LA MODISTE SANS
CHAPEAU !
Car on entrait dans le temps où
les coiffeurs hérissaient les têtes d’énormes « choucroutes » crêpées
sur lesquelles il était impossible de jucher le moindre couvre-chef , et les
modistes elles-mêmes creusaient leur tombe en suivant la mode. Les femmes
allaient « en cheveux » et il faut avoir entendu le mépris intégral
pour ce « genre » de femmes dans la voix de mon arrière grand-mère et
de sa sœur pour imaginer la révolution d’allure et de mœurs que signifiait
cette nouvelle façon d’être. Les grandes maisons de mode telles que Gilbert
Orcel, Rose Valois, Jeanne Blanchot, dont la renommée valait celle d’un actuel
créateur allaient disparaître. Pendant quelques années encore subsisteraient
Jean Barthet et Claude St Cyr et les ateliers des grands couturiers, puis….
Eclipse…
Une ou deux décennies plus tard,
des Jean-Charles Brosseau, Marie Mercier allaient de nouveau tenter de
chapeauter les femmes, mais avec de l’utilitaire pour l’un et de…du…j’aime
mieux ne rien dire pour ne pas dire cotillon.
Les modistes actuelles qui sont
plutôt des vendeuses de chapeaux, garnissent des formes bloquées venant
d’ateliers de chapellerie industrielle, ce que faisaient autrefois les femmes
de chambre des aristocrates.
Il y a deux sortes de couvre-chef
en fait : le chapelier, le chapeau d’homme en feutre, que parfois les
femmes se sont appropriées en le garnissant de fleurs et de rubans et puis les
coiffures, plus gracieuses, mêlant ces mêmes fleurs et rubans aux cheveux.
La première vraie modiste fut
Rose Bertin, la marchande de mode de Marie-Antoinette et le chapeau féminin
connut ses belles heures depuis la fin de la Révolution jusqu’aux Trente
Glorieuse. Certes on porte encore des bonnets, des bérets, des casquettes. Mais
les modistes ne reviendront plus dans des ateliers tels que ceux dans lesquels
j’ai grandi …Oh !voici que revient un souvenir… des images :
C’était peut- être avant mes dix
ans et c’était la Fête des Mères. Avec les quelques pièces que j’avais en
poche, je cherchais tout autour du pâté de maisons un cadeau à offrir. Tout
était hors de prix et j’ai fini par trouver. Dans une confiserie, sur le
comptoir, trônait un présentoir hérissé de sucettes. Pas les banales Pierrot
Gourmand, non, de belles sucettes rondes aux motifs colorés tels une broderie
de sucre, des sucettes admirables, de celles si on vous les offre dont on n’ose
pas se régaler. Avec raison ; la saveur n’en égale pas la vue, mais je
l’ignorais à l’époque. Cette friandise était coûteuse ; avais-je la somme
ou bien la sympathie de la commerçante ? Toujours est-il qu’elle me fit un
joli emballage avec cellophane et nœud de ruban.
Je ramenais en triomphe mon beau
cadeau à la maison, qui était aussi le salon de mode de ma mère. Je traversai
l’enfilade de pièces pour gagner l’atelier qui était tout au bout de
l’appartement, mon trophée brandi tel un étendard.
Je revois l’atelier , à
droite la grande table autour de laquelle oeuvraient une demi douzaine
d’ouvrières en blouses et en chaussons les pieds posés sur un petit banc ;
l’odeur de colle, d’apprêt et de térébenthine ; la vapeur des chiffons
mouillés posés sur les fers toujours brûlants ; le grésillement des coqs
(sortes d’œufs en fonte montés sur une tige elle-même terminée par un manche en
bois et enfoncés dans des « pieds » vissés sur la table) des
coqs donc, trempés dans une cuvette d’eau froide avant qu’ils ne virent au
rouge et risquent de brûler les feutres qu’ils servaient à façonner.
Cet atelier, comme tous ceux de
la profession était sonore ; la radio distillait à longueur de jour
chansons, jeux radiophoniques et feuilletons : Signé Furax, Noëlle aux
Quatre Vents, Quarante-deux Rue Courte, Une étoile se lève… . Quand la
radio avait cessé de plaire, on chantait, on potinait, on savait tout sur tout
le monde dans le métier et sur les clientes ; on donnait son avis sur la
mode bien évidemment , mais aussi sur le cinéma, le théâtre et les Vedettes (on
ne disait pas stars ni people) et on goûtait aussi . On aimait les bonnes
choses ;; Fauchon et Hédiard n’étaient pas encore les temples luxueux de
nos jours. Ils étaient juste deux excellentes épiceries au bout de la rue.
