A vous, amis des contes, des légendes, des êtres et des lieux étranges; amis des jardins, des champs, des bois , des rivières ; amis des bêtes à poils, à plumes ou autrement faites ; amis de toutes choses vivantes, passées, présentes ou futures, je dédie cet almanach et ses deux petits frères: auboisdesbiches et gdscendu.

Tantôt chronique, tantôt gazette, ils vous diront le saint du jour, son histoire et le temps qu’il vous offrira ; ils vous diront que faire au jardin et les légendes des arbres et des fleurs. Ils vous conteront ce qui s’est passé à la même date en d’autres temps. Ils vous donneront recettes de cuisines et d’élixirs plus ou moins magiques, sans oublier, poèmes, chansons, mots d’auteurs, histoires drôles et dictons… quelques extraits de livres aimés aussi et parfois les humeurs et indignations de la chroniqueuse.

Bref, fouillez, farfouillez, il y a une rubrique par jour de l’année. Puisse cet almanach faire de chacun de vos jours, un Bon Jour.

Et n'oubliez pas que l'Almanach a deux extensions: rvcontes.blogspot.fr où vous trouverez contes et légendes de tous temps et de tous pays et gdscendu.blogspot.fr consacré au jardinage et tout ce qui s'y rapporte.

vendredi 20 mars 2015

Rut et meurtre

L'explosion du printemps me fait peur, un peu plus chaque année. Sauvagerie, violence, férocité, lutte implacable, croissance folle de l'herbe et des branches, rut et meurtre.
J'ai longtemps cru que j'aimais le printemps et ses triomphes, le grand terrible soleil de l'été, les automnes de cuivre, les hivers de neige, que j'aimais ça et que je détestais la pluie, la boue, le ciel gris, l'été pourri, l'hiver sans flocons. J'étais une victime de la littérature.
Je sais maintenant que j'aime les jours douceâtres où le soleil ne paraît pas, où l'horizon est la jointure de deux paupières qui ne se décolleront pas, où la terre gorgée d'eau s'enfonce sous le pied et le tire à elle, où le grand ciel tragique s'effiloche en lambeaux qu'étire un vent tiède au ventre mou, où les arbres nus gesticulent immobiles, coulures d'encre noire en avant-plan, les jours où l'infinie tristesse des choses me prend dans ses deux mains très douces, et pleure avec moi, et me dit que pleurer est bon. Je sais que c'est parce que l'âge est venu de ces choses. Et alors? Se prive-t-on à vingt ans de l'amour parce qu'on sait que vingt ans est l'âge où les glandes vous poussent à l'amour?

François CAVANNA - Almanach 1985

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