Il faut le savoir, un arbre en ville
est considéré comme mobilier urbain et à ce titre il peut être déplacé comme
n’importe quel banc public ou abribus en fonction des aménagements décidés par
les élus.
Seulement un arbre surtout grand ne
se déplace pas. On ne peut que l’abattre. Seulement les élus ont des électeurs
dont certains hurluberlus qui s’imaginent que les arbres sont des êtres
vivants. Les élus tiennent à leurs postes et ne souhaitent mécontenter
personne. Alors ce grand arbre qui tient trop de place est décrété vieux,
malade et partant dangereux et comme les élus sont soucieux du bien être de
leurs concitoyens c’est la mort dans l’âme qu’ils votent la mort de l’arbre.
Ainsi du grand arbre, un sophora plus
que centenaire qui ombrageait le parking de la gare de Dreux. La gare et ses
alentours ont été réaménagés et le sophora … hé bien, il était vieux et partant
malade et ses énormes branches auraient pu tomber sur des voitures ou pire ,
des voyageurs !
Oh le hurlement des tronçonneuses qui
vrille les oreilles et pénètre jusqu’au cœur… oh le fracas des branches qui
s’écroulent dans le froissement des feuilles ! Pour panser la douleur il
avait été décidé de planter un jeune arbre, un arbre « emblématique » :
un chêne, un hêtre en tout cas un grand arbre. C’était en 2018.
Depuis on a vu pousser des sortes de
cornets à frites rouges emmanchés sur des tiges grises ni droites ni spiralées,
juste tordues le tout dans une matière improbable qui n’a en tout cas rien de
naturel, mais aucun jeune arbre.
Notre époque est bien indulgente
envers les coupeurs d’arbres. Il en était autrement au 18° siècle. Témoin cet
arrêt de la cour du Parlement :
« Nous, condamnons Charles
Moulin à être attaché au carcan par l’exécuteur de la haute justice à un poteau
qui, pour cet effet, sera planté sur la place publique de la ville de Coucy et
y demeurera un jour de marché pendant deux heures ayant un écrit devant et
derrière portant ces mots : coupeur d’arbres, et au dit lieu flétri des
trois lettres GAL ; ce fait être mené et conduit aux galères du roi comme
forçat pendant trois ans. »