Et voyez : à droite la
grande table et ces dames, à gauche,
face à la fenêtre, surveillant le porche Haussmannien de l’entrée de
l’immeuble, la table de ma mère et icelle travaillant les pieds surélevés et
une planchette emmaillotée de linges en travers de genoux.
Je n’oublierai jamais sa stupeur
et l’énorme éclat de rire général déclenchés par mon présent
« saugrenu ».
NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 1- US ET COUTUMES-LES NOMBRES
Saint Clément
A rarement
Visage avenant.
– LE 11-
Le onze du Tao montre la voie, le chemin ;
les Africains le relient aux mystères de la fécondité. Cependant, les Anciens
détestaient se trouver onze à table.
St Augustin dit de lui qu’il est
« l’armoirie du péché ». Sans doute parce que venant après le dix,
nombre du décalogue, il évoquerait les impies qui transgressent ses règles.
NOVEMBRE – Semaine
4 – Jour 2 – CONTE
A la Sainte
Catherine,
Tout bois
prend racine.
Sainte
Catherine
Au temps de l’empereur Maximin, (ou Maximilien on ne sait
plus trop), vivait à Alexandrie , Catherine.
Elle était fille de roi, extraordinairement belle, intelligente,
instruite et savante. Toutes ces belles qualités en faisaient une personne
intouchable qu’aucun homme ne désirait prendre pour épouse ; Catherine
était vierge, elle se fit chrétienne.
On parlait d’elle dans tout l’empire, aussi Maximin,
passant par Alexandrie la fit venir devant lui et la questionna sur les raisons
de son appartenance à cette secte réunissant surtout des esclaves et des
pauvres gens. Catherine entreprit alors de lui prêcher les beautés de la parole
du Christ. Ebranlé mais désireux avant tout de faire rentrer une si belle et si
docte personne dans le droit chemin de la religion romaine, l’empereur fit
appeler trente savants et philosophes chargés de démontrer ses erreurs à la belle.
Pendant des heures et des heures, la jeune chrétienne leur tint tête et c’est
eux qu’elle finit par gagner à sa foi. Furieux, César les fit brûler vifs.
Pour lui, séduit par la beauté de Catherine, il lui
offrit la seconde place à sa cour, mais la jeune fille refusa. L’empereur
outragé, la condamna au pire des supplices et comme aucun de ceux en vigueur ne
lui semblait assez cruel, il en fit inventer. Son choix se porta sur une
machine infernale faite de roues aux dents acérées qui tournaient en sens inverse ;
un hachoir en somme, dans lequel on introduirait le tendre corps de la vierge
afin de le réduire en une bouillie sanglante.
Mais les anges protégeaient Catherine, les roues refusèrent de tourner et finirent
par se briser. Maximin la fit décapiter. On était au cœur de l’automne dans les
jours sombres et brumeux qui sont
maintenant novembre. L’Eglise plus tard,
en fit une sainte .La première à porter un chapeau extravagant fait de trois
auréoles : la blanche des vierges, la verte des savants et la rouge des
martyrs.
Au XVI° siècle , c’est au mois de novembre qu’en souvenir
du martyr de Catherine, dans les églises, on confiait à des célibataires âgées de 25 à 35 ans le
soin de renouveler la coiffe de la
sainte .
Catherine la décapitée est devenue la sainte patronne des
modistes qui la fêtent chaque année, le 25 novembre. Ce jour là, la tradition
veut que salons et ateliers soient ouverts mais on n’y travaille pas. On rit,
on chante, on s’amuse, on boit le champagne. Les clientes ne sont pas servies mais
invitées à trinquer avec le personnel. Et si par chance , dans la maison on
trouve une célibataire de 25 ans, on la coiffe du plus extravagant chapeau
jaune et vert qu’on puisse inventer et on la couvre de cadeaux.
J’en connais (une au moins) qui pour ne pas manquer la
fête, n’aurait pour rien au monde accepté de se marier avant ses 25 ans
révolus.
NOVEMBRE – Semaine
4 – Jour 3 – RIMES SANS RAISON
Un mois avant, un mois
après Noël,
Le froid est bon et
naturel.
Le Chrysanthème et le Loup
Un Loup triste un beau jour, a
dit au Chrysanthème :
« Tout le monde me craint et je voudrais qu’on
m’aime ! »
- C’est ainsi, dit la fleur, nous sommes les images,
Toi, de la cruauté et moi des
cimetières. »
-Pourtant, reprit le Loup, je n’ai jamais mangé,
Ni homme ni enfant sans y être
obligé. »
-Le temps où je suis beau, a soupiré la fleur,
Au début de l’automne à la fin de l’été,
Fait que je suis le seul à pouvoir égayer
Ce que les humains nomment le Jardin du Repos
Et qui leur fait si peur.
Ce sont les préjugés
Qui font de toi un fauve
Et qui font oublier les mille pétales d’or
Dont mon front se couronne
Pour le marbre sinistre sur lequel on me pose.
NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 4 – DE TOUT UN PEU
Amitiés des grands,
Serments de femme
Soleil d’hiver de durent
guère.
Liqueur de Géranium
Les gelées ne vont pas
tarder ; il est plus que temps si ce n’est déjà fait de rentrer les
géraniums.
Les rentrer et aussi les tailler.
Ils prendront ainsi moins de place et s’endormiront tranquillement pour l’hiver ;
il leur suffit alors d’un peu d’eau de temps en temps et vous les verrez au
printemps repartir, généreux et touffus.
Outre ses qualités décoratives et
odorantes, le géranium a bien des vertus. Savez-vous que sa feuille est
cicatrisante ? En cas d’écorchure ou de coupure superficielle, lavez des
feuilles de géranium à l’eau bouillie, pilez-les et appliquez le cataplasme sur
la plaie qui cicatrise avec une rapidité étonnante.
Si vous avez du géranium
rosat , vous pouvez faire avec les
fleurs une liqueur excellente et digestive.
Il vous faut 100 gr de pétales de
fleurs auxquelles vous ajoutez 25 gr de feuilles légèrement froissées pour
exprimer leur parfum.
Faites fondre 750 gr de sucre
dans un demi litre d’eau ; écumez au premier bouillon et retirez du feu.
Jetez les fleurs et les feuilles dans ce sirop, couvrez hermétiquement le
récipient que vous tiendrez au chaud sans bouillir pendant 4 heures. Passez au
tamis et ajoutez un litre d’eau de vie. Mélangez bien, filtrez et sortez vos
plus jolis flacons.
NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 5 – C’EST POUR RIRE
Neige de Saint Hilaire
Apporte froid pour
l’hiver
PETITES ANNONCES gratuites et ciblées.
OFFRES D’EMPLOI-
On demande homme-tronc pour
fondation arbre généalogique
OCCASION SPECIALES –
A vendre jolie collection pots
de vin. S’adresser n’importe qui, Hôtel de ville , Paris.
DIVERS-
Scieur de long s’associerait avec
scieur de large pour fabrication pavés de bois rectangulaires.
Las de lavis suis acheteur
d’aquarelles
Cyclistes. Fortifiez vos jambes
en mangeant des œufs mollets.
A VENDRE .
Peaux de hérissons pour faire des planches
à clous. Conviendrait à Fakir nécessiteux. Fakir Okoy.
Magnifique peau d’ours livrable le jour de
l’ouverture de la chasse. (On est prié de verser des arrhes.
Pièces de rechange pour animaux
divers : Œil de bœuf, 7e ; Queue de rat, 3e ;
Pied de biche, 9e ; Tête de loup, 10e ; Bec de
cane 11e.
Pierre
DAC
NOVEMBRE – Semaine 4 – Jour 6 – Ce soir je serai la plus
belle.
Êtes-vous encore à filer
Quand c’est demain la
Saint André ?
Le Beau teint mondain…
Pour avoir le teint clair et éviter les irritations
de la peau, rien ne vaut la laitue.
Prenez une laitue que vous ferez bouillir dans un
demi litre d’eau pendant 30mn.
Laissez refroidir, passez, et mettez en bouteille.
Vous avez ainsi une eau de beauté adoucissante qui
calme aussi les coups de soleil, que vous ne craignez guère ces temps –ci.
Tant en lotion qu’en brumisation.
Elle est excellente aussi contre la couperose
NOVEMBRE –
Semaine 4 – Jour 7 – LE PARTRIOLE
A la
Saint Sosthène,
Les
poules sur leur chemin
Ne
trouvent plus de graines
Le onzièm’mois de
l’année
Que donnerais-je à ma
mie ?
Onz’coqs chantant,
Dix poules pondant,
Neuf bœufs avec leurs
cornes,
Huit moutons blancs,
Sept chiens courant,
Six lièvres aux champs,
Cinq lapins grattant la
terre,
Quatre canards volant
en l’air,
Trois rats des bois,
Deux tourterelles,
Un partriole
Qui va, qui vient, qui
vole,
Un partriole
Qui vole dans ce bois.